Le vent se faisait ressentir sur les joues de la reine, autrefois décédée, elle avait survécu tant bien que mal avec l'hymne du peuple des elfes.

Elle était une terrible diplomate et commerçante auparavant, dans un lointain passé, celle-ci ne manifestait plus aucun intérêt sur les agissements politiques et se rallierait avec ceux qu'elle jugerait bons.

La catastrophe de Dieu avait laissé son esprit errer au lointain en voyant son Royaume fondre comme neige au soleil.

Du haut de son corps bouffi, Grimaldus observait la galaxie se déchirer, comme les entrailles d'une femme en train d'accoucher. Il ne put retenir un léger rire.

Une vie entière à commercer discrètement. Et, pour quelqu'un de sa race, c'était long, une vie entière. Et voilà que tout était réduit à néant...

Grimaldus déplia une tentacule jusqu'à un plateau chargé de viande rouge, et porta le met jusqu'à sa bouche. Il l'avala d'une traite, déglutissant affreusement.

Sa voix retentit dans les dédales sombres de son vaisseau. Seul le silence glacial de l'espace lui répondit...

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Des années plus tard, un étrange vaisseau se posait sur la planète Béhémoth. Grimaldus y fut accueilli en Dieu, et, grâce à l'immense richesse qu'il possédait, il parvint à acheter une à une chacune des institutions politiques et économiques de ce monde.

Il devait maintenant le façonner à son image, unifier les différentes races qui le peuplaient.. Mais cela, c'est une autre histoire...

A peine les turbulences s'étaient-elles résorbées que le prince s'affairait à rétablir les communications. Frénétique, il semblait mettre un point d'honneur à prendre contact au plus tôt avec ses nouveaux alliés... Et ennemis. De mémoire d'homme, jamais ils n'avaient été si proches de l'anéantissement. Oh, ce n'était pas faute d'avoir eu maille à partir avec nombre d'ennemis au fil des âges, et combien ne s'étaient pas mis en but de les exterminer jusqu'au dernier. Mais en dépit de leurs efforts et de leurs sacrifices, ils leur avaient survécu. Valyria ne tomberait pas. Valyria ne tomberait jamais.

L'Empire était immortel. Certains étaient cependant d'avis que cela pourrait ne plus durer avec un si jeune dirigeant à sa tête. Les langues de vipère voyaient désormais leurs têtes peu communes orner les créneaux du donjon au sommet de piques acérées, et rares étaient les corbeaux à s'abstenir d'y faire bombance. Il ne se voyait pas despote, mais si c'était là l'unique moyen de faire respecter son autorité, ses sujets feraient bien d'apprendre les bienfaits du silence.

Son père se consumait à petit feu. Selon les médecins, ce n'était qu'une question d'heures avant que la couronne ne tombe entre ses mains. Selon la tradition, les serments d'allégeance avaient déjà été proférés, même si le prince élu se garderait bien d'y croire. Ses jeunes années avaient été consacrées à observer le jeu des trônes, et il savait mieux que quiconque que les menteurs y étaient légions et que la connaissance y était pouvoir.

Il était cependant fin prêt à assumer cette fonction, quoi qu'en pensent ses détracteurs. À de rares exceptions près, il n'était guère aimé du peuple. Il faudrait que cela change, sans quoi sa tête pourrait bien être la prochaine séparée de son corps. Quoiqu'il n'était pas dit que cela suffise à s'en débarrasser, mais ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte ?

Une main levée dans les airs lui coupa la parole avant qu'elle n'ait pu exprimer son ressenti. Un discret soupir fila entre ses lèvres. Son bien cher frère n'était pas un mauvais bougre, elle le savait mieux que quiconque. Mais l'état de transe dans lequel le précipitait parfois son excitation était dangereux ; cela aussi, elle était la mieux placée pour le savoir. Les yeux baignés de larme, qu'elle s'empressa d'essuyer pour ne pas paraître sous un jour défavorable, elle le détailla ; ses longs cheveux blancs et ses traits juvéniles lui conféraient un aspect androgyne, mais aussi un charme énigmatique.

Presque irréel. Un charisme froid et sans vie, mais néanmoins irrésistible. Le propre de leur lignée, elle le savait. Une bénédiction, mais aussi une malédiction. L'épée à double-tranchant dans leurs propres veines. Elle en frémit d'effroi. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua ce qui captivait l'attention de son jumeau. Un grésillement se perdit dans l'immensité vide de la salle où ils n'étaient que tous les deux, coupés du reste du monde. Enfin, l'hologramme qui leur tenait lieu d'écran et dont le contenu demeurait désespérément brouillé jusque là reprit vie et se barda de couleurs ne pouvant signifier qu'une chose. Et sans qu'elle ne s'en rende compte, un frisson d'angoisse courut le long de son échine.

Les communications étaient rétablies.

Une équipe de quatre hommes, avec d'énormes valises, s'arrêtent en plein désert, dépliant leur équipement.

Le doyen de ce qui ressemblait fort à une équipe de recherche s'écria alors :

Puis le chercheur regarda tour à tour ses assistant et leur dit :

-Commandant Syrus, les premières infrastructures ont été installées. Nous sommes en avance sur les délais.

Dans une haute tour d’une couleur ivoire, sur Morpheus, avachie dans un siège aillant pour seul confort un coussin pour le postérieur d’une trentenaire manquant cruellement de sommeil.

Les yeux rivés sur l’extérieur, la jeune femme ne semblait pas être réceptive aux informations qu’on venait de lui porter. Pourtant, elle l’avait parfaitement bien entendu et avait enregistré les nouvelles, puis classées celles-ci dans un coin de son esprit. Alors que le messager s’avança d’un pas pour s’assurer du bien être de la Gouvernante, celle-ci le stoppa d’un geste simple, lui montrant deux doigts comme pour l’interdire de poursuivre sa main-œuvre.

De manière très formelle et droit, l’homme quitta la salle pour donner l’ordre de poursuivre les recherches. Miss Tick abaissa dans un geste lent sa main pour la reposer sur l’avant-bras de son siège. Songeuse, elle était en proie à plusieurs fantômes. Ses yeux repassèrent les événements de sa vie en boucle depuis peu. On avait remarqué des présences étrangères non loin de Morpheus ce qui d’une part ravissait la jeune femme mais qui l’inquiétait un peu à la fois. Alors que le peuple Morphien connaissait un semblant de tranquillité et une joie fraichement améliorée depuis qu’elle était devenue Gouvernante. Une chose semblait la laisser perplexe sur le nouvel univers qu’y allait s’ouvrir à eux. Le peuple Morphien –sortant tout juste d’une révolution- était il prêt à une éventuelle collaboration avec d’autres peuples ? Après tout, ils avaient une culture bien différente, comme d’autres, mais Miss Tick étant fraîchement Morphienne, avait peur de négliger ses nouvelles traditions et compromettre ainsi le bonheur de son nouveau peuple.

Après avoir songée toute la matinée à une éventuelle solution, elle prit l’initiative de se rendre aux archives pour filtrer les traditions et en apprendre un peu plus sur les Morphiens. Heureusement pour elle, un historien appliqué lui avait déjà plus ou moins mâché le travail. Vers le début d’après-midi, maître Séraphin vient de nouveau à elle pour l’informer de leurs progressions.

Peur. Un mot qu’elle ne voulait plus entendre dans ce monde. Silencieuse et le regard lointain, elle se redressa devant ses documents, la tête enfin levé vers le messager. S’humidifiant les lèvres, elle cherchait ses mots pour ôter de la terre de Maître Séraphin toutes idées de peur. Les mots ne venant pas, elle prit en sa possession un livre épais sur les traditions Morphiennes et s’approcha de l’homme. Lorsqu’elle fut assez proche de lui pour lui souffler avec un air absent :

Sur le même ton de la confidence, Maître Séraphin sembla douter un instant.

Avec un sourire plaintif et tendre, Miss Tick tapota amicalement l’épaule du Maître des communications extérieur.

Ainsi donc Maître Séraphin reparti de sa démarche rigide vers les locaux de communications alors que Miss Tick regagnait son bureau pour étudier d’un peu plus prés les traditions de son peuple.