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Cdte. Djenmet Akhemas
Respect diplomatique : 147 ![]() 27/05/1016 ETU 20:33 |
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Djenmet Akhemas, assise sur un monticule de blocs disloqués, observait tranquillement la silhouette dentelée de sa capitale. Cette dernière flambait, et la prêtresse trouvait ça absolument magnifique. Lorsque les obus étaient tombés du ciel, rasant des pans entier de cité, les services de sécurité avaient prévenus la reine-prêtresse du danger. Cette dernière ne s'était pourtant pas affolée outre mesure, et avait simplement attendue l'inévitable avec le fatalisme doux-amer d'une héroïne d'opéra. Et maintenant elle y était. Une petite fin du monde, un champ de ruine délectable. Une nouvelle expérience, plus forte que tout ce qu'elle avait déjà vécu ou subi. Et elle souriait, du large sourire des innocents émerveillés. La salle du trône s'était effondrée sur elle-même dans ce qui ressemblait bien à un avant-goût d'apocalypse, mais la jeune femme s'en était bien tirée: Quelques éraflures, trois membres brisés bien vite remis en place par ses micro-implants, quelques instants au sol, comme une poupée désarticulée, à fixer le ciel à travers son plafond effondré. Puis elle s'était relevée, avait instinctivement grimpée le plus haut monticule de gravas et, voyant qu'un pan de mur avait été détruit, avait prit place au milieu de la poussière, fixant d'un air absolument fascinée le spectacle d'une ville en proie au chaos. Des millions de tragédies personnelles se jouaient là-bas. Des tragédies de boulevard. Ici, c'était une tragédie d'un tout autre niveau. Quelque-chose de shakespearien, de royal. -Ahah... Ahahah... -Madame ? C'était son bio-assistant. Une IA implantée au sein de son cerveau, lui servant à la fois de secrétaire et de confident. Contrairement à Djemnet, le bio-assistant était une créature de pure logique, dépourvue de mysticisme. Et même si l'IA n'avait pas accès à certains types de sentiment, elle ressentait à l'heure actuelle quelque-chose d'assez proche du désarrois, ou de l'effroi. Sa maîtresse la mettait fondamentalement mal à l'aise. -Madame, vous allez bien ? -Ne trouvez-vous pas cela magnifique ? -Je vous demande pardon ? -Nous pourrions bien tous mourir ici, sans même avoir vu l'apocalypse. -J'ai bien peur de ne pas comprendre, madame. Djemnet eut un petit rire, pur comme du cristal. Doucement, elle se leva et avec une démarche d'automate, dévala les gravas. Lorsqu'elle quitta les ruines de la salle du trône, elle put se rendre compte que tout son palais avait été touché par les bombardements. Ici et là, on retrouvait des médecins affères sur des blessés, ou des corps disloqués, méconnaissables, de serviteurs écrasés sous les débris. Djemnet Akhemas, qui connaissait le nom de chacun des employés du palais, ne sembla pas affectée par leurs morts. La culture akhenatide, sous ses allures chaleureuse, était profondément morbide. Et Djemnet Akhemas était elle-même obsédée par le sang et le trépas. Ainsi, la disparition d'un être vivant n'était par, pour elle, quelque-chose de triste. Elle aurait aimé que tout son peuple partage ses vues, mais la réalité était un peu différente. Par exemple, la vanité poussaient beaucoup d'akhenatides à se faire rajeunir via des chirurgies géniques ... Indifférente aux regards terrifiés ou implorants de son peuple, Djemnet Akhemas traversa le jardin des oiseaux, dont les volières éventrées ressemblaient désormais à des sculptures abstraites, la salle sainte, dont les idoles flambaient, la cathédrale, dont les pylônes étaient pour beaucoup effondrés. Enfin, elle quitta le palais. La porte principale était une arche titanesque donnant sur un incroyable panoramique urbain. Pour descendre il fallait au choix emprunter des escaliers ou un téléphérique. Djemnet prit les escaliers. -Madame, l'amirauté veut vous contacter. -Ah, c'est bien. -Et le commandant Lucky Puke. Nouveau rire, cette-fois il se changea en une toux sèche, acre, douloureux. Quand elle eut finit, la dirigeante passe une main sur sa bouche. Du sang. Elle reprit sa descente, fixant sa main d'un air serein. -Je l'aime bien. Répondez-lui. -Il vous poser des questions d'ordre stratégique, madame. Votre implication sera requise. La prêtresse ne répondit pas. Elle s'était stoppée, subjuguée par un vol d'oiseau. Les volatiles, manifestement originaires de la volière de son palais, fuyaient à travers le ciel. Djemnet croisa les bras et s'assit sur les marches. -A quoi tout cela rime-il, à votre avis ? -Les bombardements, madame ? Nouveau rire. L'assistant cru y déceler une certaine forme de méprit, ou de pitié. -Non, non. La vie, la galaxie. -Vous m'avez fait créer, madame. J'ai un but et un objectif, bien que ce dernier ait été fixé arbitrairement par vos soins. Les considérations philosophiques me sont totalement inconnues. -Les organiques n'ont pas cette chance. -Je sais. -Oh, je viens d'y penser, comment va le commandant Zitarg ? -Le commandant Zitarg ? Je n'en sais rien. Dois-je demander à nos services d'exécuter une recherche à son sujet ? -Non. Seulement, il m'avait invité à rejoindre un débat fort intéressant, et finalement je n'y suis pas allée. -Vous avez fuis vos responsabilités ? -Se couper de la politique galactique ne nous coupe pas de la galaxie. Elle se tut et observa longuement la capitale de son peuple, exemple parfait de sa dernière remarque. Certains des plus beaux bâtiments étaient ruinés jusqu'aux fondations. Elle ressentit une certaine forme d'amusement en voyant cela. Elle-même qui ne croyant pas à l'infinité et attendait la mort avec une impatience lugubre s'était laissée allée à ce délire stupide, infantile. A quoi bon bâtir, puisque le temps a toujours raison des créations humaines ? A quoi bon créer, avec l'apocalypse qui approche ? A quoi tout cela rimait-il ? Devrait-elle à son tour s'enfuir, envahir une galaxie lointaine et y faire survivre les lambeaux de son empire ? De sa culture ? De son œuvre ? -La vie n'est qu'un songe. Elle se releva et rejoignit son palais. Un sourire radieux éclairait son visage, et ses yeux étaient perdus dans le vague. D'aucun diraient qu'elle avait perdu la raison, mais la vérité était tout autre. Depuis le début, depuis sa naissance en fait, Djemnet Akhemas avait toujours était invariablement folle, il fallait simplement trouver l'interrupteur, l'événement pouvant ébranler son masque de sanité. -La vie n'est qu'un songe, et l'existence elle-même ne se limite qu'à ce que nous laissent percevoir nos sens. J'ai toujours fais en sorte que mon peuple le comprenne, et pourtant... Lorsqu'elle rentra dans le palais, plusieurs soldats vinrent l'informer des pertes humains et des survivants. La prêtresse ne leur répondit pas. Ses pas la ramenèrent dans la salle du trône. Là, elle y trouva un memphèbe, un haut administrateur. Ce dernier se précipita vers elle comme pour l'assaillir de question. Elle l'attrapa et le serra dans ses bras. Elle pleurait. Elle pleurait à chaude larme, et pourtant souriait comme une enfant ayant trouvée l'amour. -Oui, la vie est un songe. Nous allons tous nous réveiller. Ceux qui fuient cette réalité, de galaxie en galaxie, ne font que retarder l'inévitable. Elle lâcha l'administrateur et vint s'assoir sur son trône brisé. Plusieurs autres administrateurs pénétrèrent dans la pièce. La prêtresse leur fit signe de se prosterner, et continua son monologue. -Si bombarder nos mondes et raser nos création peuvent apporter un bonheur même éphémère à ces gens, alors je suis la plus heureuse des dirigeante. Mais eux, contrairement à moi, contrairement à nous, en fait, ne savent pas. -Et le peuple, madame ? La question ne provenait pas de son assistant. Un memphèbe, plus courageux que les autres, s'était dressé. Il la fixait d'un air dur. Djemnet se leva et sortit une dague cérémonielle se sa robe. Elle le rejoignit, à petit pas, et lui donna l'arme. Il la fixait d'un air circonspect. -Saignez-vous. -J-... Je vous demande pardon ? Avez-vous perdu la tête ?! Le visage de la prêtresse se tordit dans un soudain élan de haine. Elle hurla, déchargeant toute sa haine et sa folie dans une soudaine pelletée de mots, crachés avec force et vigueur à la face des administrateurs. -Vous n'auriez jamais dû arriver dans la caste des memphèbes ! Je vous démets de vos fonctions, Memphèbes ! Saignez-le à blanc ! Les autres administrateurs, manifestement mieux conditionnés, se jetèrent sur le dissident et l'immobilisèrent. Dès-lors, ils entreprirent de lui ouvrir les veines, le saignant comme un porc. Il cria. Longtemps. Et Djemnet, qui était à nouveau perdue dans le terrain brumeux que constituait son simili-état de choc, observait avec une réelle fascination le spectacle pourtant ignoble. -Regardez. Je me suis battu pour vous libérer de vos chaînes physiques, et votre corps vous pousse encore à vous intéresser au monde comme s'il existait réellement. Vous êtes si faible. Vous êtes un échec. A vrai dire. Toute mon œuvre n'est sans doute qu'un échec. Désormais, l'assistant en été sûr, il était terrifié par sa maîtresse. Elle avait perdue la raison, et il était coincé avec elle jusqu'à sa mort, manifestement imminente étant donnée les pensée suicidaires qui rodaient à travers les couloirs tortueux de son esprit. La jeune femme se détourna et fit quelques pas, avant de soudainement de stopper. -Qu'en est-il des pertes civiles ? -Elles sont effroyables. -Prisent à l'échelle de notre empire ? -... Elles sont acceptables, madame. -Bien. Le memphèbe dissident avait été relâché, il finissait de mourir sur le sol, prit de spasme terribles. Les autres administrateurs se prosternèrent. -... Madame ? -Hm ? -Que comptez-vous faire, maintenant ? Nouveau rire, il y perçait une détresse absolue. Elle cligna des yeux. Lorsqu'elle reprit la parole, elle s'adressait aux administrateurs prostrés. -Amenez-moi les amiraux. J'ai besoin de temps. De beaucoup de temps. De tant de temps, en fait, que l'apocalypse arrivera avant même que j'ai terminée. Les memphèbes se relevèrent et s'empressèrent de quitter la salle du trône, sans doute pour chercher l'amirauté. Quand ils furent loin, Djemnet Akhemas porta une main à son front. -Assistant ? -Oui, madame ? -J'ai peur. Et elle s'effondra, parcourue de sanglots immenses.
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Cdte. Djenmet Akhemas
Respect diplomatique : 147 ![]() 29/05/1016 ETU 06:50 |
Score : 6
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Il neigeait. Une neige grise et blanche, mêlée de rouge et de suie. Macarthème, fusil en main, attendait derrière un mur démolie, observant les flocons avec un doux mélange de nostalgie et d'amertume. Il venait d'un monde glacier, et chaque fois qu'il voyait de la neige, il repensait à son village natal, à son enfance et... -Mac' ? C'est bon, je l'ai ! Je l'ai putain ! -Hm ? Le soldat improvisé se tourna vers l'homme qui l'avait interpellé. Un jeune surexcité. Avant les bombardements, il faisait parti d'un petit gang de hackers qui achetaient leur pain quotidien avec de l'argent détourné. Désormais, il faisait parti d'un groupe de survivant. Ses talents étaient très utiles: Malgré les assauts, les communications intrakhénatides et autres liaisons neurales étaient encore en place, la majorité des réseaux et des systèmes informatiques tenaient encore la route. Macarthème se stoppa devant son camarade, déjà entouré par une vieille femme, deux enfants et un soldat, un vrai cette-fois. A l'origine ils étaient bien plus nombreux, mais les assauts avaient emportés beaucoup d'entre-eux. Désormais, ils se cachaient dans un bâtiment qui servait de siège social à une grosse boite de protection informatique. -Un deux ? Un deux ? Hey, ça marche ? Hm... Attends. Ouais, putain ça marche, ouais ! Mac', tu prend le relais ! Le hacker quitta son siège et força son compagnon à s'y assoir. Ils avaient déjà fait ça des centaines de fois. Parfois, ils tombaient sur des systèmes automatisés ou des IA, parfois ils tombaient sur d'autres groupes de survivants. Cela leur avait permit de reformer peu à peu une administration de fortune. Le gouvernement planétaire avait sauté, mais il restait quelques courageux fonctionnaires de rang inférieurs, et d'autres survivants, soucieux de vite reprendre contact avec le reste de l'empire. Et justement, aujourd'hui, pour la première-fois, on tentait de contacter une autre planète. -Palamecia, vous me recevez ? -... Identifiez-vous. -On est de Tenochteque. -Et pas du gouvernement, j'imagine... -Vous êtes qui, vous ? ... Az, buvait du thé. Derrière ce simple constat se cachaient deux faits indéniables: Premièrement, Az allait très bien, Secondement, il restait encore du thé, là ou il se trouvait. Grâce à la paranoïa absolue des administrateurs de Palamecia, qui avaient, entre-autre, changés le palais planétaire en véritable forteresse à toute épreuve, il n'avait pas vraiment souffert des bombardements. Tout au plus, il avait entendu quelques hurlements: Les parachutistes ennemis percutés par des tirs de DCA, sans doute. A la base, il venait simplement faire une visite de routine pour féliciter le gouvernement local de sa bienveillance envers le peuple. La routine, vraiment. Au final, il l'avait tout de même félicité, mais pas pour les mêmes raisons. En tant que dirigeant (à titre honorifique) des forces armées de l'empire, son premier réflexe après l'attaque avait été de déterminer l'étendue des dégâts à l'échelle impériale. Le constat était absolument terrifiant. Le pire restait sans doute l'absence totale de réponse de la part de la planète capitale, Azelthèbe. Était-il arrivé quelque-chose à la reine prêtresse ? Cette idée lui glaça le sang. Comme la capitale semblait indisponible et qu'il était manifestement le seul haut gradé à être encore en vie (en oubliant ceux qui auraient put survivre aux assauts mais zonaient encore à la surface de mondes ruinés), il se mit en tête de réorganiser le peuple Akhenatide. Ou plutôt de l'organiser tout court. Palamecia était devenue la capitale par intérim de tout un peuple. Ainsi, il entreprit de reprendre contact avec les autres planètes. Certaines avaient déjà commencées à former des coalitions d'urgence, d'autres n'avaient plus de vrai gouvernement, les réponses à ses appels venaient alors de militaires de rangs inférieurs ou de civils particulièrement déterminés à survivre. Dans un cas comme dans l'autre, il distribuait des ordres, récoltait des information, et étendait la toile de son pouvoir. Le résultat était édifiant: Un moins de quelques jours, il avait réussit à reprendre contact avec l'immense majorité des mondes Akhenatides. Désormais, il envoyait surtout des convois vers les planètes qui ne donnaient plus signe de vie, tant pour déterminer si elles étaient perdues que pour aider d'éventuels survivants. Il ne se faisait pas d'illusion: Cette guerre, ils allaient la perdre. Le peuple Akhenatide était décadent pas nature, ils n'avaient qu'une armée d'apparat, et, et... ... -Monsieur ? On dirait qu'on tente de nous contacter, ça ressemble à une fréquence commerciale long-courrier, et-... -Ouvrez le contact ! -Un deux ? Un deux ? Hey, ça marche ? Hm... Attends. Ouais, putain ça marche, ouais ! Mac', tu prend le relais ! -Palamecia, vous me recevez ? -... Identifiez-vous. -On est de Tenochteque. -Et pas du gouvernement, j'imagine... -Vous êtes qui, vous ? -Commandant général Az, gouverneur par intérim du peuple Akhnatide. Et si ça peut vous rassurer, des convois sont en route pour vous aider. -Az ? LE Az ? Je, enfin... -Dites-moi, garçon, pourquoi avoir tenté de contacter Palamecia et non la capitale ? -Notre hacker vient de là-bas, monsieur. D'ailleurs, des nouvelles d'Azelthèbe ? -... Ne vous inquiétez pas, des secours arrivent. Il coupa la communication. Pour le coup, il avait sacrément merdé. Il soupira et ferma les yeux, se demandant ou se trouvait son habituelle collègue, Lukis. Sa complice de toujours, qui tentait fréquemment de l'assassiner à l’arsenic, ce qu'il lui rendait bien, d'ailleurs. Théoriquement, elle remplissait les mêmes fonctions que lui... Si elle s'était avisée de mourir et de le laisser seul dans cette situation à la con, il, il... Il soupira à nouveau. Mourir ne faisait pas parti des habitudes de Lukis. ______________ "Ici commandante Lukis, vous me recevez ? Quelqu'un ? Heeeey ? ... "Azelthèbe ? Non ? Bon, heu... Palamecia ? Emanophis ? ... Non-plus, hein ? Bon, ben dommage." Confortablement assise dans sa petite corvette, Lukis dérivait à travers l'espace. Elle avait assez de nourriture pour tenir une année complète, mais ses réacteurs étaient plus ou moins morts. Quant à sa radio, n'en parlons même pas. La jeune femme ferma les yeux, passablement irritée. Tout s'était passé très vite, elle avait empruntée une petite corvette long courrier pour partir en direction de la capitale, puis une force ennemie indéterminée lui avait tirée dessus alors qu'elle partait en hyperespace. Du coup, elle n'avait pas la moindre idée d'où elle se trouvait, ni de ce qui était en train de se passer. ... Au moins, se dit-elle en jetant un regard derrière son épaules, j'ai apporté de la lecture. Et puis, une année pleine pour créer une balise de détresse ou réparer ses moteurs, c'était plus que suffisant.
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