Malgré ses nombreux voyages inter-sectoriels, la Voyageuse ne s'était jamais intéressée aux affaires politiques de la Galaxie. Elle laissait cette tâche à qui bien ça voulait captiver. Au fond, la commerçante se disait qu'elle n'avait jamais eu tort, elle avait un plus grand intérêt à s'occuper du transport de ses marchandises et de la ratification de nouveaux contrats d'exclusivité commerciale. Lorsque, pour la première fois en cinq ans, elle se connecta aux réseaux publics de diffusion de l'Assemblée, elle fut charmée par un concours littéraire mais ne put que tomber des nues en voyant le dénommé Petyr Baelish sur ses écrans. De tous les porcs qu'elle avait rencontré durant ses voyages, celui-là ne gagnait pas la médaille d'or, mais devait bien concourir pour essayer de la remporter. Elle fut tentée d'appuyer sur le bouton rouge de sa télécommande pour couper le canal mais se dit qu'elle y gagnerait à continuer de suivre les débats. Elle n'aurait pas dû.

Armée de son Holopen®, elle commença à tracer ses lettres dans l'air pour qu'ils soient retranscrits sur les écrans, mais après quelques mots indiscernables écrits sur le coup de la rage, elle balança son stylo sur le mur et celui-ci se brisa en mille morceaux. En dix ans de route, jamais ses collègues commerçants ne l'avaient vu dans un tel état. Ils essayèrent de la calmer, mais les mots glissaient sur elle comme les trombes d'eau glisse sur les feuilles du lotus. Elle exigea être mise en relation immédiate avec le dénommé Petyr Baelish et ce devant les yeux de l'Assemblée. Si elle comptait jusque là sur son mutisme et sa discrétion pour prospérer doucement, il n'en était plus question. Si elle devait sortir de l'ombre aujourd'hui et à jamais, la commerçante le ferait sans hésitation. On lui signala que la communication était établie et elle explosa de colère.

Furieuse, la Voyageuse écrasa la console de l'holocommunicateur, coupant ainsi la liaison avec l'Assemblée puis foudroya du regard ses subordonnés. Elle allait prendre un bain. Et ils n'avaient pas intérêt à venir la déranger! Mais quel connard celui-là...

La Druidesse connaissait bien La Voyageuse et sa diatribe courroucée l'amusa au premier abord. Ensuite, elle sentit que son amie était vraiment dans la peine suite à l'offre du lord Petyr Baelish. Alors, elle la tira par la manche dans l'ombre d'un pilier.

Lâchant le bras de son amie, toujours aussi énervée, Azalée monta au créneau.

Puis elle éclata de rire.

L'hologramme de la Druidesse se retourna d'un mouvement souple vers la Commandante qui lui avait adressé la parole.

Azalée était toujours digne mais souriante en se tournant vers Lord Petyr Baelish.

Elle s'inclina et son hologramme s'éteignit sur un sourire épanoui.

Messire Baelish,

Puisque vous en appelez à mon intervention, je prends la parole à mon tour.

Si le message de la Commandante Voyageuse était indubitablement discourtois, vous ne pouvez vous plaindre que l'étalage continu de vos mœurs dissolues dans cette instance ait fini par vous attirer de solides inimitiés...

Admettez que ces dames soient choquées : il fut un temps où la simple promesse d'un chaudoudoux au détour de quelques lignes diplomatiques suffisait à faire rougir une commandante... Pour ma part, je vous reproche moins de culbuter la gueuse en notre compagnie que d'avoir fait rimer "réverie" et "vit" lors d'un récent concours d'éloquence.

S'il se trouve un Commandant ici qui souhaite réellement payer pour vous accompagner pendant vos chevauchées, parfait. En attendant, faites nous la grâce d'embellir vos interventions et tournez votre holo-camera vers la fenêtre, afin que nous puissions au moins contempler le paysage... Qui sait, peut-être pourrons-nous vous être utile, et vous avertir de l'arrivée de l'hiver?

Pour en revenir à votre sollicitation, il me semble que vous avez la langue assez leste pour vous défendre sans avocat. Nul doute que votre faconde suffira pour ce qui vous oppose à ces dames.

Si toutefois vous souhaitiez sérieusement vous attacher mes services pour la défense de vos intérêts, sachez que mon prix ne se calcule pas en leems, contrairement aux frivoles dont vous organisez les ébats. Voyez vous, Sire Baelish, je n'ai pas l'esprit de lucre... Je préfère l'échange de bons procédés. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à me contacter par MP.

Commandante Vareesa, je vous adresse mes hommages. Vous savez déjà l'estime dans laquelle je vous tiens.

Commandant Azalée, souffrez que je salue l'élégance de vos interventions. Espérons que j'aie l'occasion de vous donner une autre image de la gent masculine dans les cycles prochains.

Commandante Voyageuse, je vous souhaite la bienvenue. Votre entrée en matière était peu orthodoxe, mais comment vous en blamer? Il semble que ce soit la mode, ces derniers temps...

L'hologramme du chancelier Wurzel se manifesta sur la tribune de Sagesse. Chose plutôt rare, il semblait d'une humeur noire et son sourire crispé ne trompa personne.

À l'avenir, vous vous ferez un devoir de nous éviter ce genre de déplaisir quand vous vous présenterez en cette enceinte respectable. Dans le cas contraire, soyez assuré que moi, ainsi que les autres commandants hyper-conservateur sourire froid de cette assemblée, ne laisseront pas cette grande tribune être salie plus longtemps que nécessaire par vos débordements incongrus.

Stephen Wurzel

Chancelier de la république autoritaire librianne

Protecteur de Libria

Libria

Veuillez excusez cette utilisation inconventionnelle de l'holocom de l'assemblée. Mais c'était la manière la plus simple d'intervenir. J'ai oublié mon mot de passe...

Il était important que je vienne partager mon point de vue. Nombreux sont ceux qui s'en moquent, mais il y a le commandant au fond à droite, celui qui a fondé un culte basé sur mon existence, à qui je dois bien cela...