Neal, quelque peu avachi dans son fauteuil, partit d'un rire nerveux et irrépressible...

Neal se leva et salua d'un geste théâtral le Commandant qui venait de s'exprimer froidement sur leur avenir.

Quand il se rassit, Neal vit défiler sous ses paupières closes tout ce qu'il avait oublié. Le choc, sans doute !

A l'entrée du représentant d'Ocre, la jeune femme se leva et se dirigea vers lui. Elle fit une profonde révérence, puis observa un moment l'envoyé du Quasar tandis que les autres commandants s'exprimaient. Elle prit enfin la parole.

"Concernant la dîme, je ne refuse pas de la payer." Elle se tourna vers tous les autres commandants, ainsi que vers les hologrammes qui suivaient ce débat. Plantant tour à tour ses yeux d'émeraude dans ceux de chacun des spectateurs de cette discussion. "Laissez-moi vous le répéter encore une fois : je ne refuse pas de payer cette dîme. Non. Cependant, je ne comprends pas la raison d'être de celle-ci.

Est-ce juste une manière de prouver notre volonté de ne point vous attaquer ? Je ne vous veux aucun mal, je la paierais aussi. Laissez-moi juste vous faire remarquer que cela ne sert à rien. Comment pouvez-vous être certains que quelqu'un payant votre dîme ne soulève pas quelque part une armée pour vous attaquer ? Les trahisons existent, vous savez. Pensez à Brutus..." Olorìn jeta un œil à Jade Six, le sourire aux lèvres. Puis revint sur l'envoyé d'Ocre.

"Est-ce juste une manière de se mettre à l'abri de votre courroux ? De ne point subir vos assauts ? Mais pourquoi nous attaqueriez-vous ? Nous ne méritons pas votre ire, notre secteur a toujours été paisible si l'on excepte les bravades de la commandante Jade Six, nous ne vous avons point fait de mal et n'avons aucunement l'intention de vous en faire. Si telle est la raison de cet impôt, vous devriez le baisser encore un peu. Faire en sorte qu'il ne soit qu'anecdotique. N'oubliez pas qu'il est prélevé à chaque cycle et que certaines nations entretiennent des flottes juste à la hauteur de leur moyen." La commandante marchait à travers la salle tout en déroulant ses pensées. Elle s'arrêta brusquement et se tourna de nouveau vers l'émissaire. "Ah, et bien sûr il va sans dire que je le paierais aussi, si cela peut vous rassurer. Je vous le dis encore : mon intention n'est point de m'y soustraire.

Bref, clarifiez les choses pour moi voulez-vous." Elle fit un sourire amical à l'envoyé. "Quel est le but et la signification de cette dîme, je vous prie ?" Avant que l'envoyé du Duc Larn ne put ouvrir la bouche, elle continua.

"Attendez avant de répondre, s'il vous plait." Petit sourire d'excuses sur les lèvres. "Je préfère vous exposer toutes mes questions d'abord. Cela vous permettra d'y répondre en une seule fois.

La commandante se rassit, puis avisant le commandant Neal et Eléa, se dirigea vers eux. Elle s'approcha tout d'abord de Neal. Sa main droite commença à se lever, puis s'arrêta en milieu de course. La commandante ferma ses yeux verts et tous les muscles de ses mâchoires se contractèrent une seconde. Elle releva les paupières, fixa Neal et termina son geste. Sa main droite se posa alors sur l'épaule du jeune homme tandis que la gauche recueillit délicatement ses doigts au creux des siens. Lorsque leurs peau entrèrent en contact, un frisson parcouru le bras d'Olorìn. Dans un lointain recoin de son esprit, elle se doutait que ce geste serait mal interprété par beaucoup, mais pour l'heure, elle s'en fichait, concentrée sur son attitude présente. Neal, lui, saurait à quoi s'en tenir et aurait le discernement nécessaire pour comprendre toute l'importance de son geste. Elle resta ainsi quelques secondes, plongeant son regard perçant au fond des yeux du commandant. Elle laissa retomber ses mains. "Calmez-vous, mon ami. Tout se passera bien. Et même si nous devons périr, nous pourrons toujours nous retrouver. Ailleurs... Ne pouvez-vous demander à votre sœur de venir ici-même ? Elle a toujours su trouver les mots qui vous ramenaient sur les chemins de la quiétude. Et j'aurais vraiment aimé faire sa connaissance avant de m'en aller..."

Olorìn se tourna ensuite vers Eléa. Elle se pencha en avant, jambe gauche fléchie, la droite tendue devant elle, un chapeau imaginaire balayant le sol devant ses pieds. "Vous me voyez ravie de faire votre connaissance, chère Eéa. Ainsi, je connais les principaux représentants de votre peuple. J'aurais eu plaisir à marcher à leurs côtés. J'aurais vraiment apprécié en apprendre plus sur vous et sur les propriétés si particulières de votre Azulyth... En d'autres lieux peut-être, qui sait ? Cela fait tellement longtemps que j'arpente divers univers que je ne m'étonne plus de rien..." Elle se positionna entre ces deux êtres qui représentaient pour elle tout le plaisir qu'elle avait eu à vivre dans cette galaxie, fit un petit signe de tête amical au commandant Maximus Cerebri même si elle ne le connaissait finalement que peu. Tous les commandants du secteur 5 s'entendaient si bien... Il aura suffi d'une excité du bocal pour faire imploser cette harmonie. Quel gâchis ! La commandante soupira, traça dans l'air, du bout des doigts, quelques signes cabalistiques connus d'elle seule et attendit la réponse du Quasar...

L'émissaire hésitant pris quelques instants de réflexions avant de tenter d'apporter, aux mieux, des réponses aux interrogations.

Comme si elle avait reçu le message d'Olorin dans le frisson de son contact avec Neal, Amber entra et se positionna debout, derrière lui.

Vêtue de noir comme son frère jumeau, on ne pouvait pas nier leur ressemblance.

Lui posant à son tour la main sur l'épaule, mais davantage pour lui suggérer de ne plus intervenir que pour le réconforter, elle prit la parole de sa voix posée.

Sa main pressa un peu plus l'épaule de Neal et son regard alla effleurer celui d'Olorin et d'Eléa.

Elle se pencha pour chuchoter quelque chose à l'oreille de son frère et celui-ci se redressa sur son fauteuil dans une pause moins lascive.

Olorìn avait écouté avec attention les réponses de l'envoyé d'Ocre. Une fois son discours fini, elle se leva afin de lui répondre.

La commandante se tourna ensuite vers Amber et son visage se détendit. Un sourire illumina son visage et elle s'approcha de la jeune femme.

Olorìn se tourna vers l'hologramme du baron Kerberos et le compte-rendu des déclarations d'Hachi. D'une démarche légèrement chaloupée, le sourire aux lèvres elle se dirigea vers eux, ses bottines claquant dans le silence de la salle. Elle s'arrêta à quelques mètres de distance afin de rester visible par les transmetteurs. Prenant appui sur la jambe gauche, les bras croisés sur son buste, elle dévisagea un instant les deux commandants. Puis se tournant vers Hachi :

"Commandant Hachi, je ne sais si vous pouvez m'entendre, votre participation ayant été involontairement interceptée apparemment, cependant, je dois vous informer que jusqu'à présent le Quasar n'a point attaqué qui que ce soit dans notre secteur. Et j'ai bon espoir qu'aucune ingérence, conflit ou autre dictat ne soit mis en place de leur part... " Elle coula un regard entendu vers l'envoyé du Quasar avant de reprendre "Toute allusion quand à une invasion par eux initié est plutôt malvenue et mensongère..." Elle se tourna vers tous les autres commandants "...mais soyez assuré que si une quelconque attaque devait être perpétrée par leur forces, la galaxie serait mise au courant. Mais là, nous parlons de fiction, puisqu'aucun commandant du secteur 5 n'a attaqué ses envoyés et que tous, nous payons la dîme. Il n'y a donc aucune raison pour que nous soyons... Comment dites-vous ? "Purifiés" ? Je ne me trompe pas, cher envoyé, n'est-ce pas ?"

La commandante se tourna à nouveau vers les hologrammes.

La jeune femme revint au centre de la salle et conclut : "Car au fond, la raison de toutes ces palabres est celle-ci : nous aiderez-vous à combattre la commandante Jade Six qui a trahi, envahi et épuisé ses planètes ou devons-nous nous débrouiller tout seuls ?" Une fois son discours terminé, la commandante se rapprocha d'Amber et de son frère.

Elle s'arrêta en chemin et, tournant la tête vers l'envoyé d'Ocre : "J'oubliais. Mes diplomates ont essayé de rallier une planète vous appartenant. Je vous prie de bien vouloir les en excuser. Il ne s'agit que de simples ordres croisés. Je suis sûre que savez ce qu'il en est et que vous ne m'en voudrez point. Je vous présente aussi toutes mes excuses pour les prochains ordres croisés qui pourraient avoir lieu." Elle adressa un sourire au porte-parole du Quasar et rejoignit ses amis.

La commandante Olorìn conversait avec les autres commandants du secteur 5 lorsqu'elle releva brusquement la tête. Elle patienta quelques secondes, le visage légèrement penché sur le côté et les traits crispés. Abandonnant ses amis, elle se dirigea droit vers le représentant d'Ocre.

Elle leva les mains devant le porte-parole, les pouces et les index des deux mains formant un cadre imaginaire. Le centre de ce cadre se mit à briller. La jeune femme éloigna alors les mains l'une de l'autre jusqu'à ce que le cadre atteigne la dimension voulue. En son centre un compte-rendu était visible :