Cdt. Harvest
Respect diplomatique : 471 07/02/1017 ETU 00:40 |
Score : 4
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"Ah ouais." Encore un silence. La gène était vraiment palpable. "Hm. Merci pour la thune, j'imagine. - C'est tout naturel." Harvest haussa des épaules en tiquant sévèrement du visage. "Je ne suis pas vraiment douée pour les... Rencontres diplomatiques. Là on est là, comme ça, à se regarder comme des connes, et je ne vois pas trop comment réagir. J'hésite entre le fait de vous tuer et de vous insulter, tradition obligeant, mais vous savez, faire ça à la main qui nous nourrit, ce ne serait franchement pas gentil. N'est-ce-pas ?" Elle regarda un peu sur le côté, comme cherchant un échappatoire. "J'ai une idée : on va faire comme dans les réunions officielles : je vais vous amener dans mon bureau personnel, et là, on va rester assise sans rien dire pour donner au monde entier l'impression que l'on a dit des choses de la plus haute importance. Ce sera mieux que de rester là à ne rien dire." Disant cela, la dictatrice envoya un regard aux gardes d'Alice. "Pas vrai les gars ?! PAS VRAI ?! Ils ont l'air d'accord. Alice : voila le plan : on va se caler au chaud dans mon bureau, et je vous servirai un délicieux café, composé à cinquante pour cent de soja, et cinquante pour cent d'huile de moteur. C'est la moindre des choses, voyons." Aussitôt dit, aussitôt fait : avec l'escorte de la diplomate officielle du dominium, Harvest traça jusqu'à l'arcologie d'où elle dirigeait le maigre rassemblement de planètes qui lui servait d'empire. Pour se rendre à son bureau, il fallut bien se déplacer une quarante minutes durant : traverser l'immense allée qui servait d'entrée à l'hyperstructure mit bien une dizaine de minutes, et une fois à l'intérieur, il fallut prendre une série de monte-charges, puis même un tramway intra-muros. Enfin, le tout finit en balade dans les quartiers ultra-sécurisés, jusqu'à ce que le bureau de l'archi-guide-socialiste soit atteint. Le bureau n'avait pas changé depuis sa première description : "Alors : de deux choses l'une, je ne suis pas censée le dire comme j'imagine très bien que vous allez encore tenter de m'assassiner dans le futur, mais la porte est piégée avec des câbles monomoléculaires, histoire de. Donc faut entrer par le mur. - Oh. - Oui. Passez les condoléances aux familles des précédents gars que vous m'avez envoyé, au passage. J'ai de la peine pour elles. - Ce sera fait." Et les deux femmes entrèrent par le mur, tandis que les gardes attendirent, sur signe d'Alice, gentiment derrière la porte, à l'extérieur. Le bureau de la dirigeante était toujours un bordel sans nom : la première chose qui sauta aux yeux de la représentante du dominium était une immense tourelle mitrailleuse qui était dirigée vers la porte, ainsi que le mur, tant elle avait de canons. "Je vous fais la visite des lieux : ici, donc, c'est mon bureau. Et ça, c'est une tourelle automatique qui nous a gentiment été offerte par la fondation Atlas : elle dispose d'une triple gatling, d'un tube de lancement de roquettes termoguidées, de deux lances-flammes intégrés, ainsi que sept lances micro-grenades et enfin un heavy archon medium pulse laser. Inutile de préciser que cette tourelle fait le café." Harvest appuya sur un bouton à l'arrière de la tourelle automatisée, et un gobelet en sortit, rempli d'un liquide chaud et maronné. "Elle fait VRAIMENT le café. Garantie un an. - Atlas ? Quel nom intéressant. - Yup yup, des extra-galactiques. Bon. Ensuite, là, ça, sous les piles de merde et de tapis, c'est mon bureau." Il y avait, en effet, une immense table ovale, en bois, très certainement de haute valeur : le bureau, en lui-même, était totalement recouvert de reste de bouffe, qui pour une raison ou une autre, n'avaient jamais été virés. On voyait aussi un robot-aspirateur qui était retourné à l'envers, posé sur le bureau, et qui s'agitait dans tous les sens, tant ses capteurs étaient troublés par sa présente position. Il y avait aussi une immense cage pour animaux, vide : vu le format, elle était probablement prévue pour un grand singe : on y trouvait des régimes de bananes, ainsi que des branches pour s'y accrocher. "Ça, c'est la cage pour Flavius, lorsque je mettrai la main sur ce faquin." Le reste du bureau, plus génériquement, comme dit ci-dessus, était recouvert de tapis. "Et ça, ce sont les derniers cadeaux du Sultan Orshen : on peut lire, sur les tapis, "au plaisir de vous féconder". Ça m'a bien fait rire alors je les ai gardé." Aussi, un peu plus loin, il y avait un énorme chat noir empaillé. "Lui c'est Couscous. J'en avais parlé à l'assemblée. Ou tout du moins, un chat lambda que j'ai attrapé dans la rue lors de mes heures de procrastination : je l'ai étranglé puis je l'ai empaillé pour faire comme si l'ancien Couscous ne m'avait jamais vraiment quitté. Couscous, c'était un gentil chat : il m'a quitté lorsque j'avais neuf ou dix piges. Ça passe vite, le temps, hein ?" Alice, sans vraiment répondre, marcha jusqu'à un des murs : ceux-ci étaient couverts d'étagères bourrés de livres. Elle s'en empara d'un, et l'ouvrit, pour n'y voir... que des pages blanches. "Alors, oui, ce sont des faux livres. J'en ai mis partout ici, comme ça, ça me donne un air érudit. D'habitude personne ne les ouvre, donc je n'ai pas à me justifier, mais là, eeh, c'est... gênant. On a jamais créé de livres vu que tout est informatisé. Donc, ici, de faux livres. - Cela explique bien des choses. - Je crois que ce que vous insinuez là n'est pas très gentil. Mettons. Bon. PERSONNE N'EST PARFAIT, HEIN. Hahem. Et là, c'est mon siège. En acier renforcé pour ne pas casser, comme je m'en sers un peu n'importe comment." Et elle s'assied, et se tourna vers la baie vitrée, pour mirer Orb, la capitale : avec les nuages noirs de pollution, la visibilité était dégueulasse, même à cette altitude. "Et là c'est la v-..." Elle s'interrompit, son PDA sonnant : c'était John Hatch, cet enculé de bouffon, qui l'appelait. Naturellement, elle s'excusa, et décrocha. "Yup ? - C'EST HORRIBLE. LA COMMANDANTE HAMILTON NOUS ATTAQUE. LA COMMANDANTE HAMILTON NOUS ATTAQUE ! - Heu... Une raison en particulier, à cela ? - Il... Semblerait que vous lui avez simplement dit bonjour, il y a pas mal de cycles de cela. - Je vois. Elle n'a pas du apprécier. - C'est ça. - Bilan des pertes ? - Vingt transporteurs, une sonde. - Elle n'a vraiment que ça à foutre ? - On dirait. - Quelle femme frigide. JE DIRAI MÊME PLUS : UNE MAL-BRANLÉE. Sur ce, tiens moi au jus." Elle lui raccrocha au nez, puis haussa les épaules. Elle se tourna ensuite un peu sur son siège, et gonfla ses joues, pour faire un "pph-ppfh-pphf-ph-pph-pph", son de ces personnes qui se faisaient un peu chier ou bien qui étaient gênées. "Sinon, heu... Du café ?"
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Cdt. Arkhangel Hismer
Respect diplomatique : 1079 07/02/1017 ETU 01:31 |
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Score : 3
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"Non merci." Court silence, elle fixait Harvest dans le blanc des yeux, sans ciller et sans cligner. Pour un peu, elle aurait put se fondre dans le décors ambiant et rejoindre les meubles et les tapis. D'ailleurs, les tapis... "C'est pourquoi, ces tapis ? Nos hommes m'ont fait un rapport mais personne n'a vraiment comprit de quoi il en retournait, chez nous." Court silence, elle observa le plafond. "Je prendrais bien un café, finalement." Nouveau silence, elle se passa la langue sur les lèvres et, après un temps, regarda l'heure sur une montre à gousset. "Ah, ça n'a pas duré assez longtemps pour que notre rencontre soit crédible." Silence. "Hm." Silence. "AH ! Oui, j'avais quelque-chose pour vous ! On a réfléchis à un moyen de vous soigner."
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Cdt. Harvest
Respect diplomatique : 471 07/02/1017 ETU 06:01 |
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Score : 5
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"Oh ? Voila qui m'intéresse. Non pas que l'idée que mon corps soit à soixante-deux pour cent non-organique me déplaise, mais... Mmmurph." Le sujet sur les tapis avait, quant à lui, savamment été esquivé. Elle amena un café à Alice, tout droit sorti de la tourelle défensive. "Tenez. Il est assez serré et sans lait, mais si ce second point vous déplaît, je peux toujours ordonner que l'on aille traire un majordome pour vos besoins." Là, quelque chose se passa. La dirigeante sembla, soudainement, s'animer : son regard morne devint un peu plus vivant. "Oh, par association d'idée, dû à la possibilité de traire un majordome, il m'est venu une bonne anecdote que je tenais à vous raconter. Elle est courte, mais elle vaut ce qu'elle vaut. Vous n'êtes pas sans savoir qu'en raison du niveau de pollution de Sankt Polten, le soja est, globalement, la seule source de nourriture qui peut vraiment pousser en dehors de fermes hydroponiques. C'est une plante solide, et des générations d'applications transgéniques en ont fait l'OGM par excellence : quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la nourriture produite ici est composée en majeure partie de soja : pour les apports protéinés, l'on a recours à de l'élevage sur-intensif de krill : ce sont de petites crevettes qui se substituent à la viande, car ici, en dehors de la viande humaine, l'on en a pas. Et les océans sont si acides que seules des méduses et certaines espèces de crevettes y pullulent. Dont le krill, que l'on produit à présent avec des fermes d'aquaculture, dont les cuves sont genre de vastes silos contenant des millions de ces crevettes. En dehors du soja et du krill pour les aliments devant ressembler à de la viande, l'on a aussi des algues, et tout un tas de produits chimiques que l'on utilise pour changer le goût du soja - des arômes artificiels, quoi. C'est assez extrème dans le sens où l'on retrouve assez souvent des traces de matière plastique ou encore de pétrole dans les armes en sachet les plus low-cost, voire même des nanites, mais j'ignore pourquoi je dis ça. Où en étais-je, déjà ? Ah, oui : le soja. Donc, l'avantage du fait qu'une seule ressource serve à alimenter le monde entier tient dans le fait que toutes les possessions agraires appartiennent à l'état. A moi, en fait, d'où ma fortune personnelle. Pour vous résumer le truc, j'ai consulté, en ligne, un beau jour, un manuel d'économie basique, et je me suis rendu compte que le monopole d'une ressource pouvait aussi être appliqué à des biens immatériels. Alors, comme ici, on a des souches de soja qui génétiquement s'apparentent à tout sauf à du soja bio (en avez-vous d'ailleurs déjà vu, du soja bio ?), j'ai décidé de dépenser quelques leems afin de déposer un brevet sur les codes génétiques de tous les plans de soja industriellement produits ici-bas. Et à partir de là, HAHA, il a plut de la thune. Grosso modo, c'est comme ça que j'ai trouvé les fonds pour que mon empire galactique se finance, au début, une fois la révolution ici terminée. Et voyez où ça m'a mené ! Chaque jour, des milliards d'individus achètent du Soy-Harvest© - c'est le nom de ma marque de soja - et hopla, voila de l'argent." Harvest, toujours assise croisa les mains avec un air machiavélique, et se pencha dangereusement en avant vers Alice, si bien que cette dernière put sentir l'haleine de la dirigeante, laquelle haleine sentait, étrangement, le métal. "Et le plus beau dans tout ça, c'est que tous les centres de production et de distribution sont étatisés - même si, hors taxe sur la valeur ajoutée, toute la thune me revient : car j'ai aussi déposé des brevets sur nos krill transgéniques." Elle se repencha en arrière, avec un air de parfaite complotiste. "Incroyable, n'est-il pas ? Ma fortune personnelle est environ quarante-sept fois plus élevée que celle de l'état d'Heaven, pré-guerre : depuis, c'est... Kiff kiff, à vrai dire, au niveau des financements, tout ça. Sauf que les autres ressources, et par là j'entends les naturelles, ne suivent pas, ce qui nous empêche de produire quoique ce soit. En vrai, je dois bien l'avouer, nous vivons une déflation sans précédent. Vous savez, les gens, dans le conseil galactique, stressent à l'idée de vivre une apocalypse. Ils sont tous persuadés qu'elle est inéluctable, sans aucune preuve ! Sans déconner, c'est dingue, c'est à croire qu'il y a un compteur affiché quelque part, avec un nombre de jours restant, et que tout le monde s'y fit ! Je me gausse, Alice, je me gausse." Courte pause. "Mais je m'égare beaucoup, aussi. L'idée est que je compte utiliser la fortune personnelle pour foutre le camp. A tous les coups, s'il devait y avoir une couille, je pense qu'on utiliserait tous des vaisseaux apotiques pour tracer vers la galaxie la plus proche, mais... Je vise plus loin, à vrai dire. Je pense financer un vaisseau arche pour rejoindre nos bienfaiteurs de la fondation Atlas en G10, lesquels ont financé la révolution initiale en Orb. C'est pour ça que vous avez perdu cette colonie, en fait. J'espère que vous le saviez. Pour en revenir à mon anecdote, donc ! Car je parle, je parle, et je m'égare ! Alors le truc, c'est qu'à force de bouffer H vingt-quatre la même saloperie dans laquelle on trouve plus de colorants et d’arômes que de nutriments, nous avons souffert, à notre tout début - c'était il y a cinquante ans - d'une nouvelle génération dont environ un individu sur quarante était allergique au soja, entre autre. Alors là, là, là j'ai eu une idée de génie. Je me suis rappelé que John Hatch - un connard qui vit sur un monde où ils ne sont qu'une poignée d'habitants - avait une chèvre. Laquelle chèvre produisait du lait. Le gars, moyen-âgeux mais surtout survivaliste dans l'esprit, s'en servait pour faire du fromage. DU FROMAGE BIO, A NOTRE EPOQUE ! In-cro-yable. Et là, Harvest, comme elle est maline, elle a eu une idée en béton armé. Elle a décidé de prendre le seul mammifère présent sur Orb, et de les faire engrosser de force pour les traire, et ensuite faire du fromage à distribuer aux populations qui souffraient de véritables carences alimentaires : car il faut bien l'avouer, manger quotidiennement du polystyrène pour pouvoir survivre, c'est pas la nec plus ultra des vies. Vous ne devinerez jamais quel est le mammifère le plus présent sur Orb." Courte pause, où Alice put reconsidérer la vacuité de son existence. Harvest reprit presque aussitôt. "Le problème est qu'en raison de sa structure moléculaire, le lait humain fermente trop mal. Donc on ne pouvait pas en faire des fromages. Et puis, aussi - et là je comprends pas pourquoi - se posait le problème inhérent au fait que payer des milices pour violer des femmes dans la rue afin de les engrosser, avant de les foutre dans des fermes et les y traire, c'est assez mal vu. Donc on a décidé de cloner des femmes pour en faire du lait." Harvest cligna frénétiquement des yeux en affichant un véritable sourire des plus sincère, qui mettait bien en avant ses dents elles-aussi en métal. "Je sais : on aurait pu cloner des êtres humain pour directement les bouffer. Mais à mon avis, il y a déjà assez de cannibalisme comme ça en Orb sans que j'ai à inciter la population à le faire, et ensuite, il faut bien avouer que de commercialiser massivement du fromage d'humains, ça vaut son pesant de cacahuètes. Donc, j'ai cloné des hordes et des hordes de femmes qu'on a transgéniquement modifié en cuves pour que leur lait puisse fermenter correctement, et une fois qu'on en a trait assez, on considéré sérieusement le fait que le lait était un matériel organique, et on a développé des technologies pour créer du lait en immense quantité. Du lait originellement humain. Et puis, fromages, et famine réglée. Sauf que la famine de ces un individu sur quarante durait déjà depuis vingt ans, et que la plupart étaient mort entre temps. MAIS LA FAMINE A ÉTÉ RÉGLÉE PAR HARVEST LA TOUTE PUISSANTE, HAHA." Elle se leva assez brusquement, et appuya sa jambe droite sur la table comme s'il s'agissait d'un promontoire ou encore du corps de Flavius, puis elle fit un salut socialiste vers le ciel. "SIEG HAIL HARVEST, SAUVEUSE DES PEOPLES !" ... "C'est d'ailleurs aussi grâce à des traitements transgéniques que mes majordomes peuvent produire du lait." Elle resta ainsi avec son regard plein d'espoir, qui finit par progressivement laisser place à une certaine forme de doute, puis de malaise. "Et puis Orshen est arrivé, et nous a fait découvrir le couscous et les loukoums, chose qui a réglé tout problème alimentaire d'origine allergène. Et depuis il nous vend des tapis, aussi. Beaucoup. D'où la montagne, là-bas, au loin. On a pas encore fini de tous les envoyer dans le soleil."
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