La vingtaine d'hommes en uniforme impeccable des Flottes de Sécurité Corporatistes exécuta dans un seul ensemble un salut que n'aurait pas renié l'école de guerre de l'Empire.

Malgré le relâchement inévitable lié au service sur des bâtiments civils et scientifiques, l'élite des soldats du Consortium se devait de conserver une discipline acquise après des années de service sur des corvettes ou des frégates surarmées.

Une jeune femme se sépara de l'équipe de journalistes d'IIG, une des plus célèbres et importante chaîne d'information de la Galaxie. Ses vêtements passe-partout et son joli minois lui permettraient de franchir de nombreuses portes, et elle connaissait des dizaines de manières plus ou moins violentes d'ouvrir celles pour lesquelles ses charmes ou ses talents de comédienne ne suffiraient pas.

Elle passa ainsi de nombreuses contre-mesures, se faufilant dans des couloirs réservés au personnel, esquivant des équipes de sécurité, réussissant même à n'apparaître sur les caméras de surveillance qu'à une reprise, et de dos.

Elle atteint finalement son but, un petit bureau anonyme au douzième étage. Elle avait mis des cycles à obtenir l'identité du responsable de la sécurité de sa cible, une des pointures siégeant au Conseil d'Administration du Consortium Orah. L'idée de camoufler un homme aussi important dans un bâtiment anonyme, et d'en faire de même avec ses services de sécurité lui avait paru improbable et elle s'en voulait. Ses instructeurs au Département I&P, section Recherche de données, sous-section Action Directe, lui en feraient voir à son retour et à cette idée elle grimaça en pensant aux longues journées punitives d'entraînement supplémentaires.

Elle se reprit néanmoins et afficha son plus beau sourire à l'homme qui lui ouvrit la porte avec méfiance. Avant qu'il ne put terminer sa phrase lui expliquant qu'elle s'était trompée d'étage, la minuscule aiguille tirée depuis son poignet pénétra dans l’œil droit de l'homme, le plongeant dans une profonde catatonie. Sortant de son auriculaire un câble aussi fin qu'un fil de couture, elle le connecta à l'aiguille, et regarda défiler les données pompées dans le cerveau de sa victime sur son implant rétinien. Souriante, elle injecta une dose infime de drogue mémorielle dans le nez du chef de la sécurité et l'installa sur son fauteuil. Dans quelques minutes il s'étonnerait lui-même d'avoir fait une micro-sieste en pleine après-midi, sans aucun souvenir de cette rencontre.

Elle reprit alors le chemin dans le sens inverse, et parvint sans mal à rejoindre les journalistes. En sécurité, elle entra en contact sur un canal réservé aux urgences avec son supérieur sur la planète, et transmit les données volées. La cible se rendait bien à un rendez-vous exceptionnel du Conseil d'Administration, confirmant les informations récoltées par d'autres équipes. Le Département I&P disposait de suffisamment de données croisées pour prévenir leur client et lui transmettre leur rapport. La phase suivante du plan n'était plus de leur ressort.