Avez vous déjà entendu parler de ...

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SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSIIIIIIIIIIII!!!!!!

U. U. U. U. U.

***S***

***U***

***I***

***S***

E-----------TSSSSS! I xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxPxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!!!!

Bllllllll

NEAJJJJJJJJJJJJJSSSSSSSSSSSSSSHHHHH!

Quelque part, une orbite vide s'est ouverte.

O ooo ooo oo ah oo Dieu O A M U O R O A ?

Il y eut un astronaute dans la salle principale de communication de l'Assemblée Galactique. Un astronaute somme toute relativement ordinaire, avec une combinaison standard, d'une couleur quelconque. L'attirail aurait pu être en meilleur état, mais il était tout à fait décent pour ce qui était d'une éventuelle utilisation. Cette combinaison spatiale n'avait somme toute que deux défauts : premièrement, le numéro de série avait été brûlé, congelé, frotté... enfin bref : impossible de distinguer quoi que ce soit pour identifier le code produit ou le point d'origine de la combinaison, puisque tout ce qui en restait était un solitaire "0" en fin de matricule. Le second défaut, qui avait rendu le premier tout particulièrement agaçant après coup, c'est qu'on ne savait absolument pas POURQUOI cet astronaute, dans sa combinaison spatiale, s'était tenu là dans la salle de communication.

En soi-même, ce brave personnage n'avait rien d'extraordinaire, mais comme pour tout, son intérêt se dégageait à partir du contexte : on ignorait tout de comment il était arrivé là, de quand, de qui il était et de ce qu'il pouvait bien faire dans un endroit pareil. Aucun vaisseau de plus de que prévu sur la capitale n'avait été détecté, les caméras ne l'avaient pas enregistré jusqu'au moment précis où quelqu'un était tombé sur lui et l'avait remarqué, les gardes ne l'avaient pas vu entrer, et on n'avait détecté aucune téléportation entrante vers la salle - qui était de toute façon protégée de telles intrusions par une restriction d'accès très stricte, il était donc hors de propos qu'il ait pu arriver là de cette façon.

Dans un premier temps, la prudence naturelle envers l'incompréhensible avait amené la garde de l'Assemblée à ne pas précipiter une éventuelle tentative d'approche, et à plutôt tenter de convaincre les autres membres du personnel d'approcher l'étrange visiteur pour lui demander les raisons de sa visite impromptue et, au cas où, lui proposer un rafraîchissement pour ne pas le mettre dans de mauvaises dispositions. L'incongru astronaute restait là en position debout, émotionnellement neutre, sans manifestement de sentiment particulier, sans parler ni bouger dans une direction ou une autre, et sans réagir aux éventuels sons pouvant se produire autour de lui. Impossible de voir à travers la visière de son casque, qui ne montrait qu'un puits noir et sans fond. Quand suffisamment de temps eut passé pour que l'ennui surpasse la peur, on amena des projecteurs pour pallier ce dernier problème et illuminer suffisamment l'intérieur du casque pour qu'on puisse distinguer le visage - ou autre - de son occupant. Bien que l'astronaute ne manifesta aucune réaction positive ou négative à la lumière de plus en plus aveuglante projetée directement vers sa tête, et que celle-ci fut augmentée au point d'être équivalente à celle qu'on projette sur la tête des acteurs de films à gros budget devant jouer des explorateurs spatiaux dont l'éclairage a été mal fixé, il fut impossible de distinguer quoi que ce soit de plus que du noir absolu de l'autre côté de la visière, comme si les photons avaient décidé de s'arrêter à cette frontière précise.

Quand, enfin, une courageuse intérimaire décida de braver l'absurde et de se rapprocher suffisamment de l'astronaute pour le toucher, elle fut soutenue par une vague d'approbation soulagée et de compassion admirative de la part de l'ensemble du personnel, ce qui est suffisant pour faire oublier la pire des peurs à n'importe qui, et en faire le plus téméraire des idiots. Dans un premier temps, la remplaçante dont la journée était devenue étonnamment intéressante ne fit que s'approcher en face de l'astronaute, approximativement à un peu moins d'un mètre. Il n'y eut bien entendu aucune réaction. On ne sait pas si c'est elle qui hurla, face à ce qui se produisit quand elle finit par frôler du doigt le poitrail de la combinaison, mais dans la confusion, personne ne se préoccupa de relever l'identité de la personne en train de crier, bien qu'elle couvrit à la voix la première seconde de l'enregistrement audio qui put être récupéré de l'incident final.

Il se trouve qu'à l'instant même où l'intérimaire se décider à toucher l'impossible du doigt, un son de statique assez bruyant s'éleva de la combinaison, avec les désagréables interférences caractéristiques qui semblent accompagner les radios des équipements spatiaux de pointe, sans que personne ne s'en étonne jamais. Les enregistrements de la salle de communication prouvèrent par la suite que le son provint bien tout du long de la combinaison, et dura pendant six secondes et demie à peu près, avant que ne se mette à résonner dans l'Assemblée Galactique les enregistrements suivants :

Du statique suivit ensuite les enregistrements pendant six secondes et demie, encore une fois, avant que tout son ne cesse de provenir de la combinaison, et que l'astronaute ne retourne à son état silencieux initial. L'émotion et les débats passés sur ce qu'il fallait faire, l'intérimaire, cette fois-ci sans que personne ne s'en rende compte, toucha à nouveau cet absurde pas si agressif que ça, espérant déclencher à nouveau quelque chose qui puisse rendre la journée plus intéressante que d'habitude. Cette fois-là, il ne se produisit cependant rien.

Mais quand elle se décida à provoquer l'inconnu pour une troisième fois en osant poser une main sur l'épaule de la combinaison spatiale, celle-ci se renversa en arrière et l'astronaute s'étala de tout son long sans offrir la moindre résistance à la gravité. Il devait apparaître plus tard, après désassemblement de la combinaison et inspection fouillée et détaillée, qu'à ce moment-là strictement personne n'y était présent, et qu'aucun relevé de l'intérieur ne détectait le moindre résidu organique. L'enregistrement vidéo de la chute de l'astronaute montrait avec une certaine cohérence que la façon dont la combinaison s'était écroulée correspondait à celle d'un simple objet inerte, et trop léger pour résister à une poussée, mais la raison de son apparition dans l'Assemblée et de sa capacité à se maintenir en position debout aussi longtemps est encore inexpliquée.

Il fallut toutefois attendre un certain temps avant que le public ne regagne un relatif calme face à cette constatation, car au moment où le casque toucha le sol, la radio qui semblait y être incorporée et dont avaient dû provenir les extraits bibliques précédemment diffusés s'était mise à émettre le message suivant, dans une reproduction parfaite dans ses moindres détails de la voix de l'audacieuse intérimaire :

"AIDEZ-MOI! AIDEZ-MOI, JE VOUS EN SUPPLIE, SORTEZ-MOI DE LA! PAR PITIE, QUE QUELQU'UN VIENNE M'AIDER, SORTEZ-MOI D'ICI, CA M'A DEVOREE VIVANTE! SORTEZ-MOI DE LA, LAISSEZ-MOI MOURIR! AAAAAAAAAH! OOOOOOOOOOOH! O! O! O! O! O! O! O! O! O!"

Entre couardise, courage et sens commun, la réaction de l'assistance fut assez confuse à ce moment-là de l'incident, mais plusieurs eurent la présence d'esprit de venir en aide à la supposée cosmonaute en détresse à l'intérieur de la combinaison, ou du moins de s'emparer de la radio pour tenter de communiquer avec elle, tandis qu'une intérimaire plus si courageuse opérait une savante retraite vers la sortie. C'est là que la vacuité totale de la combinaison fut mise au jour, pour le plus grand désarroi de beaucoup.

La radio fut récupérée et analysée après coup, sans rien révéler d'autre qu'un système à ondes hyper-spatiales vieillot mais ordinaire et fonctionnel. On put retracer la source de la transmission biblique vers une des planètes du prêcheur Saint Jean-Baptiste, où le programme était diffusé à la radio pour un audimat qui, ce jour-là, était plutôt supérieur à la moyenne. L'appareil ne comportait cependant aucune trace d'une autre transmission qui put expliquer la provenance de l'appel à l'aide entendu par la suite.

Quant à l'intérimaire, il semblerait qu'elle ait démissionné de son poste avant la fin du contrat.