Tranquillement dans son coin, le petit poro Joker attendait. Ses affaires prêtes, il ne lui manquait plus que le feu vert des sœurs Vice et Vermeil. Il écouta distraitement toutes les paroles échangées. Il était perdu dans ses pensées.

Bon, les aminches, puisque la politique du secteur a l'air de commencer à se passer à l'assemblée, je suppose que ça peut pas faire de mal que j'en remette une petite tartine en sus, même si on dirait que tout le monde est plus ou moins raccord pour dire que quelqu'un va se prendre une volée qu'il aura pas volé. Ha, attends, c'est bizarre dit comme ça alors que ça sonnait du tonnerre quand je me le suis dit dans ma tête.

Bon.

Alors ce cher Atlante, main armée des puissances divines s'il en est, semble avoir décidé qu'il allait arrêter de faire de la diplomatie pour plutôt se consacrer à stresser ses voisins. Et il se trouve qu'étant moi-même une voisine, et étant de plus particulièrement sensible aux situations de stress à un point que ça me donne envie de mettre le feu à des trucs juste pour montrer qu'on me cause pas comme ça, il se trouve, donc, que je suis crispée, mais alors sévèrement, du genre avec les dents du dessus qui essaient de mettre la pâtée à celles du dessous, et inversement, même si celles du dessous ont aucune chance rapport à des problèmes stratégiques dont je vous fais grâce parce qu'on n'est pas en train de parler de ma tronche, là.

J'étais donc tranquillement en train de rallier des planètes indépendantes pour y planter des champs de tabac dont je ne vous dis que ça, quand j'ai par hasard récupéré deux planètes au clergé du commandant Atlante. Lui ayant proposé de lui rendre gratuitement, comme il me semblait que c'était l'usage, et quand je dis "il me semblait", c'est juste pour rajouter des mots au milieu de mes phrases, évidemment, c'est l'usage, et puis c'est tout, il a décidé qu'il allait refuser au prétexte qu'il allait m'en rallier une autre qu'il ne me rendrait pas, et qu'il récupérerait également ces deux-là par les armes.

Ma foi, cher clergé, monseigneur de Combe, commandant Atlante, c'est très honnête de votre part que de m'informer de tout ça.

Par contre, vous avez décidé que plutôt que de causer, vous alliez m'attaquer. Et en plus, vous avez cru bon d'ajouter que vous alliez m'attaquer, mais qu'il fallait pas que je prenne ça comme une déclaration de guerre.

Comme c'est pratique.

Bon, encore une fois, je vais pas vous apprendre comment on gère son chez-soi, hein, vous faites ce que vous voulez, quand vous voulez. Mais là, il est clair que quelqu'un se paye ma tronche, et c'est un truc qui me donne pas envie d'être compréhensive. Non que je sois compréhensive d'habitude, ni que j'en ai envie, hein, mais là, ça me donne pas plus envie que d'habitude.

Alors, pour ceux qui se posaient encore des questions, je répète ce qu'ont laissé entendre les frangines de l'Ire un peu plus tôt : quelqu'un va se faire fendre, et ça va pas durer une plombe.

"Vermeil ! Y a une des peluches qui veut bien devenir mon copain ! Je peux l'emmener ? S'il te-plaîîîîîîîîîîît ?"

Terrain de jeu. Un bain de sang. Se battre. Buffet à volonté.

- Dame Vice. Êtes-vous une déesse? Je... Je n'ose croire à ce que vous me raconter. Cela ressemble fort au paradis ! Je...

Le poro était tout excité. Il ne savait plus où donner de la langue. Finalement, il arrêta de tourner en rond et leva son petit regard vert vers Vice.

- Une telle proposition. Puis-je vous appelez Déesse Vice?

Dans son Centre de Commandement, derrière son holo-écran, Jadie hurlait comme une bête. La lecture des archives qui montraient la condamnation de l'Église du Saint-Empire — et de l'adresse de l'Ire qu'elle avait prise comme une insulte personnelle —, elle s'était mise à frapper sur les terminaux à grands coups d'épée — au grand dam des Techno-Sœurs qui essayaient par tous les moyens d'arrêter sa fureur. Après avoir dégainé son énorme pistolet et vidé son chargeur sur les commandes, elle se mit à hurler encore davantage.

Et elle partit se claquemurer dans ses quartiers pour retrouver un semblant de tête froide.

Objectivement, la guerre avait été déclenchée par ces crétins du Sain-Empire. Cela à ses yeux était absolument légitime, et même souhaitable : une Nation pieuse devait purger ceux qui s'opposaient à la volonté de Dieu. Mais ils avaient fait une erreur tactique et politique monumentale, bien qu'elle ne connût pas les forces dont ils disposaient : ils avaient déclaré la guerre, grosso modo, à tout leur Secteur.

Le cri de rage avait retenti jusqu'à la Salle de Commandement, et les Techno-Sœurs terrorisées redoublèrent d'efforts pour réparer le fourbi. La voilà qui revenait !

« Branchez-moi à l'Assemblée Galactique mes Sœurs ! »

***

Pour la deuxième fois, l'image de la Sœur Supérieure apparut à l'hémicycle Galactique. Et, bien qu'elle semblât contenir une explosion de rage vertueuse, elle s'adressa virulemment aux Commandants en présence.

Ψ Sont marrants les p'tiot du 12... *il se leva*

— Pub —

A theme pharaonique, mythologique ou gothique.

Son index était en gros plan.

— Pub —