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Ultima ratio regum

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Cdte. Perséphone
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30/06/1014 ETU 21:35
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Communication fragmentaire en provenance du secteur VI.
- Les profondeurs insondables du Multivers regorgent de merveilles passées et déhiscentes. Perséphone, sois gentille, veux-tu. Tu connais mes goûts.
Son.
Les premières notes naissent dans la pénombre.
>>http://grooveshark.com/s/Bach+Air+From+The+Suite+For+Orchestra+No+3+BWV+1068/4lwr2q?src=5<<
Image.
Une pièce mal éclairée. Des murs cimentés. Un cigare agonisant sur le bord cannelé d'un gobelet dégueulant de cendres. Un homme dans la fleur de l'âge, vautré comme un dandy dans un siège incurvé en plastique. Une table de jardin, sur laquelle sommeille une machine à écrire. De la paperasse. Une arme à feu. Une bouteille dont le contenu ambré absorbe l'obscure clarté des lieux. Des mains blanches et noueuses qui brassent l'air d'un mouvement erratique. Elles tentent de caresser les courbes de la mélodie. Un corps sec. Un peignoir élimé. Les fumerolles du cigare s'évanouissant dans la lueur des luminaires.
Paroles.
- Ultima, m'entends-tu ?
Cdte. Perséphone
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01/07/1014 ETU 12:43
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Données fragmentaires captées par les balises de l'assemblée galactique.
Son.
http://www.youtube.com/watch?v=WJmBNdiBuwc&index=49&list=PL8XVb6p4XeyzntrvSysR1jtDD8A9m4kOd
Image.
Huis clos identique. Machine à écrire en action. L'homme semble concentré sur la feuille de papier dont la surface s'imprime de caractères étranges à mesure qu'il heurte les touches de ses doigts gourds.
Paroles.
- Ma prison ne comporte ni porte ni fenêtre. Je suis étrangement dispensé des besoins physiologiques que mon corps réclamait autrefois, dans cet ailleurs dont tu m'as banni. Seules mon imagination et cette étrange lucarne m'offrent le loisir d'émanciper mon esprit. Quand je prends la peine d'étudier cette lucarne, j'observe les artifices d'un décors étonnant. Je découvre une facette du Multivers plongeant le spectateur dans une galaxie, semblable à celles que j'observais le soir depuis mon observatoire.
En l'observant davantage, j'y découvre les artefacts de la science et de la technique. Certains savoirs heurtent l'état actuel de mes connaissances, d'autres me semblent particulièrement fantaisistes. Il me faut peu de temps pour comprendre les règles du jeu. Tu m'affubles de titres et d'ustensiles que tout Homme de pouvoir jalouserait dans une autre réalité. Tu me dotes d'êtres et de machines sur lesquels je peux librement exercer ma domination. Me voici libre d'exercer, dans la limite de cette cellule gigogne, l'art de tromper l'ennui que provoque inéluctablement toute incarcération. Mon corps enfermé dans cette pièce, peut se mouvoir d'un mur à l'autre. Ma volonté, elle, peut décider de conquérir des mondes et des peuples dont l'existence me semble nébuleuse. Mais elle aussi est prisonnière, coincée entre les murs que sont les limites de ces espaces à conquérir.
Et enfin, alors qu'une balise étrange semble émettre de la cage dans laquelle tu m'as enfermé, je me rends compte de la présence de ces personnages surréels, multiples et étranges, qui prétendent régner sur d'immenses empires dont la consistance et la réalité m'échappent encore. Les as-tu placés là pour stimuler mon besoin d'échapper à l'ennui ? Sont-ils également prisonniers ? Sont-ils conscients de la vanité dont tu nous accables ? Sont-ils seulement capables de m'entendre, de me voir, de me parler ?
Pour seule réponse à ces questions, un mot, un seul, ponctue chacune des pages que vomit cette machine à écrire.
ULTIMA.
Cdte. Perséphone
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02/07/1014 ETU 13:57
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Avant toute chose, Ursula R. n'avait qu'une seule passion : la musique.
>>http://grooveshark.com/s/Grande+Valse/40QkSC?src=5<<
Ursula R., fonctionnaire psychorigide, veuve et aigrie, avait pour tâche principale d'assurer la maintenance du réseau holographique de l'assemblée galactique. Petite main ignorée des grands de cette galaxie, elle vaquait discrètement dans la banalité du quotidien, prenant son service dans la matinée, s'autorisant une pause pour engloutir un sandwich à la glace aux alentours de midi, grillant de temps à autre un cylindre à la nicotine quand le risque de voir poindre la déprime se rappelait à son bon souvenir. L'après-midi, elle parachevait sa besogne en surveillant d'un œil bovin des écrans de contrôle jusqu'à ce que le tube la ramène chez elle, c'est-à-dire un appartement-cellule standard perdu dans l'immense périphérie de la capitale galactique.
Ursula R. n'avait pas de talent particulier, elle ne s'intéressait guère à la géopolitique et aux grands dadais bardés de flottes et de médailles qui mettaient régulièrement la capitale à feu et à sang. Elle avait vu les cultistes d'Ultima prendre d'assaut la cité, puis les reîtres de la Maison Tempête les en déloger. Tout cela avec indifférence. Peu importe le propriétaire de la boutique, il fallait bien que certains la fassent tourner.
Ursula R., vous l'aurez compris, était relativement imperméable à tout ce qui pouvait exister en dehors de son cocon tissé de routine et de grisaille. Elle attendait le déclin de ses jours avec l'insouciance d'une grosse mite se rapprochant lentement de la flamme d'une bougie. Et rien ne devait changer cet ordre des choses. Jusqu'à ce que, contre toute attente...
Rapport du service de veille de l'assemblée galactique
- Bon, je ne sais pas qui va recevoir ce rapport, mais qui que vous soyez, sachez qu'un rigolo émet de solides parasites depuis le secteur VI, qui, à ma connaissance est encore fermé. Alors, bon, si les bouseux de la bordure extérieure commence à foutre le boxon dans les relais holographiques de l'assemblée, moi, je réponds plus de rien, parce que hein bon, c'est toujours les p'tits qui prennent, hein, monsieur. Donc, voilà, qu'on me reproche pas de ne pas avoir fait de rapport, hein, déjà que c'est sur mes heures supplémentaires, parce que voilà, hein, bon.
Et puis, si quelqu'un pouvait répondre à ce gugusse, ça me ferait des vacances, parce que ce gaillard, hein, y fait que spasmer des mots sans queue ni tête, Ultima-ci, Ultima-ça ! Alors, voilà. Moi, j'attends les consignes.
Bonne soirée.
Cdte. Perséphone
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02/07/1014 ETU 19:12
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Confirmer : effacement des données parasites ?
Paroles.
- Perséphone, nous avions jadis défié et dépassé la singularité. Aucun pouvoir, aucune science, aucune machine, aucune arme n'a plus jamais alors eu d'importance. Le champ infini de notre conscience s'est libéré. Tous nos concitoyens ont alors franchi ce que nous pensions être l'ultime frontière, et cette adversaire implacable qu'est la mort fut vaincue par notre espèce triomphante. Nous pensions être libres et libérés de notre finitude. Nous avons alors exploré le Multivers. Et nous avons trouvé là notre prison. Pute de vierge, Perséphone, la seule fenêtre de cette pièce, c'est la musique ! Encore, encore et toujours de la musique !
Son.
>>http://grooveshark.com/s/Winter+1/4NZps6?src=5<<
Image.
L'écrivain, concierge d'un huis clos confinant à l'ennui, ajuste le barillet de sa machine à écrire, y glisse une feuille de papier grise, teste la souplesse de ses doigts, les croise et les fait craquer sans grande élégance.
Paroles.
- Que ceux qui le peuvent nous entendent. Voici l'histoire de Pandore, qui, selon nos mythes, fut la première d'entre nous à avoir franchi l'ultime frontière. On dit que dans la noirceur de la grande nuit, elle rôde encore.
Image.
L'écrivain frictionne sa barbe. Se racle la gorge. Reprend son récit dans le cliquetis métallique des caractères se couchant sur le papier.
Texte.
- Je t'avais prévenue. Tu es sotte.
- Depuis quand la curiosité est-elle un vilain défaut ? Au nom de quelle morale viciée prétends-tu cela ? Toi à qui Zeus m'a donnée en présent, Epiméthée, mon Amour, te fais-tu genèse du plus crapuleux proverbe qu'aie connu la Création ?
- Tu ne mesures pas la portée de tes actes. Tu es Destruction.
- Je suis telle qu'on m'a créée, de terre, d'eau, de force, belle à l'image des vierges de l'Olympe, emprunte de la fougue d'Héphaïstos, mon styliste et géniteur... je suis Espérance, je suis Chaos, je suis humaine.
- Prométhée et moi-même t'avons déja dit ce qu'il en coûtait d'accepter de tels présents. Cette jarre symbolise tant d'émotions... tu es folle de vouloir contempler ce qui est Tout et à la fois Rien.
- Regarde-moi bien dans les yeux, Epiméthée, tandis que j'ouvre ce récipient. Dévore-moi du regard, caresse-moi nos interdits, nos humeurs, nos chuintements... et ose intervenir. Là, tu es docile comme tes semblables. Tu m'aimes autant que tu me hais, car je suis la Première Femme, le premier être humain, et je serai l'éxutoire d'une masse douloureuse mais créatrice d'espérance.
Dès lors, Pandore ouvrit la jarre.
Cdte. Perséphone
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03/07/1014 ETU 01:06
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Alexandre était confortablement assis dans un antique siège en velours rouge. Seul spectateur d'un opéra holographique qui n'attirait plus les foules depuis des décennies, il était l'un des derniers clients du plus ancien, mais aussi du plus minable et plus miteux opéra-odéon de la capitale galactique. Ce soir, on y donnait l'ultime représentation du Fils de l'Homme, une tragédie épique relatant la malédiction d'un peuple dont les femelles souffraient mystérieusement de stérilité. Leur monde sombre dans le désespoir et la violence, et rien ne semble offrir aux héros la moindre once d'espérance. Les choeurs entonnent un récital bouleversant et magistral. Alexandre se pare des frissons annonçant l"orgasme sensoriel que seule une musique intense et profonde sait susciter :
>>http://grooveshark.com/s/Mother+And+Child/2fi04N?src=5<<
Alexandre, pigiste raté, chroniqueur d'une émission érotique vulgaire et aseptisée sur une chaîne du réseau médiatique Holocom, étouffe le remugle pathétique de ses échecs personnels dans l'ivresse d'un opéra capiteux. Quand l'opéra se termine, alors que tout espoir semble perdu, une femelle diaphane apparaît telle un miracle devant les héros. Elle porte un enfant dans ses bras, son enfant. Elle émerge des décors, très convaincants de réalisme, reproduisant les ruines d'une cité en flammes. Le carnage cesse. Elle avance parmi les corps et les combattants, qui s'immobilisent sur son passage. Pour quelques secondes, son peuple semble à nouveau uni et apaisé. Tous semblent communier. C'est le paroxisme de la catharsis. Et puis, un tir éclate. Et le carnage reprend. Rideaux. Alexandre quitte les lieux, s'engouffre dans le tube, et se laisse distraire, le temps du trajet, par la chaîne d'information rivale de Galaxy News, la racoleuse Téléstar Galactica. Alexandre observe le sourire frigorifique du présentateur vedette qu'il aurait pu être. Sa locution parfaite narre les combats dantesques qui opposent de grands empires dans un secteur lointain. Il situe sur une carte galactique les belligérants, comptabilise les morts, émet des pronostics. Notre pigiste raté n'a plus reçu le moindre scoop depuis des années. Alors qu'il rumine l'amertume des occasions manquées, des mots qu'il aurait fallu prononcer, des mains qu'il aurait fallu serrer et des culs qu'il aurait fallu baiser, son COM-X personnel, bas de gamme, vibre.
- Hé, Alexandre. C'est Ursula R., du service de maintenance du réseau holographique de l'assemblée galactique. Tu me remets ? Je t'avais branché sur le scandale des logiciels érotiques pirates qu'un plaisantin avait introduit dans le disque dur du logiciel Oedipe. J'ai p't'être un truc pour toi, hein, voilà. Tu sais où me joindre, fais-moi signe.
Cdte. Perséphone
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03/07/1014 ETU 15:09
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Yerog M. avait depuis longtemps pris l'habitude d'exécuter ses contrats en musique. Un casque vissé sur les oreilles.
>>http://grooveshark.com/s/Toccata+From+Suite+Gothique+Boellmann+Arr+Ball/3JaJax?src=5<<
Le vieux sicaire, revêtu tout entier de bandes molletières sombres, ressemblait à une momie mal ficelée. Cet aspect étrange, pour ne pas dire grotesque, avait l'art d'interloquer les cibles qui avaient le malheur d'être inscrites au menu. Ces quelques secondes de perplexité leur étaient généralement fatales, le temps pour Yerog M. de leur fendre le gosier d'un sanglant et dernier sourire. La nuit, dans les quartiers sombre de la capitale galactique, l'assassin nourrissait sa propre légende dans les milieux de la pègre. Nul ne le connaissait vraiment. C'était lui qui vous trouvait et jamais l'inverse. Il suffisait de laisser courir la promesse d'un règlement de compte, d'une prime généreuse, et Yerog M. débarquait un soir chez vous, attendant que vous prononciez le nom de sa prochaine victime. On ne lui connaissait nulle allégeance. C'était un véritable et terrible croquemitaine.
Ce soir, le tueur fané par le poids des ans poursuivait sa dernière cible. Fatigué par une vie professionnelle consacrée au meurtre appliqué et méthodique, Yerog M. aspirait au repos. Une bonne femme insignifiante, fonctionnaire obscure travaillant à l'assemblée galactique, serait la dernière à figurer sur son tableau de chasse. Ses puissants commanditaires avaient déboursé une avalanche de £eems pour la faire disparaître dans les plus brefs délais. Bien qu'en général il ne prêtait pas attention aux mobiles de ses clients, le vieil assassin s'intéressa à Ursula R. lorsqu'il la vit pour la première fois. Pétrie d'habitudes, la mégère prenait le tube chaque soir pour regagner son taudis. Yerog M. fut très étonné de découvrir qu'il ne détenait pas le monopole de la monotonie. Rien qu'en cela, Ursula R. éveillait en lui un vague sentiment de sympathie.
Lorsqu'il lui trancha la gorge d'un geste élégant, il vit le visage de la fonctionnaire s'illuminer d'un sourire béat. Dans un ultime gargouillement, la bouche crachant un sang épais à gros bouillon, Ursula R. marmonna que c'était là une fin inattendue et romanesque. Pour la première et dernière fois de son existence, elle s'était senti vivre. Peiné par le pathétique de la situation, le vieux sicaire essuya sa lame sur la tunique du cadavre, se recueillit un instant, et entreprit de donner à la dépouille une posture digne avant de l'abandonner à la nuit. Alors qu'il alignait les bras en les saisissant par les poignets, ses doigts rencontrèrent un petit objet métallique. Un bracelet.
Lui qui ne prélevait jamais de trophées, car il était un professionnel et non un psychopathe, Yerog M. avait décidé de faire une exception et de garder un souvenir du dernier acte de son grand oeuvre. Se parant à son tour du bracelet, il actionna bien malgré lui un mécanisme dont il n'avait pas soupçonné l'existence. Une projection holographique fusa du bijou par le biais d'un minuscule interstice. Une espèce d’œil rouge le fixait. Une voix chaude et amicale l'interpella.
BONJOUR.
Une aimable communication de l'Administration centrale.
- Je suis Oedipe, logiciel d'interface diplomatique et commerciale de type IV. Que puis--je faire pour vous aider ? Souriez, le bonheur est obligatoire !
Back up initialisé.
Cdte. Perséphone
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03/07/1014 ETU 22:30
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Le générique de l'émission holo-réalité Crimes & Châtiments de la chaîne Téléstar Galactica retentit. C'était du direct.
>>http://grooveshark.com/s/Use+And+Abuse+Part+4/40erWO?src=5<<
Agrippa cultivait les clichés comme un hydro-fermier fashan stakhanoviste cultive les bulots. Le limier obèse aimait les cigares, les promotions et les affaires louches. Assis non loin de la scène du crime, il saluait de temps à autre les drônes-caméra de l'émission qui bourdonnaient à proximité. Bien connu des holo-spectateurs, Agrippa savait soigner son image auprès d'un public qui se passionnait pour la pègre et les crimes sordides. Son superviseur vint le distraire de son bain de foule virtuel. Un étranger portant une suite de combat frappée des armoiries de la Maison Tempête, tellement droit et rigide qu'il avait dû abriter une armée de balais dans son noble fondement. Le gouverneur de la capitale, un grand amiral quelque chose, avait noyauté les limiers métropolitains, police de la cité. Il avait proclamé vouloir éradiquer le crime au nom de son souverain, et il avait estimé nécessaire de contrôler davantage le travail des brigades sur le terrain en leur collant une tripotée de belles-mères coincées et suspicieuses.
La belle-mère du limier Agrippa, répondant au doux nom de Sigürd Foudre Mer, venait quémander son rapport. Le flic obèse, qui n'avait pas pris la peine de se lever, se gratta le nez et énuméra les informations qu'il avait collectées. Une certaine Ursula R., fonctionnaire de l'assemblée galactique, tuée net et sans bavure, sans doute par un professionnel. Gorge tranchée. Le corps n'a pas été déplacé, si ce n'est pour lui offrir une posture digne, celle d'un corps destiné à l'enterrement. Le drône légiste a détecté une légère contusion sur le poignet droit. Après analyse, probable présence d'un bijou. Mobiles possibles : un vol qui a mal tourné, l'oeuvre d'un psychopathe ou d'un tueur à gages. Une fonctionnaire de l'assemblée galactique, c'est une source potentielle d'emmerdements.
Le superviseur acquiesca d'un air supérieur. Un rapport serait adressé au grand Amiral. Il conseilla à Agrippa de ne pas lâcher l'affaire. Il partit. Le flic obèse se ficha un cigare dans l'interstice de ses lèvres épaisses, fit jouer la flamme d'un briquet, et inspira une solide bouffée.
Au grand Amiral Dagmar d'AubeFer. Rapport confidentiel.
Votre excellence,
Une fonctionnaire de l'assemblée galactique, responsable de la maintenance du service holographique du cénacle, a été assassinée hier soir. Nous ignorons les mobiles du meurtrier, mais tout laisse penser qu'il s'agit de l'oeuvre d'un professionnel. La victime, de par ses fonctions, avait accès à bien des données confidentielles. Nous avons estimé nécessaire de vous informer. Nous attendons vos instructions. La garde royale redoute une manoeuvre de déstabilisation, créant un risque accru pour la sécurité de nos dignitaires. Un suspect a par ailleurs été arrêté. Nous le suspectons d'être un agent de l'Aplacophore. L'interrogatoire est toujours en cours.
Cdte. Perséphone
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06/07/1014 ETU 13:49
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Quelque part dans les profondeurs du dépotoir servant de bureau au limier Agrippa, un vieux poste, coincé entre une pile de dossiers et une autre de gobelets usagés, crachouille une chanson rétro à la mode.
>>http://grooveshark.com/s/Let+It+Be/1O35Mo?src=5<<
On parcourt cet amoncèlement composite d'un oeil circonspect et étonné. Seul un géologue expérimenté pourrait s'y repérer, tant les couches de crasses, de paperasse et d'objets divers se sont fondues en strates étranges et odorantes. Preuve évidente de laxisme pour ses détracteurs, signe évident d'intelligence et d'organisation pour ses admirateurs, le désordre du limier obèse est depuis longtemps devenu légendaire. Seule une lucarne bancale, dont la clé de voûte repose sur un vieux moniteur éteint, trois blocs de données et une statuette du chancelier Hoepner, laisse entrevoir la silhouette imposante du limier Agrippa depuis l'autre côté du bureau. Du moins, c'était l'angle de vue offert à Alexandre, pigiste raté, chroniqueur obscur d'une émission érotique sur Téléstar Galactica, et en l'état actuel de son curriculum vitae suspect principal dans l'affaire du meurtre de la fonctionnaire Ursula R., retrouvée égorgée dans une ruelle de la périphérie de la capitale galactique, à deux pas de son domicile.
Pendant six heures, Agrippa s'était contenté de ne rien dire, de ne poser aucune question, de fumer ses cigares et de passer en boucle la même chanson rétro. Il quittait de temps en temps le cagibis qui abritait son capharnaüm pour soulager sa vessie de prostatique diabétique, ou commander une salade de nouilles fashan. Il laissait ainsi mariner son suspect, certain que le fruit finirait bien par être mûr. Sa méthode, bien que choquante pour les avocats des prévenus tombés entre ses griffes boudinées, était relativement efficace. Et comme la loi martiale instaurée par la Maison Tempête était généreuse en mesures d'exception, pourquoi se priver ?
Alexandre avait enduré tout cela avec courage, alternant les atermoiements indignés, les colères froides, chaudes ou tièdes, oscillant entre flegme, pragmatisme ou démence, offrant tantôt son aide, menaçant plus tard de salir le limier dans la presse. Mais rien n'y fit. La masse de graisse suspicieuse qui se tenait de l'autre côté de la table ne réagissait pas. Et puis, subitement, au bout de six heures léthargiques, Agrippa alluma le vieux moniteur qui faisait face au suspect. La machine égrenait dans un flot de caractères verdâtres le contenu des dernières conversations échangées par COM-X entre Alexandre et Ursula R. Pour vous, l'histoire est connue : le pigiste raté avait fixé un rendez-vous à la mégère, qui lui avait promis un scoop. Et moins d'une heure avant l'entrevue, elle était raide, fendue d'un joli sourire de part et d'autre du gosier. Avouez que ça à de quoi titiller un flic avide de promotions et d'avancement. Un suspect idéal pour un coupable idéal. Reste juste à obtenir des aveux et un bon mobile. Choses qu'Alexandre se refusait, bien malgré lui, à offrir à l'analyse subtile du gros limier.
Bien plus tard, lorsque Alexandre témoignera de son expérience dans une autobiographie médiocre, il dira que cet interrogatoire n'aura comporté qu'une seule question, à laquelle il répondra de façon très jésuitique, c'est-à-dire par une autre question.
- Pourquoi foutrepute un journaliste aurait tué une de ses sources ? Je sais que t'es un putain de raté, Alexandre, mais quand même, je te comprends pas. Pourquoi avoir refroidi cette vieille carne ?
- Hé bien, oui, grosse limace baveuse et verreuse, pourquoi irais-je buter une gonzesse qui me promet un scoop, hein, pourquoi ? C'est moi qui te pose la question, tas de graisse stupide : POURQUOI ?
Le limier, outré par tant d'impolitesse, n'eut alors guère le loisir de réprimer toute cette insolence. L'intervention de son superviseur, Sigürd Foudre Mer, l'en empêcha. Désaisi de l'enquête, Agrippa ne revit plus jamais son suspect. C'est qu'Alexandre, avant d'être libéré bien des années plus tard, fut emmené par les gardes de la Maison Tempête. Suspecté d'être un agent de l'Aplacophore, ce dernier devra attendre la chute de la capitale galactique pour retrouver son opéra-odéon préféré.
Image.
L'écrivain relit le dernier paragraphe. L'air satisfait, il introduit une nouvelle feuille de papier dans la machine.
... à suivre.
Cdte. Perséphone
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07/07/1014 ETU 03:09
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Informations recueillies par la fonctionnaire Ursula R. quelques heures avant sa mort.
Source d'émission identifiée : 5.6.9.3
Fichier sonore.
>>http://grooveshark.com/s/Fahrenheit+451+The+Reading/4ipAI?src=5<<
Texte.
Perséphone surplombe les paysages étranges de la planète Eleusis. Son œil rouge scrute les océans, les montagnes et les forêts. Il s'attarde sur les cités anciennes, oubliées depuis longtemps. La nuée de drones qu'elle dirige surveille inlassablement le remugle de la faune, la beauté de la flore, le charivari des éléments. Gardienne avisée, elle sait se faire discrète, et veille admirablement sur l'équilibre de ce fragile écosystème. Il porte encore les stigmates industrieux de la civilisation qui l'exploitait jadis. Sous la végétation des espaces continentaux, on devine par endroits la présence d'anciens hauts fourneaux, d'antiques chantiers spatiaux, d'anciennes cités-usine dont seuls les squelettes atrophiés par le temps et l'usure émergent encore.
Lorsque Perséphone avait exploré Eleusis, elle avait découvert d'immenses mausolées dans lesquels dix milliards d'êtres sommeillent. Ils y sont bercés par un chant complexe que d'immenses cornets acoustiques en airain diffusent inlassablement dans les profondeurs de la terre. De fabuleux cylindres poinçonnés et mus par la force de pièges à vent les alimentent en son. Ce sont là les voix des dormeurs, enregistrées à l'aide d'une mécanique ancienne et ingénieuse. Elles résonnent sans doute depuis des siècles, ne prononçant à l'unisson qu'un seul mot. Un mot vibrant d'espérance, de crainte, d'impatience.
ULTIMA.
Celui qui avait guidé le logiciel Perséphone vers cette planète semblait prisonnier d'un petit cube de béton, perdu dans les décombres d'une cité ancienne. La demeure de l'écrivain était là, quelque part, sur Eleusis. Du moins le croyait-on. Du moins c'est ce que Perséphone prétend. Gardienne solitaire d'un prisonnier énigmatique, perdue dans les confins de la galaxie, bien loin des crises diplomatiques et du fracas des armes, Perséphone veille, car telle est sa mission. Un vague mot d'ordre hante le cimetière de ses circuits oxydés.
Souriez.
Cdte. Perséphone
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07/07/1014 ETU 17:20
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Yerog M. adapte le rythme de sa marche au tempo musical de son casque. La musique qui en émane drape la cité avec éloquence, ses notes se fondent dans le décor. Le vieux sicaire traverse les boyaux obscurs de la capitale galactique avec assurance. Le tube l'emmène vers l'esplanade du lieu le plus prestigieux de l'univers.
>>http://grooveshark.com/s/Astronomic+Club/4s3Rpg?src=5<<
Assemblée galactique d'Utopie
Contrôle holographique de l'assemblée galactique.
Entrée principale de l'esplanade. Poste de sécurité principal.
Suspect potentiel en approche.
Drones de contrôle activés.
Son et images retranscrites sur le canal de sécurité des représentants de l'assemblée galactique, accessible à tous.
Un vieil homme vêtu de façon grotesque, emballé de bandes molletières sombres, est entouré par une dizaine de drones de sécurité et de gardes de la Maison Tempête. Il est immobile. Son visage fané tient d'une écorce ancienne, dont les nervures craquelées forment autant de fissures et de rigoles par lesquelles s'écoule inéluctablement la sève de son existence. Bien que sa tenue en interloque plus d'un, son maintien est d'allure aristocratique. Son regard semble braver avec flegme les milliers de curieux qui l'observent depuis la multitude. La scène est ubuesque, ni les drones ni les gardes n'osent l'approcher. C'est finalement le vieux sicaire qui, brandissant son poignet droit en l'air, fend le silence comme il fendait jadis les gosiers. Sa voix forte et noble retentit dans les colonnades de la salle des pas perdus.
Commandants !
Mon nom a peu d'importance. Je viens ici pour demander audience. Je détiens quelque chose, ou plutôt quelqu'un, qui pourrait intéresser certains d'entre vous. Le plus offrant en héritera !
Les gardes médusés, les drones circonspects, nul ne bouge alors que Yerog M. actionne le mécanisme du bracelet qu'il porte au poignet. Apparaît alors une projection holographique d'un œil rouge aisément reconnaissable.
ATTENTION.
- Mais, je connais ce lieu, moi. Où m'avez-vous emmené, Yerog ?
Souriez.

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