Pages : 1 2
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 28/04/1015 ETU 20:59 |
Message édité -
Score : 11
Détails
Une nouvelle série exclusive sur le réseau Holocom C'était notre cri de ralliement. C'était notre fierté. C'était notre honneur. Ils nous ont tout volé. Il fait nuit dans les faubourgs de la capitale. Mais la cité planétaire ne dort jamais. Loin des ors de l'assemblée et du marbre des ministères, une foule grouillante et laborieuse arpente les capillaires urbains qui s'étirent sous la surface, formant le système circulatoire d'un organisme monstrueux et gigantesque. Près de cent milliards d'êtres naissent, vivent et meurent à l'ombre du pouvoir galactique. Loin des traboules anciennes et des palais endormis, règne une fange industrieuse. Blocs après blocs, elle occupe la part du béton, de l'acier et de la grisaille. On lit sur le visage de ses habitants la fatigue résignée du travail harassant qui forge l'écorce ravinée des soudeurs, des fondeurs et des manœuvres qui reviennent des chantiers spatiaux et des usines, qui crachent, inlassablement, cycle après cycle, leurs nuées de croiseurs, de vaisseaux et de chasseurs vers les abysses de l'insondable vide stellaire. L'homme se fond dans la foule vomie par le tube, cet ombilic crachant chaque cycle sa cargaison de travailleurs pour les emmener vers le labeur et les ramener chez eux. Il dénote dans la procession courbée qui ploie sous la fatigue. Il ne porte pas les stigmates de l'indifférence hébétée des prolétaires enclins à accepter leur condition en échange d'un maigre salaire, de la promesse d'un toit et d'une pitance médiocre. Bien qu'il se dissimule habilement, tel un caméléon, dans la jungle urbaine et sombre environnante, son regard trahit une fierté humiliée. Quand l'homme se détache de la foule, c'est pour se glisser dans la ruelle qui le ramène vers la structure de tôle qui abrite son repaire. Un simple cadenas mécanique verrouille l'antre de celui que les gens du quartier nomment craintivement l'étranger. Ici, dans cette zone grise où la milice planétaire ne se risque jamais trop, on se méfie de l'étranger, mais on se méfie davantage du pouvoir et de ses créatures. L'homme referme la porte derrière lui, fait glisser une bâche huilée sur sa tringle, et pénètre dans la pièce unique qui abrite son univers. Face à lui, le portrait, immense et fier, de l'empereur Makarirus. L'homme se fige au garde-à-vous, se recueille un instant, puis se dirige vers la petite table sur laquelle trônent les pièces détachées d'un fusil à longue portée... ...à suivre !
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 29/04/1015 ETU 15:37 |
Message édité -
Score : 10
Détails
Nouvel épisode. Auteur inconnu. La bête immonde somnole dans le terreau des haines anciennes, jusqu'au jour dernier de sa déhiscence. L'étoile pâle du système ne dardait plus ses rayons sur les blocs depuis de longues décennies. On avait lentement appris à se passer de la lumière solaire, à survivre dans le smog, ce brouillard coruscant qui baignait éternellement les niveaux les plus obscurs des faubourgs de la cité planétaire. On disait dans les contes anciens que la cité avait fini par dissoudre ses propres bases, et qu'elle reposait, éthérée, sur le nuage mortel de ses nuées volatiles et toxiques. La profondeur des niveaux de la capitale n'avait ni frontières ni explorateurs. Les couches sédimentaires de son passé étaient brassées par l'usure poreuse de l'oubli. Quiconque se fondait dans la mémoire des rues, inlassablement labourées par le surin de l'Histoire et de ses péripéties, finissait par être englouti dans l'amnésie générale d'une cité impersonnelle et impitoyable envers ses habitants, dont elle digérait cruellement le souvenir pour n'en laisser aucune trace. Plantée à l'épicentre de sa surface, seule la flamboyante coupole de l'assemblée galactique, irisée de ses reflets aurifères, contemplait le temps et l'espace avec l'indifférence de l'immuabilité. Ses pilastres de pierre plongeaient dans les entrailles de la cité comme autant de tentacules lithiques aux variations architecturales incertaines et intemporelles. L'homme avait pris le tube depuis son bloc jusqu'aux quartiers cossus des ambassades, avait embrassé du regard les longues artères qui pulsaient leur trafic avec la régularité d'un métronome, s'était égaré dans les jardins et enivré du calme des colonnades, avant de se dresser, seul et minuscule, face aux escaliers usés et solennels qui menaient au portique du cénacle. En ces heures vespérales, l'esplanade de l'assemblée galactique était déserte. Seuls quelques miliciens y patrouillaient avec la nonchalance pataude et assurée d'un essaim de bourdons. Quelques voltigeurs de la garde s'exerçaient aux arcanes du duel en se défiant avec panache devant la piétaille hilare de la milice planétaire. L'homme ne s'attardait jamais, se déplaçant lentement d'un point à un autre, sachant que sa furtivité ne dépendait que de sa perpétuelle mise en mouvement. Son regard fier et martial se nourrissait avidement de ses contemplations méthodiques. Il localisait l'objectif, estimait, mesurait, jaugeait les distances, appréciait la direction des vents dominants, la densité de la lumière, archivait dans sa mémoire le roulement de la relève et les habitudes des gardes, imprimant leurs expressions faciales et leurs gestes inconscients. L'homme laissait ses mains palper les parois de pierre, les rambardes, le bois des essences rares et la chair végétale et grasse des plantes d'ornement qui jaillissaient des vasques au pied des statuaires. L'homme avait pris possession des lieux. Il en avait fait son territoire. Et de cette petite plateforme anonyme, jouxtant la statue brisée de son ancien empereur, il en ferait un échafaud. Lorsque la cible passerait le portique de l'assemblée, il rendrait justice en la foudroyant de son implacable sentence. Une balle et rien d'autre. ...à suivre !
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 29/04/1015 ETU 20:41 |
Message édité -
Score : 6
Détails
Enquête sur une étrange série anonyme ! Les gros titres de la presse défilaient sur le verre poli des façades immenses qui surplombaient le cube du commissariat central. La voix métallique du journaliste perçait de sa tessiture tranchante l'isolation acoustique du bureau du Limier. Le réseau Holocom ne parle plus que d'elle. Ses deux premiers épisodes ont été visionnés et partagés plus de trois mille milliards de fois dans toute la galaxie en l'espace de quelques minutes seulement. Le réalisme saisissant de l'émission, vierge de tout dialogue, captive et inquiète jusqu'aux autorités galactiques. Le scénario, bien que mystérieux, semble mettre en scène un tueur professionnel, vraisemblablement nostalgique du règne de l'empereur Makarirus. La milice planétaire, bien que se refusant à tout commentaire, a renforcé ses patrouilles dans les quartiers abritant les institutions galactiques. BlaBlabla. Le Limier fit craquer les jointures blanchies de ses doigts boudinés. Il s'extirpa d'un vaste fauteuil ovoïde en émettant un étrange bruit de succion. Un peu de poudre blanchâtre vint se disperser sur sa plaque pectorale. Son cigare agonisait, coincé dans l'étau de sa lippe charnue. Une dernière bouffée de fumée acre vint contribuer à une lente mais persévérante entreprise de démolition pulmonaire. Puis, les doigts gras et énormes écrasèrent avec indifférence le mégot dans un récipient dégueulant de cendres. S'approchant de la fenêtre, le Limier observa la pluie gluante qui commençait à cribler de taches grises les parois de béton. Un orage s'annonçait. Dans l'ombre de son dos massif, quelque part sur son bureau encombré, un dossier était venu s'échouer sur une pile déjà haute et poussiéreuse. Dehors, les titres continuaient de défiler sous son regard porcin et impassible. Le Limier chargé de l'enquête ...à suivre !
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 03/05/1015 ETU 23:08 |
Message édité -
Score : 7
Détails
Troisième acte. Le Limier contemplait l'esplanade du haut de son promontoire. Dans l'ombre de l'assemblée galactique et de sa somptueuse coupole, les cendres rouges de son cigare tombaient en virevoltant sur la dépouille impériale qui gisait à ses pieds. Le pandore renifla. Il cracha avec indifférence un glaviot épais et jaune sur le tas de gravas. Bien que réduite à l'état d'un cadavre poussiéreux jonchant le sol, la statue fracassée restait impressionnante. Un fragment du visage sévère de l'empereur déchu fixait de son œil unique l'homme lourd et gras qui venait de lui infliger l'offense. Le Limier poussa un soupir, aboya un ordre, et un milicien vint l'aider à descendre de la petite plateforme qui jouxtait la statuaire brisée. Nulle trace du suspect. L'homme étrange qui s'était tenu ici et qui avait captivé la galaxie entière restait une chimère. Les auteurs de cette mystérieuse série Holocom étaient très forts. Trop forts. Des drones d'un genre nouveau. Un hologramme perfectionné. Qui sait. Un nouveau cigare vint se ficher entre ses dents brunâtres. L'éclat de la flamme d'un briquet. Une bouffée de fumée, puis une autre. Un mouvement anormal dans sa vision périphérique. Une silhouette lointaine venait de disparaître à l'angle des marches menant vers le cénacle. Le Limier esquissa une grimace grotesque. Il souriait. Te voilà. Tu existes. Bien. L'étranger avait vu l'abominable tas de graisse se hisser sur la plate-forme et violer son territoire. Il l'avait vu jauger de ses yeux minuscules et porcins la surface de son échafaud, parcourir du regard l'esplanade grouillant de miliciens et de drones. Il avait vu le Limier répandre ses cendres et sa salive gluante sur la statue profanée de son empereur. Il avait observé avec révulsion ce monstre adipeux descendre de son promontoire avec l'aide d'un troufion. Puis leurs regards s'étaient croisés avant que l'homme ne s'évanouisse au pied des escaliers monumentaux. L'ombre s'éloignait à grandes enjambées. Chaque pas martelait les syllabes d'un mantra intérieur et implacable. Une balle. Et rien d'autre. Recluse dans un bureau qui fut jadis celui d'un puissant courtisan de l'empereur, Marie-Chantal observait d'une large baie vitrée le ballet incessant des patrouilles. Elles essaimaient sur l'espace plane et marbré de l'immense esplanade ceinturant le gigantisme de l'assemblée galactique. Proches des escaliers monumentaux qui menaient au portique principal du cénacle, d'immenses vasques en albâtre vomissaient d'interminables filaments floraux. Plus loin, diamétralement opposées à cet étalement végétal et luxuriant, l'austérité des statues et de leurs socles. Certaines étaient anonymes, rendues méconnaissables par les pluies acides et l'érosion de la roche tendre et poreuse. Face à son poste d'observation, la statue du Roi imposait son éclat à ses rivales. Son marbre rutilait sous la lumière pâle du jour. Et puis, reclus dans un angle éloigné de la place, les restes de l'ancien colosse impérial, jeté à bas de son socle, et laissé là, comme un tas d'ordure, afin de rappeler à tous que l'empereur ne se relèverait jamais de sa déchéance. Un homme gras et pataud s'était hissé sur une plate-forme proche des gravas. Marie-Chantal crut reconnaître le Limier, un officier de la milice planétaire. Un vétéran qui avait autrefois appartenu aux services secrets impériaux. Un repenti qui avait su monnayer sa connaissance des institutions policières et des milieux de la pègre pour échapper aux purges qui avaient suivi la chute de l'empereur. Tu as du sang sur les mains, Limier. Je le sais. Un coup bref. La porte du bureau grince sur ses gonds de bronze. Un huissier en livrée. Impersonnel, anonyme, zélé. Madame, la séance plénière. Le dernier volet de la Constitution. Dans quelques minutes.
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 05/05/1015 ETU 10:15 |
Score : 7
Détails
Fin ? Est-ce toi ? Les portes d'airain s'étaient refermées sur le fonctionnaire. Quelques secondes de silence. Le froissement des dossiers qu'on prépare. Un collier qui se réajuste. Une robe noire et élégante qu'on caresse et qu'on déplisse. Marie-Chantal pensait être seule. Au travers de la baie vitrée, un drone de sécurité filma la scène. Une scène fulgurante, presque furtive, captée en pixels gris et sombres. Une ombre massive se coulant derrière le Premier Ministre. Le crépitement lumineux d'une arme déchargeant son énergie à hauteur de sa poitrine. La masse rosâtre et annelée s'écrasant sur le sol, puis traînée par son agresseur dans un angle mort, loin de l’œil indiscret qui enregistrait la vidéo médiocre, avant même que le drone ne puisse signaler l'anomalie. Quand l'alerte fut donnée, Marie-Chantal avait disparu du bureau. Sur le sol, un collier arraché, quelques gouttes de sang, des traces de lutte, des dossiers vomissant leurs pages verbeuses au pied des gardes ébahis. ... à suivre ?
|
||
Cdt. Consortium Orah
Respect diplomatique : 86 06/05/1015 ETU 21:35 |
Message édité -
Score : 4
Détails
*** Les craintes de Nerguï Kokachin étaient apparemment fondées. Le Symbole du Renouveau de Décadence en la personne de Marie-Chantal avait été victime d'un assassinat. Enfin, rien sur les grandes chaines de divertissements et d'informations n'avaient filtré sur cette affaire. Nerguï se félicitait d'avoir injecté autant d'argent dans les médias de la Capitale, de son siège elle pouvait désormais approuver ou non telles ou telles informations, les différents médias ne voulaient pas voir leur principale manne financière s'assécher au nom de la liberté d'informer. Elle avait été parmi les premiers à être au courant du drame. Bien sûr, d'autres Commandants devaient être au courant, elle contacta les plus influents de Décadence leur intimant l'ordre de ne pas faire circuler cette information. Alors que les Représentants des différentes civilisations attendaient avec impatience le dernier volet sur la Constitution, bon nombre d'entre eux ne se doutaient un seul instant de ce qu'il se tramait. Le peuple ne devait pas savoir, pour éviter la paranoïa et des mouvements de foules incontrôlables. Des millions de vies étaient en jeu. Les populations de la Capitale avaient déjà assez souffert par la Guerre des Monarques et elles voulaient tirer tout cela au clair avant de rendre l'affaire publique. Une chose était certaine, il fallait agir, pour sauver Marie-Chantal, pour sauver Décadence. ***
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 14/05/1015 ETU 15:08 |
Score : 6
Détails
" Je me trouvai dans une forêt obscure, dont le souvenir me trouble encore et m'épouvante " - Légende ancienne, anonyme. Le mensonge du Roi ne tiendra plus longtemps. L'homme obèse prononce les mots avec douceur. Un cigare expire entre ses doigts boudinés. Une faible lueur éclaire son visage boursouflé, épouse les reliefs ravinés de sa peau usée et rougeâtre. Son regard porcin dissimule une froideur calculatrice, une intelligence habile. Le Limier s'approche de la masse rose et sale qui gît dans un coin de la pièce. Je sais que vous n'êtes pas morte. Votre assassin va bientôt entrer en scène. J'espère que vous apprécierez le spectacle. Les pas lourds du Limier s'éloignent. Une porte massive s'ouvre, hurle sur ses gonds, se referme. L'obscurité règne à nouveau. Seul le léger bourdonnement d'un drone de surveillance perturbe le calme de la geôle. Un voyant rouge clignote. La machine filme le corps inanimé du Premier Ministre. ... à suivre ?
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 18/05/1015 ETU 19:26 |
Score : 5
Détails
Acta est fabula. La foule des manifestants grossit sur l'esplanade de l'assemblée galactique. C'est une masse de plus en plus compacte, agitée, fiévreuse. Des tentes se sont dressées derrière des barricades de fortune. Des détritus brûlent dans des braseros improvisés et encombrent le ciel d'un panache noir et épais. C'est tout un remugle infect qui s'installe entre les jardins et les colonnades, sous le regard inquiet des miliciens qui barrent l'accès au portique de l'assemblée. Partisans impériaux, citadins excédés par les mesures de sécurité imposées par le Roi, agitateurs de toute sorte, simples citoyens inquiets, tous s'amalgament dans une tension palpable. L'homme s'est fondu au sein d'un groupe de casseurs à l'affût, attendant avec impatience que les forces de l'ordre chargent ou tentent de disperser les manifestants. Aucun média n'est présent, sur ordre de police. L'homme observe le dispositif. Revoir ses plans. Il sait que le Premier Ministre est hors d'atteinte. Il sait qu'il a été repéré, et qu'un piège se tend. Il sait que son adversaire est rusé. Peut-être est-ce cet homme énorme, laid et adipeux, qui quelques cycles auparavant patrouillait avec ses hommes sur l'esplanade de l'assemblée galactique. Il fallait le découvrir. Quelque part, dans une salle obscure, close, étouffante de moiteur, le corps volumineux et rose du Premier Ministre jonche le sol. Elle respire à peine. Un écran, situé au-dessus de la porte, égrène un compte à rebours. Le Limier l'observe depuis un écran de contrôle. Dans cinq cycles, si tout va bien, elle sera morte. ... à suivre.
|
||
Cdte. Marie-Chantal
Respect diplomatique : 1020 23/06/1015 ETU 16:25 |
Message édité -
Score : 8
Détails
Dans les décombres Quelques dizaines de cycles auparavant... Une étrange holosérie anonyme diffusée sur le réseau Holocom avait précédé la décadence du régime monarchique. Plusieurs drones filmaient les péripéties d'un ancien officier impérial, armé d'un fusil à longue portée, projetant d'assassiner l'usurpateur et sa première ministre. Un limier de la milice planétaire le priva de ses trophées en enlevant, pour un mobile resté mystérieux, la commandante Marie-Chantal. Puis une foule vengeresse, inquiète de la vacance du pouvoir, excitée par des agents perturbateurs nostalgiques de l'empire, s'était massivement regroupée sur l'esplanade de l'assemblée galactique pour réclamer la présence du roi. Ce dernier ayant disparu, il ne fallut pas longtemps pour que sa statue, pourtant jadis éclatante de morgue, fut jetée au bas de son socle. S'en suivit le chaos d'une capitale laissée aux mains d'une clique de potentats locaux violents et criminels. L'assemblée fut désertée par la plupart des chancelleries étrangères et de leurs diplomates. Bientôt la tumeur de la sédition s'était répandue d'une seule traite dans les nervures urbaines de la cité. De longs cycles de pillages et de silence. La civilisation semblait s'être dissoute. Puis, les flottes impériales vomirent leurs légions et leur cortège d'atrocités. L'ordre avait été rétabli au prix du sang. Le limier, au même titre que la plupart des anciens officiers de la milice royaliste, fut exécuté, pendu à un croc de boucher. Son agonie avait duré des heures. Son sang épais et gras éclatait en bulles sombres lorsqu'il tentait de parler. Chaque mot emplissait davantage ses poumons d'un liquide écarlate, le noyant lentement sous le regard amusé de ses tortionnaires impériaux. Tandis que ces derniers se gaussaient de ce corps adipeux et obèse se vidant de ses dernières forces, le limier gargouillait avec peine les premières syllabes d'un prénom composé. Dans une cave, quelque part, Marie-Chantal croupissait. Vivante ou morte, nul ne savait.
|
||
Cdt. Tching Tchang Tchong
Respect diplomatique : 7 26/06/1015 ETU 17:50 |
Score : 7
Détails
Ils étaient des centaines. des milliers. ou bien juste deux ou trois. les farfouilleurs de poubelles, les ramasseurs de débris, les recycleurs d'inutilisé, les revendeurs de pas grand chose, mais en grande variété, partout et surtout, à toutes les heures. Tout le monde les croise, et les ignore. ils ont tous la meme tete, ils ne font rien d'important, rien de dangereux. Avec l'invasion de la capitale, ils avaient eu du travail en surface. soulever un caillou, ramasser, revendre, pas-cher-pas-cher-bonne-qualité-presque-neuf. L'alternative, c'est faire frire et servir avec beaucoup d'épices." Menu 42, tLès bon: avec poivLons! TLaditionnel!" Après les débris, la reconstruction. Encore beaucoup de travail pour l'armée de l'ombre. Une grue ou deux disparaissent, mais "beaucoup pièces de Lechange disponible paL coLLespondance! pas cheL! gLand cousin à moi le fabLique!" Les matériaux de construction font l'aller le jour, le retour la nuit. De la spéculation à l'échelle microscopique... ancestrale, universelle, inévitable et heureusement, très désorganisée. Celui qui part avec un patron un soir ne sait pas vraiment pour qui il ramènera sa collecte. Brassage de piécettes: ce petit peuple est le dernier à utiliser les Centleems. Parfois par dizaine. Par centaines. Par milliards, lorsqu'il faut rediviser une vente à un "étranger". L'effervescence en surface s'estompe. la police revient. Les statues en métal sont boulonnées. ... puis rapidement soudées sur leurs socles. Le petit peuple retourne à son obscurité. Les sous sols ont conservés soigneusement leurs richesses récoltées pendant les bombardements: personne d'autre qu'eux ne s'aventure dans l'obscurité puantes des coulisses.. parce qu'il faut bien quelqu'un. Parce qu'il reste toujours quelques piécettes à récolter de n'importe quoi. Et parce que si on y va pas, c'est un autre qui va trouver des choses intéressantes. donc vite vite vite tout le monde. Il est là depuis.. trois cycles? il l'ignore, il fait tout le temps noir. Il a échangé sa montre au vieux Tching contre un plan. Plan qu'il a jeté, parce que le bâtiment et ses fondations immenses sont bien là où ils devraient, mais tout est mélangé, aplati. En rampant, il a retrouvé des pièces de toilette publiques mélangées dans un cadre de cheminée ouvragé. Il a mis un goupillon presque neuf dans son sac en plastique. Le plan ne servait à rien. Donc il fait comme tous les autres, retourne des blocs au hasard, crie en faisant de grand gestes lorsqu'un collègue s'approche trop près. Les autres se méfient de lui. Tout ca parce que parfois il oublie de parler avec l'accent devant les étrangers. Pas sa faute pourtant, c'est tellement difficile... Alors il ne parle plus, sauf quand il faut marchander le butin. Il n'est pas resté très longtemps en surface pendant les travaux: les autres le surveillent de trop près. C'est une salle journée. La meilleure prise aujourd'hui: un demi savon. Jusque maintenant. Le tunnel qu'il arpente depuis un moment s’élargit. il peut s’asseoir. se mettre debout, fièrement du haut de son 1m52. Une niche dans les décombres, c'est un paradis: il y a forcément des choses intactes, ne serait ce que du carrelage. Et là, il jubile, parce que sa lampe éclaire un truc qui brille. Il se précipite. Et jure avec force en se cassant la figure. La jambe fait mal. L'année passée, il l'a cassée et même en serrant très fort avec du collant, il a fallut longtemps pour que ca passe. En jurant, il éclaire sa jambe, et par la même occasion, le machin qui l'a fait tomber. Il jubile! Gloire! ce gros machin rose flasque et probablement protéiné..., c'est son ticket d'entrée!! ... pour ouvrir un restaurant traditionnel!! de quoi faire...200 ... 300 menus, en tirant dessus, assez pour envoyez les jeunes à la recherche de la suite, et lui restera bien au chaud devant le poele à frire... à compter les pièces de 10 cent! Le paradis dans un boudin rose! à lui! à lui! même pas encore pourri! on pourrait le vendre presque sans épices! ... Le boudin rose frémis... se tortine... fait un petit bruit. Il doit réagir. son rêve est juste là, à portée de ses bottes. Il inspire... Et attrape une grosse pierre. Faut pas que ca bouge ou bien même que ca discute, si il veut le ramener sans trop d'efforts.
|
Pages : 1 2