L'écrivain, entité mystérieuse enfermée dans une pièce sans portes ni fenêtres, s'affaire avec tranquillité. La table de jardin en plastique qui lui sert de bureau se pare d'un plan de bataille bien ordonné. Au centre du dispositif, parmi les régiments de feuilles et les escouades de crayons, trône la lourde machine à écrire de marque Remington, modèle 1920. Posé non loin d'une bouteille ne laissant aucun doute quant à son contenu alcoolisé, un tourne-disque se met en branle. L'aiguille caresse les sillons d'un disque antique.

♫ http://tny.gs/1BMt687 ♫

Qui se souvient de Cassandre ? Qui se souvient des balbutiements, des prolégomènes ou des pionniers ? Qu'est-ce que le monde, l'univers, et tout le reste ? Qui est Dieu ?

Et tant de questions encore. Patience. Vous trouverez peut-être vos réponses.

♫ http://tny.gs/1uQ2519 ♫

La cosmogonie (issu du basique classique cosmo- « monde » et gon- « en­gendrer ») est définie comme un système de la formation de l'Univers. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné ».

Des récits oraux de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés traditionnelles, mais de nombreux traités sur les origines possibles de l'univers ont aussi été écrits par des philosophes ou des penseurs scientifiques.

Des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les modèles intemporels y ont donc une place importante.

La variété des récits de création du monde, à travers leurs théories des origines, semble aussi exprimer le besoin immuable de décrire et peut-être justifier les transformations radicales du monde observable, des univers connus et de toute forme de société civilisée. Pour certains penseurs, la cosmogonie est « le modèle exemplaire de toute manière de faire » ; une sorte de modèle archétypal de la création, l'univers étant le « chef-d'œuvre » d'un ou plusieurs créateurs offert comme modèle aux êtres intelligents.

Au commencement était le Verbe. Puis, on inventa l'écriture, l'imprimerie, l'informatique et enfin l'astropastis. Comme nous le verrons plus tard, l'astropastis marqua les débuts de l'ère des grands voyages galactiques et de la rencontre entre les innombrables civilisations de cet univers. Bien entendu, l'historiographie officielle réfute avec virulence cette manière de lire l'Histoire. Mais la geste galactique que je m'apprête à vous raconter doit pourtant la plupart de ses grands événements à l'alcoolisme et à la toxicomanie des grands personnages qui l'ont écrite.

Par grands personnages, nous entendrons parler des commandants. Comme l'indique leur titre, ils commandaient. Ils partageaient la singularité d'avoir pris un jour le pouvoir sur leurs planètes respectives. Il faut se faire à cette échelle des choses : nous ne parlerons dans ce récit que de mondes globalisés, régis par des gouvernements planétaires uniques. La légendaire planète Terre était en cela bien en retard, tant l'humanité primitive des mythes anciens semblait divisée. Mais oublions pour l'heure l'anthropocentrisme rétrograde, de nos jours on lit l'Histoire à l'échelle d'une galaxie. L'Homme dans tout ça n'est qu'un minuscule grain de poussière plutôt insignifiant.

Nous avons donc là un univers, des milliers de galaxies, des milliards de planètes, et quelques centaines de civilisations dirigées par des dingues, suffisamment évoluées pour voyager dans le vaste cosmos et communiquer entre elles. Si vous suivez toujours, accrochez-vous. Le pire reste à venir. Car dans cet univers, Dieu existe. Hé, je vous entends déjà soupirer, mais ce n'est pas vraiment la peine. Dans cet univers, les croyances ont peu d'importance. Dieu n'est pas un être surnaturel. Je vais décevoir les bigots, les agnostiques et les athées, mais c'est la stricte vérité. Dieu existe, et personne ne croit en lui.

Personne ne croit en lui pour la simple et bonne raison qu'il ne s'agit pas d'une entité spirituelle vaguement magique. Pas de Vérité révélée, pas de messies, pas de prophètes, pas de superstitions, pas de porte-à-porte le dimanche matin pour vous vendre une espèce de bottin métaphysique. Certes, dans cet univers, Dieu reste un être supérieur, mais vous devez oublier ce que vous pensez connaître de Lui, ou d'Elle, ou du truc que vous avez l'habitude d'appeler Dieu. Si le terme vous dérange, que vous le trouvez trop connoté, libre à vous de l'appeler Ingénieur, Grand Architecte ou Grand poireau cosmique.

De toute façon, Dieu n'avait pas de forme particulière. Dieu, la science peut l'expliquer. Les quelques savants l'ayant étudié rapprochaient son être d'une onde similaire au son. Dieu se déplaçait donc moins vite que la lumière (pour sa plus grande frustration), il était immatériel, mais il interagissait avec la matière, et pas qu'un peu. Sa spécialité, c'était de jouer avec elle comme un gamin joue avec de la plasticine. Faire, défaire, créer, détruire. Avec l'aide du hasard, il mélangeait temps, espace, énergie et matière avec l'inspiration d'un aquarelliste amateur colérique qui déchire régulièrement ses travaux car il n'en est jamais content.

♫ http://tny.gs/1siDB1Q ♫

L'ennui est un sentiment de démotivation et de désintéressement. « Ennuyer » est issu du bas langage classique inodiare, qui signifie « être odieux ».

Qu'il naisse d'un événement ou d'un phénomène entraînant l'interruption ou le dysfonctionnement d'un processus ou d'une activité (par exemple en cas de panne subite d'un moteur à proton alors que votre croiseur effectue un bond stellaire, nous parlerons d'ennui mécanique),

Qu'il soit suscité par un processus ou une activité, notamment par la monotonie ou la vacuité de sens d'une action (par exemple en cas de lancement de dizaines d'ordres répétés quotidiennement dans le cadre d'un bombardement ionique, nous parlerons d'ennui répétitif),

L'ennui est un phénomène qui menace inéluctablement, à moment ou à un autre, la survie, le destin ou le développement d'une civilisation. Certains scientifiques estiment qu'il est à l'origine de la plupart des décès constatés parmi l'élite dirigeante, regroupant les personnages politiques les plus influents de la galaxie, c'est-à-dire les commandants.

L'ennui mortel serait donc l'aboutissement de la carrière de la plupart des commandants, contraints à l'immobilisme ou l'attentisme face à la vacuité de leur existence une fois leurs premiers objectifs atteints ou contrariés par une puissance supérieure. Selon les spécialistes de la question, seule une pratique assidue d'une activité créative, à vocation culturelle ou artistique, permettrait de contrer les effets d'un tel fléau. Un autre moyen, généralement désapprouvé par l'opinion publique, consiste à s'occuper en organisant un génocide ou en adoptant une politique étrangère agressive et expansionniste. Selon nos statistiques, rares sont les commandants au profil psychologique instable, violent ou cruel susceptibles d'être victimes de l'ennui. Sauf si évidemment, ils se retrouvent isolés parmi les cadavres de leurs victimes. Ils se retrouveraient alors face à la solitude et au néant, causes probables d'ennui mortel.

<Progrès>

♫ http://tny.gs/1msJEyc ♫

Le progrès est un concept à deux dimensions :

Une dimension absolue, le progrès — avec parfois une majuscule : le Progrès — quantitative avec l'idée d'action et de résultat d'évolution vers un objectif ou un idéal.

Une dimension concrète qualitative, un progrès, avec l'idée d'une ou plusieurs améliorations quantitatives et qualitatives de l'existant, l'action et le résultat de cette action. Ce concept de progrès est utilisé et discuté dans différentes disciplines telles que la philosophie, l'histoire, la politique, l'économie, la médecine ou les sciences.

La plupart des penseurs et scientifiques de la galaxie estiment que l'entité créatrice de cet univers, communément nommée Dieu, semble être à la source des différentes connaissances susceptibles de se rattacher au concept de progrès dans les différents domaines susmentionnés. La grande uniformité des connaissances et technologies recensées dans la galaxie Utopie semble accréditer cette hypothèse.

Progrès politique : voir progressisme

Le stagiaire, frétillant d'excitation, entra les mots <Progrès scientifiques> dans la console.

♫ http://tny.gs/1n2Do0B ♫

Le progrès scientifique est le nom donné au développement des connaissances scientifiques. Le progrès technique est dans une large mesure dépendant des avancées scientifiques.

On peut situer l'origine du progrès scientifique au début de l'Histoire, à partir du moment où les êtres intelligents ont pu formaliser les connaissances sur des supports écrits (papyrus, parchemin, papier, bases de données informatiques, tatouages lasers binaires, tablatures génétiques cryptées, architecture macro-terraformative à vocation scientifique, quoique plus rare faute de montagnes ou de reliefs à graver en suffisance sur certaines planètes).

Dans les grandes civilisations, le progrès scientifique était intimement lié à la religion. Il a pris une tournure nouvelle à partir du développement du voyage interstellaire, lorsque bon nombre de savants ont été jugés pour hérésie en raison de leurs positions sur l'étendue de l'univers connu, dont les limites étaient repoussées au-delà des conceptions cosmogoniques de la plupart des religions antérieures à l'émergence d'une civilisation galactique. À partir de ce moment, la relation entre la science et la religion a été remise en cause. Dans le discours préliminaire de l'Encyclopædia Galactica, le logiciel Œdipe prend nettement position en faveur de l'autonomie de la science.

Les principaux philosophes des sciences ont depuis longtemps démontré par des études historiques que le progrès scientifique n'est pas un processus cumulatif, mais procède au contraire en changements de paradigmes, appelées révolutions scientifiques ou encore paliers scientifiques. Lorsqu'un nouveau paradigme s'est installé dans la communauté scientifique, il y a également une phase de progrès dans le cadre de ce que la philosophie des sciences appelle la « science normale », jusqu'à ce que des phénomènes inexpliqués ou anomalies se présentent, remettant en cause le paradigme.

Le philosophe valpasséen Sigismond de Corvée a remis en cause fortement l'idée de progrès qui découle souvent de la technoscience, notamment en raison des conséquences de l'activité des civilisations galactiques sur la préservation des écosystèmes globaux que sont les planètes telluriques habitées et exploitées par des êtres supposément intelligents. En effet, certaines civilisations très avancées n'ont cependant pas pu ou voulu empêcher le déclin des mondes qu'elles occupaient. De même, le développement d'armes de destruction massives et de moyens technologiques avancés à vocation militaire remettent en question le truisme associant le concept de civilisation avec celui de progrès scientifique. En conclusion de quoi la plupart des moralistes réputés estiment que science sans conscience n'est guère preuve d'intelligence.

Depuis le développement des voyages interstellaires et le développement des échanges entre civilisations galactiques, bon nombre de scientifiques ont constaté que les technologies développées de part et d'autre de la galaxie suivaient un canevas universel. La philosophie des sciences a démontré que les découvertes scientifiques procédaient de révolutions scientifiques régulières, organisées en paliers. Il s'avère aujourd'hui que ces paliers sont universels, et offrent des pistes de recherche communes à toutes les civilisations galactiques, à quelques exceptions près si on considère les connaissances propres à certains profils de commandants, historiquement associés à d'anciennes connaissances de faction ou de caste (par exemple : technologies propres à l'alliance, à la fédération, à la guilde, etc).

Bien que l'on ignore aujourd'hui si le progrès scientifique a une fin (si ce n'est celle qui surviendra irrémédiablement en cas d'apocalypse galactique, ce qui est heureusement peu probable), il est vraisemblable que toutes les connaissances développées par les civilisations galactiques aient une racine commune. Pour certains penseurs, elles proviendraient d'une entité créatrice supérieure, que d'aucuns sont tentés de nommer Dieu. Mais ça, c'est une autre histoire, hein.

♫ http://tny.gs/1u2NPC1 ♫

Le progrès social est la recherche et le développement des libertés communes et de l'égalité des citoyens au sein d'une civilisation donnée. Il regroupe tous les progrès qui touchent à l'amélioration des conditions de vie des êtres intelligents vivant au sein d'une société structurée autour d'un projet civilisationnel. Le progrès social est essentiellement une notion contemporaine parce qu'il est associé aux conditions de vie des êtres intelligents dans la société galactique moderne.

Le progrès social se présente sous plusieurs aspects :

-Capacité de discussion et de concertation entre groupes d’intérêts divergents sans risque de générer de la violence au travers de conflits armés.

-Augmentation du temps libre pour les travailleurs, amélioration des conditions de travail, contribution à l'augmentation de l'indice de bonheur de la population.

-Augmentation du confort et du niveau de vie des personnes : système de santé performant et accessible à tous (gestion de la souffrance des patients par les hôpitaux), système d’éducation, lutte contre l'isolement des personnes indigentes, reconnaissance des identités minoritaires, protection de l’Enfance, démocratisation de la culture et des loisirs, etc.

-Démocratisation et transparence des pouvoirs institués.

-Liberté de choix et d’opinion.

Le progrès social se concrétise dans la mise en place d'institutions étatiques, planétaires ou galactiques, selon l'échelle et la portée de leurs compétences. Certaines organisations non gouvernementales sont également porteuses de luttes et d'actions politiques en faveur du progrès social.

Les progrès sociaux sont pour la plupart dus à des choix politiques. Ces choix, généralement portés par les gouvernements, répondent généralement aux aspirations des populations. Néanmoins, les progrès sociaux peuvent être obtenus de différentes façons :

- Le développement du niveau de vie, fortement tributaire du développement économique ;

- La négociation au sein de la société, de la branche, de l'État, ces négociations sont en général obtenues par l'action des syndicats ou de groupes de pression ;

- La voie législative : un parti politique au pouvoir décide d'un progrès social et vote une loi en ce sens, c'est souvent la formalisation d'une négociation passée, mais parfois des progrès sociaux se font sans l'aide des syndicats.

La nature du régime politique adopté par une civilisation influence fortement le développement du progrès social au sein d'une société. Généralement, ces progrès se développent davantage dans les sociétés de nature démocratique et/ou socialistes.

La notion de progrès social ne s'applique pas à proprement parler aux castes dirigeantes, représentées à l'échelon galactique par les commandants siégeant à l'assemblée galactique. Mais certains mécanismes revendiqués par certaines coalitions, factions, ou personnalités instituent de fait certains facteurs favorisant une certaine forme de progrès social à l'échelle de la galaxie : lutte contre la destruction des écosystèmes globaux et le déclin des planètes surexploitées, aide au développement économique et scientifique, répartition et redistribution de ressources ou de colonies, etc.

Le progrès social résultant à la fois d'une volonté politique et d'une confrontation d'idées, on peut établir que la plus haute institution existante à l'échelle galactique permettant de le concrétiser est l'assemblée du même nom. La plupart des historiens, sociologues et penseurs s'accordent pour convenir du caractère unique et paradoxal de cette institution. En effet, aucune recherche sérieuse n'a pu prouver que cette institution fut créée par une quelconque civilisation galactique ou portée par une volonté collective. Dès l'émergence des premiers voyages interstellaires, la plupart des premiers explorateurs et dirigeants ont constaté l'existence d'une lointaine assemblée galactique, située sur la planète Capitale dans le secteur Origine (système 17). Nul ne connaît l'origine précise de cette institution, laissant dire à certains philosophes qu'il s'agit là de la création d'une entité créatrice supérieure, que d'aucuns, parmi les plus bigots ou mystiques, nommeront Dieu. Hé oui, à chaque fois, on y revient !