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Cdt. Flavius
Respect diplomatique : 2044 07/03/1017 ETU 23:51 |
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Détails
Notre Père qui êtes aux cieux. L'eau coule sur le visage de Flavius. A genou devant la grande idole de croix, il en répète le signe de la main, avant de s'essuyer le visage dans un tissu blanc posé juste à côté du bassin en granite dans lequel il s'est rincé. Il est seul. La salle n'est éclairée que par les rayons du jour, passants derrière lui depuis une grande ouverture de ce qui semble être une terrasse. Les colonnes de pierres, l'autel, et les nombreuses fresques religieuses ne laissent aucun doute, il est dans un lieu de culte, une église surplombant la ville. Il se lève, doucement. A l'image de son uniforme d'un blanc impeccable, son attitude est impavide, placide. L'homme dans le doute retrouve le réconfort dans l'habitude à la béatitude, les pensées s'effacent pour ne laisser que la croyance. Cela fait des jours que Flavius s'est isolé. Son regard se tourne vers les nombreuses fresques, qu'il ne se lasse jamais d'admirer. Ainsi, le Mal a succombé en votre nom. La voix de Flavius fait écho, seule dans le cloître. Son regard s'est posé sur le moment sur la représentation d'un Paladin antique menant à la mort une des monstruosités du Fléau, analogie à la première Croisade Salusienne à travers la Galaxie, une des plus violentes, mais aussi des plus glorieuses. Sa pensée est que tout a commencé d'ici. Guidées par leur Foi, ils se sont vu porter au delà de toute espérance. Alors ils ont cru, plus encore. Le fanatisme est un sentiment étrange, celui qui apporte certitude et assurance chez l'un, et effroi et crainte chez l'autre, cet effroi lorsqu'on se rend compte que l'on ne peut triompher face à un esprit dont l'aliénation ne permet aucun réel détournement... autre que dans la mort, dans la fin de cet esprit tangible que l'on affronte. Alors le Bien lui a succédé, encore en votre nom. L'attention de Flavius s'est portée sur une autre fresque à l'honneur des défenseurs de cette pieuse idéologie assumée. Celle-ci dépeint un Paladin apportant cette lumière tant revendiquée dans leurs actions, avec cette attitude impérieuse qu'on reconnait bien aussi à L'Empereur. Un sage homme de l'antiquité avait un jour dit « rien n'égale la puissance de surdité volontaire des fanatismes ». A raison. Cette puissance avait soumise une Galaxie à une volonté réclamée supérieur, sans autre postulat de légitimité qu'une croyance aveugle et du bien-fondé de celle-ci. Ce que les uns appelaient dénis et surdités, les autres l'appelaient Foi. Et bien que plusieurs millénaires d'évolutions de pensées avaient bien plus souvent admis aux premiers la raison, il était impossible de contredire les seconds... notamment dans le cas où leur idéologie avait imposé un succès de fait, de par une omnipotence qu'il était dur de contredire. Et nous sommes restés pur sur la voie, le règne de Bien a annoncé la première et unique Galaxie qui a su se détourner de la corruption, jusqu'à nier l'utilisation même de la moindre arme apotique démoniaque, en châtiant tous ceux qui s'y risqueraient. Certains diront que le succès d'une telle idéologie religieuse a été porté à bout de bras par des fondements bien plus impartiaux et primordiaux : la force. Une légitimité beaucoup moins noble que tout autre pilier moral dont aiment bien se targuer les religions. Mais, comment s'attaquer à celle-ci, quand le dogme lui même inscrit sans détour un tel fondement au cœur de la croyance ? Comment réellement remettre en doute celle-ci, quand les croyants justifient leur force par la guidance du Divin ? L'on ne peut pas, à part en remettant en cause la source, donc en l'emportant sur le terrain, mais même là encore, si l'échec ne se fait qu'anecdotique, le déni peut sauver le croyant d'un trop grand trouble... comme l'a été l'homme qui tourne encore lentement sur lui même. Le regard de Flavius vient se poser sur une dernière fresque, illustrant un Paladin priant avec ferveur. La main se Flavius se pose doucement sur la fresque, dans un geste peut-être inconsciemment mégalo. Le Paladin lui ressemble étrangement, quand il était encore jeune et crédule. Jeunesse et crédulité qui avaient rapidement laissé place à l'expérimenté et l'averti. Ses responsabilités l'avaient entraîné à saisir pleinement ce qu'il personnifiait, et le dogme qu'il représentait avait dépassé l'être qu'il était, pour ne faire plus qu'un avec lui. Ceux qui cherchaient à dissocier l'un de l'autre avaient souvent été déçu, ou en avaient même parfois souffert, car l'amalgame ne tolérait plus qu'on cherche à le séparer de l'enveloppe même qui l'animait, à savoir de celui qui s'était orgueilleusement affirmé comme l'Empereur d'un Univers entier, dont la prétention et celle de ses croyances n'avaient pas même voulu s'arrêter à une seule Galaxie. Alors, vois ce que tes apôtres ont accompli en ton nom, au nom du Bien, et accorde leur la grâce, car le Bon ne connait que bonté envers ses disciples. Epargne nous les doutes, et renvoie les médisants qui nient ta miséricorde à venir envers tes enfants. La main de Flavius glisse jusqu'à se retirer, nonchalante. Il a une pensée pour tous ceux qu'il pourrait qualifier d'amis, à cet instant où il en appelle à la bienveillance supérieur. La suffisance de Flavius ne lui a jamais fait oublier ceux qui s'étaient tenus à ses côtés, il avait gardé un profond souvenir de tous ceux qui lui avaient apporté leur aide, dans la réciproque du biais de raisonnement : Il apportait un respect sincère à ceux qu'il jugeait de Bien avec la même vigueur qu'il imposait son courroux à ceux qu'il jugeait de Mal. Et il n'était pas difficile de savoir dans quelle catégorie il plaçait ses amitiés, même si le raisonnement semble là très manichéens... car il l'est. Ainsi tous enfin verront ta vérité, et nul ne pourra nier : la volonté du Divin est de Bien, le Bien est tout, et sa volonté est Éternelle. Éternelle, ce mot pique quelques instants la gorge de Flavius, mais si il ne saisit plus pourquoi, il n'y fait plus attention, cela fait longtemps que la boucle mentale s'est purifiée, que son esprit s'est lavée de toutes les imperfections, tronquant jusqu'à la plus petite parcelle infectée de ne serait-ce que la moindre évocation d'un doute. Une sorte de... Catharsis inconsciente pour sauvegarder l'esprit autant de temps qu'il le faudra. Combien de temps ? Pour toujours, si Dieu le veut, car nul n'ignore les croyances de Flavius, mêlant certitudes et espérances dans ses plus grands instants de troubles. Amen. Flavius conclue sur un autre signe de croix de la main. Sa prière est terminée. Il hésite à la répéter, encore une fois, mais convient que cette treizième récitation suffira pour l'instant... pour cette heure-ci. L'esprit apaisé, il se retourne et marche vers la terrasse sur laquelle il s'arrête. A la rambarde, une autre prière le prend, mais pas n'importe laquelle, une bien plus... intérieure. Celle de l’ego, alors qu'il contemple l'accomplissement d'une vie, celle qu'il a sacrifié pour tout cela, et qui a justifié sa dernière prière et qui justifiera les futurs à venir... si Dieu le veut.
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