♚ Une communication du Ministère du Bonheur Obligatoire ♚

Commandants,

Décadence est une monarchie. L'essence même de ce régime est tyrannique et corrompue, mais ce n'est pas tout. Un pouvoir monarchique s'appuie sur une structure sociétale stable fondée sur la supériorité d'une classe dirigeante, l'aristocratie.

En qualité de dirigeant galactique, vous bénéficiez, consciemment ou non, de cette supériorité vis-à-vis des populations que vous prétendez représenter. J'entends déjà les cris d'orfraie des démocrates et autres élus du peuple, mais que vous le vouliez ou non, vous êtes membre de l'oligarchie galactique. Il est nécessaire de faire évoluer cette oligarchie en la dotant des caractéristiques d'une véritable société aristocratique.

Cette hiérarchie sociétale se doit d'exister parmi les commandants afin de consacrer la qualité monarchique de cette dictature qui pour l'instant ne brille pas vraiment par son organisation et son rayonnement culturel. Puisque notre triade de majestés est très occupée, on m'a nommée pour prendre en charge tout cela.

Je formule donc officiellement le projet de créer une structure hiérarchique et nobiliaire, dont les rôles, charges et privilèges seront détaillés pour chacun de ses rangs. Cette structure ne sera pas figée, et reposera sur le mérite.

D'autres détails suivront sous peu. Vous êtes évidemment invités à participer aux débats.

Pour la plus grande gloire de la triade royale, qui aura évidemment le dernier mot quant à cette nouvelle idée,

♚ Une communication du Ministère du Bonheur Obligatoire ♚

Commandants,

Décadence porte mal son nom. Nous voici presque à nous demander si nous ne devrions pas rebaptiser notre galaxie "dépression" ou "décomposition". Nos rois fainéants, équipés d'un bon milliard de pilotes candidats au suicide, se soucient peu de la diversité galactique. Si ça continue, ils vont régner sur un désert. Moi, je ne suis pas là pour ça.

Nos illustres tyrans doivent prendre conscience de leur écrasante supériorité, inhibant toute vie galactique, et accepter de prendre davantage de risques en déléguant davantage de leurs prérogatives si nous voulons éviter la désertification de cette joyeuse galaxie.

Trouver un équilibre entre le désir de domination de leurs majestés et les aspirations des autres civilisations galactiques est un exercice compliqué. Néanmoins, un système permettrait de canaliser tout cela en réformant de manière radicale l'organisation de l'oligarchie galactique.

Comme je le disais dans ma précédente intervention, un modèle aristocratique fondé sur le mérite, accordant selon les rangs différents droits et privilèges -qui se devraient d'être défendus constamment par leurs détenteurs, pourrait sauver cette galaxie et accroître le prestige de nos souverains, qui démontreraient ainsi leur supériorité militaire, mais également politique et culturelle. Ils feraient oeuvre de civilisation.

Je peaufine encore les détails de ce modèle, mais je vous livre déjà quelques principes généraux -inspirés par Hector-Slouby, mon conseiller en psychosociologie galactique, que je salue au passage.

Petite synthèse provisoire :

1) Chaque titre et chaque rang correspond à la taille d'un territoire (nombre de colonies), d'une fortune (en milliards de £eems) ou d'une réputation diplomatique (qualité d'orateur ou de tribun reconnue par les pairs de l'assemblée). Bien entendu, ces qualités peuvent se combiner et accroître le prestige de ceux qui les détiennent.

2) Le plus haut rang de cette hiérarchie nobiliaire est celui de régent, ce qui correspond au rang de la triade royale actuelle. Avec les prérogatives actuelles.

3) Les rangs subalternes directs, comme celui de Duc ou de Comte, seraient récompensés d'une charge exceptionnelle : détenir un monde dans le système de la capitale. Ils sont également membres du gouvernement et jouent une part active dans la vie politique de la monarchie, en recevant un ministère.

4) Afin de fonder cette structure sur le mérite et permettre l'ascension au sein de l'aristocratie, une semaine mensuelle de joute permettrait aux rangs inférieurs de tenter de s'élever. Ceux-ci seraient autorisés à s'attaquer aux possessions de nobles issus des rangs supérieurs en ayant la garantie que ces derniers ne puissent s'en prendre en retour à leurs empires.

Concrètement, cela signifie que les plus hauts rangs ne peuvent que se défendre face aux rangs inférieurs, afin de prouver qu'ils méritent leur supériorité. Dans le cas inverse, un commandant issu d'un rang inférieur pourrait conserver les mondes pris à un noble de plus haut rang à titre de récompense pour son mérite.

Ce sera tout pour le moment. Je planche sur la suite. Je vous invite à participer à cette réflexion. Vivement. Vous m'avez entendue, là, les ronchons qui grognent du balcon de l'assemblée ? Allez, bougez-vous !

Madame la Ministre,

Voilà certainement la première fois qu'un discours, autre que le mien, s'avance aussi nettement et résolument vers la voir de la Civilisation et du Progrès, rapprochant ainsi nos actes des attentes du Très Haut ! Un Royaume doit rassembler les énergies et les volontés non contre les siens mais bien pour les siens. Les écrasements des révoltes issues du Secteur Prime ont permis à notre Galaxie de ne point plonger dans l'anarchie ou le chaos et il est à noter que des commandants se sont engagés sans compter aux côtés des forces œuvrant pour le royaume naissant de Décadence.

En combattant les Ananassiens, nous-même avons gagné, pris ou reçu des planètes. Je pense que de nombreux autres commandants ont reçu des signes de gratitude des membres du Conseil. Il me semble parfaitement logique de confirmer que servir le Royaume ne laisse jamais les comptables indifférents !

La création d'une aristocratie serait un signe d'élévation de certains commandants combinant charges et privilèges. Cette ascension sociale serait un signe universel pour ceux qui peuvent encore hésiter à se mêler au bal des civilisations ! Nous espérons que le Conseil s'exprimera sous peu pour nous donner un avis d'importance sur la question ! Les sacrifices consentis par les populations et les forces armées seront ainsi récompensés officiellement.

Que le Très Haut vous accompagne pour la suite de vos réflexions !

Commandants,

Je suis moi-même issue de la Guilde, et j'entends bien ne pas être piétinée par un quelconque fédéré avide de conquêtes militaires. En vérité, la réponse réside dans la question que vous posez.

Pour faire prospérer un empire, le commerce et la diplomatie sont tout aussi indispensables que l'art de la guerre. Concrètement, libre à chacun de nouer des accords, des pactes de non-agression, des traités avec d'autres commandants.

S'élever dans la hiérarchie nobiliaire implique de mériter son rang. Une nation galactique pacifiste mais habile en diplomatie peut très bien protéger ses intérêts sans devoir recourir à la force. Et puis, les commandants sont libres de se coaliser, de créer des liens de vassalité, de nouer des alliances. Vous pouvez aussi acheter les services d'un mercenaire.

L'important est que la règle principale régissant la joute soit respectée et garantie par les régents :

Les commandants ne respectant pas cette règle seront bannis et déchus de leurs titres, charges et privilèges. Ils ne seront pas protégés par la paix monarchique durant les trêves, et livrés à eux-même selon le bon vouloir des régents. Libre à eux de les gracier ou de les condamner plus lourdement à la lumière des faits reprochés.

Ceci répond-il à vos craintes ?

Il ne s'agit en vérité que de faire... de la politique.

Commandants Kindow, Emissaires Nerguï Kokachin du Consortium Orah,

L'idée aristocratique ne peut reposer, à mon avis, que sur des faits d'armes ou des cicatrices. Elle doit reposer sur des services rendus à la monarchie : il revient au monarque et à ses conseillers de décider l'intérêt d'un service rendu en fonction de la menace rencontrée.

L'aristocratie repose sur la réalisation d'un exploit face à une menace mais tout autant sur le dépassement par un individu de son importance supposée. Je concède que l'idée des joutes peut prêter à sourire. Ce qui en soit n'est pas spécialement gênant mais qui pourrait faire de ces commandants des nobles "gadgetofoire" prêtant le flanc aux quolibets et aux moqueries.

Commandant Kindow, même les civilisations pacifiques peuvent construire des vaisseaux armés pour le combat et vous pouvez rendre d'importants services à la monarchie sans ordonner à vos flottes de se lancer dans des combats. De la même façon, il ne paraît pas souhaitable de mélanger titres et charges de façon trop intime : être récompensé pour un acte ne signifie pas avoir les capacités de tenir un Ministère. Et inversement bien entendu.

Il me semble important de considérer que le service rendu devrait déterminer la récompense et que seul le monarque peut déterminer la récompense d'un acte rendu au bénéfice de la monarchie.

Commandant Malacenza de Aviles, je partage votre avis. Néanmoins, je serai plus nuancée quant aux conditions d'octroi d'un titre de noblesse.

Le nombre de colonies détenues par un commandant doit suffire à l'obtention d'un titre. L'étendue de son territoire reflète le mérite que ce dernier a su démontrer pour se tailler un empire, peu importe les stratégies ou méthodes employées pour y parvenir. Il n'est pas nécessaire que les monarques octroient ces titres, les commandants disposant d'un territoire équivalent à un certain rang nobiliaire peuvent le réclamer automatiquement. En réclamant ce titre, ils se lient de facto aux monarques en prêtant serment. Néanmoins les monarques restent libres de déchoir de ses titres, charges et privilèges tout individu reconnu coupable de trahison (ou d'un quelconque autre crime), bien qu'il serait plus judicieux de doter la monarchie d'un conseil de la noblesse -présidé par les monarques- pour rendre justice.

Par contre, il n'en va pas de même avec les charges et les privilèges, exclusivement attribués par leurs majestés.

Pour clarifier :

Les titres reflètent un rang déterminé dans la hiérarchie nobiliaire. Ils peuvent être réclamés par les commandants en fonction de la taille de leurs empires, ou achetés, ou attribués par leurs majestés à titre de récompense pour services rendus.

Les charges représentent une fonction (exemple : gouverneur ou ministre).

Les privilèges sont les droits spécifiques et individuels octroyés par leurs majestés selon leur bon plaisir (exemple : détenir tel ou tel marché de contrebande et y prélever une taxe).

Le débat s'enrichit, c'est bien ! J'espère que leurs majestés seront réceptives !

Madame la Ministre,

Votre dernière intervention éclaire ce projet de création d'une aristocratie de façon exhaustive (ou presque) et précise. Nous tiquons, cependant, sur l'achat des titres : il nous parait plutôt dommageable de voir qu'un simple épicier (non, je n'ai pas dit guildéen !) d'obscure extraction puisse s'arroger un droit ou un privilège que seuls les sacrifices acceptés pour le Bien Commun peuvent justifier.

Vous avez, d'autre part, raison d'insister sur les liens qui uniront les aristocrates aux souverains dont ils tiendraient les titres. L'honneur de servir justifie les titres et privilèges mais implique une loyauté entre le suzerain et son vassal : un titre n'est pas un quitus permettant de s'affranchir de ses devoirs.

J'espère aussi que le souverain saura remercier autant les combattants de première ligne que ceux qui, dans l'ombre et la discrétion, servent avec fidélité permettant ainsi aux combattants de gagner gloire et mondes. Un bon ministre est aussi important qu'un bon amiral ou un bon espion et l'organisation d'un régime monarchique offrant à chacun en fonction de ses actes et sacrifices serait, à n'en point douter, une avancée que le Très Haut, dans Sa grande sagesse, bénirait de ses voeux de réussite.

Bien entendu, nous sommes impatients de pouvoir prendre connaissance des avis des principaux intéressés. Leurs silences sur le sujet sont surprenants.

Votre excellence,

Pouvoir s'offrir un titre en l'achetant signifie qu'on récompense également l'excellence de commandants doués pour les affaires qui souhaiteraient intégrer l'aristocratie galactique.

Faire prospérer un empire commercial est également un mérite à part entière qui se doit d'être récompensé.

De plus, les sommes récoltées de cette manière permettraient de financer différents programmes gouvernementaux au bénéfice des nations les plus modestes, ou dans le cadre d'un programme de recherche scientifique universel, par exemple.

Leurs majestés seraient les seules aptes à autoriser l'achat de titres, en fixant leur prix, auprès des commandants qui souhaiteraient se les acheter.