Les mioches

Les marmots

Les microbes

Les garnements

Les choupinets

Les morveux

Les cafards - et autres dérivées

etc. etc.

Depuis leur naissance, les jumeaux ont souvent été traités comme un pack. En même temps, un marmot ou deux, leurs parents n'ont jamais vraiment pris le temps de faire la différence entre les deux, ni même de leur expliquer qu'ils étaient deux. Toujours ensembles depuis leur naissance, ils n'imaginaient pas vivre l'un sans l'autre, puisqu'ils ne savaient pas qu'ils étaient deux.

Leurs parents souvent en vadrouille, ils les avaient laissés aux bons soins d'Hazard, qui leur balançait des livres et des pétards pour les occuper. Très vite, les capacités cérébrales des deux petits ont fait des merveilles, et il fallait se rendre à l'évidence : ils avaient hérité du génie de leur père.

Des livres, des cerveaux, et du temps. C'est tout ce dont ils avaient eu besoin pour s'amuser. Le garçon s'était spécialisé dans la chimie, et la fillette dans les plantes. Ensemble, ils faisaient des merveilles. Ensemble ils étaient invincibles. Et ensemble ils étaient toujours.

Cette histoire conte l'arrivée d'une nouvelle venue dans la famille, alors que les jumeaux tentaient de l'agrandir via le mariage. Un petit miracle hasardeux, qui les avaient pourvu d'un subalterne supplémentaire lors de leur Quête du Graham.

Tout a commencé dans une des salles de jeux des jumeaux. Alors que la fillette matait des films à caractère pornographique afin d'étendre ses connaissances en vue du mariage, le garçon concoctait de nouvelles drogues afin d'écarter leur rivale. Et pour cela, il avait besoin de cobayes. C'est justement Hazard qui se ramena avec l'une d'elle.

- Zêtes sûr ? Elle est assez mignonne, je me la garderais bien pour ma collection.

Silence. L'homme regarda les enfants, puis hausse les épaules en soupirant.

- Très bien. Dommage. Pour moi. Et pour toi ma jolie. Nyahahahahaha.

Il laissa la femme rousse ligotée dans la salle sur sa chaise à roulettes. Les yeux bandées et la bouche couverte, elle ne pouvait s'exprimer, ni même voir. Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Les questions se bousculaient. Combien de temps resta-t-elle là assise sur sa chaise à cogiter ? Elle ne le savait pas. Il n'y avait que le bruit de la vapeur et de la télévision pour briser le silence. Enfin, elle lâcha un petit cri étouffé par le bâillon. Elle venait de se faire piquer. Puis son esprit s'embruma, et le plaisir prit place. Un feu s'alluma en elle, et elle n'essaya pas de s'enfuir lorsqu'on libéra ses liens. Elle n'avait jamais connu une telle extase. Rien ni personne ne lui avait jamais fait ça. Rien ni personne ne pourrait jamais remplacer ça. C'est ce qu'elle croyait.

De nombreuses heures plus tard la porte de sa chambre s'ouvrit. Hazard entra, puis referma la porte. De nombreux jouets avec lui, il resta quelques heures avec elle. Enfin, il en ressortit ne prenant pas la peine de refermer.

- C'est un succès les gamins. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi sensible. Et insatiable. Je vous la laisse, j'vais dormir.

Elle était en manque. Elle en voulait plus. De la drogue, mais aussi de cet homme. Pas que de lui d'ailleurs. N'importe qui ferait l'affaire, tant qu'elle en avait. Elle se leva donc péniblement et sortit. Elle en voulait plus. Beaucoup plus. Chancelante, elle s'appuya aux murs. Un liquide coula entre ses jambes, probablement des restes de l'homme qui venait de sortir. Droite ou gauche ? Elle hésita, et s'engagea dans le couloir. Enfin, elle entendit les bruits de la télévision. C'était ici. Elle entra dans la pièce et tomba à genoux. Deux enfants décollèrent du poste et se tournèrent vers elle. Se tenant par la main, leur visage était inexpressif. Ils attrapèrent une seringue chacun, et la joie l'envahit. Ils injectèrent le liquide rose dans ses veines. Son visage se tordit de plaisir alors qu'elle se laissa glisser au sol.

- Hé les morveux, j'amène la suivante ? Ah ? Elle est là elle. Je vous en débarrasse ?

Ils secouèrent la tête.

- La salle des plantes ? C'est vous qui voyez. J'vous l'y amène.

Il attrapa la chevelure rousse et traîna la femme sur le sol. Pour passer le temps, il s'adressa à la victime.

- T'as pas de chance tu sais. T'aurais pu mourir là en pleine extase, mais les gamins t'aiment bien. Mais là, c'est la salle des plantes. T'sais, c'pas joli joli ce qu'ils y font. Poisons, toxines, et autres trucs bizarres. La gamine aime bien tout ce qui touche aux gènes. Au corps humain. Enfin, on devrait pas se revoir.

Il la balança dans la pièce et ferma la porte à clef cette fois-ci.

- On voulait pas que tu meures tu sais ? On t'aimait beaucoup Sheishei. Mais il a fallu que toi aussi tu nous quittes... Du poison. Pourquoi ne pas nous avoir demandé ? On en a plein ! Tu as préféré le faire tout seul, dans ton coin... On est maudit ? Ou alors c'est vrai. Faut juste rester seul pour être heureux.

Un silence pesant tomba dans la chambre. Les deux enfants étaient à genoux, autour du cadavre de Sheiko, ancien commandant. Celui-ci était mort en plein milieu de la taverne du Joker, sans raison. Son ancien général Cross qu'il avait promu au rang de commandant avait succombé également à une étrange mort. Et tous leurs mondes étaient tombés aux mains des brigands. Et les voilà. Pleurant la perte de leur chien. Les jumeaux. Ils se levèrent, actionnèrent un levier, et la table se mit à niveau.

Toujours sans un mot, la fillette attrapa des outils. La première étape consistait à enlever la partie la plus importante du corps : sa chevelure. Elle était belle, douce, soyeuse, et d'un blanc immaculé. Il ne fallait surtout pas l'endommager. Après de longues minutes d'un travail minutieux, elle donna le scalp sanglant à son frère qui le rangea soigneusement au frais. Maintenant, la partie ardue prit place. Rendre vie au corps, sans pour autant qu'il n'ait trop de liberté. Ils voulaient un chien, ils auraient un chien. Un chien obéissant. Et il s'était entraîné pour le jour où un de leur parent venait à mourir. Au cas où. La partie manuelle de l'opération ne prit donc qu'une longue et pénible nuit ainsi qu'un bout de matinée. Enfin, elle remit le graal en place. Les cheveux de Sheiko.

Des hommes de main vinrent prendre le corps et le placèrent dans une machine. Celle-ci finirait le travail. C'était la partie la plus longue, mais elle ne nécessitait plus la présence des enfants. Ils s'en allèrent dormir.