Le visage de Katradhan apparut brièvement à l'holo-transmetteur, pour un message éclair.

*

- Commandantes, commandants, c'est un grand plaisir pour moi que de m'adresser aujourd'hui à vous depuis les confins de notre galaxie afin de prendre la place qui me revient de droit au sein de cette assemblée.

Le débit était énergique mais mesuré et ses mains décrivaient harmonieusement quelques arabesques pour accompagner sa pensée : quoique statique et cadré en plan large, l'image du vieillard respirait l'énergie et l'intensité. La Poca Venezia est passée par de longues épreuves mais aujourd'hui le chaos post-apocalyptique est derrière nous et notre république entend prendre la place qui est la sienne.

Laissant passer un silence scrutateur, le vieux Giuseppe reprit : - Nombre d'entre vous me connaissent déjà, dit-il, avant de continuer en adressant aux uns et aux autres quelques francs sourires et signes de reconnaissance, certains pour les relations commerciales que nous avons entrenues, d'autres pour avoir pris quelques verres en ma compagnie dans les places du secteur IX, d'aucuns enfin pour avoir fréquenté le Bazar du Bizarre, haut lieu du commerce galactique, dont je garantis l'absolue neutralité et les règles nécessaires à la libre concurrence propice aux affaires des marchands comme de leurs clients. A tous je tiens à vous dire que vous y êtes les bienvenus et que vos affaires sauront s'y dérouler en toute confidentialité.

Esquissant un sourire complice en réponse à ceux des membres de l'Assemblée nullement dupes devant cette promotion effrontée, le vieillard reprit : il est d'usage pour le nouvel arrivant de présenter sa personne et sa patrie. Permettez-moi de passer outre à ces coutumes : vos services sont sans doute aussi compétents que les miens et sauront vous fournir tous les renseignements que vous pourriez désirer, y compris ceux que je préférerais taire, de secrets classés défense aux quelques cadavres entassés dans mes placards.

A ce moment, un changement se fit sentir chez le vieil homme, que l'on sentait dorénavant plus grave : - A la place, permettez-moi d'aborder d'emblée ce sur quoi, depuis la première seconde, chacun s'interroge : mon positionnement politique. Sans tergiverser, je ne suis pas l'un de ces hérauts du peuple, huant des deux mains le pouvoir, réclamant à cors et à cris des élections démocratiques sans s'interroger sur leur opprtunité ; quelques-uns mêmes de ces démocrates improvisés n'étant rien d'autre que des ambitieux désireux de conquérir ainsi un pouvoir qu'ils ne pourraient obtenir autrement. Mais je ne suis pas non plus un de ces chiens dont on s'offre la loyauté avec quelques colfichets, ou de ces traîtres en puissance dont les fourbes desseins sont si transparents qu'ils font la risée de cette assemblée. Je ne désigne pas par ces mots peu flatteurs l'ensemble des membres du Renouveau Renégat, mais je pense que les représentants les plus éclairés de cette coalition reconnaîtront eux-meme avec moi que le danger intérieur est aujourd'hui plus grand pour le gouvernement que les menaces extérieures.

- Commandant Katradhan, j'ai beau être un vieux roublard, je vous tire ma révérence : en une dizaine de jours vous avez littéralement dévasté l'herbe sous les pieds de vos opposants et rendus caducques leurs arguments. Mieux, même ! Vous avez d'ores et déjà illustré les bénéfices de votre pouvoir en protégeant l'Oligarque Lero Stratos contre l'avidité rapace de son adversaire. Et tout cela au prix d'une poignée de leems et de quelques communiqués. Vraiment, c'est là une performance de maître !

- Bien entendu, nulle ici n'ignore que l'édifice est fragilisé de l'intérieur et qu'en silence couvent déjà des menaces extérieures. Mais personne non plus n'est assez sot pour ignorer qu'à terme le Renouveau Renégat pourrait être un bastion inexpugnable. Ce qui laisse chacun songeur... Nous en savons toujours si peu de vous, de vos motivations. Certes, je le sais, cela viendra en son temps, mais mieux vaudrait que ce temps soit proche, nous le souhaitons tous ardemment. A moins qu'entre-temps le Seigneur Merlin ne se décide à nous parler davantage, preuves à l'appui, de cette menace qui guetterait dans les interstices de notre univers. Car, en attendant, un simple slogan ne saurait motiver une sincère soumission...

- Commandant Katradhan, si vous devez me compter, comptez-moi au rang des sceptiques fort affairés par leurs affaires intérieures. Vos méthodes ne vous valent aucune antiphatie de ma part et il pourrait même advenir que nous travaillions ensemble : je suis un opportuniste à principes et si vous aviez une transaction commerciale à me proposer je l'envisagerai comme celle de n'importe quel client potentiel : en toute indépendance et libre d'accepter ou de refuser. Mais quant à rejoindre le Renouveau Renégat, prêcher à tous vents une idéologie de soumission aveugle et bourrer mes paroles d'emphase quand je devrais prononcer votre nom... Pitié ! Laissez ça à d'autres, je leur souhaite bien du plaisir.

Bonjours Honorables Diplomates des Contrées Eloignées,

Permettez-moi de me présentez à vous, mon nom est Zak, mon second nom est Eucalyptus. Je suis le représentant de mon peuple, les Hokanis, et de leur Autorité Suprême, mon père Abraham Eucal. Je suis mandaté pour régler tous les problèmes liés au commerce au niveau galactique, et bien sûr j’ai carte blanche pour les négociations diplomatiques.

Certains d’entre-vous ne nous ont peut-être jamais encore rencontré, car nous sommes un peuple tranquille qui n’et pas adepte de l’exploration en outrance. Je vais donc me (nous) présenter du mieux que je peux. Notre histoire prend au moment où je vous parle une douzaine de volumes, c’est donc naturellement que je vais vous faire un résumé de cette histoire qui est la nôtre.

Nous étions il y a une centaine de cycles encore sous la tutelle du Consortium des Fleurs, un petit empire commerciale qui n’avait pas un grand impact dans le Jeux de l’Assemblée. Durant le conflit qui amena à son démantèlement, notre planète fut la cible d’attaques nucléaires qui endommagèrent gravement notre atmosphère. Même si nos ennemis furent finalement repoussés, notre avenir était alors bien sombre. Notre atmosphère amincie ne nous protégea bientôt plus assez des rayons mortels de notre astre, nos peaux commencèrent à brûler lentement et douloureusement, et d’étranges maladies firent leur apparition. On chuchotait alors tout bas les mots fatidiques : « cancers ».

L’époque qui suit a été appelée « Les Milles Sanglots ». Car dans les mille citées de notre Terre-Mère, seul se faisaient maintenant entendre les sanglots des malades. Les gens ne sortaient plus de chez eux, le soleil étant soudainement devenu leur pire ennemi. Il y eu beaucoup de mort, beaucoup de chagrins tandis que la Maladie progressait. Notre extinction n’était qu’une question de temps. C’est alors que vint le Sauveur, mon Père. Dans le dernier laboratoire encore en activité sur la planète, il inventa la plante, grâce à de multiples greffes, qui nous sauva tous : l’Eucalyptus (comme ses droits d’inventeur le lui permettait, il a utilisé son nom comme base du nom de son invention). Mon père faillit jeter la Plante Salvatrice avec les immondices, ignorant alors ses effets bénéfiques. Ce n’est que lorsqu’un un des « rats de laboratoire », comme il les appelaient, le bouscula et en s’étala de la sève sur son uniforme. C’est alors que l’on vit le Miracle : la peau couverte de cloques de l’étudiant en médecine se mit prendre une teinte plus claire, pas énormément, mais assez pour qu’on le voie à l’œil nu.

C’est avec le premier Miracle que débuta la Renaissance. Mon père améliora la plante avant de l’essayer à grande échelle sous forme de crème, synthétisé à partir de la sève, qui fut bientôt surnommé l’Ecran. Les résultats furent au-delà de nos espoirs. Certes, la Plante ne guérissait pas de la Maladie pas la maladie, mais elle la stoppait temps que l’on s’étalait régulièrement de l’Ecran. Il n’y a aucun mot pour dire le soulagement d’un monde entier qui se croyait condamner à disparaître et qui soudain fut sauvé. Nous allions survivre ! Nos enfants perpétueront notre race ! Nous allons vivre !

Il fallut quand même une douzaine de cycles pour déclarer que tous les Hokanis étaient hors de danger, le temps de créer des cultures d’Eucalyptus et de créer de l’Ecran.

La volonté populaire fut que le Sauveur, mon père, soit mis à la tête de notre nation, et il accepta. Ce n’aurait pas été si simple si on aurait encore eu un gouvernement en place, mais il a été dissous vu le fort taux de contaminations des fonctionnaires de l’Etat. Mon père n’était pas préparé à faire face à tant de responsabilité, mais mon frère Jak (l’aîné) lui offrit son aide et lentement notre peuple se reconstruisit. Nous n’avions plus de compte à rendre au Consortium qui avait été démantelé durant Les Milles Sanglots, nous étions maître de notre Destin. Nous pûmes bientôt nous intéressés au monde extérieur et nous commençâmes à établir un projet de conquête spatial. Ce projet ne fut interrompu que part l’Apocalypse Divine, qui détruisit notre station spatiale en orbite, tuant tous ses occupants. Dieu l’a voulu. Nous reprîmes avec encore plus d’ardeur la colonisation de notre lune, et entrâmes en contact avec d’autres formes de vies.

C’est alors que je fut nommé Diplomate par la volonté de mon père, qui voulais quelqu’un de sûr à ce poste. Peu après ma nomination, mon père annonça publiquement qu’il instaurait une dynastie en lieu et place d’un gouvernement républicains. Le peuple accepta cet état des choses, tant que Abraham Eucal leur permettrait de s’épanouir librement ils s’auront toujours d’accord avec lui. Je pense que c’est mon frère qui a installé cette idée dans la tête de mon père, de manière à devenir le futur maître incontesté de Terre-Mère après sa mort. Mais qui suis-je pour juger ?

Le peuple Hokanis s’épanouit pacifiquement en ce moment grâce au commerce, et viennent de retrouver la trace de cette assemblée que nous croyions perdue.

Commandants, Commandantes,

Je viens dans cette noble Assemblée Galactique afin de me faire recenser et de me présenter à vous, comme tant d'autres. Tout d'abord je ne suis pas un stupide orc inculte comme la plupart des orcs.J'ai été éduqué par un très ancien et très petit commandant, un hobbit, du nom de Samsagace. Il m'a recueilli dans sa maison lorsque je commençais à étrangler mes premiers veaux.

Après l'Apocalypse, j'ai résurgi d'entres les cendres de ma planète Tartarus.Je découvris dans les décombres 2000 leems et utilisa cette argent pour acheter la planète à un chef de tribu berbère qui semblait heureux de sa vente.

La planète étant désormais à moi, j'entrepris de reconstruire tous les édifices détruits par les ouragans magnétiques.Cela fait, je commença à instruire la population à mes convictions propres à la Fédération à savoir le bourrinage, l'art de se kamikazer où encore l'art d'écraser les fourmis (mon passe temps favori d'ailleurs).

Aujourd'hui, mes journées se résument à former les futurs Drokarakazes (kamikazes orcs) pour leur noble mission et à étrangler des veaux.

Concernant le gouvernement actuel, j'estime qu'il n'y a pas de raisons valables (pour l'instant) de s'opposer à lui. Si le Commandant Katradhan veut véritablement de l'ordre , de la discipline et du respect pour cette galaxie, alors il peut me considérer comme un fidèle allié.Merci à tous pour m'avoir écouter. Je retourne de ce pas dans ma planète mère pour entraîner les jeunes orcs au plaquage.

Un hologramme apparut au fond de la salle.

On y voyait un grand homme assez jeune, en grande partie brouillée. Rapidement, l'image devint plus nette, permettant à ceux qui s'étaient intéressés à lui de distinguer ses habits d'un gris uniforme relevant ainsi les boutons en or de son veston.

Puis l'image disparut et réapparut sur la tribune :

Après ce bref message, l'hologramme disparut pour laisser au commandant tout le loisir d'étudier les débats en cours.

L'holo-projecteur se déclencha et une image 3D se matérialisa au milieu de l'assemblée dans un petit grésillement. Malgré la mauvaise qualité de la projection on pouvait distinguer la silhouette d'un homme trapus. Il était cependant impossible de distinguer les traits de l'individu tant l'image était déformée.

« Salutation, je suis Thyrius représentant du peuple Médéide et de toutes les nations ralliées a lui, je me présente au sein de cette jeune assemblée en espérant, bientôt, être ici en chair et en os.

Je viens ici en toute neutralité, les peuples que je représente sont jeunes et ouverts, nous ne souhaitons aucunement la guerre et nous sommes disposés a conclure des accords avec tous commandants désireux d'établir des relations fructueuses.

La découverte de l'assemblée galactique, entité politique et diplomatique, est pour moi le signe que cette galaxie n'est par gouvernée uniquement par la force et l'acier, je suis heureux d'une telle ouverture, je m'étais attendus au pire...

Je vous salue tous encore une fois commandants , nous nous reverrons sans doute au cours de discussions au sein de l'assemblée.

Sur ce je laisse la place aux prochains commandants souhaitants se présenter. »

Après un dernier grésillement l'image disparus laissant le centre de la salle vide.

Commandants d'Eveil, je me présente à vous humblement.

Le recensemment au sein de l'assemblée m'apparait comme un acte fondateur qui j'espère apportera la lumière sur notre secteur encore trop éloigné de l'agitation galactique.

Désormais le Grand Camériste de mon gouvernement me representera ici pour les affaires courantes. Toutes dispositions concernant notre peuple sera discuté avec lui tandis que j'interviendrais pour les discours fondateurs.

Je vous présente dès aujourd'hui ma candidature au poste de Representant du Secteur 6, le Secteur Valerian.