Azalée avait descendu les marches de l'hémicycle la tête haute. Elle s'était appuyée au pupitre des deux mains, ayant un discours des plus déplaisants à faire.

- Commandante Azalée! Ces propos ressemblent bien à ceux de votre espèce. Ceux-là mêmes qui viennent en cette assemblée pour nourrir la haine et les préjugés!

Pour favoriser le sectarisme et la démagogie! Or ne comptez pas sur un aveuglement de notre part, nous voyons clair en vous!

Tous ici savent que la république autoritaire librianne n'est pas une civilisation qui s'en laisse aisément compter! Hier encore, nous accusions les coups de boutoir de l'Éclypse et les provocations répétées du commandant Oracle. Et pourtant, loin de nous en être seulement sortis, nous en sommes sortis plus forts et plus déterminés!

Mais jamais nous n'avons abandonnées cette assemblée, ni notre désir d'ouvrir la voie des négociations et de la diplomatie avec tous ceux qui étaient prêts à se comporter en chefs d'états dignes de ce nom.

Hors, ceux-là mêmes qui se réfèrent à une certaine Sagesse et à un certain code d'honneur universel qui devrait s'appliquer à tous, viennent ici et tiennent des propos répétés inacceptables sur le compte de la république autoritaire librianne et du mien!

Voilà madame une attitude lâche et méprisable! Et c'est vous et votre clique pernicieuse, décidée à faire paraître tout le monde pour aussi méprisable que vous, qui faites pitié dans cette histoire!

Nous ne nous laisserons pas traiter de la sorte!

Et j'en invite à tous les chefs d'états dignes de ce nom à me rejoindre sur la voie de la Sagesse véritable! Laissez à ces affabulateurs leurs faux-semblants et joignez-vous à nous, librians et républicains authentiques dans notre combat pour une galaxie de Sagesse qui enfin portera son nom comme elle le devrait.

Une galaxie de Sagesse qui une fois ses vrais fils et filles réunis, ne souffrira plus ces calomnies haineuses!

Quelle déception... Quelle désillusion monumentale...

Commandants !

Savez-vous combien de temps j'ai attendu avant d'oser mettre les pieds dans notre Assemblée ? Le savez vous ? Une éternité, au bas mot. J'ai attendu parce que je me sentais indigne, insignifiant.

Je ne connais pas encore les coulisses de l'Assemblée, les tensions sous-jacentes. Mais quelles qu'elles soient, je suis déçu par vos comportements. Est-ce l'inactivité ? A vous de me le dire.

Peut-être bien...

Vous rendez-vous compte que les discutions dans cette assemblée se limitent à se lancer des noms d'oiseaux ?

Utiliser des mots comme poubelle, schizophrène, fou délirant n'est pas la preuve d'une sagesse quelconque.

Des faits ! Des preuves ! Un discours courtois et limpide, neutre, sans haine ne saurait que plus me toucher que vos textes emplis de malveillance. C'est bien simple, quel que soit les tords dont vous accusiez l'autre partie, votre agressivité me rend imperméable à votre discours.

Pour l'instant, rien de constructif. Des reproches vaguement énoncés. Sans ce minimum de clarté, vos allocutions ne sont qu'offenses et ne reçoivent en réponse que d'autres paroles blessantes.

Dialoguez, échangez! Vous combattre avec style ne fait pas avancer les choses ; il est temps que tous vous reveniez aux valeurs premières de cette Assemblé.

Moins de chichi, aller directement à vif du sujet. Si vos figure de style ne servent pas le message mais plutôt à rivaliser entre vous, il est peut-être temps de remettre en question votre dite sagesse.

Une petite fille apparut à l'Assemblée Galactique. Ses yeux argentés affichaient son appartenance aux choisis. Même sans cela, le grand sourire qu'elle arborait suffisait généralement à montrer qu'elle n'était pas une Gardienne.

"Commandant Magnus, nous appuyons votre bon jugement. Les insultes et les remarques négatives n'ont jamais rien apporté de bon. De la même façon, s’emporter et fermer le dialogue dès que quelqu’un parle n’est pas une solution ! »

Elle gloussa, et la retransmission se coupa sur la petite fille qui tirait la langue aux Commandants présents.

Le réflecteur holographique de la salle reçut un signal éloigné ; celui de la Confédération Rouge. Dragunov s'intéressait vivement à ces disputes, or les archives semblaient si éparpillées qu'il ne parvenait pas à tirer l'affaire au clair. Il décida donc d'intervenir en personne ; c'est sur ce que son image apparut à l'Assemblée, qui jeta un silence morbide sur tous les débats qu'avaient provoquées ces interventions.

Il s'écoula une trentaine de secondes sans que personne ne comprît POURQUOI il ne prononçait pas un mot. Sa présence, bien qu'immatérielle, faisait planer une atmosphère pesante et désagréable ; on cherchait à éviter ce regard perçant qui circulait à travers l'hémicycle, l'air de dire silencieusement : « Maintenant, écoutez-moi » ; et on l'écoutait, on attendait qu'il se mît à prononcer une phrase, un mot, un son. Enfin il fit un signe et sa fidèle porte-parole vint apparaître dans le champ.

Azalée, sentant qu'elle devait répondre au Commandant Dragunov, revint au pupitre pour s'expliquer devant ses pairs. Au passage, elle flatta l'épaule de Kornord pour le remercier de son intervention.

Elle s'arrêta deux secondes pour se tourner vers Dragunov.

Elle se demandait comment allait réagir le "fou furieux". Allait-il mentir encore ou les assommer d'un discours soporifique et hautain ?

Honorables membres de l'assemblée,

Nous nous permettons de rompre notre récent silence suite à au discours du commandant Kornord, évoquant, je cite :

Les propositions Post-Singularistes ont peut-être été masquées par le bruit ambiant. Nous rappelons donc que notre assistance est ouverte aux peuples galactiques qui nous contacteraient. Notre volonté pacifique fait que cette aide exclut généralement l'aide militaire offensive, mais couvre l'assistance financière, le partenariat scientifique, et le soutien diplomatique en cas d'agression.

Sur ce dernier point, nous invitons la commandante Azalée à s'exprimer ici ou en privé sur ses inquiétudes. Qu'elle soit assurée de notre volonté de médiation, voire de soutien s'il apparait que son peuple est injustement traité. Cependant, initier un débat par l'insulte nous semble de nature à compromettre la résolution pacifique de son litige.