Nos services diplomatiques ont reçu cette missive.

Nous fûmes tentés de répondre de plusieurs façons :

- d'abord le silence parce que les Rosbifs de notre secteur natal nous gonflent pas mal en ce moment

- ensuite une missive privée pour prolonger la discussion entamée directement par notre consœur, la Commandante Néréis

- enfin publiquement parce que cette Galaxie a besoin d'être éveillée et édifiée.

Tout d'abord, nous sommes en accord avec notre consœur sur plusieurs points.

Tout d'abord, nous régnons sur un peuple de barbares et j'en suis moi-même un bel exemplaire. J'aime mon Peuple à un point tel que je le transpire, j'ai cette odeur du moujik qui revient du travail : un mélange complet de sueur, de crottin de cheval, de lait de vache, de pisse et de vomi. "Je bois, je dégueule donc je suis" disait notre grand philosophe, maître du courant de pensée des orduriers.

Ensuite, nous sommes exigeants. L'on vainc ou l'on meurt chez nous. Cette exigence fait de notre consœur l'objet de nos quolibets, à son corps défendant. Et pas forcément avec raison ou logique. Cependant, j'adresse à cette Assemblée une mise en garde des plus fermes. Si, à nos yeux, notre Consœur est dans l'erreur ou décalée, elle n'en a pas moins le courage d'être, d'essayer et de risquer tout ce qu'elle a construit en s'impliquant et en vivant ses idées. Nous avons bien plus de respect envers notre consœur qu'envers d'autres commandants dont la participation se limite au lancement de flottes armées sur la capitale galactique sans prononcer depuis le début de son existence misérable le moindre mot en public. Nous n'aimons certes pas les brailleurs pro-liberté mais nous exécrons encore plus ceux qui se contentent de réduire leurs existences à un semblant de vie dicté par la ressemblance avec l'un des ancêtres de chacune de nos civilisations.

Descendre d'Attilane n'impose pas de restreindre son activité à l'attaque éclair des planètes dans un silence gêné et complet. Descendre de Calomu n'impose pas de rester silencieux tout en espionnant. Descendre de Ghuo n'impose pas non plus de rester dans son coin tout aussi silencieux pour générer de l'argent tout en livrant des armes aux belligérants. Et descendre de Drakaan ne restreint pas la participation de sa civilisation aux piratages des finances et à l'interception des convois commerciaux.

Avez-vous regardé la liste des partisans de la troisième voie ? Avez-vous compté le nombre de commandants limitant leurs existences au silence et à la non vie ? Avez-vous le loisir de pouvoir écouter la troisième voie expliquer leurs idées autrement qu'en refilant le gouvernement aux rares commandants qui parlent. Ou qui, comme la Commandante Marie Chantal sont si laids qu'en la regardant j'ai les yeux qui piquent ?

Je voudrais 10 empereurs Markarirus, 10 commandantes Néréis, 10 larves adultes très laides comme Marie Chantal pour peupler cette assemblée des bruissements de la Vie, de l'adversité, des engueulades qui formeront l'Histoire. Par contre, un seul rosbif sera suffisant ...

Chère Consoeur, je vous chipote parfois brutalement. C'est vrai. Vous avez commis, à mes yeux, des erreurs fondamentales qui ont une répercussion tragique. Nous sommes en désaccord sur à peu près tout. Et certainement plus encore.

Mais vous vivez et rien n'est plus précieux qu'un ennemi ou adversaire pour donner du sens à ma propre existence. Vous m'êtes donc précieuse plus qu'un rassemblement comme cette troisième voie dont la vie reste silencieuse et secrète au fond d'une taverne à préparer des bombardements et des attaques de planètes tout en attendant les menaces venues d'autres galaxies.

Tout en détestant votre existence, je la chéris. Ce paradoxe récèle les mystères de la Vie tout entier ! Donc vivons ! Votre X-Com fut donc le bienvenu et il méritait une réponse publique parce que trop se contentent de lie leurs bilans et de zombifier sur leurs centres de commandements

N'en avoir rien à cirer est une option parfaitement louable. Comme vous vous en êtes aperçu (quelle vivacité d'esprit ! Quelle clairvoyance !), l'option n'est pas disponible puisque, par essence même, ne rien avoir à en cirer implique de ne pas intervenir !

En récapitulant, vous n'en avez rien à cirer mais vous venez demander si l'option "rien à cirer" est disponible alors que vous savez parfaitement qu'elle ne l'est pas. Et en prime, vous choisissez l'option qui n'est pas disponible.

Et publiquement.

D'ici deux ou trois cycles, j'organise un repas avec des amis qui, chacun, s'occupe d'inviter des gens de votre trempe pour échanger, boire, manger, vomir. Voulez-vous être mon invité ? J'ai hâte de vous présenter !