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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 04/01/1017 ETU 18:08 |
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Score : 6
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Privex. Dans l’asile silencieux, il y a homme. L’homme n’est pas seul. D’autres hommes se terrent. Ils ont peur. Peur de lui. L’idée le fait sourire, jusqu’aux oreilles. Combien sont-ils ? Beaucoup, beauuuuucoup moins, huhuhuhuhu… Il les attend comme un prédateur dans les ombres. Il est comme ce chat qui guette le trou de souris des jours durant, jusqu’à ce que vienne l’heure de frapper ; puis, quand il a bien joué avec sa proie, il répand ses organes dans toute la maison et ramène la tête sur le pas de la porte de la chambre des maîtres. Son petit parc de victimes… Dans l’asile silencieux, l’homme se promène. L’homme a peinturluré les corridors du complexe. Il aime la couleur, des violets, des verts, des rouges, beaucoup de rouges — qui commencent à s’écailler et brunir par endroits, ce n’est pas très sérieux… — ; ça fait un grand feu d’artifices. Sa vie est un grand feu d’artifices. Ça fuse, ça rit, ça chante, ça joue. Il ne s’est jamais senti aussi bien. Ce n’est plus qu’un long instant présent coloré et joyeux. Tous ses soucis passés semblent s’être envolés, il ne s’en souvient pas — à vrai dire il n’en a pas grand-chose à faire. À la question : qui est-il ? il répond : joker ! Dans l’asile silencieux, l’homme pense. L’homme pisse. Toutes les épiphanies adviennent sur le trône. Toutes les idées parasites sont évacuées pour ne laisser place qu’à l’essentiel, et, en position confortable, seul avec soi-même, la pensée circule mieux. On ne pense jamais mieux que lorsqu’on est aux toilettes. Il s’est rendu compte que le monde avait changé. Oh, la planète était déjà désertique quand les hommes l’ont rendue stérile à dessein. Pour accroître la sécurité du complexe, vous comprenez ; personne ne sort… Mais c’est autre chose qu’il est le seul à avoir perçu. Seul un esprit comme le sien est capable d’appréhender ce qui dépasse l’explicable. Une ombre dans le silence, quelque chose au coin de l’angle mort, une présence derrière ton épaule ; retourne-toi, elle n’est plus là, suis-la du regard, elle a déjà fui, tends l’oreille, ce n’est qu’un néon. Pourtant, il le sait, c’est là. Et c’est alors qu’il pisse qu’il met enfin le doigt sur la chose — je vous l’avais dit. Le phénomène se produit juste devant ses yeux. Il ne cligne pas des yeux, pour ne pas le perdre, le sourire élargi jusqu’aux oreilles. Devant l’homme qui pisse, l’ombre projetée par le néon ne touche pas la pissotière. Elle est suspendue au vide. Il voit le monde au travers, mais, sans le percevoir encore, il sait qu’il y a tellement plus dedans cette ombre. Alors l’homme regarde dans l’abîme…
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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 21/01/1017 ETU 17:18 |
Score : 4
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L’abîme regarde l’homme. Les yeux, les télescopes, les instruments de mesures les plus divers et les plus variés se succèdent à l’intérieur de ce trou de rat, au fond de la cuvette de sa pissotière. Ils sont tout près, ils parlent entre eux, font des remarques, posent des questions. Ils vrombissent comme des abeilles, le regard rivé à quelques centimètres de l’ouverture ; des voyeurs devant le trou de serrure d’une cabine d’essayage. Qu’ont-ils besoin de regarder d’aussi près (et de prendre un télescope !) pour voir sa bite ? L’homme se sentirait insulté s’il ne trouvait pas ça drôlement cocasse. Ho ho ho ! Pendant un moment (trente seconde ? quinze ans ?) il ne se passe rien. La lumière crue du néon qui clignote par intermittence, le bourdonnement sourd des systèmes électriques, le souffle ténu de la ventilation, la respiration sifflante de l’homme. L’homme attend une réaction des gens dans le trou, mais ils se sont tus. Ils ont l’air d’attendre, comme lui. Mais que peuvent-ils attendre ? Ils sont plusieurs, il est seul ; ils ont les instruments, il est démuni ; ils ont bien plus à apprendre de lui que lui d’eux. Pourtant, rien. Rien que les sons du silence. L’homme examine cette chose. On la prendrait pour une ombre si tant est qu’on la voie en premier lieu. Les esprits simples seraient passés à côté sans le voir, l’instinct les aurait poussés à se hâter, quand même, parce qu’il y a une sale impression qui se dégage de cet espace-là — du genre qu’on n’a pas envie d’approfondir, ni de connaître. L’ombre est un cercle parfait de la grosseur d’une orange, de ténèbres, un Vantablack absolu. C’est comme un bug de texture sur le tissu de la réalité. Ce trou que rien n’a annoncé, que rien n’a déclenché, donne directement sur les yeux, sans espace intermédiaire. S’il le passe, il sait qu’il est ailleurs. C’est un doigt d’honneur à tous les modèles scientifiques, dont aucun ne prévoie l’apparition spontanée d’une incohérence pareille. Un O parfait d’absurdité. Mais une fois qu’il l’a examiné en long, en large, en travers et en profondeur, l’homme s’ennuie. L’objet en lui-même n’a que peu d’intérêt pour lui. Il est familier avec ce genre de conneries, il en a vu d’autres dans les profondeurs abyssales de son esprit, dans les méandres alogiques de ses neurones. Ce qui l’intéresse réellement sont ces petits bonshommes voyeurs de l’autre côté de la brèche, et ils se sont désintéressés. Il veut les examiner, les étudier, les tester, eux, leurs réactions, leurs émotions ! Comment faire s’ils ne se prêtent pas au jeu ! C’est vraiment pas juste, lui qui voulait seulement s’amuser ! Mais il va les remettre au turbin, attendez voir ma bonne dame. Il suffit juste qu’il trouve une idée… … Une idée. … Ne bougez pas, il revient. … Le voilà revenu, prêt à mettre un coup de pied dans la fourmilière. Il se penche devant le trou… Prend une profonde inspiration… « BONJOUR ? » L’homme a toujours un mégaphone avec lui.
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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 23/01/1017 ETU 22:52 |
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Score : 4
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« Euh… Coucou ? » La voix si proche est pourtant si loin. L’homme ne voit qu’une bouche — c’est un museau ? — pleine de dents — ce sont des crocs ? — ; un seul interlocuteur. Les autres sont partis. C’est déjà ça ? Il n’aura pas à s’ennuyer face à un banal paradoxe dans le tissu même de la réalité qui n’intéresse personne et en inquiète encore moins. Sérieusement. C’est dépassé depuis les années 970 ces conneries. Ah, mais ne te distrais pas, homme, il ne faut pas perdre ton public ! Songe à quelque chose, divertis-le ! N’as-tu pas trouvé ta véritable vocation, pleine de couleurs et de trompettes et de flonflons, au milieu de cet enfer gris et froid de ténèbres et de mort ? Une mise en scène, il faut une mise en scène. Un scénario, n’importe quoi ; improviser, il sait improviser, il pourrait retourner n’importe quelle situation. Il se jette au sol et convulse en poussant de hauts-cris dans son mégaphone. « AH ! NON ! LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ-MOI JE VOUS DIS, JE VAIS… » Simule les bruits de lutte, d’autres voix, d’autres cris. Il y a plusieurs hommes dans les toilettes de l’asile, ils sont après lui, ils en veulent à sa peau. Il saisit le cutter qu’il garde toujours dans sa poche — son préféré ! —, se plante la jambe, plusieurs fois. Le bruit des tissus et de la chair tailladée s’écoule par le trou, plus vrai que nature. Wait… Il laisse passer une minute entière. Il rampe en raclant bruyamment le sol. Il sent le délicieux étourdissement du sang qui s’en fuit son corps et laisse de grande traînées derrière lui. Ouhou, ça met un coup de fouet ! Il est revenu au trou. « J’AI… J’AI RÉUSSI À LES AVOIR, POUR CETTE FOIS… ÉCOUTEZ, JE N’AI PLUS BEAUCOUP DE TEMPS, ILS VONT REVENIR. ILS NE VEULENT PAS QUE JE PARLE, MAIS IL LE FAUT. VOUS DEVEZ ABSOLUMENT M’ÉCOUTER. C’EST UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT. DES MILLIONS DE GENS. » Quelques secondes de silence, un jour, quinze minutes. « VOUS ÊTES TOUJOURS LÀ ? »
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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 29/01/1017 ETU 22:00 |
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Score : 2
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« Non, mon fils je viens d'arriver. » Un crachat. « WWWWWAAAAAAAAAAAARRRHH !! » Une giclée d'eau. Voilà tout ce qui est sorti du trou pour lui répondre. Les visages et les yeux grossis comme à la loupe se succèdent devant le trou, comme le font les commères qui ne veulent rien manquer d'un accident de voiture. Cela ne peut signifier qu'une seule chose : le spectacle est réussi ; il est parvenu à intéresser de nouveau les gens d'aut-delà-du-trou au phénomène bizarre ; il s'est attiré un public. L'homme est content. Mais il baignait maintenant dans son sang, et il serait si dommage de mourir avant que ses hôtes fussent divertis ! Il avait heureusement tout apporté et à portée. Tout fait partie du Plan™. Le garrot, le fil et l'aiguille, l'antiseptique, le pansement. Le calmant, c'est l'adrénaline qui afflue dans son cerveau détraqué. Ça va être génial ! Mais il faut passer à la suite du spectacle ; les spectateurs vont s'impatienter ; les lecteurs se lasser. Il faut. Accomplir. Le Plan™. « BON SANG, SOYEZ UN PEU SÉRIEUX, C'EST DE LA PLUS GRANDE IMPORTANCE ! ÇA CONCERNE VOS VIES ! CELLES DE VOS PEUPLES ! DE VOS FAMILLES ! ÉCOUTEZ, C'EST GRAVE. IL NE VOUS RESTE PLUS BEAUCOUP DE TEMPS. ILS VIENDRONT DANS TRENTE-HUIT JOURS. VOUS DEVEZ LES ARRÊTER. »
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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 01/02/1017 ETU 00:00 |
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Score : 2
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« Vous êtes où ? Qui sont ces gens qui vous veulent du mal… ? Et surtout, Vous êtes qui d'abord ??? (murmures inintelligibles) — Mh j'allais poser les même questions, mon fils l'Ours. (murmures inintelligibles) Dites moi la dedans, est ce que vous avez entendu parler de Dieu par hasard ? » Les réponses viennent dans le sens qu'il a escompté. Il manipule les fils de la conversation comme un marionnettiste. Il faut avouer que ce n'est pas compliqué : dites aux gens qu'ils sont en danger, sans en préciser la nature, et ils voudront inévitablement en savoir plus. S'ils se méfient parce qu'ils ne te connaissent pas, peu importe : c'est toi qui détiens l'information. La menace fantôme a semé le doute. Toi qui as les clefs, tu es en position de force. « JE SUIS JOHN DOE, JE SUIS UN COMMANDANT DE LA GALAXIE ESPOIR. J'AI MIGRÉ DÉJÀ PLUSIEURS FOIS, JUSQU'À CETTE GALAXIE, OÙ RÈGNE UN "SAINT-EMPIRE" FANATIQUE ET DICTATORIAL. ILS NOUS ONT MASSACRÉS, ILS NOUS ONT POURCHASSÉS, ET CEUX QU'ILS N'ONT PAS PU TUER, ILS LES ONT ENFERMÉS SUR DES MONDES MORTS. LA COMMANDANTE BIQUETTE EST MORTE DE FAIM ET DE SOIF DANS SA GEÔLE. ILS ONT TUÉ LA COMMANDANTE CENDRINE ELLOF. ILS ONT CONFINÉ DES DIZAINES DE GENS SANS BASE JURIDIQUE. UN SEUL EST COUPABLE DE VRAIS CRIMES. JE SUIS ENFERMÉ MOI AUSSI. MAIS MOI, JE PARLE. JE VOUS PARLE. ALORS ILS ENVOIENT DES GENS POUR ME TUER. POUR QUE VOUS SOYEZ PRIS AU DÉPOURVU. MAIS ÇA N'ARRIVERA PAS. PARCE QUE J'AI EU LA CHANCE DE TROUVER CE TROU… CE TRUC DIMENSIONNEL… POUR VOUS PARLER. JE CRÈVERAI, MAIS VOUS SEREZ PRÉVENUS. JE SAIS CE QUI ATTEND NOTRE GALAXIE ET CE QUI ATTEND LA VÔTRE. DANS UN PEU PLUS DE TRENTE JOURS UN PASSAGE VA LIER NOS DEUX GALAXIES. DES GENS VONT AFFLUER PAR CE PASSAGE. DES GENS VONT ARRIVER PAR CE PASSAGE. ILS VOUS DIRONT TOUS QU'ILS SONT RÉFUGIÉS — MAIS C'EST FAUX, ARCHI FAUX. ILS VIENNENT POUR VOUS ENVAHIR, ET JE CONNAIS LEUR PLAN. DANS UN PEU PLUS DE TRENTE JOURS, NOTRE GALAXIE VA SUBIR UNE APOCALYPSE, COMME LES AUTRES AVANT ELLES, COMME LA VÔTRE UN JOUR. MAIS AU LIEU DE VENIR S'INSTALLER EN BONNE INTELLIGENCE, LES ÉLITES DU "SAINT-EMPIRE" ONT PRÉVU DE CONQUÉRIR LA GALAXIE PAR LA FORCE. ILS COMPTENT FAIRE APPEL À VOTRE PITIÉ POUR PASSER, RECUEILLIR QUELQUES PLANÈTES, AMASSER DES RESSOURCES. DES FLOTTES. PUIS ILS UNIRONT LEURS RÉSERVES D'APOTIUM, ET LANCERONT DES BOMBES D'UNE PUISSANCE QUE VOUS N'IMAGINIEZ MÊME PAS. ALORS ILS ENVAHIRONT LA GALAXIE ENTIÈRE, SUR TOUS LES FRONTS, ET EN MASSACRERONT TOUS CEUX QUI S'OPPOSERONT À LEUR RÈGNE DESTRUCTEUR. ET TOUT ÇA AU NOM DU BIEN… CE SERA LA GUERRE COMME VOUS NE L'AUREZ JAMAIS CONNUE. »
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Coa. La Division Noire
Respect diplomatique : 32 01/02/1017 ETU 00:17 |
Score : 1
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Une émission sonique se fit alors entendre sans que personne ne puisse rien y faire ! https://www.youtube.com/watch?v=cYfNDHSqrEA |
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Cdt. Le Joker
Respect diplomatique : 1224 02/02/1017 ETU 23:27 |
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Score : 2
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« Salut Johnny, moi c'est Cap'tain Jack, l'chef du coin en c'moment. Ahem eh ben c'est sympa d'penser à nous… mais euh dis voir t'as plus d'infos là d'ssus ? Du genre combien d'gaillards va falloir cogner, qui sont les chefs, qui est sympa, et qui est un vrais salopard... 'fin des trucs utiles pour préparer une bonne bagarre quoi. … Johnny t'es là ? » L'homme ne répond pas tout de suite. Il a un air dans l'oreille. Un air antique dont plus personne ne connaît l'auteur, pas même lui, mais qu'il trouve tellement approprié à la situation qu'il ne peut s'empêcher de le savourer. C'est la douceur du bruit bruit d'une balle qui atteint sa cible. Là-dessus l'homme a une hésitation. Qui va-t-il vendre à la mort ? Qui va-t-il condamner ? C'est qu'il a plusieurs choix. L'Empereur, qui tient la galaxie d'une main de fer, et qui perd toujours plus de soutiens sans jamais être contesté ? Les Conseillers, qui pérennisent l'ennui et s'aveuglent devant la Fin ? Mais lesquels : les piliers du régime qui sont là depuis le commencement ; les nouveaux venus, ceux qui avaient prétendument l'espoir de rafraîchir (ou de troller !) le système ? Les citoyens, Commandants dépossédés de leur souveraineté plénière, réduits à l'état de sujets politiques ? Les prisonniers politiques ? Les morts ? Les émigrés de Renaissance ? Korda ? Tous à la fois, sans distinction, l'égalité parfaite dans la nuisance ? Ou aucun. Ce serait drôle d'avoir effrayé tout ce petit monde pour rien, hu hu hu ! « JE… JE SUIS TOUJOURS LÀ. JE PERDS DU SANG, MAIS ÇA NE M'EMPÊCHERA PAS DE VOUS PARLER. TANT QUE CE TROU PERDURERA, JE VOUS PARLERAI. JE VAIS VOUS DONNER DES NOMS. MAIS IL EST TRÈS IMPORTANT QUE VOUS LES DIVULGUIEZ. PARLEZ-EN. FAITES DES ANNONCES. PRÉVENEZ TOUT LE MONDE, PLUSIEURS FOIS SI NÉCESSAIRE. FAITES DES POLITIQUES GALACTIQUES POUR PRÉVENIR LE DANGER. PRÉPAREZ VOS TROUPES. FAITES DES CONTRÔLES. ASSUREZ-VOUS DE FAIRE FRONT UNI. ILS EXPLOITERONT VOS DIVISIONS. LA MOINDRE FAILLE. JE VAIS VOUS DONNER DES NOMS. » Il regarde derrière lui, sourit jusqu'aux oreilles… Alors il sort l'holo-pad qu'il avait dans la poche de son veston. Non, mes chéris, vous ne saurez pas ce qui vous attend, car l'homme est assez fou pour ne pas le hurler à portée de vos oreilles. Il joue à la roulette russe, et ce sont vos vies qui sont en jeu. Il griffonne quelque chose, puis jette l'holo-pad par le trou. Comme un dé.
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