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Y aurait-il une morale galactique ?

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Cdt. Abu Safâ
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06/01/1017 ETU 21:38
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Hué, rejeté et insulté, il rentrait chez lui. Ce garçon-là priait, élevait la voix en invoquant Allah, bien qu'il fut modeste dans sa pratique, parfois éloigné, parfois plus proche et assidu. Oh, il n'était pas de ceux-là imprégnés de sagesse et de lumière, du moins n'en avait-il pas la prétention.
L'Émir des Croyants Abu Safâ, ou simplement Amr, marche seul dans le désert, serpentant sur les semblants de chemin qui se dessinent à force de passage des caravanes de commerçants, même si le vent et la sable reprennent leur domination ensuite. Mais lui, du haut de son rôle d'Émir, préfère suivre un chemin tout autre; il n'est pas fondamentalement semblable aux siens, plutôt il marche sur sa voie, en dehors du chemin tracé. Il s'enfonce dans les étendues arides et désertiques, y trouvant son inspiration, sa source, son réconfort... Il y exalte la sagesse qu'il refuse reconnaître, et il s'emplit d'une humilité que nul humble n'a la prétention d'affirmer avoir. Le paysage, bien qu'aride, semble doux et profond : son horizon n'étant pas coupé par des bâtiments ou des habitations, la nature reste entière, sans qu'un être vivant autre qu'elle-même ne la régisse. Alors, bien sûr, Allah demeure et veille, Lui en qui Amr croit et trouve son Amour, mais Il n'est assurément pas une créature qui vit sur le monde qu'Il a crée.
Que cela gênait, d'avoir à supporter l'expression de sa foi. Ce jeune qui ne faisait que dire ce qu'il vivait, ce qu'il croyait; mais qui voudrait l'écouter ? Qui l'écoutait ? Il se prenait de passion à écrire et mettre en oeuvre, une sorte de reflet, de miroir, inspiré de ses plus prestigieux modèles. Sa foi, son histoire, voilà dans quoi il puisait. Il relatait des récits inspirés directement des sagesses issues de sa propre croyance. Les Compagnons, les appelait-il, ou plutôt fussent-ils appelés, qu'Allah les agrée, soit satisfait d'eux et les embellisse. Il s'asseyait dans sa demeure, et rédigeait à en dépasser ses propres limites; articulant des intrigues, des dialogues, des débats, un système tout entier en somme. Qu'il fut dur de rétablir la justice et la politique de ceux qui furent les plus justes ! Mais il y parvenait, tant bien que mal, en essayant d'effacer son moi pour faire davantage parler lui, lui qui le dépassait en tout et qui représentait une sorte d'idéal. Oh, il était parfois confronté à de dures tâches, mais il se relevait, continuant sans faiblir.
Ce fut alors la source d'une exaltation de son écriture, mais aussi l'émanation d'un malheur injuste s'acharnant sur lui. Ce jeune garçon, se plaisant à écrire, bien loti entre quatre murs.
L'espace ouvert qui s'offre à Amr est sans limite, sans prix, mais avec une valeur dépassant tout, sauf Celui qui l'a créé. Il continue à marcher religieusement, comme pour un pèlerinage ou une retraite, jusqu'à s'asseoir sous un arbre, à l'ombre d'un soleil ardent qui illumine la place. Un regard à l'horizon, le chemin parcouru est tracé, mais quant à sa direction ou son objectif - aussi existant sera-t-il, en dépit de son ignorance - eux ne sont point tracés, et pire, il ne les distingue pas. Comme si un voile masquait sa vue, sur ce qui lui reste à parcourir jusqu'à l'objectif qu'il ignore, qu'il ne sait pas qu'il recherche. Il y a ce voile sur ses yeux, comme du brouillard, oui, pourtant il (me) voit.
Il serrait les dents, et fermait ses poings. Dure fut l'ignorance, difficile fut de continuer face au mépris, amère fut la contenance face à l'insulte. Il se complaisait à écrire, certes, mais sa foi emportait tout; plutôt, elle prenait tout. Sa passion et son goût s'emparaient de ses mots qu'il alignait les uns après les autres. Que c'était répétitif ! Toujours la même chose ! Ne pouvait-il pas écrire autre chose ? Et SURTOUT, ne peut-il pas se censurer et parler moins ? Qu'elle est répugnante, sa foi ! On ne voulait pas la lire, elle exaspérait. Elle dégoûtait, alors on l'ignorait.
Spectateur de cette injustice, pourtant est-il l'acteur ? Il reste en tailleur sous son arbre, loin du chemin tracé - passé - et profond dans ce désert inconnu. Al-Mundhil change de visage, il varie en fonction de (mes) mots alignés les uns après les autres, pour dessiner la voie à suivre. Amr voit, et alors qu'il est Abu Safâ, Émir reconnu et choisi des siens, il ne peut pas (m')aider. Il est impuissant face à cette injustice, face à ce crachat au visage, face à cet irrespect impuni. Alors, il se lève pour ne plus voir, pour aller là où il ne voit pas, pour marcher. Pour vivre.
Mais le garçon écrit, et à mesure qu'il le fait, le chemin se dessine, la brume se dissipe et le voile est levé. L'horizon demeure brumeux, pas les pieds.
Abu Safâ avance, sans oublier la vision.
Je suis là. Toi aussi.
Il ne sait pas, il avance.
Comment nous entendre ? Si j'ai mal, c'est par ta faute. Ou la mienne.
Il continue d'avancer, à mesure qu'une voie se dessine, qu'une suite se crée.
Le crayon qu'il tient en main, le dessine lui et sa voie, sa voie comme une ligne sur le papier. Il est là, il n'entend pas, mais il voit, il sait.
Alors le crayon croise le chemin, appuie dessus comme la douleur appuie sur le coeur. Et le quatrième mur se brise.
Mais c'est trop long.

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