Apocalypsis Archives > gamma2 > Galaxie 9 > Forums > Assemblée du FUN™ > Un doigt dans le trou

Un doigt dans le trou

Pages : 1

Cdt. O-
Respect diplomatique : 237

Avatar
04/01/1017 ETU 18:15
Ce(tte) commandant(e) soutient beaucoup Apocalypsis.  Ce(tte) commandant(e) soutient beaucoup Apocalypsis.
Message édité - Score : 7 Détails Prévenir Dieu
0 : orthographe insuffisante
0 : présentation bâclée
0 : hors sujet
0 : hors role play
0 : message insultant
efforts visibles : 0
message adapté : 0
message remarquable : 5
humour décapant : 2
role play intéressant : 0
Ce cycle-là, en Catharsis, était un cycle comme tous les autres, si tant est que dans le violent tumulte de cette galaxie on puisse trouver un seul jour qui accepte de ressembler à son prédécesseur. Les bombardements ioniques assassinaient, les kamikazes pleuvaient trop fort pour la saison, les peuplades mouraient, les commandants se méprisaient et complotaient : tout allait bien dans le pire des mondes. On pourrait s’imaginer que la majorité des Catharsiens vivaient dans un marasme lugubre, attendant le lot de mort radioactive qui leur était réservé, mais la plupart était bien à l’abri sur des planètes à peu près en sécurité, où tout était bien calme et où les crises les plus violentes que l’on subissait étaient les augmentations d’impôts. Du reste, tous ceux qui n’étaient PAS en sécurité avaient tendance à mourir assez rapidement, donc la population qui risquait de mourir à tout instant était constamment maintenue à un taux finalement plutôt bas. Presque tout allait bien, donc. Dans l’espace, les choses allaient encore mieux, car par vertu de son immensité, même une tempête d’ADM dans toute la galaxie n’arriverait pas à causer 0,1 % des dégâts qui pourraient réellement perturber Catharsis, ceux qui allaient se produire dans 259 cycles galactiques. L’immense majorité du vide spatial n’avait donc jamais vu passer la moindre violence, même pas un petit réacteur crachotant trop fort, ou même un objet en mouvement. Que dalle, depuis une éternité ou deux. Est-ce que vous pouvez imaginer à quel point c’est calme ? Et la vue étoilée est imprenable en plus. On pourrait dire de la majorité de l’espace de Catharsis qu’il constituait une idéale destination de vacances, si seulement il était possible d’y exister.
Seulement, puisque aucun lieu de vacances ne saurait être totalement dépourvu de désagréments que ne manqueront pas de vous tomber dessus au dernier moment sans que ça ait été mentionné dans l’état des lieux d’arrivée et pour lesquels vous devrez très probablement payer plein pot en urgence dans l’espoir que le propriétaire ne se rende compte de rien, il devait là aussi y avoir un problème. Pas un très gros problème, ce n’était pas l’apocalypse, mais quand même, il y avait un trou, un gros trou bien visible, tout rond, comme un O. D’habitude, on essaie de les cacher d’une façon ou d’une autre, mais là, impossible : le trou se situait en plein cœur du Secteur 0, au sein de l’Assemblée Galactique, juste un peu sur la droite. Un gros trou de deux mètres sur deux, tout noir, qui s’était ouvert sans prévenir en plein milieu d’une séance plénière, au mépris de toutes les conventions diplomatiques que même Mastabak, Kalebb ou les Orcs faisaient de leur mieux pour respecter. Attention, ce n’était même pas une distorsion de l’espace, ou une sorte de petit trou noir qui se serait paré d’une jolie corolle en absorbant la lumière ou aurait eu l’amabilité d’avoir un horizon. Juste un grand O tout noir, de deux mètres de diamètre exactement, flottant à un mètre trente-six au-dessus du sol. En pleine Assemblée Galactique. Sans manifester d’intention de s’en aller, de faire quelque chose, et sans manifester d’ailleurs quoi que ce soit.
Comme c’était devenu une sorte d’habitude depuis quelques cycles de voir des manifestations étranges visiter les lieux, on ne s’était pas inquiété outre mesure, d’autant plus que ça demeurait moins inquiétant qu’un énième coup d’état. La régence des Ours Ideogis n’avait finalement que peu de temps à consacrer à un phénomène qu’ils n’auraient probablement pas le temps de décortiquer avant d’être délogés brutalement par les prochains occupants des lieux. Le premier examen du trou vint donc de la part d’un simple employé de maintenance dont ce n’était pas le travail, mais qui en avait assez que cette satanée imprécision spatiale gâche ainsi l’esthétique de la salle. Devant le trou, rien que du noir. Derrière, rien que du noir, tirant peut-être un peu sur le gris, mais c’était sûrement une illusion d’optique due à la brillance des projecteurs holographiques. Quand on passait la main dedans, on ne sentait rien du tout, c’était vide, puisqu’il y avait un trou. Logique. Les frontières du trou ne semblaient exister qu’optiquement, pas physiquement, puisqu’on pouvait aisément y passer les membres sans que rien de particulier ne se produise. En fait, on n’avait pas l’impression d’autre chose qu’une espèce de bug de texture dans l’espace tant qu’on ne tentait pas de passer le bras dans le trou, ce qui donnait un sentiment de relief. Bien sûr, on aurait pu se dire que ce n’était là que perspective, mais si on passait la tête dans le trou en se dévissant bien le cou, et qu’on la tournait vers la gauche ou vers la droite, on ne voyait bel et bien qu’un immense vide noir, au lieu des installations diplomatiques. S’il y avait bien un trou dans l’Assemblée Galactique, il était de dimensions plus considérables, ou du moins plus nombreuses, que deux.
Tout ceci aurait pu rester au stade d’anomalie cocasse si quelqu’un n’avait pas fait le vain effort de tenter de voir « au fond » du trou, loin en face vers un horizon inexistant. C’eut dû être une tentative parfaitement inutile, il n’y aurait bien évidemment que plus d’obscurité, mais ce ne le fut pas. Tout au fond, on apercevait bien quelque chose, un genre d’autre trou, minuscule – probablement à cause de la distance – où on pouvait distinguer un peu de couleur, vaguement fade. De là, on ne pouvait distinguer qu’une tâche d’un ou deux millimètres, alors il fallut apporter des instruments et tout un fouillis pour faire solidement un télescope susceptible d’en dire plus à tout le monde.
Ce qu’on aperçut, une fois que le trou au fond du trou eut pris à travers la lunette des proportions plus observables, qu’il s’agissait également d’une lunette, mais pas une lunette de télescope, non : une lunette de toilette. En tout, cas, on apercevait, dans une légère contre-plongée, la lunette d’un cabinet de toilette à l’hygiène plus que douteuse, à travers le trou qu’il y avait dans le néant. Hasard ou destinée ? Toujours était-il que quand cette découverte fut constatée, le point de vue sur la lunette était agrémenté des jambes d’un homme, lui-même agrémenté d’un pénis de taille appréciable quoique pas extraordinaire, en train de vider sa vessie dans les toilettes, qui avaient probablement été prévue à cet effet.
Dans l’Assemblée Galactique, un silence écrasant suivit cette découverte, qui ne fut interrompu que par le son lointain de l’urine frappant la porcelaine. L'absence de son qui devait suivre informerait tout le monde que l'homme, à qui on pouvait pardonner son involontaire exhibition, se rendait cependant foncièrement coupable de ne pas avoir tiré la chasse.
La chasse d'O?

Pages : 1