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Centre de Recherche Aleph

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Cdt. Arkhangel Hismer
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21/09/1016 ETU 14:51
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Planète [classifiée], Dominium de Kaiserde. Fin d'après-midi.
Cela faisait maintenant trois heures que le trio de soldat avançait, suivant pas à pas le petit sentier de terre sinueux qui devait les amener jusqu'à leur destination. Trois longues heures de marche, égaillées par les discussions des hommes. Ils se connaissaient bien, ce n'était pas la première mission qu'ils menaient ensemble. Le temps était agréable, une belle journée d'automne, et la forêt tempérée à travers laquelle s'insinuait le chemin arborait ses plus belles couleurs. Au loin, le soleil descendait à l'horizon. Bientôt, regretta le soldat Kaïn, ce serait la nuit.
Il faisait plutôt chaud.
"Alors c'est ici ?"
"On dirait bien."
Le chemin qui jusque-là ne subissait aucune dénivelée notable avait commencé à descendre, lentement, en zigzagant, le flan d'une colline, et bien que quelques rochers et de nombreux troncs blancs bloquaient leur champ de vision, les soldats pouvaient clairement voir leur destination de là où ils étaient: Une sorte de grande maison, sans doute un manoir ayant à une époque lointaine appartenu à une riche famille. Tout en bois, un nombre impressionnant de fenêtre. Des circonstances avaient amenée à son abandon, et personne ne s'en était occupé depuis. Personne sauf...
"On dirait une maison de conte de fée. J'ai pas raison, hein ?"
"Ouais Walas. Une maison de conte de fée. Celle de la sorcière."
Le dénommé Walas hocha la tête, soudainement plus sombre, et le petit trio reprit sa route. L'air s'était considérablement refroidit.
....
L'espace alloué à la maison était délimité par un haut mur de pierre grise couvert de mousse et de lierre. Un panneau indiquait "A vendre", mais quelque-chose fit penser à Kaïne que la mention ne signifiait plus rien depuis longtemps. Roxane, la troisième membre du petit groupe, poussa lentement la grille, comme si elle craignait de la faire tomber, ou que son grincement ne réveil quelque-chose. Quoi qu'il en soit, la grille grinça tout de même. Elle était très anciennes, très rouillées. Ses gonds avaient été rongés par le temps et ne bougeaient plus qu'avec difficulté. La soldate se mordit la lèvre inférieure, exaspérée, et leva les yeux au ciel.
"Et dire qu'à une époque on vivait tous dans des endroits comme ça."
"Des manoirs ? Tu rêve."
"Des putains de baraques qui partent en couille dès qu'on arrête de les entretenir, Kaïne."
"Ah, ouais."
Ils restèrent là un moment, considérant la grille ouverte et, derrière-elle, la figure imposante de la maison, prête à les avaler.
Elle était bien plus grande vue d'ici. Une masse tout simplement ahurissante de planches tachées par le temps et de vitres en état déplorable. Un chaos, un magma architectural. Le soleil continuait à descendre derrière l'horizon, prolongeant peu à peu l'ombre des arbres et de la structure, leur donnant un air vaguement impressionniste.
"On y vas."
Et il y allèrent.
Le jardin de la maison était depuis longtemps devenu sauvage, et pourtant aucun arbre n'y avait poussé, si on exceptait un grand chêne qui, compte-tenu de son épaisseur, devait être là depuis longtemps. Kaïne nota avec amusement que certaines des branches les plus récentes de l’arbre avaient transpercée des vitres du second étage.
Passé ce détail, il n'y avait rien de vraiment notable. On devinait à un endroit un carré de gravier qui devait servir à garer des véhicules, ainsi qu'un cabanon fermé par une chaîne au moins aussi rouillée que la grille, le genre où d'endroit où les anciens propriétaires devaient ranger leurs outils.
Le groupa grimpa lentement le perron et arriva sur une terrasse couverte. La porte était entre-ouverte. Kaïne se sentit soudainement dans la peau d'un gamin. Un gamin s’apprêtant à faire une connerie innommable, du genre pénétrer dans la maison abandonnée dont tout le monde dit qu'il ne faut pas s'approcher. Il secoua la tête, chassant cette pensé et serrant son fusil cinétique contre son torse.
"Bon, dernière revue des équipements. Fusil ?"
"Opérationnel."
"De même."
"Fonctionnalités de l'armure ?"
"100%"
"De même."
"Arme de poing ?"
"J'ai."
"De même."
"Grenades anti-incendie ?"
L'idée venait de Walas, et le commandement l'avait trouvé plutôt intelligente. Le groupe allait utiliser des armes basée sur la chaleur, soit le plasma et le laser, dans un espace composé entièrement de bois. Il fallait donc être en capacité d’éteindre un éventuel feu avant que ce dernier n'emporte, à tout hasard, la forêt. Quoi qu'il en soit, Walas l'avait, et il en allait de même pour Roxane.
La revue du matériel terminée, il y eut un moment de flottement. Roxane s'impatienta.
"Bon, on bouge ?"
"Ouais... Activez vos com-link, et allons-y."
Cela ne nécessitait pas de mouvement, la majorité des fonctionnalités de l'armure étaient liée par une interface synesthésiques. En d'autre terme, elle pouvait être entièrement contrôlée par la pensé. C'était une armure de dernière technologie, très différente de celles que portaient les fusiliers, et largement moins résistantes. D'un point de vue extérieur, le trio aurait simplement ressemblé à trois agent secrets de base du Dominium: Oreillette unique, long manteau caméléon, présentement noir, col Mao... A vrai dire le nom d'armure était totalement usurpé et provenait plus d'une déformation professionnelle des ingénieurs à l'origine de sa conception. Cette "armure", était plus une sorte de combinaison. L'avantage, ceci dit, c'est que comme ça ils pouvaient passer les cadres des anciennes portent sans démolir tout un pan de mur.
La porte d'entrée de la maison donnait directement sur un grand hall entre le baroque et le gothique. Le sol était occupé par une large figure circulaire de marbre blanc et noir dont les plaques étaient délogée depuis longtemps. Comme le groupe avait le choix entre prendre l'escalier et monter au second, prendre l'une des portes transversale ou continuer tout droit, il fut décidé, sans grande surprise, de se séparer. C'est ainsi que chacun, arme au point, commença à fouiller le bâtiment à la recherche de "quelque-chose". Il aurait été plus exact de parler de quelqu'un, mais tu point de vue des trois soldats, cette "personne" avait depuis longtemps perdus sont droit à la considération humaine. C'était un animal.
Non, pire.
C'était un monstre.
...
Roxane avait montée les escaliers pas à pas, grimaçant à chaque grincement de marche, et s'était retrouvée en haut de la mezzanine du hall. Sans trop y penser, elle s'enfonça dans le premier couloir qu'elle aperçu. Le sol était couvert par un tapis miteux, et le bois des meubles décoratifs étaient parfaitement déliquescent.
Toujours sans trop y penser, elle approcha de la première porte qu'elle vit, l'ouvrit et vint se planter devant une fenêtre.
Roxane visitait la maison et, en même temps, visitait ses souvenirs.
Non-pas qu'elle ait un jour habité le bâtiment dont il est ici question, mais elle avait passée toute son enfance ainsi qu'une grande partie de son adolescence dans un manoir de conception assez similaire. Sa famille était... Riche. Riche à un point où cela en devenait indécent. Tellement indécent, en fait, qu'elle avait rapidement tout envoyé balader pour rentrer dans l'armée. Juste après son service, pour être exact. La camaraderie franche et dénuée de préjuger qui caractérisait les forces armées Kaiserdienne l'avaient charmée. Enfin, se disait-elle, je vais enfin pouvoir exister sans eux.
Elle s'éloigna de la fenêtre et se stoppa au centre de la pièce, observant devant elle une nature morte décolorée, accrochée au mur. De la moisissure couvrait le cadre.
Eux, c'était ses parents, et plus généralement sa riche famille. Ils l'aimaient, ils l'aiment sincèrement, mais cet amour s'accompagnait d'espoir et d'attentes auxquels Roxane n'avait pas pu ou pas voulut répondre. Ils l'avaient acceptés, de façon assez surprenante, et l'avaient laissés. Cela faisait des lustres qu'elle ne leur avait plus parlé.
Soudainement, la jeune femme se rendit compte qu'elle était restée plantée au centre de ce qui ressemblait à une chambre, perdue dans ses réflexions.
Si "il" avait été là, elle serait sans doute morte.
Elle frissonna.
"Dès que cette mission sera terminée, je retourne leur dire à quel point ils me manquent."
Elle frissonna à nouveau.
Il faisait putain de froid, ici.
_____
Walas n'avait pas peur. Contrairement à ses collègues, il ne venait pas d'un milieu urbain et tempéré, mais d'un monde de sable où la vie était une épreuve quotidienne, largement facilitée, il est vrai, par les infrastructures Kaiserdiennes. Ainsi, là où ses compagnons avaient habités une région où, selon lui, les mythes et la superstitions propices aux peurs stupides avaient put croître en toute sérénité, lui avait toute sa vie été confronté à des problèmes très pratiques. Que manger, comment trouver de l'eau, il faut recoudre cette toile, vite, le bouclier anti-tempête est en panne.
En un mot, il ne croyait à rien, et cette non-croyance était totalement inébranlable. Il était un fanatique sceptique, et se considérait sur ce point totalement incorruptible.
Et puis, plus généralement, contrairement à ses camarades, il n'avait tout simplement pas peur. Jamais. A aucun moment. En ça, on pouvait le comparer à une machine. Un robot très bien conçu, qui émettait de temps à autres une remarque pas dénuée de sens ou d'idée, mais dont les sentiments étaient ténus, encore mal programmés.
Là ou Roxane avait prit l'étage, lui s'occupait des sous-sols.
Il avait commencé par prendre la porte située directement à la gauche du hall d'entrée, et avait ainsi traversé un long couloir. Arrivé en bout, le couloir bifurquait vers la droite, et donnait entre-autre vers un escalier que Walase descendit. Il ne se souciait pas d'être discret. Au pire, se disait-il, si notre cible s'enfuit, elle se fera rapidement intercepter par les autres équipes en attente dans la forêt.
Lorsqu'il descendit, il ne se rendit pas compte du dessin griffonné à la hâte sur l'un des murs, sur sa gauche.
Un œil révulsé aux formes incertaines.
_____
Kaïne avait continué tout droit après le hall, fouillant méthodiquement chaque pièce. Il avait ainsi traversé un salon où s'amoncelait poussière et très, très vieux journaux, une pièce servant de tombeau à un billard défoncé, et une salle à manger. Désormais, il se trouvait au centre d'une imposante cuisine dont le carrelage gris avait dû être, à une époque, sujet à de nombreux nettoyage semestriels.
Contrairement à Walas, Kaïne se sentait très mal à l'aise, mais contrairement à Roxane, il ne pensait pas à son passé.
Kaïne pensait au présent, et à l'horreur de la situation. L'horreur de leur mission. L'horreur qu'on les avait envoyé chercher. Oui, il fallait bien rendre la justice selon les règles du Dominium, mais n'aurait-il mieux pas fallut envoyer un drone bombarder cette maison, non, toute la forêt jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien ? N'aurait-il mieux pas fallut envoyer des soldats en armure, des fusiliers, deux dizaines, entourant chaque porte et "lui" beuglant de se rendre ?
Quelque-chose tomba, dans son dos, il se retourna pour pointer son arme sur l'origine du bruit. Ce n'était rien, rien du tout. Juste la porte d'un placard qui venait de définitivement rendre l'âme. Il soupira et rabaissa le bout de son fusil.
Il y avait quelque-chose de profondément macabre dans ce cadavre de maison. Oh, bien entendu c'était très lié à... Celui que l'équipe devait intercepter, mais il n'y avait pas que ça. Oh non, il n'y avait pas que ça.
Le soldat tenta silencieusement de mettre des mots sur ses pensés.
"Chaque pièce a au moins deux entrée."
"Kssh. Ici Roxane, qu'est-ce que tu dis ? Terminé."
"Ici Kaïne, je disais: Chaque pièce au moins deux entrée, terminé."
"Kssh. Ici Roxane, ouais, en effet. Terminé."
Il soupira et ferma un instant les yeux et passa son con-link de "micro ouvert" à "appuyer pour parler".
C'était comme...
Comme si quelque-chose d'invisible se cachait dans chaque angle. Comme si, dès qu'il marchait, quelque-chose de gros, de pesant, se dressait dans son dos, près à poser ses mains squelettiques sur ses épaules, près à l'emporter en un hurlement de banshee. Chaque pas qu'il faisait, il sentait cette présence dans son dos. Chaque porte qu'il ouvrait semblait plus difficile à pousser, il avait à chaque fois l'impression que quelque-chose attendait derrière le battant.
Tout les huit pas, il se stoppait et écoutait. Cette chose qui me suit, marche-elle exactement au même moment que moi pour que je ne me rende pas compte de ce qu'elle fait ? Fera-elle une erreur révélant sa présence ?
Il avança jusqu'aux réserves, situées au fond de la cuisine, et hésita un instant.
Il l'ouvrit. La porte très lourde, émit un bruit démentiel lorsqu'après un petit effort l'homme fit en sorte de la débloquer.
L'odeur était infâme. La réserve était remplit de sacs, de conserves centenaires et de mouches mortes. Ici et là se trouvaient des tas bruns qui, naguère, avaient dû être de la viande, du poisson ou encore des légumes. Des crocs de boucher tachés de rouge pendaient, statiques, au bout de leurs chaines.
Et soudainement, Kaïne comprit ce qui le dérangeait tant dans cette maison.
C'était comme si les propriétaires ne l'avaient pas quittés, du moins pas comme il se doit. On aurait dit qu'ils étaient simplement mort dans leur sommeil et dans l'indifférence générale, ou qu'ils avaient fuit la demeure.
Cette idée le terrifia. Il quitta la réserve
Durant un instant, alors qu'il se retournait, il eut la nette impression qu'une créature infernale allait lui faire face.
Dehors, il faisait nuit.
_____
"Bordel."
Le spectacle auquel faisait face Roxane changeait de l'habituel suite de pièces vides interconnectées qu'elle avait jusque-là visitée. Déjà, il s'agissait de la seule pièce qu'elle avait rencontrée pour le moment à n'avoir qu'une seule sortie. Ensuite, cette pièce-là avait du mobilier neuf, ou du moins entretenu.
"Bordel de bordel de..."
La soldate avait manquée de lâcher son pistolet lorsqu'elle avait ouvert la porte. Juste en face de cette dernière se trouvait un grand homme aux membres démesurément grands et fins. Elle avait manquée de hurler, mais s'était retenu.
Ce n'était qu'un dessin, griffonné à la hâte sur le mur.
Elle eut un petit rire nerveux. Quelle conne elle faisait. Ceci dit elle décida d'être indulgente avec elle-même: Il fait noir, très noir, et la lumière fluorescente qu'émettait son armure ne permettait pas de voir parfaitement bien.
Elle soupira et entra donc dans la pièce, constatant des informations livrées plus haut: Une porte, du mobilier neuf. Plutôt intéressant, ça. Maîtrisant un nouveau rire, la jeune femme approcha du lit. Il était fait, et surplombés de dessins cryptiques qui ne la rassurèrent pas exactement.
Un œil révulsé, des longues courbes, comme des pseudopodes, entourant une maison. On aurait dit des dessins d'enfant, mais d'enfant sacrément dérangé.
"Ouais, ça t'amuse hein, espèce de connard."
La jeune femme maugréa une nouvelle insulte à destination du dessinateur et se retourna.
Elle sursauta et hurla.
Ce n'était rien, elle s'était faite peur toute seule. L'espace d'un clignement d’œil, l'homme fin était devant elle. Ses nerfs lui jouaient des tours. Nouveau rire, elle avait envie de chialer.
Et soudainement, elle entendit des pas. Ils venaient de hors.
Roxane éteignit aussitôt son armure et approcha de la fenêtre, son arme prête à tirer. Sans l'aide de son armure, elle ne voyait rien dehors. Un court instant de lucidité lui fit se dire que celui qui approchait devait déjà être au courant de sa présence: Dans le noir de la nuit, une lumière allumée se remarque aisément.
Pourtant il avançait toujours. Au son, elle devinait que l'être marchait sur l'herbe, à pas lents.
Elle voulut activer son micro, l'armure mit quelques secondes à répondre.
"Walas, Kaïne, vous avez entendu ? Terminé"
Silence.
"Walas, Kaïne, quelqu'un vient. Terminé"
Toujours pas de réponse.
"Walas, Kaïne, venez immédiatement à l'étage. Terminé"
"Kssh. ..i Kaï.., je te re.ois .al. Q.'..t-c. q.. tu as .is ? Te..iné."
"Ramène ton putain de cul à l'étage ! A l'étage comprit ?"
"Kssh. ..ari..e, .e....m."
_____
Walas explorait les sous-sols. Leur taille était démesurée, même pour une propriété de ce genre. Au début il avait pensé qu'il s'agissait d'un simple ensemble de caves à vin et de réserves souterraines, mais au bout d'un temps, il était tombé sur un couloir à moitié caché par des planches, et ce dernier l'amena à un nouveau réseau autrement plus vaste.
Le passage était étriqué, le plafond bas et, contrairement au reste de la maison, il y faisait très chaud. C'était curieux.
Pour Walas, c'était le signe qu'il était sur la bonne voie. La planque de la cible devait être quelque-part dans ces galeries. Il ignora ainsi le silence pesant et la chaleur et se concentra sur sa mission. Comme le couloir avait tendance à se subdiviser à tout bout de champ, l'homme avait commencé à enregistrer une carte de sa progression dans la mémoire de son armure.
Walas avança ainsi durant de nombreuses minutes et déboucha finalement sur une sorte de grande pièce souterraines de forme circulaire. Très haute, son sommet était occupé par une grille donnant sur l'extérieur. Des tuyaux parcouraient les murs. Il s'agissait sans doute de l'évacuation des eau. En effet, le seul passage par lequel il pouvait désormais procéder était remplit d'eau. Son odeur rance et sa couleur grise firent vaguement grimacer le soldat.
Dehors, il n'entendait aucun bruit, juste le vent sur les feuilles, lointain. L'espace d'un instant, il se sentit comme un prisonnier écoutant les bruits d'une nature qu'il ne révérait plus.
"Kssh .a.t. e.. .s..g.. ..u.i. . .. ... .é."
"Kaïne, Roxane ? J'vous entends mal. Terminé."
"Kssh J.. ... ...i. ...s ..o. ...ié."
Foutus sous-sols, pourtant, à cette distance il devrait pouvoir les entendre, surtout avec une ouverture sur l'extérieur, c'était étrange. Il décida de réessayer.
"Kaïne, Roxane, c'est vous ? Terminé."
"Kssh. N... o... n..."
Et Walas, pour la première fois de sa vie, connut la peur.
...
Il courait. Il avait d'abord voulu prendre la fuite par le passage dont il venait, mais un sentiment oppressant, terrifiant l'avait prit alors qu'il s'était retourné, aussi pataugeait-il désormais dans l'eau glaciale. Elle s'insinuait partout, sapant ses forces. Parfois, dans sa course, ses pieds heurtaient des choses molles qui attendait sous l'eau.
Il courrait, prit d'une panique animale, puissante. Sans plus réfléchir à son itinéraire. Il était dans un état tel qu'il ne se rendit pas compte que son armure ne répondait plus, qu'elle ne cartographiait plus rien. Il continuait à courir, à courir tant qu'il le pouvait.
Il trébucha.
Un moment il crut mourir. L'eau était glaciale, le choc que provoqua le contact entre son corps brûlant, en sueur, et le liquide fut comme un arrêt cardiaque. Walas se releva difficilement. Son oreillette émettait un bruit strident, il s'en débarrassa en hurlant.
Walas sentit alors une pression sur sa nuque.
_____
Cela faisait maintenant une minute, et Kaïne n'était pas encore arrive. Était-il mort ? Non, non il ne l'était pas. Alors qu'est-ce qu'il foutait ? Qu'est-ce qu'il foutait ce con ?!
Roxane eut un hoquet et maîtrisa à grand peine son envie de pleurer. Elle était prostrée, pistolet serré contre son cœur, à côté de la fenêtre. Le grand homme était là, il était là, et allait venir pour elle. Elle allait mourir de la plus ignoble des façons.
Non, le grand homme était au dessus de ça. Il allait la laisser en vie, et lui faire subir bien plus.
Trop terrifiée pour fermer les yeux ne serait-ce qu'un instant, elle les gardait exorbitée. Ils la démangeaient atrocement.
Soudainement, une pensé lui vint en tête.
Elle était soldate. Elle avait déjà tuée.
Le grand homme était un homme, les lasers le traverseraient comme ils traversaient toutes les autres matière.
Oui, son arme était la peur.
Elle avait peur, mais son arme à elle était autrement plus mortelle.
Elle cligna enfin des yeux, s'attendant presque à le voir devant elle, et se releva. Les bruits de pas avaient cessés depuis une éternité.
Après un moment d'hésitation, elle quitta enfin la porte des yeux et se retourna vers la fenêtre. Elle n'avait pas entendu la porte du hall, donc il devait encore être dans le jardin de la maison. Où alors attendait-il devant la porte, caché par le toit.
"Ou alors il est derrière toi."
Elle fit taire sa voix intérieur, ralluma les lampes de son armure et se saisit plus fermement de son pistolet.
Et c'est alors qu'elle le vit. Sur le chêne.
Il rampait, comme une chenille infernale, chimérique, dotée de quatre pattes d’araignée, des membres retournés de manière tant grotesques d'affreuses, accompagnant chaque mouvement d'un spasme. Il rampait sur les branches les plus épaisses, empruntant celles qui partaient vers la maison. Elle fut si stupéfaite qu'elle n'osa tirer.
Il était entré, maintenant, ça ne faisait aucun doute.
Mais elle n'avait plus peur. Non, elle n'avait plus peur. Voir le monstre l'avait convaincu d'une chose: Les lasers le tueraient.
Elle quitta la chambre, arrivant dans le couloir.
Où était-il... ?
Quelque-chose tomba devant elle. Un long filet de..
Roxane leva les yeux, fixant le plafond.
Elle leva les yeux poussa son dernier hurlement.
_____
Kaïne, qui avait reçut l'appel de Roxane, avait prit tant de temps à monter car son armure était soudainement devenue folle. Son oreillette s'était mise hurler des syllabes déconstruites et des sons stridents, et la lumière fluorescente s'était éteinte pour ne plus jamais se rallumer.
C'était arrivé juste après la tentative de communication de Roxane.
Tentative, en effet, car rien de ce qu'elle disait n'était clair, pour le soldat. C'était tout juste s'il avait reconnu sa voix par dessus les parasites.
Retrouvant difficilement son chemin à travers la maison, le soldat arriva enfin dans le hall. Il entendait un raclement, venant de l'étage.
Soudainement, une sensation glacée emplit son ventre, écrasant son cœur et nouant sa gorge.
Et si... Et si Roxane était...
Il fit claquer le chargeur de son fusil et monta les marches quatre à quatre. Arrivé à l'étage, Kaïne eut droit à une macabre confirmation de ses soupçons.
Elle était bien là, au sol, contorsionnée dans des angles impossibles, sa gorge et le haut de son torse étaient déchirés.
Elle était pâle. Plus pâle que se devrait de l'être un cadavre, et le sang entourant son corps était présent en quantité dérisoire.
Soudainement, Kaïne entendu un bruit derrière-lui. Il se retourna juste assez vite pour éviter le puissant coup que lui avait envoyé le tueur. L'être était tout simplement hideux. Ses cheveux étaient sales, longs, et son corps décharnés était enveloppé dans une sorte de vieille tunique informe. Les yeux de la bête brillaient, de sa bouche coulait un liquide pourpre.
Kaïne pointa son fusil et tira, l'escalier éclata en un millier d'échardes, mais la bête ne fut pas touchée. Bondissant sur le côté, elle se rattrapa à la balustrade et se propulsa vers le soldat sans pousser le moindre cris. Il fut renversé et son arme roula plus loin. L'être entreprit dès-lors de lui lacérer le torse à coup de griffe. Son haleine pestilentielle était accompagnée par une pluie de sang et de vers qui s'infiltrèrent rapidement dans ses plaies. Poussant un hurlement bestial, Kaïne renversa son adversaire et se munit de son couteau. Il planta l'épaule de la bête, cette dernière ne sembla pas importunée et bondit à nouveau.
Cette fois, l'homme esquiva plus ou moins le coup. Le combat lui semblait cependant perdu d'avance. La bête était entre lui et le fusil, il avait atrocement mal, perdait beaucoup et sang et faisait face à une chose infatigable.
"T'inquiète pas, monstre, y'a une tonne de mes copains qui t'attendent dans les bois."
Soudainement, il y eut une idée.
Attrapant l'une des grenades qui pendait à sa ceinture, il recula d'un pas et l'enfonça d'un coup de poing dans la bouche de la bestiole alors qu'elle bondissait à nouveau.
Sa main craqua et se retourna, déchirant la chair de ses poignets, mais l’attaque eut cependant l'effet esconté: La grenade explosa, libérant une mousse compact qui bloqua totalement la bête humaine. Kaïne se laissa alors tomber au sol. Il n'avait plus de moyen de communiquer avec l'extérieur et allait sans aucun doute mourir avant que qui que ce soit n'émettre ne serait-ce que l'idée de venir fouiller la maison pour aller le chercher.
Mais la mission était remplie.
Il avait capturé la cible.

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