Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 26/10/1013 ETU 14:59 |
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(Ce RP va porter sur une rencontre diplomatique entre les peuples Néréides et Confédérés. Comme il a débuté avant ce topic,durant quelques posts nous allons, Téthys et moi, poster ce que nous avons fait en Com-X il y a plusieurs cycles, ce afin de poser un contexte compréhensible. En gros, ce qui s'est passé jusqu'à la rencontre qui va avoir lieu s'est déroulé sur plusieurs cycles ; et même il y a eu, comme vous pourrez le lire, plusieurs autres cycles avant même le premier contact avec les Néréides. Je signalerai quand il ne s'agira plus de Com-X et que nous entrerons dans le vif du sujet. Bonne lecture, en tout cas !) Ier Com-X Confédéré : Une planète envahie. La nouvelle sonnait comme un coup de marteau sur les doigts. La toute jeune Armada Rouge sillonnait le Système pour rallier, de gré ou de force, le plus de populations indépendantes – qui ne savaient pas encore que leurs intérêts réels se plaçaient dans le giron bienveillant de la Mère-Patrie Confédérée – possible ; et cette planète, tout juste prise à la sueur de son Glorieux Front, venait d'être saccagée et envahie de nouveau. Le signal de détresse des quelques troupes postées sur place résonnait sans plus guère de personnes pour l'émettre : ils avaient été tous massacrés. L'État-Major était au comble de l'angoisse : ils s'étaient réunis au grand complet ; les Amiraux, les Généraux, les Commandants et les Maréchaux, tous autour de cette grande table. Et, au bout de celle-ci, leur redoutable et génial Cher Dirigeant accompagné de sa Bouche. Ils le craignaient et l'adoraient à la fois ; ils reconnaissaient en lui une force de volonté qui les faisait pâlir, et en même temps ils connaissaient, car ils avaient fait la Première Révolution à ses côtés, sa maîtrise des choses militaire. Alexei Dragunov. « Très Glorieux Kamarade, l'Armada Rouge est en chemin pour écraser ces vermines. Nos planètes périphériques se tiennes mobilisées comme vous l'avez ordonné. Et les rapports des surveillances planétaires devraient arriver d'une minute à l'autre. » L'Amiral Jukov, car c'était lui qui s'était adressé au Vojd, se tordait les mains d'anxieuserie. Sa voix était mal assurée et il peinait à ne pas bégayer. De la sueur perlait sur son front. Il savait en effet ce qu'il risquait si jamais ce qu'il avait à dire contrariait, de quelque façon que ce soit, le Chef Génial. Car bien qu'il eût été de ses amis, Jukov avait été battu par les rebelles lors de la guerre civile qui avait entraîné la fuite des Rouges Dragunovistes à travers l'espace. Et ça, Alexei ne lui avait pas pardonné. « Une chance. », lui avait-il dit de sa voix plus froide que les vents de Sibérie. L'Amiral, s'il avait été plus que reconnaissant de cette faveur accordée, était constamment terrorisé par l'échec potentiel qu'il voyait désormais partout. Et il n'était pas seul dans ce cas. Soudain un signal retentit. Les rapports des systèmes de surveillance de la planète. Dragunov fit apparaître l'écran de l'ordinateur holo-tactile devant lui, et laissa échapper une expression de surprise. Lui, qui ne variait jamais, toujours constant dans la dureté impassible de ses traits, venait sous l'œil médusé de ses officiers de laisser exprimer son étonnement. Les choses devaient être ou extrêmement graves, auquel cas des têtes allaient tomber, soit extrêmement... bizarres. Alisa, elle, malgré tout l'effarement dont elle faisait preuve de voir son maître ainsi changer de visage, avait compris : n'avait-elle pas été créée pour comprendre ce qu'il disait silencieusement ? Et la nouvelle était à la hauteur de cette variation : incroyable. « M... Monsieur Alexei dit... c'est inouï... » Les généraux brûlaient d'impatience, mais n'osaient réclamer une suite qui tardait à venir. « Je... Monsieur Alexei dit que les envahisseurs ont été repoussés... » Exclamation de surprise. Alisa se remit de son émoi, et se racla la gorge. « Une seconde flotte a déferlé sur la planète et a exterminé nos ennemis jusqu'au dernier. Il n'en reste plus un. » La surprise laissa alors place à la réflexion, car ces militaires avaient le sang-froid du métier. On se mit à échanger intensément. Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Il était évident que tout ceci n'était en fait qu'une traque. Ce peuple était-il donc belliqueux ? L'État-Major se scinda très vite en deux : on avait les partisans d'une revanche aussi prompte que brutale pour ramener la planète sous le giron du plus parfait des communismes ; et on avait ceux de la mesure, qui pensaient qu'il valait mieux voir à qui on avait affaire avant de l'exterminer. Mais si on attendait trop, ces arrivés impromptus risquaient de s'étendre et de porter la guerre sur la Confédération nouvellement recréée. Mais si on les écrasait, on risquait de priver le tout jeune État des alliés qu'il lui fallait. Ce fut Dragunov, qui avait retrouvé son légendaire sang-froid, qui trancha. Une main levée imposa le silence, qui se fit aussitôt. Un regard vers Alisa lui intima d'activer le réflecteur holographique présent dans la salle. Ils allaient voir.
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 26/10/1013 ETU 14:49 |
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Suite du Ier Com-X Confédéré : L'image de la petite robote apparut aux gens incongrus qui avaient sauvé – ou condamné – leur planète. Elle s'était mise dans un tailleur décolleté, blanc, ceint de rose, qui moulait sa taille et sa petite poitrine. Une paire de gants blancs et de bas noirs, des bottines assorties aux mains, et, surtout, sa petite fierté ; le raz-du-cou que Dragunov lui avait offert en lui intimant sévèrement de ne le dire à personne, auquel pendait glorieusement une étoile rouge qui semblait du verre – mais qui était un matériau créé spécialement à des fins de joaillerie, qu'on avait appelé la Dragunovska. Bref, c'était sa tenue pour ses apparitions officielles ; mais elle était spécialement étudiée pour à la fois sembler sobre et mettre sa joliesse en valeur, faire ressortir le rose de ses cheveux, le vert de ses yeux si expressifs, sa frimousse si humaine. Il fallait qu'elle plût. Surtout pour la charge qu'elle avait à mener, là, tout de suite. Elle allait apparaître, sans son maître qui voulait faire la meilleure impression possible, et parler à ces gens. Son image apparut sur les réflecteurs holographiques des mystérieux destinataires. « Nouveaux venus dans notre bon Système 11, je vous salue très bas ! – elle s'inclina respectueusement sur ces mots. Je suis Alisa Dragunova, porte-parole officielle du Très Glorieux Kamarade Alexei Dragunov, qui est le Premier Confédéré de la Confédération Rouge. Nous sommes une union confédérale de Républiques, rassemblés sous l'égide de Monsieur Alexei suivant la Vraie Voie du Socialisme. En d'autres termes, nous sommes un État Communiste. Le plus libre et le plus parfait de la Galaxie, oui ! Je viens vers à vous, chers Kamarades hypothétiques, pour une affaire très curieuse... on a du mal à comprendre chez nous. Il se trouve que la planète sur laquelle vous êtes est une de nos Républiques, fraîchement ralliée à notre Glorieuse Cause. Nous venons d'être assaillis par une flotte que nous ne connaissions absolument pas ; elle a fondu sur nous comme une nuée de sauterelles et a éliminé toutes nos troupes en surface. Nous pensions riposter aussitôt... et puis vous êtes apparus, Kamarades inconnus ! Nos rapports indiquent que vous avez balayé nos agresseurs comme un tsunami sur une ville, c'est... aussi incroyable que soudain ! » L'étonnement, marqué d'une pointe d'enthousiasme, fut tempéré par une note de doute craintif dans sa voix. « Mais, Kamarades... venez-vous en amis ou ennemis ? D'où ? Et surtout, qui êtes-vous ? Notre Nation Radieuse et son Par Cent Fois Très Glorieux Peuple se posent nombre de questions. Des femmes et des enfants, instruits de la nouvelle, attendent inquiets le dénouement de l'histoire. Seront-ils déçus de trouver en vous des adversaires guerroyeurs, auxquels l'Armée Rouge devra faire face sur chaque pouce de terrain ? Ou pourront-ils laisser éclater leur joie immense de recevoir des alliés au sein de leur Système-Mère ? Nouveaux venus si mystérieux, nous attendons, Monsieur Alexei et toute la Mère-Patrie derrière lui, votre réponse. Doswidanye ! » Ça y était. Elle s'était surpassée pour ce discours-ci. Qu'allait-il se passer ?
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 26/10/1013 ETU 14:52 |
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(Premier com-x Néréide) La Commandante Téthys était heureuse. Une joie simple qui lui emplissait le cœur et la tête, qui la faisait sourire à elle-même jusqu'aux oreilles. Elle ressentait la joie de la victoire ! Et pas n'importe quelle victoire, une première victoire, historique ! Flottant en tailleur dans sa cabine immergée, elle contemplait « sous » elle une immense sphère de bleu et de rouge, très abstraite, jolie avec ses champs de bataille encore embrasés et mourants, mais vide de sens...ce n'était pas ce qu'elle voyait qui la mettait en joie. L'eau de sa cabine résonnait sans fin de Bulles qui faisaient éclater dans ses ouïes les vivas de chaque soldat exalté, là-dessous, en train de célébrer son propre triomphe. Ce n'était pas la première fois qu'elle menait une bataille contre les Patriciens, mais elle n'avait jamais affronté que des restes disparates de leurs survivants. C'était du nettoyage, pas de la guerre. Là...sa voix avait traversé un monde et avait pulvérisé les anciens assassins sur son passage ! C'était comme une première chasse ! Cette planète serait le premier nouveau comptoir spatial, on pourrait envoyer les Flottes n'importe où et revenir, naviguer sur les étoiles...Elle se sentait aussi joyeusement couverte du sang de ses ennemis que chaque soldat sur cette grande boule bleue... Des perturbations commencèrent à émettre dans l'eau de la cabine, interrompant le triomphe silencieux de Téthys. La perle-relais faisait vibrer cinq signaux. Les Capitaines Expéditionnaires voulaient partager leurs félicités. La Commandante les laissa émettre un peu, profitant quelques instants de plus, puis pressa doucement la perle-relais pour permettre aux signaux de se solidifier dans l'eau. Les cinq dirigeants des Flottes Néréides lui apparurent, tous aussi ravis qu'elle, et elle tapota de l'ongle sur la perle pour concentrer leurs attentions, avant d'ouvrir le Cercle : « - Je peux entendre d'ici les vivas des soldats sur le front, donc je présume de ce que vous allez m'annoncer...mais je préfère tout de même l'entendre ! Au rapports, Capitaines ! - et qu'on mette à l'ordre du jour le développement de brouilleurs de nos propres communications...si nous tombons sur des peuples avec une aussi bonne réception que nous, autant ne pas nous annoncer dès que quelqu'un commande une eau parfumée. - Volontiers, Commandante, fit en premier le Capitaine Mastsya, dont les joyaux et la peau semblaient encore plus rougeoyants que d'habitude. Il semble que les Patriciens aient eux aussi eu à lutter pour cette planète, les bâtiments et les armes qu'on a affronté ont été pillées. Par contre, on en a trouvé que des cadavres...aucun n'a voulu finir esclave. Les restes de la légion que nous avons pourchassés se croyaient tranquilles apparemment, leurs défenses étaient quasiment baissées ! J'ai du donner l'ordre direct de bombarder leur quartier le plus luxueux pour qu'on ait une bataille décente ! - Hum ! Capitaine, votre fougue n'est pas à démontrer, et a été vitale depuis le début de cette Expédition, et l'efficacité de votre tactique n'est plus à prouver...toutefois, je vous recommande de toujours rester conscient de qui vous bombardez. Tous, parmi les Patriciens, ne sont pas des tyrans. Une minorité d'intellectuels et d'autres pacifistes raisonnés a toujours subsisté, et les jeunes ne sont pas responsables de la bêtise de leurs aînés...toutefois, j'imagine que seuls les riches, les chefs et les soldats se sont vu offrir un ticket vers l'espace... - D'ordinaire, je vous rejoindrais, Commandante, reprit la capitaine Atalante de son ton toujours impérieux, mais je me dois de soutenir Mastsya en l’occurrence...la défaite et la fuite n'ont pas pour autant appris l'humilité à nos anciens maîtres, et toutes nos propositions de reddition se sont vues répondre des insultes. Même après que l'Escadron Gange ait bombardé leur centre de commandement et que les troupes du Capitaine Wegyl ait noyé le gros de leurs troupes, ils ont préféré combattre jusqu'au dernier, même les civils, que d'admettre que les Néréides avaient vaincu la race supérieure. Leur haine était plus forte que leur peur. - Bah..., soupira la Capitaine Sedna, maussade même dans la victoire. Tout ça a peu d'importance. Ce qui est important, c'est que nous avons réussi à émigrer vers l'espace et vers d'autres mondes, et que nos océans sont plus immenses que jamais. De plus, très peu de pertes militaires sont à déplorer, et nous avons pu prendre les bâtiments presque tels quels – il faudra reconstruire l'université... - C'est parfait...je lirais les rapports détaillés plus tard. Quelqu'un a-t-il un mot à ajouter avant que je rompe le Cercle... ? -Ah, ah, et bien...euh..., fit presque timidement la frêle Capitaine Neige, qui ne parlait que dans un Cercle sur trois. La Flotte Polaris a détecté une communication qui porte une autre signature que celles des Flottes et des Patriciens...elle utilisait une version plus avancée et significativement différente de celles des Patriciens...c'est une communication humaine, Commandante. Des humains d'autres mondes. Un calme religieux revint soudainement dans la cabine de Téthys...des humains d'autres mondes. D'autres civilisations spatiales. Ca avait été souvent théorisé bien sûr, et les signaux brouillés et incomplets qu'on pouvait capter d'un peu partout prouvaient depuis longtemps que les Néréides allaient finir par tomber sur d'autres civilisations...mais c'était la première fois ! Un message complet, et volontaire. Au signal silencieux de la Commandante, Neige activa la transmission. Le même calme régna pendant toute la durée du message, et encore un moment après. Chaque Capitaine était terrifié, excité, émerveillé, en intégrant à peine ce qu'avait dit cette nymphe rose pâle – on disait « fille » chez les humains même avant que ça devienne une insulte...c'était probablement le terme correct ici ? Cette mer de l'espace était donc connue comme « Système 11 » par les autres peuples...au pluriel ! La « Confédération Rouge » était très surprise de l'apparition des Flottes Néréides, mais pas de l'existence même de civilisations aliens aussi proches. Ca devait vouloir dire qu'il y en avait d'autres, tellement d'autres...une fois passé l'émerveillement premier, chacun revint à une considération plus pragmatique : que fallait-il répondre à l'offre d'Alisa Dragunova ? Des dizaines d'arguments et d'opinions éclatèrent dans la cabine chamboulée de Téthys, trop perturbée elle-même pour faire autre chose que s'assurer que tous les Capitaines demeurent à peu près calmes et réfléchis. Chacun d'entre eux avait bien écouté la description de la Confédération Rouge...le communisme et le socialisme étaient des notions qui apparaissaient dans les vieilles propagandes Patriciennes, décrites au pire comme des dictatures barbares ultra militarisées, au mieux comme de vagues démocraties corrompues et laxistes...cela dit, ce n'était en aucun cas une source historique fiable, et le Tsunami qui avait noyé l'hégémonie Patricienne avait au passage noyé les archives du passé... Le Capitaine Mastsya avait encore l'esprit échauffé par la bataille, et il était le plus vieux des Capitaines, assez vieux pour avoir vécu lui-même sous la dictature Patricienne et avoir été muté à l'âge adulte. Il rappela au Cercle que les Humains n'étaient pas dignes de confiance, qu'ils haïssaient la moindre espèce de mutation et que le moindre contact diplomatique impliquaient pour eux des échanges d'esclaves ! Il était d'avis qu'on rappelle clairement à cette « Confédération » si pompeuse la puissance avec laquelle leurs vainqueurs avaient été abattus, et qu'elle avait intérêt à ne pas faire obstacle à la liberté des Cinq Flottes. La Capitaine Atalante avait toujours conçu qu'une plus grande union entre les Flottes était nécessaire pour la prospérité des Néréides, et bien qu'elle fût circonspecte face à la présentation pleine de superlatifs de la Confédération, elle affirmait avec complète certitude qu'entrer en relation pacifique et positive avec un maximum des peuplades rencontrées parmi les étoiles était la seule façon de prospérer. Peut-être qu'à terme, ces Confédérés embrasseraient la culture Néréide et ajouterait du sang neuf aux Flottes... Le Capitaine Wegyl au long cou noir parcourait la surface de son crâne chauve des doigts, réfléchissant à la meilleure façon d'agir. Au sabre et à la parole, il préférait ses propres doigts et ce qu'ils étaient capables d'accomplir. Il ne voyait aucun intérêt à chercher l'opposition avec ces étrangers, ni à risquer de devenir trop mous et de finir sous la coupe de nouveaux tyrans. Les échanges, les constructions possibles, la connaissance...cela devait-il toujours passer par la guerre ou les alliances ? Le simple commerce de nécessité était aussi une voie qui permettait la paix pour les Flottes... La Capitaine Sedna appréciait peu l'idée d'un contact quelconque avec la Confédération Rouge, en-dehors des politesses diplomatiques. Même avant les mutations, ses ancêtres étaient toujours restés loin de la civilisation, loin des fédérations et des hégémonies, des villes...cet instinct restait en elle, dans son sang glacé, lui disant que les Néréides risquaient de se brûler. Elle estima qu'il valait mieux passer un message de politesse, un traité de non-agression peut-être...et les Flottes devraient reprendre leur chemin. La Capitaine Neige, minuscule, blanche de la tête aux pieds, était la seule des six à être proprement enchantée. Si ces étrangers avaient pu envoyer un message si amical à des guerriers qu'ils ne connaissaient même pas, qu'y avait-il à craindre ? Ils sauraient sûrement s'accommoder des nouveautés des Néréides, il devait y avoir bien plus étrange qu'eux dans l'espace ! Ils étaient sûrement la meilleure chance des cinq Flottes de naviguer dans des mers joyeuses ! Téthys les écouta, indéfiniment, chacun d'entre eux...séparément, ensemble, en accord, en dispute...il semblait impossible à chacun d'entre eux d'obtenir un véritable accord, autre que la décision lui revenait cette fois-ci. C'était pour ce genre de moment qu'elle avait été choisie. Elle devait soit décider d'une voie qui contenterait toutes les Flottes et garder l'Expédition Outrespace unie...soit elle devait annoncer la Fracture des Flottes Néréides, et laisser chacune suivre son propre chemin. Chaque Capitaine en était venu à la regarder, silencieux, attendant sa décision. L'Histoire des Néréides était entre ses mains. - Je vais répondre à cette transmission, et ouvrir un contact diplomatique avec la Confédération Rouge. Et voici ce que je vais leur répondre...
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 26/10/1013 ETU 14:53 |
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(Suite du premier Com-x Néréide) Téthys avait longuement réfléchi à ce qu'elle allait répondre à la Confédération, tandis qu'elle farfouillait sa garde-robe à la recherche de quelque chose ressemblant à la tenue de l'humaine confédérée. Tous les arguments des Capitaines se valaient, et elle s'était abstenue d'émettre un avis, plus par incertitude que par médiation...cependant il lui fallait bien répondre quelque chose. Et il lui était intolérable de décréter la Fracture des Flottes si tôt, alors qu'une seule planète seulement était entre les mains des Néréides! Son rôle lui imposait d'essayer de contenter tous les Capitaines...il fallait qu'elle obtienne une position qui permette défense, influence, échanges, indépendance et intégration tout à la fois... S'il n'avait s'agit que de cela, alors elle n'aurait eu à coeur qu'un simple exercice diplomatique un peu compliqué, mais cette rencontre dépassait l'enjeu de la politique. C'était de ça qu'elle avait toujours rêvé, même endormie dans la Coquille...sortir des limites du monde et rencontrer de nouveaux. Elle avait revisionné une bonne dizaine de fois le message d'Alisa Dragunova, qui devait être le premier humain qu'elle voyait à ne pas chercher à la tuer, l'insulter, ou se pisser dessus en attendant la mort. Elle était différente. Tous les humains que Téthys avait vu portait du brun, du gris ou du noir, parfois du blanc. Ce rose pétillant lui faisait le même effet que voir une autre planète de ses yeux pour la première fois. Ressassant son agitation comme une marée désordonnée, Téthys acheva de se coiffer. Elle avait fait de son mieux pour copier la coiffure de Dragunova, même si ses cheveux plus longs retombait plus bas. Elle se demanda longuement s'il était judicieux de présenter le même décolleté...les humains n'appréciaient probablement pas la vue des Néréides...? Bah, tant pis, allons-y quand même. Les seules choses qu'elle ne sacrifia pas au copiage diplomatique furent son kopsis et son manteau, mandatoires, ainsi que l'harmonie des couleurs. Ce nouveau rose l'avait émue, mais pas au point de le porter. Elle décida d'agir plus délicatement et se para d'un motif à fleurs marines blanches et roses, sur fond bleu Néréide, et de deux boucles d'oreilles roses. Chapeau...? Pas le premier soir, non. Un coquillage élégant collé au creux de son cou en guise de bijou, elle se passa en revue cinq fois avant d'être sûre qu'elle était prête à se présenter au premier contact. Incapable de savoir comment elle apparaîtrait dans les ondes de la Confédération, elle opta pour une position assise pendant sa communication, normale autant dans l'eau que dans l'air, puis prit dix bonnes minutes de calme avant d'enclencher la perle-relais : - « Ici la Commandante Téthys des Flottes Néréides. Vos salutations sont reçues et acceptées avec plaisir. D'après votre message, il semble que vos colons aient été les dernières victimes en date – et je pense, dernières victimes tout court – de l'Hégémonie Patricienne. Cette dictature fasciste a fermé jusqu'à son renversement sur notre planète d'origine tout contact avec l'extérieur, ainsi il est normal que ce nom vous soit inconnu...vous avez été assailli par les pires phallocrates pragmatiques et tyranniques qui soient, et bien que nos rapports indiquent que vos troupes se sont battues vaillamment jusqu'au dernier soldat – nous n'avons retrouvé aucun survivant de chez vous – leur violence est malheureusement efficace. Nous, les Néréides, sommes les anciens esclaves des Patriciens, libérés de leurs chaînes il y a quelques décennies. L'Hégémonie procédait à des expérimentations de masse sur le petit peuple, toujours pour créer de parfaits soldats ou une race plus pure, et rejetait tous les « échecs » à la mer. Nous sommes ces « échecs », et nous avons tant échoué que nous nous sommes adaptés à ce qui devait nous tuer. Nous avons survécu en milieu marin, organisé une résistance libertaire et retrouvé notre propre culture avant de fouler aux pieds la puissance de l'Hégémonie. Leur tête est dorée, et leur poing est de fer, mais leurs pieds ont toujours été d'argile...ceux qui vous ont assaillis étaient les derniers survivants qui avaient fui à travers l'espace. Nous ne sommes pas arrivés par hasard – nous les poursuivions. Et comme vous l'avez constaté, nous avons réclamé le prix des souffrances de notre peuple. Les Néréides sont des nomades et un peuple libre, et le pouvoir que je détiens moi-même n'est que diplomatique. Le vrai pouvoir appartient à chaque Néréide de chaque bâtiment de chaque Flotte. Notre mode de vie requiert peu de ressources permanentes, mais beaucoup d'espaces libres, et nos nombres croissants sur notre planète d'origine nous ont poussé à ce départ vers les étoiles que les Patriciens nous ont cachées, afin de naviguer en de nouvelles eaux...quand nous avons détecté les signaux des derniers Patriciens, nous avons estimé que les planètes qui nous seraient les plus plaisantes à conquérir seraient celles pour lesquelles ce serait synonyme de libération... Savoir si nous venons en amis ou en ennemis dépend de vous, Alexei Dragunov, puisque je suppose que c'est vous qui statuerez sur ce message. Nous ne demandons pas mieux que de vivre libres et en paix. Si vous choisissez de nous y aider, nous combattrons pour vous et répondrons à vos appels face à tous les ennemis qui s'opposent à vous, ils deviendront les nôtres. Si vous choisissez de nous rejeter, qu'il en soit ainsi, nous continuerons notre voie seuls, sans vous. Si vous nous acceptez en tant que voisins, nous prouverons que les Néréides savent vivre avec ce qui les entourent sans apporter le chaos. Si vous choisissez de vous opposez à nous et de nous agresser...chaque Néréide fera le serment de vous arracher les entrailles s'il en a l'occasion, et nous n'oublierons jamais. Jamais. Nous avons une excellente mémoire. Pour notre part...nous ne demandons pas mieux que de pouvoir fonder une amitié, au sens propre, avec tous les honneurs et les devoirs que cela implique. Si vous choisissez cette voie, ce que j'espère fortement, alors nous vous fournirons en premier lieu un soutien militaire et tactique appuyé en échange de la planète que nous avons, après tout, reconquise nous-mêmes. » Téthys se releva, et commença à flotter, manifestant volontairement à ses interlocuteurs qu'elle était entièrement immergée, puis improvisa un salut de style Patricien, en évitant de paraître écrasante. « Puissiez-vous bien chevaucher vos vents et vos mers. Commandante Téthys, terminé. »
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 26/10/1013 ETU 14:58 |
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La réponse avait été attendue avec anxiété. Avec angoisse, même. Pourtant, tout cette brigade d'officiers supérieurs était rompue aux combats, et elle était naguère convaincue de sa supériorité. Mais depuis leur défaite lors de la guerre civile, et au vu des difficultés du redressement de l'armée qui les rendait très vulnérables malgré leur rapide expansion territoriale. Si jamais ils rencontraient une résistance, ils se casseraient sans aucun doute les dents dessus... de là leur terreur de voir de nouveaux ennemis apparaître. Ils avaient de plus déjà assez à faire avec le dernier bastion de résistance à leurs projets d'hégémonie systémique, le Commandant Valdefrik, qui avait repoussé pas moins de six assauts kamikazes. Pourtant, au milieu ce ramassis de gradés pessimistes qui babillaient depuis l'envoi du message, deux personnages étaient au-dessus de tout ça ; on se doutait bien de qui. Alisa, qui frétillait d'excitation : elle pressentait quelque chose malgré sa nature robotique censée exclure ce genre de choses ; s'agissait-il d'un bug issu de son système défectueux qui ajoutait un esprit humain, sensible et individuel, à ses systèmes de raisonnements purement informatiques et mathématiques ? Quoi qu'il en était, elle se sentait toute excitée d'anticipation de la réponse. Alexei, lui, restait de marbre ; mais il échafaudait déjà des triomphes intérieurs. Où s'arrêtait donc son ambition démesurée ? Il se voyait déjà marcher sur ce peuple et l'exterminer en cas de réponse belliqueuse, malgré la déliquescence de sa flotte occupée sur un autre front ; ou bien, en cas de réponse amicale, il prophétisait l'avènement d'un nouvel Ordre Révolutionnaire dans le Système, menant une coalition qui anéantirait Valdefrik une bonne fois pour toutes. Bref : l'une était curieuse, trépignait d'impatience à l'idée même de découvrir quelque chose au propos du quel elle avait un pressentiment positif très fort ; l'autre bâtissait des arcs de triomphe. Ce fut sur ces entrefaites que la réponse tant attendue arriva. Alisa se jeta sur le réflecteur holographique et l'alluma, fébrile, si vite que certains crurent faire un infarctus. Dragunov lui-même s'accouda sur la table et se pencha légèrement en avant, un léger air d'intérêt sur le visage. Abandonnant leur usuelle froideur, ses yeux luisaient de concentration, de suspense. Sa tête était pleine de rêves, sanglants ou radieux, mais toujours victorieux. C'était ça, ce message, pour lui : l'assurance, la confirmation d'un triomphe immédiat ou à venir, quelle que soit la nouvelle. Le message défila. C'était une étrange technologie en vérité, qui faisait apparaître l'hologramme comme flou, à peine mouvant, infimement trouble... comme de l'eau. La femme, car cela semblait être une femme, ou plutôt cela semblait une humaine : sa peau paraissait luire et se colorait de teintes bleutées et vertes, luisante comme les écailles d'un poisson, et ses yeux rappelaient le corail à Alisa – qui fut la seule à la détailler tout en détails, fascinée par cette figure qu'elle trouvait si étrange et si belle de bizarrerie – ; la femme, disons-nous, les rassura d'emblée. Il y eut un mouvement de soulagement dans toute la salle, un souffle général de baudruche pleine de stress qui se vide. Seuls Dragunov et sa petite porte-parole continuaient d'écouter, absorbés, les yeux brillants d'intérêt – d'intérêt divergeant, ça allait de soi. La curiosité de la robote la dévorait comme un requin ; elle se plaisait à examiner l'hologramme sous toutes les coutures, lâchant parfois un « Ouaaaah... » d'admiration. Elle n'avait jamais vu ça auparavant et elle se trouvait la machine la plus chanceuse du monde. Enfin, le message se coupa, laissant une Alisa émerveillée, un Alexei méditatif, une assemblée d'officiers préoccupés. « Kamarade Alexei... commença le Maréchal Zû, qui était d'origine Sinéenne – c'était-à-dire héritier des gènes asiatiques de l'antique Terre – ; il se permettait de grandes familiarités avec son Très Glorieux Chef, avec toute personne qu'il croisait en général, et cette audace qui le caractérisait dans le quotidien se traduisait d'autant mieux sur le champ de bataille. Aussi était-il largement excusé : c'était dans son caractère. Ces trucs ne sont peut-être pas nos ennemis revendiqués, mais ils tiennent une planète à nous entre leurs mains. » L'interpellé savait bien ce qu'il entendait. Une République en moins était, même non intentionnel, un affront qu'on leur faisait. Et il avait horreur des affronts. Et puis il y avait autre chose... ils accumulaient les déviances : étrangers, mutants, nomades. Et par-dessus tout, il avait entendu ce mot honni de ses oreilles, ce terme infâme qui résonnait dans sa rancune et rappelait sa plus grande ennemie à son imagination ; « libertaire ». « D'un autre côté, Très Glorieux Kamarde, renchérit l'Amiral Jukov, un allié de plus ne serait pas de trop pour reconstruire notre Très Glorieuse Nation... » Il lui fallut prendre sur lui, bien que cela ne se vît pas, pour ne pas donner l'ordre immédiat d'aller purger ces sociaux-traîtres avec suppléments de cruautés. Car outre ces défauts qui l'écœuraient, il y avait cette incroyable combativité, ce mouvement perpétuel, cet esprit aventurier... il pourrait en tirer largement profit. Un soutien dont l'Armada et l'Armée Rouges auraient sans doute besoin. Un allié dans leur Système, qui n'aurait besoin de par sa nature que de peu de planètes – donc aisément écrasable –, leur ferait en plus du reste une protection efficace contre les incursions. D'autant qu'il restait cette épine dans leur flanc nommée Valdefrik. On écouta deux fois, trois fois le discours. Et entre xénophobie et pragmatisme, il fit un choix. Il fit un geste à Alisa, qui retourna au réflecteur holographique en sautillant, riant presque de joie.. Ses capteurs analysèrent le visage de son maître bien-aimé, ses programmes décodèrent le tout en paroles, et elle parla. Sa voix tremblotait d'excitation, elle faisait force mouvements fébriles, ses yeux pétillaient – au sens propre : on ne savait pourquoi, ses capteurs oculaires faisaient en-dedans de petites étincelles quand elle était excitée ; au reste ce phénomène ne gênait en rien sa vision et n'étaient pas létaux. Elle avait hâte ; elle voyait cette Téthys comme une nouvelle amie. Elle tentait tant bien que mal de ne pas rendre la fascination dont elle était l'objet dans son discours, mais on sentait. De son côté, Alexei ne se montra toujours pas ; il restait hors du champ, surveillant les paroles de sa Voix. « Kamarade Thétys si vous permettez que je vous appelle par votre nom, notre Très Glorieuse Nation, en la personne de notre Bien-Aimé Premier Confédéré, est absolument RAVIE de voir que vous ne venez pas avec d'hostiles intentions ! Nous avons soigneusement écouté et réécouté votre discours, et ce que vous nous racontez est incroyable. Nous reconnaissons la trempe révolutionnaire dans votre peuple et dans votre personne ; cette trempe dont sont faits les Héros du Peuple et les Fiers Citoyens des plus Glorieuses Nations. Nous-mêmes avons renversé, il y a maintenant quelques années, la tyrannie Brune sur notre planète natale. Nous avons essuyé la trahison et l'infamie, mais nous nous sommes relevés chaque fois plus fort. Sachez donc que vous portez des valeurs révolutionnaires que nous estimons beaucoup ! Du reste, Monsieur Alexei, dans sa très grande sagesse, a longuement réfléchi aux suites à donner à cette affaire. Notre Système n'est pas encore protégé de toutes ses menaces, et notre Très Glorieux Peuple souffre encore de l'angoisse d'être, un jour, assailli par des brigands ou par le Commandant Valdefrik, un scélérat qui s'obstine à venir tourmenter nos Républiques et nos Fiers Citoyens. » Son regard prit une teinte espiègle et elle regarda son maître, qui, en son for intérieur, leva un sourcil. Elle allait tenter un coup d'audace, qui lui vaudrait sans doute une gifle monumentale après le message ; mais son esprit mathématique savait que ce trait de séduction était nécessaire pour la suite. Et puis de toute façon, elle était sincère dans ce qu'elle allait dire. « Il y a aussi cela que votre culture semble fondamentalement différente de la nôtre... dans le bon sens ; j'entends que ça ne fait aucun doute que notre Mère-Patrie et vos Flottes n'y gagnent pas à entretenir des relations amicales. Vous savez, la complétion des cultures, tout ça... bref : Monsieur Alexei désire entretenir des relations amicales, voire alliées, avec votre peuple. » Son regard et son sourire contenu voulaient dire moi aussi. « Pour concrétiser cela, Monsieur Alexei a décidé de vous laisser cette planète anciennement nôtre. Nous pleurons nos pertes ; mais cet héroïque sacrifice ainsi vengé par votre juste colère n'aura pas été vain : vous avez désormais un foyer dans notre Système, si vous le désirez ! Il faudra cependant que nous voyions... vous savez, rapatriement des corps, tout ça... enfin ce n'est pas ce qui urge le plus. Euh, quoique... si, en fait... » Elle fit un grand salut militaire, toute fière, toute guillerette, et déclama haut et fort ses derniers mots : « Doswidanye, Kamarade Thétys, Kamarades Néréides ! Vous avez les amitiés de la Confédération Rouge et du Très Glorieux Kamarade Alexei Dragunov ! Pour la Mère-Patrie ! »
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 26/10/1013 ETU 15:01 |
Score : 1
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Téthys fit relayer la réponse des Confédérés aux cinq Capitaines, comme d'habitude, sans toutefois convoquer un nouveau Cercle. Il y en avait déjà eu un, après que des pillards inconnus s'en soient pris à la nouvellement baptisée Kilàdha Khaos, du nom d'une ancienne légende. La plupart des Néréides n'avaient qu'une confiance mitigée envers les « Rouges », qui décidément puaient la propagande, et ceux-ci les encerclaient de partout...de plus, le dénommé Valdefrik était resté hermétique à toute tentative de communication. Et agressif. Les escarmouches avaient commencé. Ce qu'Alisa disait de ces hommes, Téthys le savait déjà...et elle savait à quel point il serait difficile de combattre un tel ennemi seuls. La guerre continuait, lente et lancinante. Avant même la réception de ce nouveau message, le Cercle avait convenu que si elle était possible, une alliance militaire avec la Confédération serait appropriée. Les Néréides étaient bien trop faibles, bien trop peu armés, et même si la population se trouvait ravie de sa situation actuelle, tous savaient que des menaces planaient, et que les humains Rouges étaient potentiellement la pire. C'était le travail de Téthys d'avantager les Flottes...elle avait chargé le Capitaine Wegyl de scanner l'océan spatial dans lequel les Néréides naviguaient, le plus loin possible, et le Capitaine Mastsya pour coloniser, afin que les Flottes n'aient pas à voir « Alexei », le « Bien-aimé premier Confédéré », comme un carcan nécessaire. AUCUN carcan n'était nécessaire, ni tolérable ! La Capitaine Neige s'efforçait également d'entrer en contact avec des peuples plus réduits uniplanétaires...mais tout ça ne suffisait pas. L'Expédition Outrespace devrait composer avec la Confédération Rouge, se disait Téthys quand elle reçut enfin la réponse de leurs douteux voisins. A la fin du visionnage et du revisionnage, la Commandante était dans le trouble. Elle était à la fois soulagée et confiante sur de nombreux points...mais également troublée et renfrognée sur ce qu'était la Confédération même. Il était assez clair que, au moins pour l'instant, les Néréides avaient tout intérêt pour eux-mêmes à s'allier aux Rouges contre Valdefrik, et si c'était possible, de manière durable...mais Téthys savait, et beaucoup de Néréides le savaient mieux qu'elle, que la fin était loin de justifier tous les moyens. Ce qu'elle savait des Confédérés, c'est qu'ils mettaient des superlatifs à toutes les tournures officielles, qu'ils avaient un chef manifestement monarque, qu'ils étaient militaires et puissants, que leur couleur nationale était le rouge, et que tout ce qu'ils présentaient volontiers d'eux-mêmes était une jeune fille absolument parfaite en tous points...ce qui laissait supposer le besoin de s'enjoliver. Elle refusait les jugements hâtifs, mais ses tripes et ses souvenirs de la propagande Patricienne lui criaient qu'elle avait affaire au même genre de MONSTRES. Pouvait-elle risquer de mettre son peuple à la merci de nouveaux oppresseurs ? Et même si elle le pouvait, avait-elle seulement le droit de prêter main forte à ces créatures humaines ? Cela ne la rendait-t-elle pas complice de nouveaux dictateurs ? Les humains étaient peut-être réellement irrécupérables au fond... D'un autre côté, si elle avait raison et que la Confédération n'était qu'une dictature, alors elle n'épargnerait pas les Néréides en cas d'éloignement. Et son peuple avait déjà vaincu des humains, ils étaient eux-mêmes des humains évolués, qui avaient su se rappeler la voie de la liberté...elle se refusait au moins de croire qu'ils étaient irrécupérables. Et surtout, surtout...quelque chose contredisait sa méfiance – et les ronchonnements de Mastsya. Alisa. Téthys avait confié le message aux meilleurs psychologues, analystes et humanologues des cinq Flottes, et ils estimaient tous comme elle qu'il y avait sincérité dans le ton et les signaux corporels de la jeune femme. Oh, ça ne prouvait rien, mais...et puis, aucune dictature, aussi propagandiste soit-elle, ne parlait-elle de vouloir compléter sa culture... « - Ici la Commandante Téthys des Flottes Néréides. En premier lieu, je tiens à vous remercier chaleureusement de votre amabilité, que nous n'oublierons pas. Nos deux peuples ont souffert et vaincu face à la barbarie, et cela nous rend aussi vicieux et tenaces envers nos ennemis que nous sommes loyaux et généreux avec nos amis. Vous nous laissez une planète, que certes nous avons payée de notre sang, mais qui était autrefois un lieu où vous étiez heureux et en paix. Soyez sûrs que c'est ce qu'il sera entre nos mains : un lieu de bonheur et de paix. » Téthys s'était fendue d'un sourire franc, un peu séducteur. Après tout, ils avaient été très amicaux pour le moment. Elle le troqua pour de la dignité endeuillée. « Concernant les affaires les plus rapides à traiter...pour ce qui est des corps des vôtres, et bien...vous connaissez les méthodes...et les goûts des tyrans. Les soldats ont tous été massacrés et démembrés, on pense pour l'amusement public, ainsi qu'une grande majorité des citoyens, pour ensuite être brûlés dans des fosses communes. Le reste – les enfants et les femmes... - ont été conservés comme esclaves...non, comme outils et comme jouets. Les derniers étaient morts de leurs traitements plusieurs mois avant notre arrivée, si l'on en croit leurs registres. Nous vous enverrons aussi vite que possible les quelques corps encore identifiables que nous avons pu découvrir. Concernant les dangers plus présents...j'ai également eu maille à partir avec le Commandant Valdrefrik. Il n'a pas été hostile ouvertement avec nos Flottes, plus par éloignement qu'autre chose, mais aucun croisement de nos vaisseaux ne s'est bien terminé. Complètement hermétique à la communication. Nous avons à nouveau un ennemi commun, j'en ai bien peur. Et il est malheureusement très tenace, comme vous avez sûrement du le constater par vous-mêmes...nos escouades ont cependant pu scanner à l'ondulation une de ses planètes, j'ai ajouté le rapport détaillé à ce message à votre attention. Sachez que les Flottes Néréides sont prêtes à combattre à vos côtés. Vous vous en êtes indéniablement montrés dignes. Enfin, un dernier point, plus important encore que Valdefrik, puisque son importance existera sûrement plus longtemps...comme je vous l'ai expliqué dans mon dernier message, nous sommes des humains tout comme vous, qui avons horriblement souffert aux mains de nos tyrans, et avons transformé nos faiblesses en forces, nos hontes en fiertés libératrices. Mais si nous avons forgé notre nouvelle culture, que nous serons ravis de vous présenter puisque tel est votre désir, il y a une chose que les Patriciens nous ont pris que nous ne pouvons leur reprendre : notre passé. Leur monarchie phallocrate dure depuis des siècles...ils ont effacé toute trace de l'histoire, détruit toutes les cultures, de telle sorte que nous ignorons aujourd'hui presque tout de notre propre espèce. C'est aussi une des missions de l'Expédition Outrespace : retrouver les mémoires de nos ancêtres. Puisqu'elles sont également les vôtres, nous espérons que vous nous apporterez connaissance de notre propre Histoire, amis Rouges. Nous en avons autant soif que d'un avenir radieux. Puissiez-vous bien chevaucher vos vents et vos mers. Commandante Téthys, terminé. »
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 29/10/1013 ETU 18:34 |
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Score : 3
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(HRP : All right ! L'introduction est finie, pour ceux qui l'ont lue ; nous entrons dans le vif du sujet : la rencontre Confédérée-Néréide. Il ne s'agira plus de Com-X mais du vrai RP, désormais. En plus du reste je vous offre un post court, c'est-y pas beau ? Bref, bonne lecture !) L'heure était à la VICTOIRE ! Aldebarande avait été prise, Valdefrik n'était plus, le Système-Mère était désormais pacifié. La première entreprise commune Rouge et Néréide, résultat d'une foule de Com-X coordonnant les actions de chacun pour balayer l'ennemi, avait porté ses fruits. Bien sûr ça n'avait pas été sans accrocs : l'Armada Rouge avait dû effectuer pas moins de cinq bombardements orbitaux et cinq tentatives d'invasions manquées, et les mutants, de leur côté, avaient dû mener un effort de sape long et pénible. Et puis on sentait parmi les dignitaires Confédérés que ceux-ci n'appréciaient pas vraiment leur façon de faire la guerre. L'assaut final avait déployé plus de deux millions de soldats, treize mille escadres spatio-aériennes, cent mille chars ; cela avait produit un effet spectaculaire et dévastateur, pareil à celui d'une nuée de sauterelles qui rafle un champ. Il y avait des charniers hauts de cinq mètres et presque plus un seul bâtiment debout. Maintenant, Néréides et Rouges allaient se rencontrer pour décider de perspectives communes. Mais pas sur le champ de ruines en contrebas – un lieu de mort et de désolation ne serait sans doute pas du goût des Néréides. Non, ce serait en orbite de la planète en cendres, sur le Vaisseau Amiral Confédéré – le Tovarich, le plus gros survivant de la guerre civile Confédérée. L'engin était énorme, gigantesque ; c'était un Croiseur Impérial Fregger dont on n'avait pas encore pu réparer l'armement, et auquel on avait rajouté un centre de commandement tout entier. Bref : ce n'était plus un bâtiment d'assaut, mais il conservait sa vocation militaire. On avait réorganisé tous les espaces propices à la rencontre – c'était à dire tout ce qui n'était pas une salle des machines : des couloirs au Centre de Pilotage et de Commandement, en passant par les mess des officiers et les toilettes – ; et l'architecture militaire côtoyait l'effort de décoration. On avait mis des étendards partout sur les murs ; le Confédéré, avec son fond rouge et son bras noir contracté surmonté d'une étoile de même couleur, aux côtés du Néréide, bleu marine frappé d'une astérisque d'argent et des symboles de chacune des Cinq Flottes entre ses cinq branches. Maintenant, on attendait dans le grand sas, qui pouvait accueillir environ quinze navettes. Un tapis rouge, des bannières partout sur les murs, une large haie d'honneur faite de soldats Confédérés, impressionnants dans leur énorme armure de combat. Çà et là, des hôtesses et hôtes dans leurs uniformes blancs et rouges impeccables ; et au bout, les officiels du régime entourés de Gardes Rouges et de journalistes : des Commissaires Politiques, le Maréchal Zû, le Général Jukov, l'Amiral Baranowski, le Deuxième Confédéré Dragomir. Et, très évidemment, le Premier Confédéré Alexei Dragunov et sa porte-parole. Cette dernière était vêtue comme lors de la toute première fois qu'elle s'était adressée aux Néréides ; elle attendait, nerveuse au point de se tortiller les mains à s'en faire mal – si elle avait été humaine. Comment allaient être ces êtres incroyables... en vrai ? Seraient-ils amicaux ? Auraient-ils une bonne impression de leur Nation et du Très Glorieux Kamarade Dragunov ? Pourvu que oui, pourvu que oui ! Quant à son maître, il gardait son éternel sang-froid. Il savait que tout se déroulerait, sinon bien, au moins dans les formes. Ces sales mutants dégénérés étaient intelligents, en plus d'être efficaces. Et il avait besoin d'eux, ce qui était un terrain d'autant plus propice à négocier comme il fallait : bref, il était sûr de lui et il comptait bien les impressionner. L'atmosphère était tendue ; les soldats, droits comme des I, se préparaient mentalement à se mettre au garde-à-vous, les officiels et le personnel d'accueil murmuraient entre eux, Alisa rongeait l'épiderme de ses doigts. Et Alexei fixait la fenêtre géante qui permettait aux vaisseaux d'entrer, fermée par un gigantesque sas de métal et un champ de force, sans mot dire. Il attendait, patiemment.
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 29/10/1013 ETU 21:33 |
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Score : 2
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Les Confédérés avaient fait la preuve de leur puissance, et de la brutalité qui allait avec. Ils n'avaient pas hésité à pilonner le territoire de Valdefrik jusqu'à ce que mort s'ensuive, et le Cercle était désormais à l'unanimité convaincu que leur diplomatie mielleuse et la jolie porte-parole d'Alexei Dragunov n'étaient que de la poudre aux yeux. Des tyrans et des envahisseurs, voilà ce qu'ils étaient, et les maigres espoirs de Téthys d'un contact positif avec une civilisation humaine étaient devenus anorexiques. Cependant, ils demeuraient alliés pour l'heure, et alliés relativement solides puisque Valdefrik avait été mis à bas sans anicroche et sans traîtrise, et que la cause des Néréides avaient été défendue par eux dans tout le Secteur, alors que la Confédération aurait manifestement pu les écraser. Même si c'était des tyrans, ils étaient trop puissants pour les Flottes, et il convenait surtout de gagner suffisamment de pouvoir pour marquer l'indépendance quand ce serait possible. Pour ça une seule solution : la meilleure diplomatie possible. Sachant que Dragunov aurait tout un assortiment de généraux avec lui pendant la rencontre, Téthys s'était faite accompagner des Secondes de chaque Flotte. Amphitrite, Sanna, Kalratrî, Tagaroa et Flocon avaient toutes répondus présentes. La guerre contre Valdefrik n'était qu'une introduction. Elle se disait en regardant le terrible Tovarich que l'action commençait maintenant. Encadrée par une demi-douzaine de myrmidonnes et par les Seconds, Téthys descendit la première de la rampe du vaisseau, dans un uniforme militaire strict, entièrement bleu marine. Engoncés dans d'immenses armures rouges grotesques, une haie de soldats énormes leur traçait une route plutôt claire. Elle sentait malgré leurs scaphandres qu'ils dévisageaient leurs mutations, comme n'importe quel humain stupéfié par la nouveauté. Les ignorant impérialement, la Commandante tourna son regard vers le comité d'accueil. Un état-major mi-dégoûté mi-effrayé, digne d'un simple coup d’œil. Le tout entouré de soldats fins et droits comme des I, uniformément noirs et rouges, masqués, identiques...cela lui rappela les sombres jours des Clones Blonds, et elle dut retenir son dégoût. Et devant chacun de ceux-là, en face d'elle, ses interlocuteurs directs : la porte-parole Alisa Dragunova et son...père? Frère...? Alexei Dragunov. Le mystérieux Premier Confédéré. Le jour et la nuit; non, le métal et la vie. Le Premier Confédéré était aussi froid, gris et presque monstrueux que son vaisseau. Ça acheva de convaincre Téthys qu'Alisa était un ornement prévu pour mieux se présenter, bien que celle-ci semblait sincèrement enchantée de les voir. Dragunov n'en pensait rien, ou en tout cas n'en montrait rien. " - Nous nous rencontrons enfin face à face, dit Téthys en s'arrêtant à trois mètres de lui, suivie par les Seconds et ses propres championnes. Je suis comme vous le savez la représentante officielle des Flottes Néréides en toutes affaires étrangères, Téthys, et voici les Seconds de chacune des Flottes. Notre expansion active retient fortement l'attention des Capitaines, aussi c'est eux qui sont venus assister à ce sommet. Vous devez être Alexei Dragunov. Ravie de vous rencontrer."
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Cdt. Dragunov
Respect diplomatique : 349 01/11/1013 ETU 02:13 |
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Score : 5
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Dès que Téthys et les Secondes avaient mis le pied à terre, l'entière haie d'honneur fit la manœuvre du garde-à-vous, synchronisée au millimètre, à la microseconde près. Pourtant les Néréides restèrent indifférentes à cette démonstration conjointe de force et de respect. Elles s'étaient avancées sans prêter – ou en feignant de ne prêter aucune – attention aux soldats engoncés dans leur armure de combat. L'échange promettait d'être... plein de quiproquos. Tandis qu'elles avançaient, le regard perçant de Dragunov put jauger ses invitées. Ces... choses... mutantes et déviantes, l'écœuraient tout d'emblée. Des écailles ou une peau lisse comme celle d'un dauphin, des mains palmées, des yeux de couleur étrange, des branchies, voire des choses plus bizarres encore... mais Téthys, celle qui représentait ce peuple dégénéré, semblait la plus humaine. C'était tant mieux, car de manière générale les aliens le dégoûtaient. D'ordinaire le seul destin que réservait la Confédération aux êtres déviants, hormis des exceptions qui pouvaient presque se compter sur les doigts de la main, était leur étude en laboratoire. Mais eux, eux ! ils avaient beau lui répugner profondément, il avait néanmoins conscience de leur utilité ; et cela le dégoûtait encore plus. Mais en homme pragmatique, il les traiterait avec tous les honneurs que l'on devait à ceux qui les avaient aidés hier. Il jeta un œil glacé à toute la clique de ses officiers qui, effarés par ce qu'ils voyaient, en oubliaient leurs manières – ils se corrigèrent bien vite : on craignait plus le Premier Confédéré que les bizarreries qui approchaient vers eux. Puis il regarda sa pupille, sa porte-parole. Elle était la seule qui avait su garder toute sa contenance, et aussi la seule à se fendre d'un sourire ravi. Il savait bien qu'elle attendait depuis des lustres un premier contact autre que virtuel avec ces « gens qui l'intriguaient ». Elle avait soif de connaître, de nouer des liens solides. Au moins, pensa-t-il, elle n'aurait même pas à feindre d'être contente de leur parler... Téthys s'arrêta à trois mètres de lui, fit les présentations et les salutations d'usage avec un ton complètement convenu. Rien de surprenant. Il se rappela que c'était la première fois qu'elles le voyaient, et se demanda brièvement ce qu'elles penseraient de son silence pesant. « ... » Bah, peu importait ; les paroles étaient précieuses et les siennes encore plus. Alisa était là pour ça. Trente secondes passèrent ; il fixait Téthys droit dans les yeux, et sa porte-parole, analysant le visage de son maître, finit par parler à sa place comme à l'accoutumée. Elle avait l'air illuminé de ces gens heureux de voir arriver un événement attendu avec impatience, comme un enfant qui se retrouve au jour de son anniversaire. Mais elle gardait une contenance polie. On était en pleine rencontre diplomatique, que diable ! Elle s'approcha jusqu'à être juste devant son interlocutrice, s'inclina très bas, et lui parla. « Kamarade Téthys, Kamarades Seconds des flottes Néréides... dont je ne connais hélas pas les noms... Monsieur Alexei et moi-même, sa porte-parole Alisa Dragunova – mais vous et moi nous connaissons déjà ! –, vous saluons. Nous attendions avec impatience de vous rencontrer... en vrai. C'est un grand honneur, si si ! D'ailleurs tout le Très Glorieux Peuple Confédéré a les yeux fixés sur vous depuis qu'ils ont appris votre aide précieuse ! En son nom, et au nom de la paix de notre Système-Mère, nous vous remercions. » Elle se fendit d'un large sourire et regarda Dragunov, puis Téthys, puis de nouveau Dragunov. Celui-ci n'avait pas bougé, pas changé d'air, pas détourné les yeux. Cet air-là, ces yeux-là, qui par leur marbre et leur tranchant mettaient tellement mal à l'aise. Alisa manqua de soupirer – il était incorrigible... mais quel homme ! Elle retourna à son interlocutrice, un tantinet gênée de la situation, mais l'air gai. « Ah ! je précise aussi que c'est moi qui suis en charge de transmettre les paroles de Monsieur Alexei. Pas d'inquiétudes : tout ce qu'il vous dit en silence est fidèlement retranscrit par mes mots ! »
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Cdte. Téthys
Respect diplomatique : 340 02/11/1013 ETU 02:08 |
Score : 5
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Téthys avait simplement gardé le silence en constatant celui du Commandant Dragunov, ignorant tout du protocole diplomatique Rouge, et les laissant simplement prendre la suite. Elle était tout de même assez surprise que le Premier Confédéré ne réponde pas immédiatement avec les mêmes simples présentations, et elle commençait à se demander s'il avait commis une erreur quand la réponse d'Alisa l'abasourdit tellement qu'elle ne put retenir un léger haussement de sourcil perplexe à l'endroit de Dragunov. Un chef d'état qui ne parle pas. Ça n'avait aucun sens ! C'était impossible ! C'était aussi ridicule qu'un peintre aveugle ! Peut-être n'avait-il le titre de chef qu'officieusement ? Peut-être était-il partie d'une royauté symbolique, ou bien existait simplement pour le culte voué à sa personnalité, et Alisa était la véritable dirigeante de la Confédération ? Un bref coup d’œil à la sincérité et la gentillesse de cette dernière l'assura que c'était impossible, et les généraux qui le suivaient semblaient bel et bien terrifiés par lui. C'était lui le chef, aucun doute. C'était intéressant. Nouveau. Elle se promit d'obtenir des informations là-dessus plus tard, et même si ça compliquait les choses, il faudrait bien qu'elle s'en accommode...elle put dire également que s'il inspirait la terreur, il n'en éprouvait lui-même aucune. Contrairement à ses officiels dégoûtés et apeurés, il semblait seulement méprisant. Une bonne chose. Un allié effrayé était bien plus dangereux qu'un ennemi sans peur, et il n'aurait pas peur de surmonter son dégoût pour tolérer les Néréides. Il semblait bien que ces humains ressemblaient aux Patriciens...mais cette fois-ci, elle avait réussi quelque chose sans précédent : elle avait permis la paix entre leurs deux peuples. Et elle savait que l'esprit de métal de Dragunov aurait préféré marcher dans la merde tous les matins plutôt que de laisser ses émotions lui ôter un avantage pragmatique. Cette fois-ci, la froideur des humains servirait les Néréides. En plus, il n'avait probablement pas l'habitude d'être déstabilisé...la Cérémonie de Connaissance qu'elle lui demanderait pourrait se révéler bien utile. Les yeux avides de réponses de la jolie petite humaine aux cheveux roses ramenèrent Téthys à son protocole. Elle tourna la tête vers elle, et afficha un sourire légèrement plus que diplomatique mais pas trop : « - L'honneur est partagé, Porte-parole Alisa, ainsi que l'impatience et les remerciements. La diplomatie Confédérée fut précieuse aux Flottes pour s'inscrire dans la diplomatie océanique et abyssale, ou comme vous le dites, sectorielle et galactique – bien que mon ambassadrice à l'Assemblée de Takwin, Krêné, m'a rapporté un problème que lui a posé votre propre ambassadeur, Iouri. Mais nous parlerons de ça plus tard. Pour l'heure, fit Téthys en jetant un petit coup d’œil derrière elle, les Secondes se présenteront. Je serais la seule à m'exprimer avec vous, étant la seule Néréide ayant le droit de parler au nom de toutes les Flottes, et elles sont ici uniquement pour écouter et rapporter leurs impressions sur la Confédération à leurs Capitaines, toutefois il convient que vous sachiez qui vous rencontrez. » Téthys se retira en arrière, laissant les Secondes s'avancer devant Alisa et son maître dans un beau mouvement de manteaux bleus, non sans continuer observer les Confédérés et à réfléchir. Presque titubant et apparemment maladroit, le premier Néréide à se présenter, le seul mâle, était absolument immense. Il dépassait d'une bonne tête les armures elles-mêmes immenses des soldats, mais ça ne le rendait pas impressionnant, bien au contraire. Très maigre, il semblait avoir du mal à se déplacer, et on l'aurait abattu en lui appuyant légèrement sur ce qui semblait être son genou. Son manteau militaire était si fin qu'il semblait impossible, et une espèce de tunique brune toute simple lui couvrait tout jusqu'au bout de ses longues jambes toujours très serrées, ce qui donnait l'impression qu'il n'en avait qu'une. Comme si un serpent s'essayait à la marche. La poignée d'un kopsis en bois très simple dépassait du manteau du Second, à la taille. Ses manches étaient démesurément longues, même pour lui, et aucune main n'était visible...on pouvait éventuellement apercevoir le bout d'un appendice bizarre, mais trop brièvement pour pouvoir savoir s'il s'agissait ou non d'autre chose qu'une main. Un collier en bois, de style complètement alien, lui servait de seul ornement. Sa taille devait beaucoup à son long cou écailleux à la teinte de bronze, dépassant de ses épaules d'une bonne tête. Le crâne chauve, le visage écailleux, les pupilles fendues et oranges, aucun nez ou lèvres...des oreilles pointues et démesurées, presque des nageoires...il aurait pu être terrifiant, mais il dégageait une curieuse bienveillance, et une expression d'érudition. « -Je suis le Second Tagaroa, directeur exécutif de la Flotte de Mu, au service du Capitaine Wegyl, fit-il d'un ton vieux de deux millénaires et demi. Nous sommes les économistes et les marchands des Flottes Néréides, et espérons bien que l'entraide pourra et bien hum...se développer également dans les bazars...nous possédons des ressources, des arts, des technologies et des idées uniques, que nous serions ravis d'offrir à la vente...nous comptons ouvrir une série de comptoirs dans notre espace spatial...la Commandante Téthys vous parlera de nos idées sur la question, je pense que vous pourrez y trouver profit... » Séductrice – bien que cela soit quelque peu relatif face à des humains –, une Néréide qui attirait l’œil se présenta en deuxième. Légèrement plus grande que Téthys, et plus fine, sa beauté avait failli lui valoir le poste de Commandante, mais celle-ci était très...Néréide. Vêtue sous son manteau militaire d'une élégante robe aux reflets indigos, parée d'une grande ceinture travaillée et d'un kopsis au fourreau élégant et raffiné, chaussée de deux superbes bottines de cuir lacées de bleu, ce n'était que quand un œil intéressé remontait vers sa poitrine qu'il réalisait ce qu'il regardait. Sa peau dorée,si humaine qu'elle aurait pu passer pour les Confédérés à la peau jaune s'il n'y avait pas eu le reste, était parsemée de tatouages abstraits azurés qui remontait de ses seins pour lui enserrer le cou, ce qui était déjà surprenant. L'étonnement venait avec les petits crocs qui dépassaient de ses lèvres violettes, inclinées en permanence dans un sourire assez effrayant. Il continuait avec la paire d'yeux supplémentaires qu'elle possédait en plus de la paire normale, de chaque coté du nez. Chacun des quatre yeux étaient entièrement d'un noir violacé. Un cinquième trônait au centre de son front, complètement humain dans sa pigmentation, d'un bleu marin perturbant. Le tableau se complétait par sa coiffure faite de longs tentacules souples et serrés, rabattues derrière sa tête pour lui arriver jusqu'à la base du cou, élégants, un peu humide, et presque érotiques. « - Je suis la Seconde Amphitrite, ministre de la Capitaine Atalante de la Flotte Atlantis, dit-elle d'un ton onctueux, nullement intimidée. Nous espérons beaucoup de l'entraide de nos diplomates respectifs pour tailler notre place ensemble dans l'Abysse Sagesse, Commandant Dragunov...sachez que je suis toutes les interventions de votre porte-parole à l'Assemblée avec le plus grand intérêt. J'attends beaucoup de cette rencontre... » La troisième Seconde avait déjà glissé à ses côtés, silencieuse. Courbée, petite, la tête penchée et étouffée sous une masse de cheveux verdâtres sauvages, éparpillés et effrayants, elle avait autant des airs de spectre que de vieille dame. Des amas d'algues déchirées et rassemblées en un ensemble bizarre et humide lui servait de vêtement en-dessous de son manteau élimé. Ces haillons ne semblaient pas couvrir ses pieds, pourtant ceux-ci n'étaient pas visibles, comme si ils se confondaient avec les lambeaux. Un kopsis bizarrement tordu, mais en excellent état, était emmêlé à l'air libre dans les algues. Sous sa tignasse, on ne voyait que le cou, la bouche et le bout du nez. Humains, mais d'une pâleur de mort. Les Confédérés ne pouvaient le voir car elle prenait soin de le dissimuler en murmurant presque toutes ses paroles, mais elle possédait une langue très longue qui ne manquait pas de pointer dès qu'elle ouvrait un peu trop les lèvres. Seuls les autres Néréides, Dragunov et Alisa purent entendre : « - Je suis la Seconde Sanna, sœur de la Capitaine Sedna de la Flotte Lémurienne. C'est tout... » La Seconde suivante bouscula presque tous les autres. Un pas déterminé et claquant, une tête de plus que Téthys, son uniforme était le seul à être purement militaire, et son kopsis denté y était fermement attaché par un simple ensemble de cuir, de sorte que l'approcher était risquer l'écorchure. Le corps musculeux et imposant, la peau brune et luisante...et des pics. Des pics partout. Ils prolongeaient ses phalanges serrées sur la poignée de son kopsis, perçaient son manteau dans le dos, aux coudes et aux genoux, et sa tête chauve était recouverte de plusieurs collerettes piquantes, pointées en arrière, partant de sous sa mâchoire, derrière ses oreilles, au-dessus de chaque sourcil, et ornant le centre de son crâne. Ses yeux jaunes colériques et une expression renfrognée achevait le tableau. Pas très approprié pour la diplomatie, mais on lui avait dit de prendre sa tête de guerre en face des humains, de peur qu'elle ne prenne sa tête de dégoût. Elle fit un brutal garde-à-vous à Dragunov, avant de se mettre à hurler, plus qu'à parler. « - Je suis la Seconde Karîtra, générale du Capitaine Mastsya de la Flotte Indus ! Rouges, vous avez montré un talent sans pareil pour abattre les forces de Valdefrik, Lebohaum et des Brigands ! C'est avec plaisir que nous les avons vu brûler ! J'ai hâte de pouvoir envoyer nos forces manœuvrer avec les autres, et si vous êtes des soldats dignes, NOUS REPEINDRONS UNE MER A VOS COULEURS AVEC LE SANG DE NOS ENNEMIS ! » La dernière Seconde eut peine à s'avancer entre les autres, surtout après la tirade assourdissante de Karîtra, handicapée par son nanisme, arrivant au ventre de Téthys à peine. Une tête blanche aussi mignonne et excitée que celle d'Alisa, un uniforme complètement blanc, copié sur celui porté par Alisa lors du premier contact, et un manteau qu'on aurait juré bleu glace, même s'il était semblable à ceux de ses pairs. Cette Néréide était si petite qu'elle portait son kopsis, tellement rond qu'il semblait fait pour tout sauf le combat, dans son dos. Son corps était couvert de poils extrêmement fins, presque invisibles à l'œil nu, mais qu'on savait toujours présents. Aucune oreille visible, mais de longs filaments volatiles, légers et curieux qui lui donnait un air de savant fou – dans l'eau, cela lui donnait une chevelure proprement sublime, mais là ce n'était qu'une tignasse. Ses lèvres souriantes étaient plus fines que celles des humains, et une curieuse petite truffe noire soutenues de moustaches de chat complètement incongrues étaient les seuls trous dans toute cette blancheur. Mêmes ses yeux, pourtant pourvu de pupilles et rétines différenciées, ne présentaient que des variations de blanc. Cette petite Seconde trottina plus près des Confédérés que les autres, pour s'adresser plus directement à Alisa. « - Bonjour ! Je suis la Seconde Flocon, assistante de la Capitaine Neige de la Flotte Polaris ! C'est nous qui vous avons découverts, hihi ! Nous sommes les plus étendues des Néréides et les seuls à avoir réussi quelques contacts dépourvus de violence avec des humains avant de vous rencontrer ! J'avais très très hâte de venir vous découvrir, et j'espère que nous pourrons participer à la paix dans toute l'Abysse, ensemble! » Les présentations faites, Téthys reprit la parole : « - Hum...nos propres formalités de base sont remplies, Commandant Dragunov. Je ne vous demanderai de plus qu'une petite cérémonie préliminaire à toutes les rencontres diplomatiques parmi mon peuple, que nous pourrons opérer dans votre salle de conférence si vous y consentez. Si vous voulez nous dire autre chose ou si nous avons un protocole à remplir avant de commencer le sommet, je vous écoute. Nous sommes très sensibles aux coutumes respectives des autres nations, et y répondons toujours quand nous le pouvons et qu'elles ne nous paraissent pas excessives. »
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