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Ombre dans le désert

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Cdt. O-
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30/12/1016 ETU 18:23
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Il y avait un homme dans le désert.
Il n'était pas jeune. Il n'était pas vieux. Un peu de barbe lui mangeait le visage, sans que l'on puisse dire s'il avait réellement une barbe ou non. Il devait bien venir d'un peuple proche des Arabes, ou peut-être un cousin, car il n'étonnait pas particulièrement au sein de l'émirat de l'imam d'Al-Mundhil, bien que tous ceux qui ont pu regarder son visage se sont doutés qu'il n'était pas d'ici.
Les yeux noirs comme l'espace enfoncés dans un visage morne semblaient refuser de remplir leur fonction, refuser de voir. C'est facile de savoir quand quelqu'un regarde quelque chose : c'est comme si les yeux de cette personne projettent de la lumière en avant pour lui permettre d'y voir. Ce n'était pas le cas de cet homme. Il se montrait souvent assis, le dos voûté et le regard replié vers lui-même ou vers le sol, et c'était une chose qui soulageait ceux qui croisaient sa route, car l'on savait que ce n'était pas une bonne chose de croiser le regard de cet homme-là.
Ce n'était pas souvent qu'on le rencontrait, et lorsqu'on l'apercevait, assis sur le banc public le plus exposé des villages en se serrant contre le mur, dans l'ombre, comme si cet endroit ensoleillé eut été un coin obscur. Dans ces cas-là, et bien, on mangeait sec et on prévoyait de se laver le jour suivant, pour ne pas avoir à aller tirer de l'eau au puits de la place centrale. Et s'il fallait vraiment passer par là, on décrivait l'arc le plus grand possible pour éviter l'homme.
Il ne parlait pas, cet homme, mais on avait pourtant peur de l'écouter. Et surtout, on ne croisait pas son regard, on ne croisait même pas la ligne de ses yeux. C'était comme ça. Certains préféraient même encore l'avoir relativement près d'eux, parce que quand ils l'apercevaient au loin, seul dans le désert, il n'était pas assis : il était debout. Et là, de loin, sans qu'on puisse voir ses yeux, il vous regardait. Et il était très difficile d'échapper à ce regard. Alors, quitte à ce qu'il soit là, on préférait que ce soit de près.
De ce qu'on disait, c'était sûrement un voyageur. Peut-être un marchand, mais dans ce cas-là, on ignorait tout de ce qu'il vendait, et on ne voulait pas le savoir. On l'avait vu sur différentes planètes, sans lien particulier entre elles. Personne ne le connaissait, on le reconnaissait simplement à sa tunique et sa ceinture noire, et au fait que personne ne le voyait jamais arriver.
Depuis quelques cycles, ses apparitions étaient devenues plus fréquentes, du moins on en avait l'impression, sans que personne ne cherche vraiment à examiner la question. Le même jour où Fahd ibn Faris ibn Bilal avait été témoin d'une manifestation étrange et inquiétante à l'Assemblée Galactique, on disait qu'un enfant l'avait aperçu, l'espace d'une minute, adossé contre le mur le plus ombrageux de la mosquée. L'enfant avait prévenu ses parents, et les plus courageux avaient accouru, sentant diffusément une forme d'outrage dans la présence de cet homme que nul ne connaissait, alors que les citoyens de l'émirat étaient d'ordinaire bons et accueillants envers les étrangers.
Lorsque Abu Safâ Amr Adh-Dhakir ibn Abd Al-Hakim, Émir des Arabes et des Croyants et Imam d'Al-Mundhil, pour qui tous ces titres ne signifiaient rien en dehors de l'amour de son peuple, revint dans sa modeste demeure, le soir venu, l'homme se trouvait là, assis chez lui comme s'il s'agissait de son propre domaine, et il le regardait. Droit dans les yeux.
Cdt. Abu Safâ
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31/12/1016 ETU 18:02
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Abu Safâ jeta un regard sur l'homme, avant de se détourner pour chuchoter ce qui s'apparentait à « A'oudhou bi Allah min Shaytan ar-Rajim » - se traduisant par « Je cherche refuge auprès de Dieu contre Satan le lapidé ». Puis il déposa son manteau sur un morceau de bois qui dépassait du mur près de la porte. Il se contint, lui qui avait pleinement confiance en Allah et ce qu'Il avait décrété pour lui, bien qu'il fut déstabilisé par la présence de quelque chose de non familier, cet homme; et ce n'était pas la première fois qu'un individu de son peuple entre chez lui sans sa permission, en l'y attendant pour lui demander conseil, mais cette fois-ci tout semblait différent : comme si cette situation avait toujours été, sans qu'elle ne fut jamais. L'homme avait été toujours là, tandis qu'Abu Safâ tentait de maintenir sa lucidité par le rappel perpétuel d'Allah - qui lui valut le titre adh-Dhakir - et s'efforçait de se rappeler que des gens avaient accouru à lui pour l'avertir de sensations étranges.
Dans un intime effort de contrôle de soi, il posa son bâton au sol, là où il s'assit en tailleur, puis tendit ses deux mains d'un air accueillant..
Que la paix soit sur toi, de même que la miséricorde d'Allah et Ses Bénédictions, ô toi qui entres dans la demeure. Qu'Allah te bénisse pour ta visite, y a-t-il une chose que je puisse régler pour toi, si Allah m'en donne la force et le rôle ?
Cdt. O-
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01/01/1017 ETU 17:40
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Dans un premier temps, l'homme ne répondit pas, et ne sembla pas réellement entendre l'accueil qui lui faisait Abu Safâ. Son regard persistait à sonder les tréfonds de l'âme du vieil imam, testant tout, mesurant la sagesse et le savoir sur lesquels pouvait compter ce seul homme face à quelque chose d'infiniment plus vaste, d'infiniment plus vide. Quand il entrouvrit enfin les lèvres, ne les déplaçant qu'à peine, on eut dit qu'il soufflait de sa gorge un froid vent de malheur, comme si les températures de la nuit s'étaient abattues plus tôt et plus cruellement dans la maison du vieil homme.
- Je te remercie tout d'abord de ta bonté, Émir des Croyants et des Arabes. On ne peut parler aux hommes que dans la mesure où ils nous parlent eux-mêmes, et tu te montres honnête à la fois dans ta foi, et dans la peur que tu as du moi, sans nier ta faiblesse. Tu as l'humilité d'un mendiant, et la résolution d'un sultan. Cela est bon. Mon verbe est celui des hommes, et ne contient rien de la Parole d'Allah, n'en est que l'ombre, ce qui est assombri par sa lumière. C'est pourquoi je prononce si souvent des paroles mensongères, parce que mon mensonge est d'abord celui de l'homme qui se montre malhonnête avec moi, et avec lui-même. C'est pourquoi ta parole honnête est pour moi un bienfait, autant que pour tes autres visiteurs.
La voix de l'homme sifflait comme un vent pourtant absent de la pièce, et le mouvement de ses lèvres ne voulait pas correspondre aux mots qu'il prononçait. Tout comme l’Émir, il ne cillait pas, ne s'agitait pas, et parlait sans animosité, mais là où le vieil homme manifestait par là du calme et de la tranquillité, l'homme ne manifestait simplement rien du tout.
- Il est intéressant, reprit-il en souriant - non pas joyeusement ou tristement, mais sans que ce sourire eut de signification, que tu me demandes ce que je souhaite régler, ou les problèmes qui s'imposent à moi. Moi... moi, je ne suis qu'un homme, comme toi. Toi, tu es l'humble serviteur d'Allah, fidèle jusque dans la reconnaissance de tes propres errements, ceux auxquels sont condamnés tous les hommes. Moi... je suis un messager. Un annonciateur de quelque chose qui est, dont je suis une part, tout en lui appartenant tout entier, et en ne demeurant qu'un homme.
L'homme tendit une main, visiblement écorchée et usée par d'étranges voyages et d'étranges années, qu'il ouvrit pour montrer son contenu à Abu Safâ. Elle ne contenait qu'une poignée de sable un peu terreux, probablement ramassée dans la rue.
- Tu es un homme de savoir. Tu sais que les déserts ne sont pas, en réalité, faits de sable. Ni de glace, ni de roche, ni de tout ce qui peut en constituer la surface.
L'homme souffla sur sa main, produisant un glissement d'air strident, un de ses sons perturbants que l'on ne s'explique pas d'entendre lorsque l'on voyage dans l'espace, et qu'il nous semble que le vide glisse et frotte contre la paroi du vaisseau. Les grains de sable voletèrent dans les airs, beaucoup moins visibles, certains venant reposer sur la tunique de l'imam.
- Les déserts sont faits d'absence. De ce qui ne vit pas sur cette roche, sur cette glace. De ce qui ne coule pas dans l'aridité des planètes arides. Toi et les tiens n'êtes que des grains de sable dans le désert. Moi, je suis un grain de ce qui n'y est pas, et de ce qui fait réellement craindre les étendues vides à ceux qui s'y aventurent. Et je viens te parler en son nom, Abu Safâ. Au nom de ce que tu as déjà pressenti, de ce contre quoi tu conjures Allah de te protéger.
Tu l'as déjà compris, je ne suis pas de ton peuple, mais je viens pourtant d'une terre moins lointaine que tu ne le supposes peut-être. Je suis né dans Al-Mahaddat Al-Sabi'ah, tout comme toi, mais je viens quant à moi d'al-nadhâm al-khamsa, où s'agitent Kalebb et les siens. Cela étant dit, sa peur et sa médiocrité en font un voisin peu intéressant, pour moi, et pour ce dont je proviens. Toi, tu présentes plus d'intérêt. Ta parole a plus de substance. Si tu veux savoir pour quel problème tu peux me porter assistance... et bien, je suis là après tout. Et l'on me craint. On ne comprend pas. Les hommes détournent leur regard pour voir ce qui ne devrait pas être vu, ce qui ne pourrait pas être vu. Je suis, et c'est un problème, comme pour toute créature qui s'agite dès le moment où elle a compris qu'elle existe. Tu es sage, Abu Safâ, tu oses me regarder dans les yeux, mais ne fais pas l'erreur de croire que je disparaîtrai si tu ne regardes pas, si tu refuses d'écouter la voix dont tu te méfies, si tu implores la protection d'Allah en demandant la cécité plutôt que la clairvoyance. J'ai de l'intérêt pour toi, et c'est la raison de ma visite chez toi. Tu devras faire avec ce que craignent les hommes, là-bas, en al-nadhâm al-khamsa. C'est venu sur ma planète quand j'étais jeune. Aujourd'hui, on la nomme "Grise", pour la couleur de ce qu'il en reste.
C'est ce qui reste des hommes qui préfèrent prétendre qu'ils ne voient pas.
Tu m'as accueilli avec bienveillance, Abu Safâ, ce qui démontre ta sagesse exceptionnelle, toi qui a la sagesse de comprendre qu'elle n'est qu'une ignorance consciente d'elle-même. Je viens t'offrir la même paix que peut donner la stérilité du désert. Je viens t'offrir l'épreuve de ta foi, et l'occasion peut-être de comprendre, en osant être le voisin de ce que souffle dans les espaces sans vent, la valeur exacte des bénédictions d'Allah a placé sur ta tête. On ne sait à quel point un blindage est solide que lorsque qu'il doit être confronté aux turbulences du vide... ton accueil me montre que tu respectes cela.
L'homme traça un petit cercle sur le sable déposé au sol.
- Je viens t'offrir le respect qui peut t'être donné en récompense. Humble serviteur d'Allah et de ton peuple, ton Créateur t'a donné la liberté de choisir si tu l'accepteras, ou non. Ce choix, voilà quelles sont ta tâche, et ton rôle.
Cdt. Abu Safâ
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02/01/1017 ETU 16:22
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Le sourire, maintenu jusqu'ici avec une maîtrise de soi brillante, laissa place à une faible grimace de dégoût sur le visage ridé d'Abu Safâ; la Lumière qui l'éclairait ne s'affaiblit pas d'un rayon, mais les traits de son visage se fermèrent durant un instant. Il baissa les yeux, songeur, puis les releva vers l'homme sans chercher à le défier du regard, mais simplement pour lui réciter..
« Awalam yarâ al-insânou annâ khalaqnâhou min noutfatin faitha houwa khasîmoun moubîn » récita-t-il en s'efforçant modestement de psalmodier ce verset, qui signifiait "L'Homme ne voit-il pas que Nous l'avons créé d'une goutte de sperme au point de s'ériger en véritable adversaire?".
Puis il mit sa main droite à plat sur le côté gauche de sa poitrine..
C'est cela que je crains pour mon peuple; qu'Allah nous préserve des flatteries exaltant l'ego, qui font oublier la gratitude et l'effacement de soi dans l'Amour d'Allah.
Il se tint sur son bâton pour se relever, et sans le saluer; indiquant qu'il ne quittait pas l'homme en noir, il se retourna et laissa ses bras tomber le long de son corps, alors qu'il était debout, les yeux fixés au sol. Effectivement, il priait. Il n'avait pas ignoré l'homme en noir, mais plutôt l'avait fait patienter. Ses récitations furent à voix basse, ne laissant que les échos des murmures animer la pièce, sans qu'on ne put distinguer quelque parole, en dehors de..
« (...) Wa lâ youhîtoûna bichay-in min 'ilmihî illâ bimâ châ-a (...) » qui survint avec une voix légèrement plus intelligible. Et cela voulait dire "Et de Sa science, ils [les humains] n'embrassent que ce qu'Il veut."
En terminant, il fit les salutations finales, puis leva les mains au ciel, implorant et suppliant quelque chose, sans que l'homme en noir ne sache quoi; puis il revint à sa place en face de l'homme, et, posant les mains sur ses genoux alors qu'il se mit en tailleur, il dit d'une voix assurée..
Que savons-nous en dehors de ce qu'Allah veut bien nous faire savoir ? Et Il voile notre regard, jusqu'à ce qu'Il ôte ce voile pour nous montrer ce qu'Il veut. Nous Lui appartenons, et assurément c'est à Lui que nous retournons.
Ô homme dans la demeure ! Peu importe ta nature, ou ton offre - et certes je te traiterai de mon peuple dès lors que tu lui ressembleras, car nous sommes des créatures faibles et faillibles d'Allah, Lui seul lit dans les coeurs, tandis que nous ne jugeons qu'à travers l'apparence ; si Allah avait voulu me détruire par ta venue, ou même m'égarer, alors cela serait probablement déjà survenu. Et Allah est le plus Savant, mais si tu avais déjà renoncé à me parler de ce dont tu veux me parler, tu ne serais plus là alors que je te parle. C'est certes Allah qui, par Son Décret, assigne tel et tel rôle à Ses Créatures; leur accordant le libre-arbitre, qui, finalement, les conduit vers ce pourquoi ils sont là, que cela soit un bien ou un mal. Parle, ô homme, qu'Allah nous protège du mal que tu peux faire, et nous fasse bénéficier du bien que tu apportes. Et Allah est le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux.
Cdt. O-
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04/01/1017 ETU 00:24
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Pendant tout le temps que le vieux sage avait passé en prières à peine audibles, que les plus faibles comme les plus forts auraient pris des suppliques visant à protéger sa vie et celles des siens, mais que les plus sages auraient identifié comme d’humbles espoirs de clairvoyance, le visiteur avait tenu le silence, son œil vitreux posé sur le bout du bâton de son hôte, qui laissa un petit cercle sur le sol quand celui-ci se rassit. On aurait pu voir dans ce silence une forme de patience, de respect envers la piété de son interlocuteur, mais c’était le silence de celui qui est en réalité absent. On pouvait tout de même y imaginer une forme de respect, mais comme chaque fois que quelqu’un parle en l’absence de quelqu’un d’autre, l’absence de réponse en disait plus que toute parole n’aurait pu le faire. L’homme ne bougea pas les lèvres pendant un moment, mais Abu Safâ le voyait tout de même murmurer quelque chose de parfaitement inaudible, lui aussi, comme si le visiteur cherchait à parodier son hôte. L’émir ne s’aperçut que l’homme avait recommencé à lui parler à haute voix que bien après le début de sa réponse :
- Permets-moi de te mettre tout d’abord en garde, Émir des Arabes et des Croyants. Tu juges par mon apparence que je suis une créature, faible et faillible, chose que, même si je n’appartiens pas à ton peuple, tout être vivant partage avec lui en point commun. J’ignore si l’on puisse dire que je suis cela, ou si je le suis toujours. Cela étant dit, les paroles que je t’apporte ne sont pas celle d’une créature faillible. Elles sont celles de ce qui n’est que faillible, sans jamais avoir été créé. Ou plutôt, elles sont celles de la faille elle-même. C’est parce que tu es faillible et que tu le reconnais que je puis te parler ainsi, Abu Safâ. Prends toujours garde à la faille qui est en toi-même, car par elle, ma parole pourra toujours t’atteindre, et tu fais bien de l’écouter avec prudence plutôt que de tenter de la faire taire. Jamais tu n’y parviendrais. Ne l’oublie jamais.
L’homme marqua une pause, scrutant le fond du regard du vieillard, puis reprit :
- Cela étant dit, puisque toute femme et tout homme de ton peuple sont des créatures faillibles, alors il semble que nous soyons d’une inévitable parenté. C’est là aussi un des Décrets d’Allah. C’est, en une certaine façon, pour cette raison que je me porte devant toi.
Tu sais comme moi que la guerre tonne et gronde en dehors de Al-Mahaddat Al-Sabi’ah, le Secteur 7, que ses vents de malheur filent à travers la nuit en trouvant toujours plus de moyens de s’insinuer dans chaque âme, et chaque esprit. Pire qu’elle encore, la rancœur et la jalousie chantent de leurs voix railleuses, elles qui sont mères de la guerre qui suivra celle-ci. Ici même, là où vivent les tiens, les graines de la discorde et du mépris ont été semées – j’ai connaissance de la méfiance injuste et ignorante que tes voisins te portent.
Peut-être as-tu déjà pensé au Verset 118 ? « Ils souhaiteraient que vous soyez en difficulté. La haine certes s'est manifestée dans leurs bouches, mais ce que leurs poitrines cachent est encore plus énorme. Voilà que Nous vous exposons les signes. Si vous pouviez raisonner ! »
Tu le sais, ton peuple est sous la menace, tout comme la terre où passe les nuages peut déjà s’attendre à recevoir la pluie.
Ce que tu ne sais pas, humble serviteur d’Allah, t’intéressera peut-être plus : les murmures qui viennent d’au-delà de cette galaxie, les gouttes d’étoile qui traversent l’espace depuis les confins pour porter les lamentations des Apocalypses… celles qui furent, mais aussi celle qui sera.Les peuples fuiront la mort, les immigrés viendront chercher refuge, et tu sais comme moi comment les puissants traitent les peuples en exode qui fuient la guerre. Certains parmi eux combattront bravement, mais même le plus brave des combats demeure un combat, qui fait couler le sang et le malheur. J’entends ces murmures, oh oui je les entends… j’entends leurs rires, et tu craindrais pour la vie des tiens, Abu Safâ, si tu les entendais comme moi. Peut-être plus que tu ne me crains moi.
L'homme marqua une pause, et eut une forme de sourire, étrange, où seules ses lèvres bougeaient sur son visage sans que les muscles correspondant ne s'animent autant qu'ils l'auraient dû. Un androïde aurait peut-être souri de la même façon, mais il était tristement certain qu'il ne s'agissait pas d'un androïde.
- Moi, je ne suis pas si trompeur, puisque contrairement aux créatures faillibles, je suis infailliblement destructeur, autre, vide de vérité, et pourtant si plein de l'ignorance de ceux qui trouvent leur reflet en s'adressant à moi.
Toi à qui j'offre des paroles véritables, j'offre aussi le droit de passage et de commerce dans les terres glacées et noircies qui sont mon domaine. Ils sont nombreux les êtres qui évoluent sous mon ombre, et je t'offre l'amitié avec eux, le partage des richesses et des savoirs. Bien sûr, tu es suffisamment sage pour savoir mon amitié dangereuse, mais tu sais tout autant ce à quoi mène la haine du peuple de l'autre. Les tiens la subissent eux-même dans Al-Mahaddat Al-Sabi'ah, alors que moi, je t'offre de l'amitié. Je t'offre une chance de résister à la tempête de sable mauvais qui couve dans les étoiles... ce que je me demande, ajouta-t-il en élargissant son sourire peu naturel, c'est si tu crains plus de t'opposer à moi, ou d'accepter mon amitié. Dis-le moi, jeune Amr, car en vérité tu es toujours bien jeune, qu'est-ce qui chez moi est le plus dangereux?
Cdt. Abu Safâ
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04/01/1017 ETU 19:32
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Au fur et à mesure que l'homme parlait, la mémoire d'Abu Safâ inscrivait chacune de ses paroles. Quand il eut fini de s'exprimer, il attendit quelques instants en baissant les yeux au sol; peut-être était-ce pour vérifier que le discours du visiteur était terminé. Ses yeux doux regagnèrent le visage de son interlocuteur, puis il afficha une fois encore un sourire accueillant et chaleureux..
Je ne me base que sur ce qui est apparent pour juger et trancher, en effet, et c'est ce qui me fait créature faible et faillible. Et Allah Seul connaît le contenu des cœurs. Tout être venant à moi, me demandant mon aide, alors je le traite comme celui dont j'ai en charge les affaires; et il devient alors l'individu sur lequel je veille, qu'il soit de mon peuple ou extérieur. Tu as ton droit, et je le reconnais, par la grâce d'Allah, et tu ne seras pas traité en dessous des autres, si Allah le veut. (Son sourire ne quittait pas son visage.)
Nous craignons Allah pour Sa sévérité exemplaire et Son châtiment, lorsqu'Il décide, à bon escient, de punir; et nous Le craignons d'autre part car Il est le Maître du Décret, et seul Lui décide d'où nous allons réellement, et seul Lui sait comment nous finirons, alors nous nous accrochons à Lui. Je ne suis que ce qu'Allah veut, et si cette faille en moi, dont tu me parles, me submerges en me faisant croire que je puis l'annihiler, alors c'est certes une décision d'Allah, et Sa Sagesse est infinie. (Il leva les mains au ciel.) Ô Allah ! Protège-moi du sort qui m'éloigne de Toi, ne me fais pas sous-estimer mon ennemi, et rapproche-moi de Toi, Ô mon Seigneur ! (Il revint à l'homme.)
Le plus grand ennemi de l'Homme, est lui-même. Par cela, je veux dire qu'il n'y a de plus grand ennemi pour une personne, que cette personne elle-même. Ce que nous appelons nafs - âme - est ce contre qui nous nous battons, peut-être est-ce la faille dont tu parles, et Allah est le plus Savant.
Il marqua une pause et dans un intime effort, il stimula sa mémoire pour se remettre à l'esprit l'ordre dans lequel l'homme avait traité ses sujets. Il reprit..
... (Son visage semblait marquer par un mélange de tristesse et d'empathie.)
Tel est le Décret d'Allah, qui choisit ce qui se produit, et laisse Ses créatures à leur propre libre-arbitre : certains en font un usage vers le bien, amenant la douceur et la paix; d'autres en font une arme, préférant leur ego, et semant le trouble et la soumission parmi les gens. Puisse Allah protéger les Arabes d'une telle destinée. Je ne veux pas la guerre pour mon peuple, je ne veux pas les massacres, les viols, les excès et les abus liés à la guerre. Mon peuple est composé d'hommes et de femmes qui, comme dit précédemment, sont tout aussi faillibles. Je crains que leur ego ne s'exalte et se complaise dans la guerre et dans le combat. Je crains que la fierté, l'arrogance et l'orgueil dominent les cœurs tandis que les armées s'élancent les unes contre les autres. Qu'apporterait la guerre si ce n'est le trouble ? Si guerre il y avait, mon peuple saurait-il contrôler ses pulsions et rester fermement dans la voie d'Allah ? Puisse Allah venir en aide aux peuples qui souffrent, et leur accorder une solution salutaire pouvant les sortir de leur épreuve !
La simple idée d'un tel scénario le fit balbutier, au point d'en perdre sa prestance et son éloquence, à tel point que des larmes perlaient maintenant le long de ses joues, défiant le relief de ses rides. Le son de sa voix devint inaudible, et seule cette psalmodie fut claire et intelligible :
« Yâ 'âyyouhâ l-ladhîna âmanou' kounou' qawwâmîna liLlahi shouhadâ' bî l-qisTi walâ yajrimannakoum shanânou qawmin 'alâ âllâ ta'dilou' î'dilou' houwa âqrabou li t-taqwâ waîttaqou' Allâha înna Allaha khabîroun bimâ ta'maloun »
Signifiant : « Ô les croyants ! Soyez stricts dans vos devoirs envers Allah et soyez des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l'équité: cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. »
(En reprenant ses esprits.) Comment me présenter ambassadeur de l'Amour et de la Paix, si je mène une guerre contre d'autres civilisations qui ne m'ont rien fait ? (Sa voix tremblait, le dégoût et la peur de tomber dans l'injustice l'envahissaient.)
On entendit un essoufflement bruyant, suivi de nombreuses frappes à la porte : "Amir Al-Mu'minine ! - émir des croyants - Amir Al-Mu'minine !"
- Par la grâce d'Allah et Sa Bénédiction, n'hurlez pas, et entrez ! lança Abu Safâ.
Un homme, d'apparence forte et rustre, courut à l'intérieur et se jeta, les deux genoux au sol, devant Abu Safâ..
Ô Émir des Croyants ! (Il haletait tellement il avait couru jusqu'à la demeure.) Sache que les deux hommes qui accompagnaient - Yacine ibn Ahmad et Amr Al-Arabi - ton ambassadeur Abd Allah ibn Al-Asad à l'assemblée fondée par nos voisins, sont morts !
Les yeux de l'Émir s'écarquillèrent, il détourna le regard sur l'homme dans l'ombre qui était toujours pas là, durant un instant, puis revint au paysan qui venait d'arriver.
- Que s'est-il passé ? Ont-ils été attaqué ? Parle, qu'Allah te guide !
- Ô Émir, je jure par Allah que je te retransmets ce qu'on m'a rapporté ! Ceux qui avaient conduit Abd Allah et ses deux hommes - qu'Allah les ait en Sa miséricorde et leur ouvre les portes de Son Paradis - stationnaient devant le monde sur lequel se trouvait l'Assemblée. Puis ils s'inquiétaient du manque de nouvelles qui durait longtemps, et ils décidèrent d'aller voir par eux-mêmes. Ô Émir ! Je jure par Allah qu'ils m'ont rapporté que l'entrée de l'Assemblée ressemblait au corps du serpent lorsqu'il se replie, et des tunnels submergeaient leur vue, à tel point qu'ils ne savaient plus s'orienter, en dépit des panneaux. Ils cherchèrent durant un long temps, puis ils trouvèrent, dans l'un des tunnels, les corps de nos deux frères, affamés et amaigris. Ils s'étaient perdus et étaient morts de faim, ô Émir des Croyants ! Accrochés à leur ceinture, des papiers correspondaient aux rapports d'Abd Allah qui nous informait que nos voisins les avaient tourné en dérision sur notre croyance et notre foi en Allah, au point de nous accuser de crimes que nous n'avions pas commis, et au point de nous traiter avec méfiance. Les interventions d'Abd Allah sont constamment ignorées, et chaque parole qu'il émet, il ne trouve point réponse; plutôt les autres voisins échangent entre eux sans lui accorder d'importance, comme si le représentant de notre peuple était un chameau malade qu'aucun marchand ne voulait monter ! Ô Émir des Croyants ! Ils ont insulté nos croyances, nous tournant en dérision, et l'architecture de leurs lieux a causé la mort de nos deux frères, nos nobles et chers frères que nous aimions en Allah, et en plus de tout cela, nos propres voisins ignorent nos paroles ! Ô Émir ! Vas-tu laisser l'honneur des Arabes souillé ? Ô Émir ! Ne vas-tu pas condamner cette injustice ? Sommes-nous des esclaves ou un peuple de croyants ? (Il suppliait à présent.) Ô Émir, ne nous laisse pas...
Le récit de l'homme fit virevolter le cœur d'Abu Safâ, au point que le visage de celui-ci se durcit, tandis qu'aucun des hommes ne pourrait témoigner avoir déjà vu le visage de l'Émir se durcir. La révolte et la blessure se lisaient sur ses traits. Il se retourna vers l'homme de l'ombre..
Tes propos étaient avertisseurs. Peut-être ta venue est un bien pour nous; et Allah en est le plus Savant, ô homme. Je pensais que tu venais à moi pour régler une affaire, mais il s'avère que les rôles sont inversés. Allah a voulu que ce soit toi qui me proposes une chose, que je ne peux pas refuser, pour l'Amour des miens, la Justice et le Droit.
Ô homme de l'ombre, nous revendiquons notre droit.
Cdt. O-
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06/01/1017 ETU 15:05
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Cette déclaration de l’Émir, pourtant si décisive pour l'avenir d'un peuple et d'autres, ne sembla pas toucher ou satisfaire le visiteur en quoi que ce soit. En fait, une ombre était passé sur son regard, qui s'était détourné de tous les hommes, comme celui d'un homme timide ou endeuillé. N'eût-il pas entendu que l'on acceptait son offre qu'il aurait réagi de la même façon. Une nuance de tristesse, toutefois, s'était glissée au coin de sa lèvre inexpressive. Il aurait été bien sage, celui qui aurait su deviner la nature de ses pensées. Ou bien fou, peut-être.
Il avait entendu pourtant, et il releva la tête en jetant une dernière fois son regard perçant vers Abu Safâ. Le vieil homme fut la seule personne présente dans la pièce à ne pas amorcer instinctivement un mouvement de recul et de crainte, alors que c'était lui que l'homme regardait comme s'il avait voulu le transpercer de son regard.
- Ainsi, c'est là la forme de courage que tu as choisi, Amr adh-Dhakir. Je suis satisfait d'en avoir été témoin.
L'homme se caressa la barbe un instant, pensivement, avant de reprendre :
- J'enverrai à Al-Imarah Adh-Dhakir les coordonnées stellaires des mondes concernés par notre affaire. Veille sur les tiens et sur tes défenses, Abu Safâ. Le vent de la guerre est mon frère, mon cousin, proche de ma lignée. Et il semble qu'il ait décidé de nous rendre visite, comme je t'ai moi-même rendu visite. Sois prêt à soutenir son souffle.
L'homme se refusait toujours à exprimer la moindre émotion, mais son regard s'attarda tout de même un instant sur le vieil homme avant de se lever et de se diriger vers la porte d'un pas lent, devant lequel Yacine et Abd Allah s'écartèrent pourtant spontanément, avec plus de crainte et de défiance que de respect. Il quitta la modeste maison d'Abu Safâ sans sembler devoir présenter la moindre forme de politesse, mais retourna légèrement la tête, au dernier moment :
- As-salâm aleïkoum, - "Que la paix soit sur toi" - Amr ibn Abd Al-Hakim.
Sans attendre la réponse qui devait suivre, l'homme repartit en avançant lentement, le dos courbé comme s'il était encore bien plus vieux qu'Abu Safâ lui-même, se bringuebalant lourdement au milieu même de la route, sans que personne ne manque de s'enfuir loin de son passage, de sorte que pour qui l'aurait regardé partir, il paraissait perpétuellement seul.
L'homme continua ainsi, se dirigeant sur le chemin le plus court vers le désert, et s'enfonça vers les terres les plus arides et désolées de la région. Lentement, lentement, posant le pied sur un sable bouillant qui ne manquait pas de heurter sa chair sans qu'il s'en soucie, l'homme avançait. Et il avança jusqu'à ce qu'il soit perdu si loin dans le désert que s'il avait regardé tout autour de lui, alors il n'aurait vu dans toutes les directions qu'une mer de sable s'étendant jusqu'à l'horizon. Alors, il avança encore, pendant bien longtemps, titubant comme s'il était à tout instant sur le point de mourir de soif.
L'interminable périple prit fin au bord d'une petite dune, où l'homme plongea la main pour en dégager le sable. Celui-ci s'effondra immédiatement autour de lui, soulevant un léger nuage de poussière qui enveloppa pas l'homme, sans qu'il ne cligne de l’œil ou ne verse une larme. Dans le nuage, en partie dissimulé dans le sable, se trouvait un vieux chasseur noirci et cabossé, manœuvrable cependant par une seule personne, dans lequel l'homme s'installa comme à son habitude.
Après avoir entré les coordonnées de sa nouvelle destination et enclenché le pilote automatique, l'homme envoya une à une les coordonnées des planètes glaciaires auxquelles l’Émirat se verrait donner accès, tout en activant la radio hyper-spatiale pour rompre la monotonie.
Musique d'ambiance tout à fait diégétique, pour le coup : https://www.youtube.com/watch?v=UIf9pxbiypY
En appuyant sur chaque bouton, l'homme repensait aux paroles d'Abu Safâ.
"Nous revendiquons notre droit"
L'homme sourit. Franchement, cette fois-ci. Avec une lueur malsaine dans les yeux, en appuyant sur chaque bouton pour envoyer une porte de plus aux Arabes pour qu'ils viennent oser se frotter au vide, à l'espace. La musique martelait en fond sonore - "Please allow me to introduce myself, I'm a man of wealth and taste..."
"Peut-être ta venue est un bien pour nous"
Quand il eut fini, l'homme rit aux éclats. Il rit à gorge déployée, en repensant au visage du vieil émir. Il rit du plus fort qu'il en était capable, alors que son vaisseau l'emmenait dans les profondeurs de l'espace où personne ne pourrait en entendre l'écho.
"Pleased to meet you! Hope you guess my name! Oh yeah!"

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