Révérend,

J'ai eu vent de vos récentes mesures rapportées à l'Assemblée. Ne trouvez-vous pas cela un peu excessif? Par là, je veux dire que vous êtes entrain de vous discréditer aux yeux de tous.

Je peux tout à fait comprendre que vous ne vouliez pas que le gouvernement soit mis à mal. Mais je doute fortement que le Commandant Denior, hormis ces quelques propos diffamatoires, puisse vous nuire concrètement. Soyons clair, il n'a ni les armes, ni le soutient de qui que ce soit pour exercer une quelconque pression délétère sur notre politique. Et ceci, n'est pas le cas de tous; nous le savons. Je pense que nous avons davantage à craindre de ceux ici présent.

Voyez-vous, que vous n'appréciez pas tel ou tel individu pour ses paroles, ses pensées ou même son comportement, cela est votre droit le plus fondamentale. Mais en temps que représentant du gouvernement, vous devriez être au-dessus de toutes critiques, y compris les plus virulentes. Or, le bannissant du Commandant Denior est perçu comme une action arbitraire portant atteinte à la liberté d'expression de tous. En voulant le punir, vous risquez de vous punir; en forgeant les entraves de sa bouche, vous forgez votre guillotine. Mettons-nous d'accord, les gens n'en ont que faire de Denior. Ce qui les incites se lever c'est la censure que vous commencez à mettre en place. Vous pourrez me considérer comme un allié du Commandant Denior, si vous le souhaitez. Mais ce n'est nullement lui que je défends, mais la liberté de parole.

Toutefois, il faut reconnaître que ces accusations portées envers le gouvernement et ses institutions n'ont pas lieu d'être. C'est ce que j'appelle de la stigmatisation. Ce qui n'empêche qu'un réaction plus posée de votre part aurait été plus appréciable.

Enfin, en temps que membre de votre gouvernement, je vous demanderez de bien vouloir passer l'éponge. Retirez lui ce statut de persona non grata, qu'il puisse s'exprimer, diront certains; qu'il puisse vociférer, diront d'autres. Nous savons tout deux que je pourrais mener un procès contre cet arbitraire, sans distinction de titre ou d'appartenance à un groupement ou à un culte. Cependant, je suis convaincu que vous êtes un homme bon, avec ses hauts et ses bas, mais un homme raisonnable tout de même.

Je vous conseillerez d'agir comme il se doit afin de satisfaire le Plus Grand Nombre, qui est, rappelons le, la chaise sur laquelle nous, le gouvernement, sommes assis.

Arya ou qui que ce soit d'autre venant du même nid de poule, je m'en fous. Vous goûterez à votre propre médecine. Vous voulez me détruire, prendre la capitale, ou donner des leçons de morale ? Grand bien vous fasse !

Si vous ne savez pas lire, ce n'est pas mon problème. Vous ne connaissez rien de notre Histoire ni de nos institutions. Je ne suis pas un démocrate, je n'ai jamais prétendu l'être. Je ne suis pas non plus un dictateur, car le pouvoir pour le pouvoir ne m'intéresse pas. Je hais par contre la bêtise sous toutes ses formes, y compris la vôtre. Les membres du gouvernement que j'ai formé sont libres d'être en désaccord avec moi, ils savent, eux, qu'ils ont toute latitude pour me critiquer publiquement. Leurs critiques sont toujours constructives, et je les accepte. Les vôtres, je m'en balance. Vous êtes d'une insignifiance sidérale ici. Peu importe la taille de vos gros boutons rouges : ici, les adolescentes souffrant d'acné juvénile, on les calme.

Discuter avec vous ne sert à rien : vous êtes dingue et hystérique. Vous me menacez publiquement, vous déclarez devant cette assemblée vouloir déclencher un cataclysme pour rendre la parole à un parasite qui a dépassé les limites que j'impose, OUI, que j'impose, car je suis un dirigeant, et un dirigeant doit savoir trancher quand un histrion sabote systématiquement le travail d'une collectivité à la seule fin de servir ses intérêts. Vous osez avec une décontraction sidérante me reprocher ce qui vous semble être un abus de pouvoir ? Vous me reprocher le fait du Roi ?

Vous êtes-vous réellement entendue ? Vous vous prenez pour une espèce d'entité supérieure parce que vous disposez de l'arme hyperatomique ? Si vous me reprochez le fait du Roi, moi, je vous accuse du fait du démiurge, or, démiurge, vous n'êtes pas !

Tout cela pour quoi, déjà ? Rendre la parole à un type dont vous déclarez publiquement n'avoir strictement rien à faire de sa vie ?

Voyez-vous, jeune créature, je pense que bannir quelqu'un de la cité est résolument plus respectable que de lui ôter la vie. Votre manque de culture politique mérite aussi d'être comblé ; Denior lui-même vous l'aurait fait remarquer.

Le bannissement est une mesure qui fut mise en place dans les temps les plus obscurs de l'Humanité, par les inventeurs de la démocratie eux-même.

La violence de vos menaces passe mal, par ici, jeune femme. Je ne suis peut-être pas apprécié de tous, mais je serai sans doute plus apprécié que votre attitude et votre agression à l'encontre de cette galaxie.