Peut-être une autre fois. Profitez de votre boisson, Draconien.

Comme à son habitude, Vallya apparut dans un des coins de la pièce. Prête à analyser chacun des mouvements des serveurs ou bien même de cet personne qu'elle venait de capter sur son canal. Les sorties au bar entre amis, faire la fête, baiser jusqu'au petit matin. C'était bien un truc d'humain ça. A sa grande déception, l'endroit n'était clairement pas accueillant. En même temps, avec un seul client, le gérant n'allait pas réussir à financer les prochaines améliorations.

La blonde se tourna vers la femme qui venait de chuchoter derrière son dos.

La brune s'écarta de Vallya et s'approcha du comptoir. Ses chaînes, qui traînaient sur le sol, firent un boucan d'enfer. Tania sauta sur le bar et finit par s'asseoir dessus en fusillant du regard Lorak.

Vallya rejoignit Tania, mais contrairement à sa conseillère, elle resta debout et salua d'un simple geste de la tête l'homme à sa droite.

Je ne connaissais pas l'existence de cet endroit et je pense savoir pourquoi... Oh ! Je suis Vallya, Princesse et Reine par intérim des Alfein. Un peuple très peu courtois, alors veuillez excuser les manières de cette sorcière. Dit-elle en jetant un coup d'œil à Tania qui n'affichait qu'une petite moue de dégoût. Nous venons d'intercepter vos communications et également votre présence dans ce Bar. Navré de venir à l'aide de mes hologrammes, mais votre Secteur étant encore fermé, je ne peux avoir l'honneur de m'y rendre directement. Et vous ? Qui êtes-vous ?

Princesse Vallya, commença-t-il avec une voix douce mais tranchante, ce n'est pas tous les jours qu'un Draconien de mon rang se voit adresser la parole de la sorte, surtout par des hologrammes. Vous parlez d'incivilités, mais vous devriez peut-être commencer par enseigner à votre conseillère comment se comporter en présence de la noblesse.

Il lança un regard désapprobateur à Tania avant de poursuivre. Mais passons. La curiosité est, après tout, un trait admirable... chez certaines races. J'ai entendu des murmures au sujet des Alfein, bien que je ne m'attendais pas à une introduction aussi... divertissante. Vous avez piqué ma curiosité, Princesse.

Se penchant légèrement vers Vallya, une lueur malicieuse dans les yeux, il ajouta, "La vie en tant que noble Draconien m'a enseigné à être toujours sur mes gardes. Les coups fourrés sont monnaie courante. Alors dites-moi, quel est le véritable objectif de votre visite?"

C'est ce qui arrive quand quelqu'un me menace. Ria-t-elle en prenant une bouteille derrière le bar.

Vallya inspecta de la tête au pied l'homme. Pourquoi était-elle présente ? C'était pourtant évidant.

La blonde se servit un verre d'eau et sourit immédiatement à l'homme.

Tania souffla bruyamment et leva sa bouteille.

Lorsque Lorak fit une sorte de révérence, Vallya croisa les bras, suspicieuse. La chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était les mensonges. Les yeux de l'homme lui indiquaient clairement qu'il se méfiait, ce qui le rendait encore plus suspect.

Ah, une dirigeante qui reconnaît ouvertement son rôle dans le chaos galactique, dit Lorak d'une voix suave, c'est rafraîchissant. Certes, les rumeurs peuvent souvent s'avérer trompeuses, mais elles ne naissent pas de rien. Votre réputation, ou devrais-je dire celle des Alfein, vous précède.

Son regard se posa alors sur Tania avec une nuance de mépris, une lueur agacée dans ses yeux. Quant à votre... conseillère, il accentua le mot avec une pointe d'ironie, son comportement est pour le moins... inattendu. Je commence à comprendre pourquoi vous ne la laissez pas gérer vos affaires officielles.

Se retournant vers Vallya, il ajouta d'un ton plus respectueux, J'entends bien votre souhait de ne pas être appelée par votre titre en présence des 'civilisations étrangères'. Chaque peuple a ses traditions, ses coutumes, et je n'ai aucun désir d'offenser les vôtres.

Vallya se détendit à la remarque de Lorak.

Le bon vieux temps... Soupira Tania en se remémorant les guerres passées.

Si Tania vous pose problème, il vous suffit de l'ignorer et elle partira d'elle-même. Reprit-elle en lançant un regard moqueur à la brune.

Ses yeux bleus se reposèrent sur Lorak. Son changement de ton devenait presque comique lorsqu'il s'adressait à Tania. Contrairement à sa conseillère, Vallya n'avait pas pour habitude de se mettre en colère, bien au contraire. Elle était toujours d'un calme absolue.

Il balaya l'espace autour de lui avec un geste de la main, comme s'il se rappelait de l'absence de Mars2023, puis il revint à Vallya. Le respect se mérite, Princesse. Votre peuple dévore des êtres humains pour sa survie, et pourtant, vous parlez d'égalité et de supériorité. Quelle ironie!

Son regard glacial se fixa à nouveau sur Vallya. Ne vous y trompez pas, Princesse. Je peux être 'juste' un garde du corps, mais mon rôle est bien plus complexe que ce que vous imaginez. J'ai été formé pour faire face à toutes sortes de menaces, y compris des situations comme celle-ci. Alors, pardonnez-moi si je ne suis pas impressionné par vos révélations.

Le ton de Lorak se radoucit légèrement, mais sa méfiance était palpable. Quant à l'homme qui m'a rendu visite... cela ne vous concerne pas. Draconia a ses propres intrigues et complots, bien au-delà de ce que vous pourriez imaginer. Mais ce n'est pas le sujet de notre rencontre, n'est-ce pas ? Il termina en levant son verre, son regard défiant Vallya de le contredire.

Car cela l'est. Vallya termina son verre et fixa Lorak d'un air amusé. Un jeu. Un système ou même les plus faibles des civilisations peuvent évoluer et se hisser à la tête des plus grandes puissances. Les dirigeants ne retiennent que le pire de chacune des civilisations. Je préfère voir le meilleur dans chacun d'eux, car tous peuvent contribuer à mon peuple. Elle se servit un nouveau verre d'eau et le leva pour imiter son geste passé. Pour nous, notre seul enjeu est la survie. Contrairement aux autres civilisations, nous ne souffrons d'aucune discorde interne. En revanche, il y a confusion. Vallya reposa son verre et croisa les bras, insatisfaite. Seules les Ouvrières se nourrissent d'humains. Les femmes qui dirigent Alfa 0 ont toujours été humaines. Il est donc évident que nous ne mangeons pas de chair humaine, je ne fais pas dans le cannibalisme.

Tania se lécha les lèvres en écoutant les paroles de l'homme. Elle n'avait clairement rien écouté de la conversation, mais un seul mot avait attiré son attention.

Barbare ? Non, la transformation n'est absolument pas douloureuse... Quand je tue des enfants, oui, ça, c'est barbare... Mais que veux-tu... Au bout des siècles de vie, je dois bien trouver un nouveau passe-temps. Petit, les Alfein sont des Barbares... Nous sommes nées dans le but de tuer. C'est à cause d'elle que nous n'avons plus la possibilité de fabriquer une seule arme de guerre ! Fit-elle en lançant un regard furieux a Vallya. Alors si tu arrives à lui faire comprendre que tuer, c'est la meilleure des solutions, tu es le bienvenu sur Alfa 0.

Tania se releva et s'approcha de l'homme en secouant la tête.

Vallya ignora la remarque de Tania et reprit.

Vallya plissa des yeux un instant en remarquant de nouveau le changement de comportement de l'homme. Plus les discusions défilaient, moins elle l'appréciait. C'était peut-être une erreur d'avoir voulu se montrer amicale et l'approcher en premier. Au pire, elle n'avait qu'à attendre une attaque sur Alfa de sa part pour confirmer ses soupçons à son égard. Où peut-être que ses Partenaires ne l'aimeraient pas et qu'ils décideront d'eux même de l'éventrer sur la place de l'assemblée. La méfiance avait du bon, mais face à elle, c'était une erreur. Beaucoup s'étaient fait refuser une offre de Partenariat pour moins que ça. Mentir n'était pas dans sa ligne de conduite et le fait qu'il pensait l'inverse la mettais étrangement, mal à l'aise.

Car vous cherchiez une raison à ma présence ? Je suis désolé de vous l'annoncer, mais je n'en ai aucune. Comme je vous l'ai dit, j'ai vu de la lumière, alors je suis venue. Mais si ma présence vous dérange autant, vous n'avez qu'à me demander de quitter les lieux et je le ferrai. Termina-t-elle en sifflant d'une traite son verre et en le déposant un peu trop brutalement sur le comptoir.

Elle leva son verre : A votre bonne santé et à celui de vos peuples !

Madame d'Allow, dit Lorak d'une voix mesurée et profonde, Il me semble que nos chemins ne se sont jamais croisés auparavant, mais je suis conscient de votre statut et de votre influence. C'est un plaisir de vous rencontrer en personne. Il hocha légèrement la tête en guise de respect.

Il leva légèrement son verre, son regard se posant sur les deux femmes. Que cette soirée soit le début d'une compréhension mutuelle et, espérons-le, d'une collaboration bénéfique. À la paix et à la prospérité.