C'est dans le froid espace, furtivement, entre les secteurs cinq et zéro, que l'expérience la plus troublante de Catharsis venait d'avoir lieu. Certes, dans d'autres galaxies, on avait déjà exploré maints usages de l'Apotium mais dans cette jeune galaxie, les plus malins n'avaient réussi qu'à faire des bombes... Des bombes ! Ha ha ha ! Quelle niaiserie lorsqu'on devine que l'Apotium peut servir des objectifs bien plus exotiques !

Lilly s'était extraite d'un bond hors du cerceuil d'opération et avait rageusement balayé tout ce qui se trouvait autour d'elle, renversant le matériel médical, arrachant les cathéters, jetant les coussins. Elle bousculait chaque personne, frappait les torses, les visages, poussait les médecins apeurés, hurlait de rage...

Finalement, elle se planta devant un grand miroir ovale, les yeux fixés dans son reflet et les poings serrés :

Elle regardait à gauche, à droite, les mains agitées, suffoquant de rage jusqu'à ce que, dans un geste de grand désespoir, elle mit la main gauche devant ses yeux et continua de murmurer des malédictions avec force :

La plainte durait déjà depuis une minute et elle aurait pu durer des heures. Personne, pas un ambassadeur, pas un lieutenant ni même aucun médecin et certainement aucun savant n'aurait osé prendre la parole en ces circonstances. Et c'est pourquoi Le Borgne s'avança résolument et vint se planter à ses côtés, la regardant par le chemin de son reflet dans la psyché :

Lilly restait silencieuse. Ils se regardaient l'un l'autre dans le miroir :

Elle leva un sourcil, l'air sceptique :

Lilly resta le regard pensif plongé dans la psyché comme dans un abîme. Finalement elle déclara d'un ton froid et limpide :