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Cdt. Abu Safâ
Respect diplomatique : 175 ![]() 16/01/1017 ETU 00:24 |
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Les cycles commençaient à laisser entrevoir les premières conséquences du développement florissant de l'Émirat Dhakirite, donnant lieu à un investissement conséquent dans les infrastructures religieuses et scolaires; de grandes bibliothèques avaient été inaugurées, regroupant aussi bien des œuvres musulmanes que non-musulmanes, et étant ouverte à tous gratuitement. Le fait que la population aussi grandissait, favorisait grandement l'embauche de nouveaux gardiens d'archives, de nouveaux postes dans les domaines culturels; tout ceci permettant une croissance considérable de l'alphabétisation parmi les Arabes et les musulmans. L'Émir Abu Safâ avait décrété une loi selon laquelle une bourse devait être délivrée à chaque nouvel élève, qu'il soit adulte ou enfant, et ce, même s'il est une personne aisée au quotidien : car selon l'Émir, l'argent dépensé pour le domaine de l'enseignement, l'apprentissage et l'éducation, devait être dissociable du budget nécessaire pour vivre. Enfin, ces nouveautés semblaient bien fonctionner, et la culture et l'éducation se répandaient à travers les mondes de l'Émirat. Sur la planète al-Aqsa - littéralement "la plus éloignée" -, le taux d'islamisation avait légèrement augmenté, du fait de la propagation et l'influence de la doctrine islamique à travers les voyages et commerces des marchands arabes sur les mondes annexés. Tout ceci, à tel point que les gouverneurs locaux se convertirent à leur tour à l'Islam, dispensant désormais des cours islamiques dans leurs écoles. Malheureusement, l'éloignement conséquent de la planète-mère de l'Émirat Dhakirite, provoquait une déformation du message de l'Islam, bien que la religion semblait identique : les différents aspects de 'aqida (croyance dogmatique) et de fiqh (jurisprudence) qui caractérisaient deux grands pôles de la science islamique, se transformaient peu à peu. Et les gouverneurs locaux d'al-Aqsa, fraîchement converti et ignorant sur leur religion, se mirent tout de même à ordonner et à imposer des enseignements falsifiés. Cela causa énormément de troubles, allant jusqu'à impacter les relations entre musulmans et non-musulmans. Les musulmans devenant de plus en plus nombreux, les non-musulmans se sentirent vite oppressés ; ces phénomènes firent apparaître des drames tels que le suicide de certaines personnes, la rémission imposée d'autres à la religion islamique... Et les gouverneurs locaux fermaient les yeux sur cela, ce qui faisait que les gens d'Al-Balad Al-Musâfâh n'étaient pas informés, et l'Émir des Croyants et des Arabes non plus. En plus de l'islamisation erronée d'al-Aqsa, celle-ci entraîna une arabisation incompréhensible : en effet, les nouveaux convertis, dans leur élan d'extrémisme ignorant, se mirent à excommunier et à rendre mécréants les rites et les traditions de leur peuple, leur préférant la civilisation arabe dont l'Émir était issu. Des vagues de racisme s'amplifièrent, et accrurent les persécutions à l'égard des non-arabes non-musulmans peuplant al-Aqsa. Au sein du désert vert Al-Machriq Al-Khidr - le Levant vert - situé au centre d'al-Aqsa, une jeune femme, ayant une vingtaine d'années, nommée Ania, avait repris ses études afin d'approfondir ses connaissances historiques et culturelles sur l'histoire de son peuple, dans le but d'en devenir une historienne gardienne de sa culture et de ses traditions. Ania était orpheline depuis l'âge de 12 ans, aussi avait-elle été directement à sa charge, car les femmes dans cette société était fortement délaissée, et elle était trop jeune pour être mariée. Alors, elle avait su se débrouiller pour survivre. Et parallèlement à ses études, elle travaillait en tant que servante dans une famille riche récemment convertie à l'Islam. Ania n'avait jamais entendu parler d'Islam, en dehors des marchands Arabes qui transitaient à chaque saison, et en constatant l'effet que cette religion avait sur son peuple; elle se demandait si cela était vraiment une religion, ou si c'était seulement un "arabisme" qui se développait sur al-Aqsa. Car les familles n'avaient pas délaissé les vices blâmés par les marchands Arabes - seuls vrais ambassadeurs de l'Islam qui passaient rarement par là - et se complaisaient simplement dans leur nouvelle identité arabe. En d'autres termes, si cela n'avait été qu'une religion, Ania n'en aurait pas subi les conséquences : mais c'était son peuple qui avait changé. Elle était étrangère sur son monde natal, si bien que les habitants arabisés de son village l'appelaient "Al-Bint al-Aqsa" - la fille la plus éloignée - ou "Bint al-Aqsa" - fille d'al-Aqsa - comme un mauvais jeu de mots pour tourner en dérision son attachement à ses racines, entraînant par conséquent sa distanciation avec ceux qui furent les siens. Pour dire vrai, la totalité des habitants de son village, et donc ceux qui fréquentaient son école, avait succombé à l'arabisation, et se donnait maintenant des airs d'Arabe, essayant de leur ressembler par les vêtements, et médiocrement par la langue. Ils parlaient si mal la langue arabe, que cela devint vite des dialectes dérivés, plutôt que la langue-mère. Ania aimait à les appeler "langue-tordue", faisant référence à leurs vices tordus qu'ils se plaisaient à vanter, et au fait qu'ils déformaient la langue qu'ils sacralisaient tant. Un jour où Ania rejoint son école, un groupe d'hommes attendaient dans la cour qui bordait la nouvelle mosquée. Elle passa devant eux, seul moyen pour entrer dans le bâtiment, et ceux-ci l'interpellèrent : - Eh bien alors, al-bint al-Aqsa ? Où est-ce que tu vas comme ça ? lança celui qui s'avança vers elle d'une manière arrogante. On laisse encore rentrer les kafirin - mécréants - ici ? (Elle ne le calculait pas et continua d'avancer.) Les deux autres qui accompagnaient le premier, se mirent à se moquer de leur compagnon, déplorant son manque d'autorité. - Fermez-là ! (Il se tourna vers Ania et la tira par le haut de sa tunique.) Et il est où ton voile ? Ta chevelure puante d'impiété encombre nos vues et obstruent nos narines, ne vas-tu pas la cacher ? - Dans ce cas, détourne ton regard jusqu'à ce que je rentre à l'intérieur. De toute évidence, la bêtise qui t'incarne démontre que tu ne suis rien des cours dispensés, alors laisse-moi, tu ne me verras plus une fois que j'irai les suivre. (Sa réponse cingla l'homme qui recula un moment.) - Mais comment tu me parles, espèce de putain mécréante ! cracha-t-il en la giflant. V'nez les gars, on va apprendre à la mécréante à comment on cause bien aux élus ! Ses compagnons le suivirent dans sa démarche, alors qu'Ania avait reculé suite à la gifle, deux des hommes la saisirent par les épaules pendant que le premier la rouait de coups au ventre. Il ne fallut pas longtemps avant qu'Ania s'effondre au sol, crachant du sang à force de recevoir de multiples coups d'une puissance réelle. Ils la battaient ! Personne n'intervenait, pourtant les gens passaient, certains se moquèrent, d'autres détournèrent le regard, mais aucun ne vint arrêter le massacre. - Je vais te tuer à la main, tu m'entends ? provoqua l'homme. Tu vas crever lentement et pouvoir rejoindre tes parents dans le Feu de l'Enfer, tu vas voir ! Cette remarque augmenta les rires de ses compagnons, qui s'étaient eux aussi mis à la frapper très violemment. Ania était par terre, ensanglantée, à moitié dans l'inconscience; elle commençait à perdre connaissance, et à s'évanouir. Dans leur frénésie délirante, les hommes ne remarquèrent pas cela, et continuèrent avec force. Le vacarme fit sortir le directeur de l'établissement scolaire, qui semblait être un savant âgé, celui-ci marchant à l'aide d'un bâton de berger, il hurla en se précipitant sur les hommes et en leur donnant des coups de bâton sur le dos : - Oh ! Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?! Que vos mères vous perdent ! (Il les tapait pour les arrêter.) - Monsieur... C'est pas ce que vous croyez ! (L'homme se protégeait tant bien que mal des coups de bâton.) Cette mécréante nous a manqué de respect, on devait la corriger, pour l'honneur des nôtres... ! - Mais qui t'a enseigné cela, espèce de dégénéré ? Tu crois que c'est le comportement à adopter à l'égard d'un être vivant ? Que tu n'aimes pas quelqu'un pour ses opinions, c'est une chose, mais que tu l'agresses et que tu commettes l'injustice ? Cela n'est pas permis ! Rentrez chez vous, je ne veux plus voir ici aujourd'hui ! Allez, dégagez ! Les hommes s'en allèrent en courant et en marmonnant des injures à l'égard d'Ania, toujours inconsciente, et en lui crachant dessus. Le directeur, quant à lui, s'attarda sur elle et constata son état avant de faire venir des soins lui permettant de rester en vie. Ania fut transportée en urgence dans l'hôpital le plus proche. L'événement prit une grande ampleur et fut largement médiatisé, donnant un coup de frein au racisme ambiant. En effet, la plupart des convertis hostiles aux non-musulmans se rendirent compte de l'horreur provoquée par l'extrémisme de leur pensée, aussi ceux-là devinrent plus modérés dans leur traitement d'autrui, même s'ils gardaient en eux une méfiance et une certaine détestation des non-musulmans, au moins n'allaient-ils pas jusqu'au drame. *** Dans la presse écrite d'Al-Balad Al-Musâfâh, la capitale de l'Émirat où se trouvait le désert Al-Mundhil, qui s'apparentait à des parchemins en peau de bête distribués à chaque demeure, et accroché quotidiennement à l'entrée des mosquées, on pouvait trouver des informations telle que "Violences gratuites envers une non-musulmane : l'image de l'Islam d'outre-système salie" qui alerta l'Émir Abu Safâ. Celui-ci s'empressa d'appeler les gens à la mosquée et de monter sur le chaire pour leur dire : « Ya Ahl al-Islam ! Ya Ahl Al-Arab ! Ne suis-je pas votre imam et votre shaykh qui vous enseigne les sciences islamiques, afin que nous restions tous ensembles sur la voie de la droiture, de la justesse et de l'équité ? Ne sommes-nous pas la communauté du bon-traitement, de la douce attitude, de l'amour et du respect d'autrui ? Ya Ahl al-Islam ! Ya Ahl al-Arab ! Allâh ne dit-Il pas : «Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront.» ? Qui ose se prétendre de l'Islam et désobéir impunément à Allâh ? Qui ose profaner et détériorer les commandements émanant d'Allâh ? Ô vous qui croyez ! Ne vous jetez pas dans le Feu ! Appelez les gens à l'Islam par votre douceur, votre noble comportement et votre sourire : embrassez les gens, offrez-leur des cadeaux et maintenez de bonnes relations avec eux ! Ne craignez-vous pas Allâh ? Je jure par Allâh ! Et j'en fais le serment devant Sa Majesté et Sa Grâce, de même que devant vous : j'irai me renseigner sur l'identité de la victime de cette attaque honteuse, et j'irai lui rendre visite en personne, même si cela doit me faire traverser les galaxies, in châ Allah. Je prie Allâh de me maintenir en vie jusqu'à l'accomplissement de mon entreprise, et de me guider vers cette personne aussi facilement que le poisson asséché est guidé vers l'eau. Je pars sur-le-champ, sans plus attendre, et j'accorde à Walid ibn Abd Allah, mon élève et mon ami précieux, le pouvoir de me remplacer durant mon absence. Certes, il est votre gouverneur et le gouverneur des Arabes et des Croyants jusqu'au moment où je reviendrai ici, bi idhni Allâh. Qu'Allah vous récompense et vous illumine. Qu'Allah bénisse ceux qui reconnaissent leurs erreurs et reviennent à Lui avec la tristesse et le regret de Lui avoir désobéi, ainsi que le for intérieur rempli d'Amour à Son Glorieux égard. As-Salâm 'alaykum wa rahmat Allâh wa bârakatouhou. »
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