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Vitae equilibium

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Cdt. Harvest
Respect diplomatique : 471

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04/03/1017 ETU 15:17
Score : 8 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
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humour décapant : 0
role play intéressant : 2
Musique : https://www.youtube.com/watch?v=ARANSQ15Vrk
"L'autre Harvest" : https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/236x/51/af/81/51af818df0613ff5799cde6e953f1014.jpg
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L'amarrage, dans le vide spatial, et entre les deux vaisseaux, mit bien une journée à s'effectuer. La frégate des fugitifs avait quitté le système de Sankt Polten depuis que celui-ci avait été purgé à l'apotium.
Bien évidemment, personne n'avait réagi à ça : après tout, le système avait déjà été envahi, alors pour un génocide de plus ou de moins, personne n'allait frétiller à l'assemblée outre mesure, même si les lois apotiques de Flavius interdisaient formellement la prise de telles mesures.
Mais cette situation était-elle seulement choquante ? Pas vraiment, c'était prévisible, bien que cela plongea les fugitifs du gouvernement d'Orb - dont Havrest - dans un état émotionnel très particulier. Ce genre d'état que l'on a lorsque tout ce que l'on a jamais pu avoir, et tout ce pourquoi l'on s'est battu dans sa vie disparaît dans un simple instant afin de satisfaire des lubies de quelques dépravés. Il y a de quoi en devenir fou.
Et les cycles passèrent, dans le silence, sans le moins signe de vie. L'unique frégate avait réussi à fuir les flottes d'invasion en toute discrétion, et avait pris tout son temps pour arriver jusqu'au lieu de rendez-vous avec le vaisseau arche : à savoir, dans l'orbite d'un pulsar, et en bordure de la galaxie qui plus est, afin de pouvoir brouiller toute communication exogène : la rencontre avait donc prévue à l'avance, et avait finalement lieu.
L'amarrage avait pris son temps à être fait, et une fois le sas en place, Harvest fit signe à son équipage de rester à leurs postes, décidant d'aller seule à la rencontre des extra-galactiques.
Et ce fut chose faite : elle s'aventura dans le sas, celui-ci se décontamina selon quelque procédure pour la forme, et il s'ouvrit pour donner sur le vaisseau-arche sur lequel les fugitifs s'étaient amarrés.
Le sas donnait sur un couloir qui lui-même ne faisait qu'une quinzaine de mètres de long, et qui donnait lieu à un gigantesque hangar dans lequel la frégate d'Harvest pourrait entrer vingt à trente fois - sauf que ce hangar était vide de vaisseaux, de véhicules, ou encore d'être vivants.
Inutile de préciser que le vaisseau-arche avait une dimension totalement démesurée.
Dans le couloir, il y avait un individu qui attendait Harvest : sapé d'un très long manteau, avec dessous, certainement une couche de kevlar ou autres matériaux prévus à l'effet de se prendre des "conséquences imprévues" dans la gueule. Il portait un genre de masque totalement opaque qui ne ne permettait à quiconque de voir son visage, et enfin, avait un troisième bras mécanique dans le dos.
"Hey.
- Salutations, Harvest.
- Ouais, la même : salutations Harvest. Ttt-ttt-ttt, je sens tout de suite que le fait d'expliquer à tout le monde qu'on s'appelle pareil va vite être une purge.
- Il fallait y penser avant de conquérir Orb en prenant mon nom.
- Argument recevable.
- Très bien."
Petit blanc gêné pour Harvest : elle ne pouvait de toute évidence pas savoir si son interlocuteur, l'autre Harvest, était lui aussi gêné, étant donné qu'il n'avait pour ainsi dire pas de langage corporel, et qu'elle ne voyait pas sa gueule. Néanmoins, le gars reprit la parole.
A écouter la voix de ce second Harvest, on pouvait gager sur le fait qu'il était soit un humain mâle avec un modulateur vocal qui doublait sa voix en plus de lui donner un ton très adouci, soit un xéno avec des cordes vocales et une trachée foutue n'importe comment. Considérant sa morphologie, la Harvest d'Orb gageait sur la première possibilité, mais rien n'est moins sûr.
"Le voyage s'est-il bien passé ?
- On peut dire ça, même s'ils nous ont rendu le voyage difficile, les autres sauvages, là.
- Justement, en parlant de sauvages, comment donc s'est déroulé le génocide des peuples qui étaient sous votre responsabilité ?"
Harvest afficha un air gêné, et baissa un peu la tête, en regardant sur le côté. Elle sera en poing ses mains métalliques, et soupira.
"On peut... Parler d'autre chose ?
- Assurément. Comment s'est passé votre intégration à l'assemblée ?
- Franchement ? Franchement ? J'vais vous le dire : là, à cette assemblée galactique, c'était vraiment... Vraiment que du abruti. Je ne vois pas comment formuler autrement l'idée."
Elle s'emballa, comme elle savait si bien le faire.
"Sans déconner, c'est dingue ! La moitié des gars là-bas étaient des médiévaux qui au lieu de débattre, se foutaient sur la gueule à coup d'épées et se menaçaient publiquement ! C'était à se demander comment ils ont pu faire pour arriver à l'âge spatial. Sans déconner, la plupart y étaient en côte de maille et avaient une épée à la ceinture. Et c'est pas fini, il y avait même des chèvres à l'assemblée, durant un moment ! Ouais mon gars, des PUTAINS, DE CHÈVRES, PARLANTES !"
Comme elle s'était soudainement époumonée, elle prit appui sur ses genoux pour la forme, et se redressa pour aussitôt reprendre.
"C'est pas fini : là-bas, les principales décisions se faisaient aux duels judiciaires. Y'en a eu un le dernier jour entre l'empereur et une personne respectable, mais qui est néanmoins une pétasse à mon goût, même si je ne lui dirai jamais en face car quand même elle est sympa. Bref, le truc, c'est que, comme ça, en se marrant, ils décidaient de mon sort - je vous ai déjà raconté le truc, hein : si l'empereur gagnait, il me faisait exécuter moi et d'autres ressortissants, et si son opposante gagnait, bah il nous rendait notre souveraineté, ce genre de choses. Bon, la suite, je vous l'ai déjà résumé par message, mais je vous la refais pour la forme : l'empereur perd, mais il s'en bat les couilles, continue de nous envahir personnellement, tout en fermant les yeux sur la destruction de nos mondes primaires avec des armes à apotium qu'il a lui-même interdit.
Sans déconner, quand je disais "que du abruti", c'était vraiment pas pour rien, car très sincèrement, un chien mort aurait plus d'intellect que l'empereur galactique qu'on avait. Et là aussi je pèse mes mots, car je trouve ça limite insultant pour le chien mort qu'on s'en serve comme d'une échelle de mesure pour quantifier la purge qu'a été notre empereur, à tous les niveaux.
Putain, merde quoi.
- C'est en effet assez triste.
- Ouais.
- Exactement : "ouais".
- Passons : j'ai l'argent et les ressources comme convenu dans le deal. Vous avez les moyen de m'extraire de cette galaxie d'aliénés dégénérés. Le deal tient-il toujours ?
- Assurément. Petit rappel des closes du contrat : on vous extrait vous et cent de vos hommes de cette galaxie. En retour, vous nous fournissez un billion de leems afin de financer le voyage, ainsi que tous les échantillons demandés de nos expérimentations sur Orb. Enfin, comme convenu, vous devenez une employée, vos ainsi que vos hommes, de la fondation Atlas. Mais allons à l'essentiel : vous avez les échantillons ?
- Les dix mille gars infectés par les nanites dont les corps sont possédés par des IA conscientes psychopathes ? Ouais, on a ça en cuve à l'arrière.
- Alors c'est un deal, comme on le dit chez-vous.
- Roulons jeunesse."
Cdt. Harvest
Respect diplomatique : 471

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04/03/1017 ETU 16:46
Message édité - Score : 8 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
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Le voyage inter-galactique dans le vaisseau arche de la fondation Atlas durait depuis déjà sept mois. Il risquait très certainement de s'éterniser durant encore longtemps, même si, pour citer Harvest, quelque chose qui s'éternise dure forcément longtemps. L'inverse peut être réciproque, mais bon, ça dépend car c'est quand même situationnel, ce qui, comme idée, ne veut pas toujours dire grand chose en soi.
Mais au delà de l'idée même de la lenteur et de la façon dont les gens la perçoivent, il n'en reste pas moins que le référentiel ici utilisé est celui du vaisseau arche, et donc, le temps passe lentement, car ça va faire sept mois que personne ne fout rien.
Sept mois d'errance dans le vide spatial entre les galaxies. Sept mois dans un ciel qui n'est même pas étoilé : mais, ça, à la rigueur, personne ne le perçoit vraiment, car le vaisseau arche n'a pas de hublots, ses concepteurs les ayant considéré comme étant des failles structurelles - en soi, ils n'avaient pas tort.
Sans déconner, pourquoi avoir des hublots alors qu'on peut avoir des caméras et des écrans ?
Harvest et sa troupe avaient une bonne partie du vaisseau pour eux : ils avaient des locaux autonomes avec tout le nécessaire pour ne pas trop se faire chier durant le voyage, et plus génériquement, on leur avait laissé le hangar dans lequel ils étaient arrivés : en bref, ils avaient une chiée de hectares de surface de vaisseau où ils pouvaient errer.
Le hangar était titanesque, et était sur plusieurs niveaux : le vaisseau des fuyards avait été entreposé dedans, dans un coin, et quotidiennement, sans trop savoir pourquoi, la troupe allait errer près de celui-ci : ils avaient même installé des tentes à côté, et même dedans, et un petit camp de gitans s'était ainsi formé à côté de la frégate.
L'équipage pirate ne rencontrait pas celui du vaisseau-arche : les deux étaient strictement séparés, et mis à part l'autre Harvest qui arrivait de temps à autre pour faire des topos de ce qu'était la fondation Atlas aux nouveaux employés qu'étaient Harvest et son équipage, on ne le voyait, pour ainsi dire, pas. L'équipage de pirates, par ailleurs, se demandait si, à part le second Harvest, il y avait seulement d'autres personnes dans le vaisseau arche. Certains pensaient que non, d'autres que oui... Harvest, elle, plus nihiliste dans l'âme, avait déclaré qu'elle s'en battait les couilles : après tout, ils étaient nourris et hébergés pour le trajet, et il valait mieux être là à se faire chier qu'à être sur Orb et à subir les retombées radioactives du bombardement à l'apotium : à ces mots, tout le monde avait acquiescé, et... voila.
"Et même, les gars : il vaut mieux être là que dans une galaxie où, quotidiennement, on peut entendre les allocutions de Flavius."
Les gars acquiescèrent.
"Pour rien aux mondes j'y retournerais."
C'était, grosso modo, l'ambiance.
Ce matin-là (difficile à dire dans le vide spatial, peut-être était-ce l'après midi, ou le soir, ou que dalle en fait, car il n'y a pas de référentiel géocentrique), Harvest jouait au baby-foot. C'était son nouveau passe-temps depuis qu'elle en avait découvert un qui traînait dans un coin quelconque. Elle y jouait face à Bismuth, son second de toujours, et soit dit en passant, il la battait à plate couture.
"Tu triches fils de pute !
- Tu sais Harvest, il faut jouer avec ses deux mains, pas une seule.
- Technique de faible !"
Bismuth soupira amicalement, puis marqua un but qui le fit gagner d'office. Son adversaire regarda le jeu d'un air dépité.
"De toutes façons c'est de la merde comme truc."
Elle fronça les sourcils, et alla s'asseoir sur une caisse en métal qui traînait à côté, juste en bas d'une pile.
"Allons, Harvest, me dis pas que tu n'y as jamais joué.
- Jamais eu l'occasion.
- J'te crois pas.
- Mec ! Je viens de Kaiserde, hey ! Et j'ai fait l'école militaire, qui plus est. Donc non : jamais eu l'occasion.
- Et après ça ? T'as jamais eu le temps dans ta vie active ?
- Nada. J'ai profité de mon poste dans l'administration pour aider des cellules de terroristes xéno à organiser des attentats, et comme on s'est fait gauler après avoir tué des dizaines de milliers de mec, je suis directement allé en case prison, en SCU-PVI#3. Tu connais la suite.
- T'as été dans la vie active combien de temps avant ton emprisonnement ?
- Pfrorf. Un mois, même pas. Je me souviens plus trop, ça remonte à plus de trois siècles.
- Ceci explique cela. Il n'est jamais trop tard pour apprendre : tu veux ta revanche ?
- Tss, ferme ta gueule."
Elle avait dit ça en souriant, mais il voyait bien que quelque chose la dérangeait. Il la connaissait assez pour décrypter son langage facial sans trop d'erreurs.
Étrangement ou non, ce fut elle qui aborda le sujet.
"Je n'ai même pas eu le temps de leur dire au revoir."
Son regard s'assombrit.
"A Katarina. A Lune. Au Sultan. Ainsi qu'aux nombreux autres qui nous ont défendu et que je n'ai même pas pris la peine de remercier. Et ça... M'obsède ces temps-ci."
Il ne dit rien, mais lui envoya un regard paisible et plein de compréhension. Harvest était de celles et ceux qui avaient besoin de parler : pas de dialoguer, mais juste de parler. Ce genre de personne qui en avait besoin, mais qui n'avait jamais vraiment personne pour les écouter. Alors, loyal et compréhensif, Bismuth s'assied sur une caisse à côté d'elle. Pas en face, non : à côté. Et il regarda son visage tandis que elle, elle fixait le sol d'un air abattu.
"J'ai l'impression que l'on a été brisé comme des animaux, et que pour ceux que nous laissons derrière nous, nous ne serons jamais que ça, avant d'être oubliés.
J'ai l'impression... que nous étions destiné à nous éteindre dans le silence. A crever car la volonté d'un fou en avait décidé ainsi. Et que nous n'avions jamais de libre arbitre. En fait, j'avais raison depuis le début, quand je parlais du déterminisme : certaines existences sont là pour en satisfaire d'autres. Dans nos sociétés, les animaux n'existent plus que pour nous porter une compagnie ridicule, ou alors sont cultivés pour être dévorés. C'est la sensation que j'ai."
Alors que ses bras métalliques, appuyés sur ses genoux, pendaient, elle les releva et fixa ses paumes, qui depuis bien des siècles, n'avaient plus rien d'organiques.
"Sauf que sous cela, il y a un être humain. Je pense que malgré tout, nous sommes encore humains. Malgré ce qu'ils ont voulu faire de nous. Malgré la façon dont ils ont voulu nous parquer dans leurs cages idéologiques pour mieux nous massacrer en toute sérénité, sans aucune raison autre que celle de bien vouloir mieux dormir le soir, tandis que d'autres ne le pourront jamais plus."
Elle eut un sourire tordu où on la vit serrer de ses dents elles aussi métalliques.
"Je les déteste tellement..."
Elle releva un peu la tête, et fixa un des gigantesques néons qui éclairaient le hangar aussi démesuré que le vaisseau-arche pouvait l'être.
"Mais c'est de l'histoire ancienne, à présent, pas vrai ? Même quand je me dis ça, le doute subsiste encore. Je vois que je n'ai jamais vécu ma vie autrement que comme les gens le voulaient, et maintenant que nous sommes ici à attendre, je constate juste qu'une fois que nous arriverons à notre destination, nous deviendrons les servants du bon vouloir de nos nouveaux dirigeants."
L'autre ne dit rien, car elle avait très certainement raison.
"T'en fais pas va. Je vais arrêter de me larmoyer sur les vies que l'on a jamais eu, et espérer que demain soit un jour meilleur."
...
"S'il existe un lendemain."
Et ce fut tout.

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