La Première Oratrice avait observé la transmission à la demande du comité de xénodiplomatie dont elle avait initiée la création. Comme à chaque fois qu'un organe du gouvernement n'était pas capable de se décider sur une question jugée centrale – tout ce qui avait lieu à l'Assemblée Galactique était considéré comme tel, par défaut – il en référait à sa tête.

En l'état elle ne fut pas beaucoup plus avancée. La Nyalnamar Veritas écouta l'enregistrement avec intérêt, hocha la tête à plusieurs reprises, puis croisa les bras, battant le rythme de ses doigts. Elle devait bien admettre, sans trop savoir quoi en faire, qu'elle avait bien aimée la prestation. C'était de la musique. Il n'y avait franchement pas grand-chose à dire de plus. De la musique chantée, probablement composée, probablement mixée, par un ou plusieurs gallinacés. Issus d'un peuple de gallinacés technologiquement avancés, mais incapables de communiquer de façon conventionnelle.

L'espace était sombre et plein de mystères.

En fait ils pouvaient tout à fait ne pas participer, mais c'était une question d'égo. Faute de règles précises le choix du morceau à partager fut d'abord le sujet de nombreuses discussions, puis réglé par une décision ésotérique pondérée. On ne savait pas ce qui, pour les autres cultures, passait pour de la musique, ou passait pour du bruit. On décida de faire au mieux en se basant sur les extraits disponibles. C'était ce qu'on pouvait interpréter comme de la musique festive, pas nécessairement représentative sur le plan culturel. C'était cependant une interprétation Labyrinthocentrique des choses. Peut-être que ce qui passait chez eux pour des ritournelles de variété était, chez d'autres, un classique reconnu. On décida donc de pas épargner à la galaxie les concerts de bruits industriels, les déprimantes nappes symphoniques et les poèmes crypto-prophétiques basés sur les discours des précédents orateurs et de leurs suites. C'était bien dommage.