Apocalypsis Archives > gamma2 > Galaxie 8 > Forums > Sainte Assemblée > Une piste à suivre

Une piste à suivre

Pages : 1 2

Cdt. Olhorìn
Respect diplomatique : 3203

Avatar
20/12/1016 ETU 12:54
Score : 8 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
0 : présentation bâclée
0 : hors sujet
0 : hors role play
0 : message insultant
efforts visibles : 0
message adapté : 0
message remarquable : 8
humour décapant : 0
role play intéressant : 0
La jeune femme regarda le Gardien avec des yeux ronds. Elle resta interdite une seconde, n'étant pas certaine d'avoir bien entendu. Ekko était là, devant elle, attendant visiblement une réponse, les traits tendus mais le visage impassible. Le silence régna pendant quelques minutes. Puis, d'un coup, Olorìn pencha la tête en arrière et se mit à rire de bon cœur. Le son était cristallin et ne pouvait mentir sur la joie que pouvait ressentir la jeune femme aux cheveux rouges.
Ce fut au tour du Gardien du Temps d'hésiter sur la réaction de sa compagne. Était-ce un oui ? Ou un non ? Dans le doute, il afficha un petit sourire prudent, attendant qu'elle prenne la parole.
Lorsqu'elle redressa la tête, son rire ne s'était toujours pas calmé et des larmes lui perlaient aux paupières. Elle tenta de dire un mot, n'y parvint pas, leva une main pour demander à Ekko de patienter une seconde. Elle finit par s'asseoir sur le rebord de la plate-forme en lévitation. Sa crise de rire s'atténua un peu et elle finit par être capable d'aligner quelques mots de manière intelligible. Elle leva la tête vers son compagnon, un sourire joyeux aux lèvres, et s'adressa à lui.
"Tu vois, c'est pour ça que j't'adore. T'as toujours le mot pour rire. Là, tu m'as cueillie, j'avoue. J'm'attendais à pas mal de choses, mais une demande en mariage, c'est inattendu. C'était pour ça, tout ce jeu de piste ? C'est c'que t'as raconté à Flavius pour qu'il vire tout l'monde ? Ah, le con. Et y t'as cru tout d'suite, ou il a fallu que t'insistes ?"
Ekko était toujours silencieux, debout près de Ruby, un sourire flottant toujours sur ses lèvres, incapable de se décider sur la signification d'une telle réaction. Lorsque Ruby posa sa dernière question, le sourire vacilla légèrement sur ses lèvres. Il ne voulait y croire, mais avait l'intuition que quelque chose clochait. Les réactions d'Olorìn n'étaient pas vraiment celles qu'il attendait. Il ouvrit la bouche pour répondre, s'apprêtant à lancer une plaisanterie, parce que cela ne pouvait être que ça, une plaisanterie de la part la jeune femme.
Mais Ruby enchaina.
"Et c'est quoi la suite ? Un enfant ? Plusieurs, même, pourquoi pas..."
Le Gardien la contemplait. Il commençait à reprendre confiance.
"Oui... Non... Enfin, je ne sais pas, en fait, je n'ai pas encore réfléchi à la question, mais nous avons bien le temps de penser à tout ça, non ? Du temps, nous en avons autant qu'il nous en faut, mon amour, nous verrons ce que le Destin nous réservera à ce sujet."
Olorìn ne sembla pas entendre la réponse, ou n'y prêta pas attention. Elle était toujours hilare.
"Et puis après, quoi ? Un pavillon dans une banlieue chic ? Avec une jolie pelouse, des chiens en plâtre et des nains de jardin." Ruby se releva. Elle commençait à retrouver son calme et sa voix habituelle. "T'es vraiment trop balèze. T'sais qu'j'ai failli y croire, à ta demande ?"
Ce fut à ce moment que le monde s'effondra pour Ekko. Il comprit enfin que sa demande n'avait pas été prise au sérieux. Il songea qu'il était en train de perdre celle qu'il aimait. D'abord la rousse lui avait été enlevée par le Joker, et il avait eu l'impression de mourir une première fois. Puis Ruby était apparue. Si différente et pourtant si proche de celle dont il s'était épris au début. Ils s'étaient apprivoisés et petit à petit, il avait appris à l'aimer, au moins autant que la rousse.
Et voilà qu'il la perdait aussi. Il n'en comprenait même pas la raison. Et, cette fois, elle s'éloignait d'elle-même, le Joker n'était même pas là pour endosser la responsabilité.
Il sentit quelque chose craquer au fond de lui-même, en même temps qu'une froideur inaccoutumée l'envahissait brutalement. Il n'avait été qu'un jouet entre les mains de Ruby. Elle s'était jouée de lui, et il avait couru comme un petit chien fidèle. Elle ne l'avait jamais pris au sérieux. Peut-être même ne l'avait-elle jamais aimé.
La plate-forme amorça sa descente. La secousse détourna un instant Ruby de sa question.
"La montée était sans à coups, mais tu maitrises pas encore la descente, a priori. Va falloir que tu bosses ça."
Elle avait toujours le sourire aux lèvres et ne s'était pas encore aperçue de la détresse qu'éprouvait le Gardien. Et comment l'aurait-elle pu ? Son visage était de marbre et aucune émotion ne transparaissait sur ses traits. Une fois au sol, la plate-forme se dissipa et la décoration de la salle avec elle.
Ekko passa devant Ruby, la bousculant un peu au passage, sans le vouloir, sans haine, ses yeux embués ne voyaient tout simplement plus où il allait.
"Vas-y, dis pas pardon, surtout. 'scuse-moi d'être sur ton ch'min."
Tandis que la bague tombait au sol, le Gardien continua sa route vers les sièges sans se retourner. Olorìn lui emboîta le pas, continuant à parler et à blaguer, percevant de manière floue la détresse de son ami mais ne la comprenant pas. Elle essayait maladroitement de lui tirer un rire, un sourire, ou même de la colère. N'importe quoi qui le fasse sortir de sa torpeur dont elle ne comprenait pas l'origine.
Arrivé devant les sièges de l'Assemblée, Ekko se retourna. Ruby put voir ses yeux noyés de larmes. Elle se tut instantanément. Se repassa mentalement ses paroles, cherchant vainement la raison d'un tel désespoir. Qu'avait-elle bien pu dire ou faire qui ait pu plonger son compagnon dans un tel état ?
Nonchalamment, Ekko essuya son visage d'un revers de main. Il voyait maintenant parfaitement la marche à suivre. La suite lui paraissait limpide et logique. Il plongea la main dans sa poche et la ressortit, le poing fermé. La tête penchée, il sembla hésiter un instant, puis la releva, les yeux fermés.
Il ouvrit la main. Un petit sablier d'or reposait au creux de sa paume. Le Gardien du Temps sembla entrer dans une sorte de transe, ses yeux devinrent blanc. Ruby laissa échapper le début d'une phrase.
"Qu'est-ce qu..."
Puis le petit sablier se mit à briller et à léviter dans la paume de sa main. Et un murmure franchit les lèvres d'Ekko.
"Weather atua..."
Olorìn reconnut les mots instantanément. Ils étaient ancrés dans sa mémoire collective et elle comprit ce que le Gardien s'apprêtait à faire : effacer de la réalité les derniers instants qu'ils venaient de vivre.
"Et merde..."
En deux enjambées, elle fut sur lui. Elle hurla son nom pour essayer de le ramener mais rien n'y fit. Il continua sa litanie lentement, doucement. Alors, en désespoir de cause, ne sachant comment le réveiller, elle s'attaqua directement au mécanisme. Le Sablier. Elle leva la main gauche et referma le poing dessus. Elle poussa un cri et la retira immédiatement. Il était brûlant. Elle leva le regard vers Ekko mais rien n'avait changé, il continuait à psalmodier lentement.
Ruby ne réfléchit pas plus. Elle leva à nouveau la main et enferma le sablier entre ses doigts. Ses mâchoires se serrèrent, ses lèvres devinrent blanches tandis que de fines volutes de fumée s'échappaient de sa main. Elle essaya de tirer le Sablier vers elle mais il refusait de bouger d'un millimètre. Quelle que fut la magie mise en place par Ekko, celle-ci était puissante. Très puissante.
Une larme roula sur la joue de la jeune femme, autant de douleur que de peur de voir son compagnon réussir son envoûtement. Elle tira plus fort encore, sans plus de résultat, laissant échapper entre ses dents serrées le nom de son amour. Sans résultat, encore. Une étrange odeur de chair carbonisée commença à se répandre dans l'hémicycle.
C'est ce qui fit sortir Ekko de sa transe.
Ses yeux roulèrent un instant et redevinrent normaux, tandis que le Sablier perdit d'un coup toute sa chaleur dévorante. Ruby le lâcha instantanément et serra son poignet, contemplant les chairs brûlées de sa paume. Elle ne poussa pas un cri, mais une nouvelle larme dévala son visage. Elle prit une grande inspiration et un sourire triste s'accrocha à ses lèvres. Elle leva ses yeux mauves vers le Gardien et les plongea au fond des siens.
Ekko la regardait, impassible, le Sablier redevenu froid au creux de sa paume.
Olorìn s'avança d'un pas et le poussa doucement de sa main valide, le forçant à s'asseoir sur l'un des fauteuils derrière lui. Puis elle s'agenouilla entre ses jambes, les enserrant entre ses bras, et tenant par la même occasion sa main meurtrie. Elle ne s'était agenouillée devant personne et le geste n'avait rien d'une génuflexion, ni d'une soumission quelconque. Seulement un moment d'intimité retrouvée avec celui qu'elle avait perdu de vue depuis si longtemps.
Elle chercha ses mots un court instant, se mordit la lèvre et commença à parler, d'une voix douce et basse.
"Tu étais sérieux alors, en me demandant en mariage ?..."
Le gardien ne répondit pas tout de suite, puis finit par articuler quelques mots, essayant de bannir toute trace d'émotion de sa voix.
"D'après toi ?"
Court instant de réflexion.
"Oui. Tu l'étais." Elle marqua encore une pause, cherchant une nouvelle fois ses mots. "Écoute, je suis vraiment désolée. Je ne peux pas accepter. Mais tu ne peux tout effacer de la réalité simplement pour un refus que je t'oppose. Il faut se souvenir de ce moment tel qu'il s'est déroulé. Maintenant et à jamais.
Il faut que tu comprennes bien une chose, cependant. Ce n'est pas parce que je refuse ce mariage que tu me proposes, que tout est fini entre nous. Au contraire. Tout peut commencer, à présent.
"Nous n'avons pas besoin de signer un quelconque bout de papier, ni d'une grande cérémonie devant tout le monde pour vivre notre histoire. Elle nous appartient et les autres n'ont pas à s'y immiscer. Le mariage n'est rien d'autre qu'une étiquette de plus posée sur deux êtres afin de rassurer la multitude. Je n'ai pas envie de ça. Je n'ai pas besoin de ça."
Elle resta silencieuse un moment, espérant presque qu'il reprendrait la parole. Et comme le silence s'éternisait, elle chercha quelque chose à ajouter. Elle se mordit la lèvre une nouvelle fois et se jeta à l'eau.
"J'ai la réputation d'être un peu trop franche et directe, mais je fais des efforts avec toi, tu sais. Je vais essayer de ne pas être trop brutale et d'expliquer plus simplement.
Pour le mariage que tu me proposes, je ne veux pas. Et pour les enfants, je ne peux pas. Si ton bonheur passe par une famille, alors il ne passera pas par moi. Et il vaut mieux que tu t'en trouves une autre."
Ouais. Raté. Elle avait déjà fait mieux niveau diplomatie...
"Je suis ce que je suis et je t'aime comme tu es. Nous n'avons pas besoin de cérémonie supplémentaire. Maintenant, si c'est juste pour faire la fête, faisons une grande réception et invitons tout le monde si tu le souhaites. Mais nous n'avons pas besoin de nous marier pour cela."
Elle tourna la tête vers la place qu'ils occupaient il y a peu. D'un simple geste de ses doigts droits, elle fit venir à elle la bague qu'il lui avait offerte. Elle la lui déposa dans sa paume. Un petit claquement de doigts, et la bague en or prit des reflets argentés. Ruby lui adressa un pauvre sourire qu'elle espérait taquin. Encore raté.
"J'préfère l'argent, mon loup, tu m'en veux pas ?"
Elle n'obtint aucune réponse du Gardien et son visage resta impossible à déchiffrer. Ce n'était peut-être pas encore le moment de reprendre sa gouaille provocatrice. Elle resta un instant silencieuse, puis se redressa sur ses genoux, rapprochant son visage de celui d'Ekko. Ce faisant, elle appuya ses mains sur les jambes de son compagnon. Ruby fit une grimace, jeta un œil sur sa paume gauche. Les chairs étaient encore boursouflées et brûlées, mais les bords commençaient déjà à cicatriser. Tout irait bien de ce côté-là.
Elle se concentra donc sur les yeux de son amant.
"En ces périodes de fête, j'ai deux cadeaux à t'offrir.
"Le premier est un non catégorique et non négociable à ta demande en mariage.
Le second est mon amour, celui que je te porte, immense et inconditionnel. Quoi que tu fasses, qui que tu sois, mon amour t'est acquis. Et il ne demande rien en retour.
"Harley et toi êtes mes deux étoiles dans mon sombre univers. Ne vous éteignez pas. Ne m'abandonnez pas..."
Cdt. Ekko
Respect diplomatique : 857

Avatar
20/12/1016 ETU 20:23
Score : 5 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
0 : présentation bâclée
0 : hors sujet
0 : hors role play
0 : message insultant
efforts visibles : 0
message adapté : 0
message remarquable : 5
humour décapant : 0
role play intéressant : 0
Le gardien était passé par de nombreuses phases au fur et à mesure de l'évolution de la conversation. Il avait été brisé. Littéralement. Les larmes avaient coulées sur son visage. Il avait l'impression de reperdre Ruby comme il avait perdu la Rousse, sauf que cette fois, c'était bel et bien de sa faute. Il n'avait donc pas trente six options. Il lui fallait revenir en arrière. Tout effacer. Il le pouvait. Il n'hésita donc pas à solliciter ses pouvoirs.
"... whakarongo ki te karanga o te kaitiaki"
La fin de la psalmodie du gardien résonnait dans sa tête. La magie du temps poussée à son paroxysme, celle d'altérer le présent en revenant dans le passé.
C'était sans compter sur la volonté de sa compagne. Une petite voix, de plus en plus forte avait réussie à atteindre le gardien pourtant entré en stase. Surpris, le gardien fut arraché à sa magie, et écouta sa compagne.
Il resta de marbre. Il pensait que tout était terminé, il avait verrouiller son esprit, sa sensibilité, ses sentiments. Son visage était de marbre. Impossible de déchiffrer ses sentiments à ce moment. Il était littéralement un mur sans prises. Infranchissable.
Il écouta donc sa compagne et se détendit un peu, doucement. Il lacha un peu prise et se laissa touché par la jeune femme.
Quoi que tu fasses, qui que tu sois, mon amour t'est acquis. Et il ne demande rien en retour.
Cette phrase résonna au fond de l'âme du gardien. Il avait voulu à tout pris mettre un nom sur leur relation. Il lui avait mit en quelque sorte le couteau sous la gorge. Il prit conscience que son acte était un peu égoïste. Il savait au fond de lui que sa compagne ne voudrais pas suivre les codes, qu'elle était différente. Il se rendit compte que c'est pour ça qu'il l'aimait. Il avait faillit tout foutre en l'air, parce qu'il n'avait pas su se mettre à la place de sa compagne. Pire encore, il avait voulu faire marche arrière. Tout effacé alors qu'elle lui donnait, là, sans condition le plus beau cadeau que quelqu'un puisse offrir. Sa personne, entière et sans conditions. Une dernière larme coula sur la joue du gardien.
Il pris la main de sa compagne et psalmodia la fin de sa formule. Ruby eu les yeux qui s'écarquillèrent avant de comprendre ce qu'il se passait.
Il venait de guérir sa main.
Il plongea ses yeux bleues dans le regard de sa compagne et ne dit rien pendant un moment. Il savait que sa vision venait de changer. Qu'il venait de prendre conscience de beaucoup de choses. Mais elle ne le savait pas encore, il n'avait toujours rien dit, et son visage était toujours aussi impassible.
Finalement, il accorda un léger sourire à la jeune femme et décrocha un mot.
Merci.
Il lui planta un baiser sur les lèvres. Celui-ci la décontenança brièvement, puis, elle ferma les yeux à son tour, profitant de ce réel instant d'amour et de passion.
Il tendit la main, et la petite bague en argent vint jusqu'à lui. Il passa l'anneau dans une chaine en argent qu'il portait autour de son cou. Le petite bague sertie du magnifique Ruby était maintenant au milieu du torse d'Ekko.
Il lui fit un grand sourire.
De l'argent. C'est noté.
Elle ricana et ils s'embrassèrent de nouveaux.
Je suis heureux. J'ai trouvé bien plus qu'un simple oui, tu m'as donné bien plus qu'un simple oui et en plus, tu m'as permis d'en prendre conscience...
Elle avait les larmes aux yeux.
Je ne cesserais jamais de briller dans ta vie. Je te le promet. Je t'aime, aujourd'hui et jusqu'à la fin des temps.
Elle éclata en sanglot comme une madeleine et ils s'embrassèrent de nouveaux.

Pages : 1 2