Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 10/11/1013 ETU 21:45 |
Score : 3
Détails
Dragunov et Dragunova avaient inspecté le défilé des Seconds avec une extrême attention. Les uns – plutôt les unes, puisqu'il n'y avait qu'un seul homme parmi eux – après les autres, minutieusement, détail par détail. Pour le Premier Confédéré c'était un défilé des horreurs, et il fallait qu'il fût parfaitement maître de son faciès pour qu'il épargnât à ses monstrueux invités l'expression de son plus profond écœurement. Il n'y en avait guère qu'une qui attirait son attention de manière positive, mais qui en même temps le répugnait encore plus que les autres ; c'était cette barbare, Karîtra, dont la soif de sang provoquait une pointe d’assentiment chez le chef de l’État Confédéré. Pour la Porte-Parole officielle de Monsieur Alexei, c'était de plus en plus intrigant ; et plus elle en voyait, plus elle avait envie de battre des mains tellement son appétit curieux était excité. Elle fut particulièrement comblée quand une petite créature à tête de bébé phoque s'adressa à elle avec toute sa mignonnerie. Mais la plus intéressante restait Téthys, tant pour elle que pour son maître. C'était elle la plus humaine, c'était elle à qui ils allaient s'adresser – au fond, les Seconds ne servaient qu'à décorer, à ce que son peuple tout entier fût représenté. Cependant il s'agissait de poursuivre. Elle se racla la gorge et enchaîna. « Monsieur Alexei et moi-même sommes ravis de faire votre connaissance plus avant. Vous semblez pleins de... particularités ; c’est fascinant, proprement fascinant ! » Dragunov, à ce moment, inspira un peu plus profondément qu'à l'accoutumée. On aurait pu ne pas s'en apercevoir, mais Alisa était programmée pour distinguer ce genre de signes. Chez son maître, le moindre changement pouvait avoir une grande importance – et c'était le cas, ici. Elle comprit. « Mais nous n'allons pas rester dans ce hangar, Kamarades Néréides ! Si vous voulez bien nous suivre ? » Elle pivota sur elle-même en tournoyant sur un seul pied, enthousiaste. Dragunov jeta un dernier regard fixe sur Téthys, perçant comme une aiguille, et prit la tête du cortège. La Garde Rouge fut prompte à se placer sur sa gauche. Téthys et son propre cortège se joignirent au groupe, la Commandante Néréide à la droite du Premier Confédéré ; et Alisa entre les deux, qui paraissait toute petite par rapport aux deux chefs alliés. Enfin, ils se mirent en marche et sortirent du couloir, déambulèrent dans les vastes corridors gris acier du vaisseau, drapés des étendards rougeoyants et bleutés, parés à certains endroits d’armoiries communistes en bronze. Quand ils croisaient des soldats ou des machinistes, ceux-ci se mettaient au garde-à-vous. Il y avait bien sûr des yeux effarés vers la troupe des mutants ; qu’est-ce que c’était que cela, qu’est-ce que cela venait faire ici, on ne leur avait pas dit que leurs Kamarades Néréides étaient aussi bizarroïdes ; mais au final ils se reprenaient bien vite en se souvenant de leurs consignes : faire honneur à leur Mère-Patrie en se comportant le mieux du monde. Certains poussaient le zèle jusqu’à sourire – c’était ceux qui, pourvus d’une âme d’explorateurs, étaient intéressés par l’exotisme ; mais ils étaient rares, ceux-là. À certains tournants, sur le chemin, ils trouvaient de larges fresques qui prenaient un mur entier, représentant des hommes, des femmes, et des soldats engoncés dans d’énormes armures brunes – différentes de celles des soldats du hangar qu’ils avaient quitté : les plaques semblaient pareilles à celles des chevaliers oubliés de l’Ancienne Terre –, maculées d’un sang qui les rendait rouges. Alisa commentait tout en marchant, ravie d’étaler ainsi l’histoire Confédérée représentée sur les murs : toutes relataient la Révolution de Krasnaya Zemlya contre l’ignoble Imperium Brun et l’Imperator Ivan XI, l’Ogre du Peuple. C’est ainsi que les Néréides apprirent que les soldats à l’armure barbouillés de sang étaient les soldats impériaux qui s’étaient rangés du côté de la Révolution et des Rouges ; et qu’afin d’être reconnaissables par les Kamarades, ces soldats, qui malgré leur soutien au Très Glorieux Peuple étaient rendus fous furieux par les drogues que leur administrait le régime impérial, avaient choisi de barbouiller leur armure avec le sang des soldats Bruns – c’était plus original que de la peinture. Et ils faisaient pleuvoir le feu sur les soldats impériaux, armaient les Kamarades Civils. Il y avait des fresques où tout était mort et ruine. Il y en avait d’autres qui montraient le triomphe des Kamarades. Beaucoup d’entre elles montraient Dragunov. Parfois au premier plan, en tenue de combat et armé, qui dirigeait une troupe entière de partisans ou égorgeait d’un coup de machette un soldat Brun ; parfois dans un quartier général improvisé, planifiant avec des Kamarades les prochains mouvements de troupes. Alisa était au comble de la fierté en détaillant ces peintures-là ; parce que tout était vrai : Alexei Dragunov était le digne Héros de la Révolution. Le cortège finit par arriver devant un grand sas, frappé du même bras et de l'étoile qui ornaient le drapeau Confédéré. De chaque côté, deux Gardes Rouges se tenaient droits comme des I, leur armure leur donnant l'air de machines. D'ailleurs les Néréides pouvaient se le demander ; ils ne parlaient pas, on ne voyait pas leurs yeux derrière leurs optiques écarlates, ni leur visage sous leur casque. Entre les deux, une hôtesse à l'air mal assuré – terrifiée par les deux gardiens de la porte. Ça faisait peur, un Garde Rouge. « Nous y voici ! fit Alisa d'un air enjoué ; avant de s'adresser avec un sourire à la fameuse hôtesse mal assurée. Ira, Irina, tu peux ouvrir la porte. »
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 12/11/1013 ETU 00:42 |
Score : 2
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Téthys examina avec intérêt et attention les fresques relatant l'histoire Confédérée. Tout ce qui touchait à l'histoire l'intéressait, et intéressait en général son peuple au passé obscurci par les Patriciens, et c'était de plus la première fois qu'elle pouvait les yeux sur des fondamentaux de la culture de ses alliés. Bien que pleines de propagande et de culte envers Dragunov - aspect qui l'inquiétait le plus. Un dirigeant sans humilité faisait un mauvais allié -, elle adorait les guerres vengeresses où la justice se couvrait de sang. Elles permettaient de se défouler sans compromettre ses valeurs! Elle avait elle-même mis fin à celle de son peuple en achevant les Patriciens sur Koiláda Khaos, et cet aspect commun entre les Néréides et les Confédérés lui serait peut-être utile. Elle observait à peine son homologue, pourtant proche d'elle, pour éviter le contact visuel. Les mâles dominants sont du genre à prendre peur et se braquer si on les fixe dans les yeux. La Commandante se promettait de commander une tapisserie sur la chute des Patriciens et de Valdefrik à la Flotte Indus quand le groupe atteignit la salle de conférence. Une hôtesse humaine aux cheveux jaunes les accueillit, coincée entre deux gardes silencieux. Téthys l'observa, intéressée de voir une simple Confédérée ordinaire, pas une militaire, pas une porte-parole, juste une femme. Celle-ci débita ce qu'elle devait dire avec difficulté, d'autant plus nerveuse sous le regard coloré de la Néréide. Cicatrices, la tête un peu carrée. Elle ne semblait pas particulièrement timide, mais elle tremblait, à la fois de peur, et d'excitation. Pour une fois, Téthys appréciait cette étonnement primal des humains à leur égard. Elle était émerveillée et effrayée, mais pas dégoutée. La Commandante laissa un moment ses yeux dans les siens, puis continua en regardant droit devant, ravie de son petit effet. Clairement une salle de commandement aménagée pour l'occasion, la vaste salle de conférence était teinte pour l'occasion. Les murs d'acier ornés de rouge - uniquement de rouge - comptaient deux bannières Néréides toutes simples comme seul ornement spécial. Guidée par l'hôtesse, Téthys entra dans la salle par une plate-forme surélevée en balcon qui surplombait un bon tiers de l'endroit - ainsi que les machines et les techniciens en travail perpétuel. Ce fut avec le même dégoût qu'il lui manifestait qu'elle se dit que Dragunov s'asseyait sur ses esclaves, mais n'aimait pas les regarder...deux escaliers longeant les flancs de la salle permettait aux entrants de descendre vers la table de commandement en demi-cercle installée au centre. Tout en acajou, elle encerclait un grand projecteur holographique militaire, inactif pour le moment et était bombée vers l'intérieur du vaisseau, de sorte que les intervenants puissent contempler... ...L'ESPACE! la Commandante détaillait tout, mais elle ne put bien vite plus détacher son regard que de l'immense baie vitrée qui terminait la salle de commandement. Les volutes des courants spatiaux aspiraient les yeux, et la planète paraissait si immense...son lent mouvement était écrasant, sublime, gargantuesque...à croire que sa lente rotation allait accélérer et accélérer jusqu'à ce qu'elle écrase l'univers. les Néréides s'étaient bien vite habitués à l'espace, mais Téthys avait toujours les yeux béants devant son immensité. Elle se promit de copier impérativement cette baie vitrée dans les plans de son prochain vaisseau. Conformément au protocole, elle descendit les escaliers de droite - réflexion et pragmatisme, hum... - aux côtés d'Alisa et Dragunov, et suivit l'hôtesse vers la table de commandement, mirée de partout par les techniciens, les soldats, les journalistes, les hôtes et hôtesses...un fauteuil imposant et complètement vantard trônait devant la baie vitrée, apparemment réservé au "chef", mais le Premier Confédéré prit place à droite de la table de conférence, devant un petit drapeau à ses couleurs posé dessus, avec Alisa à sa droite. Téthys prit son temps pour contourner la table, afin de mieux observer et se donner en spectacle, avant de s'asseoir à gauche de la table en face d'un drapeau Néréide, entourée des Secondes. Le meilleur fauteuil qu'elle ait jamais employé en étant émergée, un air pur pas trop irritant, la vue à la fois sur ses interlocuteurs et la planète si titanesque...c'est avec un léger sourire de contentement que la Néréide se pencha en avant, main gauche sur le kopsis et main droite sous son menton, pour dire : "- Impressionnant. La Confédération a du goût, c'est manifeste...nous apprécions peu les endroits émergés, d'ordinaire. Quand notre tour viendra de vous accueillir sur Koiláda Khaos, j'espère que vous apprécierez tout autant un monde immergé. Mais passons : êtes-vous prêt à commencer, Commandant Dragunov?"
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 14/11/1013 ETU 19:16 |
Score : 2
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Alexei s'assit, imperturbable dans sa posture militaire ; et toute sa clique politique et militaire en fit de même : Alisa à son côté, Jukov, Zû et Baranowski continuant l'arc de cercle après elle. Il s'était mis dans le siège qui faisait presque face à Téthys, face à l'espace. L'immensité noire comme de l'encre, piquetée de points blancs qui brillaient comme des guirlandes argentées ; et en-dessous, l'immense planète bleue où l'on devait à cette heure entasser d'autres cadavres, brûler d'autres piles de corps déchiquetés. Il accorda un regard aux cieux, encourageant silencieusement les Kamarades Soldats qui encourageaient dans leurs efforts volontaires le rayonnement de la Mère-Patrie des Travailleurs, puis passa finalement à son interlocutrice. « Mais passons : êtes-vous prêt à commencer, Commandant Dragunov? » Il se rappela que cette créature bizarre avait mentionné dans le hangar une coutume préparatoire, une cérémonie préliminaires dont les Néréides usaient pour chaque rencontre diplomatique. Il vit qu'elle porta la main à son étrange sabre. Voulait-elle l'impressionner ? L'effrayer en lui faisant présager la déviance de leurs rituels ? Bah ; on ne faisait pas fuir un Héros de la Révolution. C'est avec l'idée de triompher d'un défi qu'il accepta silencieusement ce que Téthys lui demanderait. Quelle que soit la difficulté. Il n'était pas un lâche. « ... — Monsieur Alexei dit qu'il consent à commencer. Avant cela, Commandante Téthys, laissez-moi... charger... » Devant ses yeux, Alisa vit défiler une foule incroyable de données, de caractères informatiques que son cerveau électronique interprétait à toute allure. Elle a-do-rait l'effervescence qui en résultait, ce fourmillement dans ses yeux, devant sa tête, dans tout son corps en fait. Elle pouvait bien paraître bizarre de l'extérieur, car rien, pas une lueur, pas un bruit de machine, n'indiquait pourquoi elle plissait les yeux et laissait pointer le bout de sa langue entre ses dents. « L'ordre... du jour ! Nous disions donc : échange des coutumes propres à nos deux peuples en gage d'amitié et d'alliance, discussion au propos de nos relations – diplomatiques, militaires, économiques, voire même culturelles – futures, préparation et ratification d'éventuels traités – ou établissement d'un agenda dans ce sens... oui, je crois que je n'omets rien. », dit-elle en se fendant d'un grand sourire. Dragunov approuva sans mot dire, et sans un geste. Bref : il n'y eut que sa porte-parole pour le comprendre. Il posa son regard perceur sur Téthys. Allons, dépêchons ; il s'embourberait s'il ne se passait rien...
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 16/11/1013 ETU 13:26 |
Score : 1
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"— Monsieur Alexei dit qu'il consent à commencer. Avant cela, Commandante Téthys, laissez-moi... charger..." La jolie porte-parole du Commandant Dragunov prit soudain un air étrangement vide et rigide, très étrange...ses informations étaient-t-elles relayées par une version Confédérée de la Vague? Les Patriciens n'y avaient jamais eu accès...les autres humains étaient peut-être différents...Téthys se promit de poser la question. « L'ordre... du jour ! Nous disions donc : échange des coutumes propres à nos deux peuples en gage d'amitié et d'alliance, discussion au propos de nos relations – diplomatiques, militaires, économiques, voire même culturelles – futures, préparation et ratification d'éventuels traités – ou établissement d'un agenda dans ce sens... oui, je crois que je n'omets rien. » Téthys se dit intérieurement qu'elle aurait aussi bien pu dire "Bien! Le motif de cette rencontre diplomatique est de faire de la diplomatie!" mais n'en dit rien. Elle se demanda à la place s'il convenait d'offrir les cadeaux diplomatiques maintenant ou bien commencer par la cérémonie...elle finit par prendre la décision de faire les deux en même temps. "- Cela me convient, porte-parole Alisa. Et en premier lieu, voici nos présents de notre peuple, en symboles de reconnaissance pour votre aide militaire." La Commandante alla elle-même - ce qui surprit quelques humains apparemment - prendre des mains d'une Myrmidonne deux paquets rigides, l'un long et fin, l'autre massif et rectangulaire, enveloppés dans de la soierie bleutée, pour venir les présenter devant Dragunov et Alisa - ne sachant pas auquel il convenait de les offrir. "- Si les Patriciens ont mis à mort vos citoyens et détruit vos symboles, ils ont pillé pour eux-mêmes votre culture et vos créations, que nous avons retrouvées par la suite. Nous en avons donc appris quelque peu sur vous, vos traditions, votre style et vos goûts. En symbole de notre futur coopération, j'ai commandé la création de ces deux présents, que vous puissiez constater la richesse de ce que peuvent faire les Néréides..." Téthys dévoila en premier le paquet long et fin, révélant un sabre recourbé dans un fourreau magnifique, recouvert de broderies écarlates et bleues sombres, qu'elle tendit à Dragunov pour lui permettre de l'examiner à loisir. Plus long que les sabres Confédérés traditionnels, sa ligne s'inspirait autant du style Sinéen que Slavianke, offrait une poignée en cuir rouge et un acier extrêmement fin dans la lame comme dans la garde. Celle-ci présentait une poignée, ornée d'un poinçon à la faucille et au marteau, coloré par du grenat. Un filigrane discret était gravé dans le métal de la base de la lame, dans un alphabet inconnu du Premier Confédéré, suivi du symbole des Cinq Flottes, comme une signature. पानी और आग लोहे की जाली "- Pānī aura āga lōhē kī jālī. "L'eau et le feu forgent le fer". Tout comme nous avons forgé l'armée qui a renversé Valdefrik." Alors que Karîtra se rengorgeait discrètement - c'était sa Flotte qui avait forgé le sabre - Téthys découvrit le second présent, qui s'avéra être un échiquier d'une taille impressionnante, aux mêmes couleurs que le fourreau. Les lettres étaient inscrites dans un alphabet que les Confédérés les plus cultivés pouvaient reconnaître comme le néo-grec qui avait supplanté le français dans quelques coins de la galaxie, selon les archives pré-apocalyptiques, et les chiffres étaient en slavianke. Lors de la confection du jeu, il avait été longuement débattu de savoir si les pièces devraient représenter d'un côté les Confédérés, et de l'autre les Néréides, ou alors si on devait unir Flottes et Confédération en un seul camp et faire du camp ennemi un mélange de brigands, de Patriciens et de Valdefrik. La première solution était plus esthétique, mais la deuxième envoyait un meilleur message diplomatique. Il avait finalement été décidé que puisque les échecs étaient bien des matchs amicaux entre deux joueurs égaux, la première serait favorisée. Les Rouges disposaient de versions miniatures des soldats Confédérées en guise de Pions, de leurs croiseurs massifs pour les Tours, de leurs unités terrestres rapides pour les Cavaliers et de beaux vaisseaux diplomatiques comme Fous. Les Néréides savaient que les humains aimeraient voir Dragunov comme Roi, et peut-être Alisa comme Dame, mais Téthys trouvait l'idée fort déplaisante...autant ne pas le complaire dans sa monarchie. Une figurine d'humain Confédéré aux traits génériques et au sexe ambigü, vêtu d'un mélange d'uniforme militaire et de tenues traditionnelles Slaviankes et Sinéennes, tenait lieu de Roi, secondé à sa droite d'une petite sculpture abstraite rouge vif représentant tous les symboles de la Confédération, en guise de Dame. Du côté des Bleus, les pièces étaient un peu plus étranges. Une Néréide générique faisait la Reine, et une sculpture symbolique le Damoiseau, en miroir des Rouges, mais les Pions étaient ici de petites frégates. Les Fous étaient également des vaisseaux diplomatiques, mais les Cavaliers étaient d'étranges soldats en combinaison pourvus d'appendices à mi-chemin entre les ailes et les nageoires. Les Tours en particulier étaient étranges, représentant des poulpes énormes à l'échelle du jeu, bardés de crocs et de tentacules effrayants. "- J'espère qu'ils sont à votre goût, Commandant Alexei. Si c'est le cas, alors ils seront des goûts que nos peuples partagent...si vous avez vous-mêmes préparé des présents, nous les recevrons avec joie, après quoi nous pourrons procéder à la cérémonie dont je vous ai parlé..."
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 27/11/1013 ETU 01:20 |
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Score : 2
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Dragunov était ce que l'on savait : un bloc de marbre. Pourtant, il eut en prenant l'épée une forte impression ; et bien vite il ne put en détacher son regard, ni s'empêcher d'entr'ouvrir les lèvres. Juste à peine, mais ce geste était empreint de toute la fascination qu'il éprouvait pour l'arme. Doigt par doigt, il agrippa la garde, et avec une douceur extrême tira le sabre se son fourreau. Il n'était pas épéiste – il ne savait manier qu'une machette –, mais même lui pouvait sentir tout l'équilibre, la finesse de l'arme. Et l'échiquier n'était pas en reste non plus en terme d'ouvrage – d'autant que, même s'il ne savait au fond comment prendre le fait que Confédérés et Néréides fussent l'un contre l'autre, il trouvait l'idée d'user sa propre armée pour écraser ces monstres-là plutôt satisfaisante. Bref : l'art déviant avait de beaux jours devant lui. Mais il n'était pas homme à se laisser ainsi aller dans la démonstration. Il rengaina, reprit sa mine hermétique, laissa le soin au personnel de réception de débarrasser les présents Néréides. Alisa les regarda partir avec regret. Au moins pourrait-elle en profiter pleinement une fois rentrés à Gorod Krasnyi, si Monsieur Alexei voulait bien lui accorder une partie de ces échecs somptueux. Elle remercia Téthys sans détacher le regard des objets qui partaient, si bien que son maître dut donner un infime coup de doigt sur son accoudoir pour la rappeler à l'ordre. « Euh... oui ! Nos brillants Kamarades ingénieurs ont mis au point quelque chose que, je pense, vous allez apprécier. Dodoï ? » L'appelé, un homme à la physionomie ridicule, vint trifouiller le panneau de commandes de la table réflectrice devant eux. Tous les Confédérés le regardèrent faire avec une grande curiosité amusée, à la grande surprise des Néréides : ils semblaient attendre quelque chose. Dodoï l'Ingénieur ravageur, qu'ils le surnommaient ; Dodoï, qui avait réussi à faire d'une bête tasse de café pleine une arme tueuse de machines. Dodoï, pourtant doué au point que personne ne pût lui discuter sa place auprès du Très Glorieux Kamarade Dragunov, avait à son actif plus de cinq-cent ordinateurs. Mais cette fois il s'en tira parfaitement – il n'avait pas de café à la main – : l'image d'un vaisseau de la forme d'un bateau apparut. C'était un ouvrage qui alliait masse et finesse, souplesse et dureté. Il rappelait les frégates corsaires, mais dépourvu de mâts et hérissé de canons. En poupe, un cylindre d'acier énorme ressemblait étrangement à un bélier. Et sous celui-ci, une figure de proue tout en métal, chef d'œuvre de Réalisme Socialiste Soviétique, représentait une femme humaine vêtue d'une toge, amée d'un trident et figée dans un cri de guerre. Farouche et guerrière. Violente, si violente qu'elle pouvait bien faire son petit effet sur un champ de bataille. De l'autre main elle portait un grand étendard qui semblait claquer au vent, sur lequel étaient écrits, en lettres écarlates qui semblaient dégouliner comme du sang, des mots dans l'alphabet Confédéré. По крови, для Людей ! Po krovi, dlya Lyudey ; « Par le sang, pour le Peuple ! ». « Kamarades, fit Alisa toute gonflée de fierté, surexcitée, Monsieur Alexei a l'honneur de vous présenter la frégate dite "Brise-glace" ! Construite sur Novaya Krasnaya Zemlya. Armée comme un croiseur... et tellement blindée que vous pouvez pulvériser les vaisseaux de taille moyenne et petite en fonçant dessus ! C'est de là que lui vient son petit nom. Oh et, elle est teeeeellement rapide ; bien plus que beaucoup de vaisseaux, car elle ne se fonde pas sur des systèmes de propulsion classiques : elle fonctionne à l'énergie NUCLÉAIRE ! Un grand cœur dont les réactions, tout en restant contrôlables, lui donnent une vivacité de buveur de Wodka ! Et puis cette poupe massive, elle peut être convertie en CANON ! Est-ce pas beau ? Du reste, les plans sont inachevés. Ou plutôt ; nous avons déjà bâti ce vaisseau de guerre, mais nous avons fait en sorte que vous puissiez le perfectionner avec votre propre technologie. » Dragunov n'était pas peu fier : ses ingénieurs avaient su allier la puissance brute Confédérée et une certaine souplesse Néréide ; ce n'était pas rien ! Mais comme à son habitude il n'en laissait rien paraître. Il pensait plus à ce fameux rite que ces bêtes sauvages allaient lui soumettre, obsédé qu'il était à cette idée de défi. Il toisa Téthys. Alisa quant à elle l'invita, du regard et du sourire, à s'exprimer, indiquant qu'elle avait fini et que la Néréide pouvait poursuivre.
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 28/11/1013 ETU 11:00 |
Score : 2
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Téthys avait regagné son siège, tout en observant attentivement Dragunov, constatant avec plaisir qu'elle avait pu un instant craquer sa froideur glaciale. En dépit d'une excellente mise en scène, ce n'était qu'un homme. Elle ne put cependant s'empêcher de détourner le regard de ce moment rare en apercevant la merveille que la Confédération avait générée par égard pour les Néréides. Toute la ligne était parfaite...parfaitement brutale, et elle adorait ça. Si elle devait bien reconnaître une qualité générale aux humains, c'était un certain génie pour la guerre...elle n'aurait jamais imaginé qu'ils auraient été capables de façonner un tel éperon, le travail était digne des meilleurs constructeurs de la flotte Atlantis - ce qui en rétrospective était quelque peu inquiétant - et la perspective de tirer sur un VAISSEAU à bout portant était une idée intéressante...et un engin nucléaire...le Capitaine Mastsya allait adorer ça. Téthys elle-même avait fort hâte d'aller le tester après le sommet...et voir ce qu'il y avait à changer. Ils ne pouvaient pas non plus construire une véritable technologie Néréide, c'était bien trop différent pour que la Confédération y parvienne...mais ils avaient pourvu au mieux pour rendre l'installation possible. La coque semblait présenter largement assez de place pour intégrer des unités d'humidification informatique de pointes, permettant de déglinguer n'importe quel vaisseau ennemi qui s'approcherait trop près...il faudrait des mats à la fois puissants et souples pour manier un tel engin...il y aurait sûrement la place de caser un Ancien pas trop massif, oui...et puis peindre la figure de proue en bleu...et puis des yeux sur le pourtour, pour effrayer l'ennemi, et... ...et Téthys se rappela qu'elle avait une rencontre diplomatique à mener, et qu'elle était resté silencieuse pendant deux énormes minutes. " - Remarquable. Vraiment remarquable. Nous la préparerons avec le plus grand soin, et à moins qu'on ne nous déclare à nouveau la guerre immédiatement, elle sera prête pour le combat au prochain conflit. J'ai hâte de l'essayer..." La Commandante quitta à nouveau son siège, sachant qu'elle devait à présent inviter Dragunov en personne à la Cérémonie, et prenant les dix secondes du parcours jusqu'à la baie vitrée pour y réfléchir...la première Cérémonie de Connaissance incluant un humain, de mémoire de Néréide...les mains croisées derrière, dos à la réunion, face vers la planète conquise, elle finit par se lancer : " - Comme je vous l'ai dit plus tôt, Commandant Dragunov, nous apprécierions que vous vous soumettiez à un petit rituel nécessaire à toutes les premières rencontres parmi nous...toutefois, si vous vous voyez dans l'incapacité de l'accomplir ou que c'est contraire à vos mœurs, je comprendrais...vous pouvez refuser." S'il se comportait comme un mâle dominant ordinaire, il était maintenant à peu près certain qu'il relèverait le défi. La Néréide se retourna vers lui : " - Nous accordons une importance extrême à nos fiertés personnelles, Commandant...et il est impossible pour deux créatures différentes de se comprendre tant qu'elles n'ont échangé de telles choses, ce qui n'est pas possible via du protocole diplomatique - pas que le protocole diplomatique soit mauvais, bien sûr. Quand deux Néréides veulent réellement se présenter l'un à l'autre, ils se soumettent à un complexe processus...verbal, à défaut d'un meilleur mot, pour donner chacun leur nom...et leur fierté avec. C'est ce que nous appelons la Cérémonie de la Connaissance...toutefois, cela appelle à des sens dont seuls les Néréides disposent, et nécessite de toute façon une grande aisance verbale...ce qui ne semble malheureusement pas être votre cas. Dans de tels cas, plus fréquents qu'on pourrait l'imaginer...on recourt à tout ce qui peut permettre une véritable présentation. Un combat au kopsis. Une course. De la lutte...une partie d'échecs. J'ai même vu une Cérémonie au bras de fer dans la Flotte Indus...quoiqu'il en soit, nous sommes tous deux les représentants de nos peuples respectifs. Il serait forcément apprécié que vous participiez à une Cérémonie avec moi, Commandant Dragunov...le choix est vôtre, ainsi que celui du moyen que nous emploierons." Téthys n'était pas mécontente de son petit truc...la cérémonie n'était pas si importante que ça, mais mine de rien elle en apprendrait plus sur la personnalité de ce bloc de glace, et le fait qu'il accepte ou non lui dirait si les humains étaient ou non capables d'adopter de véritables coutumes Néréides...
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 14/12/1013 ETU 02:59 |
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(HRP : Désolé pour la longue attente du post, mais les partiels et la difficulté de narrer ce que je vais narrer... z'avez compris ! Thème musical proposé : http://www.youtube.com/watch?v=a4BiaLUchRw => vous DEVEZ le mettre pasqu'il pose L'Ambiance avec un L' et un A majuscules. Genre du début jusqu'à la fin ; dommage que la lecture soit plus rapide que la musique... lisez lentement ! Plus sérieusement : bonne lecture !) « Pas une grande aisance verbale », la remarque le blessa. Lui, dont les mots suffisaient à mettre un interlocuteur mal à l'aise, être mauvais à l'oral ? C'était un vrai... affront ! Il n’était absolument pas gêné pour s’exprimer, il se voyait même comme un grand orateur quand il le fallait. Mais la parole était pour lui une donnée importante, réservée aux moments les plus vitaux ; une faveur, une arme ou une urgence extrême. À la pensée qu’elle devait sans doute essayer de lui arracher l’honneur suprême d’un mot, son regard se fit plus dur encore. La cérémonie revêtait tout d'un coup l'aspect d'une affaire personnelle, d’une injure à essuyer. Il jeta un coup d'œil à sa pupille. « Monsieur Alexei accepte, fit celle-ci avec une pointe d'inquiétude mêlée à de l’excitation dans la voix. La vexation de Monsieur Alexei lui faisait peur ; mais une partie d'échec était quelque chose qu'elle adorait regarder. Puisque vous lui faites l'honneur de lui laisser le choix... il vous fera celui d'essayer votre jeu d'échecs ! » Et pendant que les hôtesses ramenaient le plateau en masquant un soupir de « faudrait savoir ! », Alexei rectifia dans son esprit. Il n'allait pas lui faire l'honneur d'essayer son jeu – il allait lui faire celui de l'écraser devant toute sa clique. Et puis, avec du recul, il se dit qu'une partie lui permettrait de se détendre : il adorait les échecs, la stratégie qu'il fallait déployer pour l'emporter... et surtout, quoi de mieux pour déceler les failles de son adversaire ? Cependant, les deux leaders savaient bien qu’ils n’avaient pas tout le temps devant eux : on régla la partie de sorte à ce que chacun disposât d’un temps de dix minutes. Téthys prenait les Néréides et lui, les Confédérés. En diplomate il lui concéda l’honneur d’ouvrir – la bataille avait commencé ! Très vite les pièces capitales, Dames et Rois, furent dégagées et le centre protégé par une ligne de défense. Les Cavaliers, les « Soldats à nageoires » Néréides, commencèrent à arpenter le champ de bataille. Ils harcelaient, piquaient sans attaquer. Guettant la moindre occasion de frapper tandis que le Rouge mettait un de ses propres Cavaliers, à l’effigie d’un tank, en position. Brusquement la ligne défensive se rompit et tout alla vite. Des soldats Confédérés chargèrent, forçant les mutants au combat direct. La riposte ne se fit pas attendre mais la voie est désormais ouverte ! Le Tank Rouge, fonça jusqu’au camp Néréide : la menace fut sur le royal perron. L’équipage applaudit ce coup d’audace, et le Général Jukov sourit en coin, défiant une des Secondes Néréide, la barbare à la soif de sang, de son regard narquois. Le Fou était à portée de tir, le Roi était non loin. Bien joué. Mais Téthys, sans même songer à un repli défensif, continua de s’enfoncer dans la défense Rouge avec sa Reine. Tant pis pour le massacre qui s’ensuivit ; le jeu en valait la chandelle… « Échec. » La phrase tomba comme un lourd son de cloche. C’était suicidaire, c’était trop audacieux… mais c’était imparable, tellement que les applaudissements se tournèrent cette fois vers Téthys : les Secondes et l’équipage saluaient le coup d’éclat. Les officiels communistes avaient tous des têtes d’enterrement – certains étaient même cireux. Alisa suivait la partie avec intérêt, avec autant de facilité qu’elle faisait appel à ses fonctions de calcul – Monsieur Alexei ne pouvait pas prendre cette maudite Dame qui menaçait et son Roi et son Fou, et il avait perdu l’initiative. Mauvais… elle regarda le chronomètre : il lui restait une minute de plus que Téthys, qui en avait quatre et demie. Elle avait certes pris le pas sur lui, mais il pourrait peut-être essayer de l’avoir sur le temps ! Le Roi alla se réfugier au seul endroit hors de portée, une case plus loin. Mais c’était sans compter ce maudit Soldat à nageoires ! « Échec. » La Seconde narguée plus tôt rendit son sourire à Jukov, un laaaaarge sourire qui semblait demander qui était le patron. Le militaire serra les dents, les officiels se passèrent les mains sur les arrêtes du nez, en intense panique intérieure. Que feraient-ils si le Très Glorieux Kamarade perdait ? Et ce équipage qui avait l’air de s’en foutre ! Ah ! eux ne voyaient qu’une partie d’échecs ; mais c’était bien plus que ça : c’était le sort de la Mère-Patrie, le prestige du Chef Génial, des Forces Vives du Prolétariat… bon, d’accord, c’était surtout leurs têtes menacées si le Très Glorieux Kamarade se vexait de sa défaite ; mais ça revenait au même, pas vrai ? Dragunov était bien loin de tout cela. Son regard froid balayait le plateau à la recherche d’une opportunité, de quelque chose qui pourrait débloquer la situation. Là, c’était juste là sous son nez. Elle avait commis une erreur. Alisa le gratifia un petit sourire et d’un clin d’œil complice ; et elle crut voir, transportée de joie à cette idée, un imperceptible soulèvement du coin de la bouche de son maître à son encontre. Il avança dangereusement son Roi vers le Cavalier qui le menaçait, resserrant un étau que Téthys ignora en préférant poursuivre l’attaque… à tort. Le Soldat à nageoires tomba et la situation s’inversa. Le désavantage était clairement du côté Néréide qui n’avaient plus assez de forces. L’équipage rit éparsement et applaudit unanimement. Seule au milieu des hôtesses, Irina, qu’on avait perdue de vue au fil du récit, fit son retour dans le texte en portant les mains à ses lèvres, prise d’une bouffée de fierté. Sacré Kamarade que cet homme-là. Téthys se mordilla la lèvre inférieure – il ne lui restait que la tactique pour survivre. Quelle erreur elle avait faite ! et pas que celle-là ; elle avait laissé ce Tank entrer dans ses fortifications et semer la destruction, elle avait perdu le Roi… non, pas tout à fait. Mais c’était tout comme. Et le temps filait à toute vitesse… trois minutes ; mais le Roi n’était pas perdu pour autant. Elle l’aligna avec un Croiseur Confédéré proche à l’aide d’un léger déplacement de sa Reine, serrant à son tour l’étau. Dragunov fronça intérieurement les sourcils. Le Roi de Téthys était en vue, et il ne manquait qu’une paire de déplacements pour l’atteindre. Mais le piège qui se refermait sur lui, et dont il avait une ultime chance de se dégager, il l’avait bien vu. Que faire… il se pencha en avant et caressa la cicatrice qui lui barrait les lèvres : que faire, que faire et que faire. Si cela se trouvait, elle n’avait pas vu qu’il ne pouvait pas s’échapper et pensait son piège encore imparfait. Si cela se trouvait il pourrait mettre le Roi en échec en jouant ce coup. Si cela se trouvait elle aurait peur du coup qu’il jouerait et aurait la prudence qu’il n’aurait pas s’il ne sortait pas son Roi de ce guêpier. Celui-ci était effectivement coincé : un Pion le menacerait s’il montait au Nord, son propre Soldat lui bloquait la fuite, et il était acculé contre son Fou. S’il ne bougeait pas, la Reine Néréide se mettrait à une case d’intervalle du Roi et serait protégée par une pièce… et il restait deux minutes à Téthys. BAH ! c’est en forçant le destin qu’on remporte une victoire ! et ce fut sur cette ultime pensée qu’il déplaça son Tank, qui était, rappelons-le, dans le camp Néréide. Qu’il ne fit pas bouger son Roi. « Échec et mat… Commandant Dragunov. »
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 20/12/1013 ETU 17:23 |
Score : 2
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La victoire. S'il y avait une chose que Téthys aimait, c'était la victoire. Ainsi que briser des arrogances. Et prouver sa propre force. Pas exactement des choses toujours très nobles, mais son orgueil s'enflammait à chaque fois, et elle dut faire un certain effort pour se limiter à un simple sourire face à la mine déconfite des généraux de Dragunov, et à la mine d'enterrement de celui-ci même. Il n'avait pas changé d'expression du début à la fin - il ne changeait jamais d'expression - mais il était évident qu'il se sentait mouché. Reprenant vite sa contenance, Téthys se dit pendant qu'on rangeait l'échiquier qu'elle était peut-être allée un peu loin. Les mâles dominants des Humains pouvaient réagir très mal quand on remettait leur suprématie en cause...mais ils étaient aussi de grosses épines dans le pied si on les laissait faire ce qu'ils voulaient. Oui, elle avait bien fait de ne pas le laisser gagner. Et de toute façon, elle avait ce qu'elle voulait : un aperçu de qui était Alexei Dragunov. Elle n'avait demandé de Cérémonie que pour ça : le cerner. La Néréide avait fini par trouver une raison possible à son mutisme : une défense politique. Le moindre discours est une offensive, le moindre mot une botte, mais c'est en dégainant sa lame qu'on se met en danger, et qu'on risque de se voir piqué soi-même. Grâce à Alisa, il pouvait s'exprimer sans pour autant s'exposer, et seuls les fantasmes, les constructions et les symboles resteraient au monde extérieur pour lui faire imaginer qui il était...il ne faisait aucun doute que cela faisait au moins un peu peur à tous ceux qui l'avaient observé, et se demandaient ce qui se cache derrière sa froideur et son mystère. Une habile stratégie, elle devait le reconnaître. Cette partie d'échecs lui avait permis de percer un peu le voile. Il suffisait de regarder sa façon de jouer avec un œil un peu éclairé, et ça devenait clair...elle avait désormais largement confiance en ses possibilités d'y gagner beaucoup dans ces négociations. En réalité, Alexei Dragunov était... " - Bon bon ! On a bien joué à votrre Cérrémonie, maintenant il s'agirrait de passer au vérritable trravail...Madame!" Un général Confédéré qui semblait avoir déjà ouvert la Wodka avait interrompu ses pensées. Il reçut d'elle et de Dragunov deux regards noirs qui le firent taire immédiatement. Il avait buté sur le "Madame", en retenant un terme plus...vulgaire. Le contentement de Téthys devint une colère sourde, qui montait un peu plus à chaque preuve que les Confédérés étaient des tyrans de plus, pas bien différents des Patriciens... " - Effectivement. Je suis reconnaissante au Commandant Dragunov de s'être prêté à nos usages, et je ne retarderais pas le début du sommet plus longtemps. J'ai pour commencer une proposition de flux permanent des ressources entre nos deux nations." Téthys indiqua au Second Tagaroa de faire passer les chiffres à chacun des écrans personnels de la table de réunion. " - Le fondement de toute coopération est de faire pour l'autre ce qu'il ne peut faire lui-même, afin qu'il fasse de même en retour, et je vous propose que nous procédions ainsi pour nos besoins communs en métaux et en énergie, Premier Confédéré. Nous savons que votre production de métal est particulièrement efficace, d'abord grâce à un nombre important de planètes désertiques, et ensuite par vos nombres et un régime de travail que certains de vos ambassadeurs ont appelé..."Stakhanovisme", si je ne me trompe pas. Une simple démarche de travail productive ne suffirait pas à provoquer un écart suffisant entre nos productions respectives pour le genre de marché que je peux vous proposer en temps normal...mais voyez-vous, nous sommes mal adaptés aux planètes désertiques, tout simplement. Moins que les Humains en tout cas. Nous favorisons les luxuriantes, les glaciaires et les tempérées. Nous avons donc un handicap au niveau de notre production de métal que vous pouvez nous aider à combler! Et en retour..." Tagaroa fit passer de nouveaux chiffres, tandis que les généraux Confédérés se gargarisaient et qu'Alisa souriait à entendre le résultat du "Glorieux Travail des Ouvriers Patriotes". La vanité des généraux fut remplacée par de la surprise : "...de l'énergie. Comme je l'ai dit, nous avons beaucoup de planètes luxuriantes, et surtout, nous avons une technologie clairement différente de celle de la majorité des peuples de Sagesse, en raison de notre mode de vie. Nous aurons l'occasion d'en reparler, j'en suis certaine, mais l'important ici est que nos océans abritent de TRES grandes quantités de centrales hydrauliques, non polluantes et rentables par leur nombre. Elles exploitent non le courant de simples rivières ou fleuves, mais celui des fonds marins! Je vous laisse imaginer la différence. Pour des Humains, elles seraient un cauchemar de maintenance, d'entretien et tout simplement d'emploi, vu qu'elles se trouvent très loin sous la surface, mais pour nous ce sont des usines comme les autres. Nous avons donc la possibilité de produire bien plus d'énergie que les Humains grâce à ça, et cette énergie excédentaire est ce que nous vous proposons en échange de votre métal, que ce soit en vous la transférant, ou en installant des centrales Néréides sur vos planètes pour un coût moins important. Ça peut être intéressant de laisser les populations se rencontrer... Qu'en pensez-vous, Commandant Dragunov?"
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Cdte. Aryakis
Respect diplomatique : 3524 23/12/1013 ETU 01:27 |
Score : 0
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Ce message a été supprimé durant la partie.
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 18/01/1014 ETU 02:49 |
Score : 5
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La défaite. Un terme si lourd que Dragunov exécrait... d’habitude. Mais curieusement, il ne se sentait pas humilié, et il avait pu gagner un contentement – celui de s’être bien battu. La défaite n'avait pas pour lui cette saveur de honte lorsqu’il se montrait capable d’arracher des sueurs froides à son adversaire. Bien sûr, ça ne marchait pas dans l’autre sens. Bien battu ou non, son adversaire défait demeurait un sale perdant. Qui plus est, il avait pu obtenir de précieux renseignements sur la personnalité de Téthys en observant bien sa manière de jouer – ce qui était en somme le but de la cérémonie. Malgré ses assauts brutaux, peut-être même autant que les siens, elle portait ses plans à un degré de réflexion étonnant, ce qui la rendait d’autant plus redoutable qu’elle ne jouait ordinairement pas selon les impulsions. Mais il avait pu voir que, pressée par le temps et les coups de son adversaire, elle avait fait des trous béants dans son jeu. En fait, sa grande faiblesse semblait être... « Bon bon ! On a bien joué à votrre Cérrémonie, maintenant il s’agirrait de passer au vérritable trravail... Madame ! » Un « Madame » substituant une insulte. Dragunov et Téthys lancèrent conjointement un regard noir dans la direction du petit malin qui osait souiller la diplomatie Confédérée. Kamil Baranowski, l’Amiral de l’Armada Rouge. Il avait ouvert la Wodka sans attendre son ordre et voilà qu’il insultait la délégation Néréide ?! Le fautif fondit sur-le-champ sur son siège comme une glace dans un four, tétanisé par ces deux paires d’yeux chargés de tout le « Répète pour voir? » du monde ; plus particulièrement par ceux du Très Glorieux Kamarade: ils lui disaient silencieusement qu’il avait droit qu’à une seconde et dernière chance pour toute sa vie – ou plutôt qu’à la moindre autre faute il serait envoyé sur Zemlya Obettovannaya du mauvais côté de la clôture sans aucun espoir de rentrer dans sa datcha. Enfin... il y avait plus important à penser. Téthys lui faisait une offre alléchante. Un échange somme toute équitable qui avait l’avantage de combler leurs lacunes énergétiques. Du métal – il ne put s’empêcher d’éprouver une fierté sans bornes lorsqu’elle parla des réussites des Kamarades Ouvriers et du système de production stakhanoviste – contre la précieuse denrée qui faisait tourner toutes les installations Confédérées, ça n’était pas mal du tout. Il y avait un seul bémol à ce plan de coopération. « Monsieur Alexei se voit vivement intéressé... commença Alisa avec un grand sourire, jetant un œil vers son maître pour prendre la suite sur son visage inexpressif. Nous pouvons vous fournir gracieusement : nos mines produisent à un rendement sans égal ! Enfin... pour peu que vous ayez de quoi compenser en énergie, bien entendu. La base de toute coopération est l’équité ; sans quoi elle ne tient pas, car elle est atteinte dans son essence même. Voyez ? » Elle croisa les jambes et s’enfonça un peu plus sur son siège, pour figurer une humaine qui cherchait le confort ; et elle mit une certaine aisance navrée sans son ton, qui devait paraître si honnête – et pour cause, elle l’était – qu’elle devait désarmer les froncements de sourcils qu’elle prévoyait chez ses interlocutrices à l’écoute de ce qui allait suivre. « Néanmoins, nous allons nous en devoir nous en tenir aux transferts. Nous ne nous estimons pas encore prêts pour vous accueillir sur nos mondes, dans nos eaux. N’y voyez pas là une quelconque marque de méfiance xénophobe, Kamarade ! s'empressa-t-elle d’ajouter. La Confédération laisse ces idées-là aux fascistes de tous bords. Nous estimons simplement que pour que nos deux civilisations puissent un jour coopérer sur leurs sols respectifs, ailleurs que sur les docks de nos spatioports, nous devons avant mieux nous connaître. » Le message, embaumé au maximum, était qu’Alexei ne voulait pas d’échanges entre les populations. Qui savait ce que ces dégénérées pouvaient apporter comme idées néfastes à son Grand Peuple ? Ils sortaient d’une guerre civile provoquée par des idées déviantes. Hors de question de porter les nouvelles germes d’une infection idéologique. Si échanges directs il devait y avoir, ce serait... « Bref, la Confédération Rouge accepte avec joie votre proposition de transferts mutuels ! La meilleure base pour une coopération entre peuples qui ne se connaissent que peu est é-co-no-mique. » Alexei jeta un œil vers la planète en contrebas. À cette heure l’Armée Rouge achevait sûrement de brûler les charniers. Les monceaux de corps des déviants de Valdefrik. Il prévoyait de faire d’Aldebarande un monde neuf. Une idée germait dans son esprit. Oui, un monde vierge dont les populations auraient été déplacées et remplacées. Un monde-symbole, symbole de... on aborderait le sujet plus tard. Alisa discutait toujours. Un coup d’œil de temps à autres vers le visage de Dragunov, sa physionomie, son corps entier lui disait ce qu’elle avait à dire. Ça venait tout seul ! « Nous pourrions même aller plus loin, Kamarades. Monsieur Alexei – regard appuyé sur les généraux, qui froncèrent les sourcils – a noté vos capacités militaires et les a grandement appréciées. Les Flottes Néréides ont été absolument fantastiques, prodigieuses même, dans les efforts de sape sur Valdefrik ! Nous pourrions leur apporter ce qui leur manque... la puissance de frappe. L’Armada Rouge frappe fort. Très fort. Votre nouveau “Brise-Glace” en est le symbole vivant. Nous pouvons coopérer dans ce sens aussi, si vous estimez avoir quelque chose à nous apporter. » Elle eut un grand sourire tandis que Dragunov reportait son regard sur chaque représentante Néréide, glissant de l’une à l’autre avec une lenteur serpentine. « Et Monsieur Alexei ne doute pas que vous avez quelque chose à nous apporter ! »
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