V'là le premier charognard, au moins il a la politesse de faire une annonce publique.

Jean Jean, c'est les premiers mots censés que vous prononcez (ou alors je n'ai pas tout vu).

On appelle pas ça justice, c'est un tribunal révolutionnaire. Leur décision est prise de longue date.

Comme prévu le Grand Ananas a été mis à mort littéralement par les prédicateurs de la haine et ses hyènes.

A 15 contre 3. La classe.

J'engage tous les camarades de tous les secteurs à ne pas ouvrir avant d'être bien sûre de pouvoir leur administrer une bonne chicoré ! Une alliance avec le Conseil est inenvisageable, notre exemple le démontre.

Bonjour chez vous,

Elie

Les Forces Royales Libertadaliennes, conformément aux messages échangés avec le Commandant Elie lors du dernier cycle, ont entamé une campagne de militaire contre les forces ananassiennes. Nos demandes d'explication sur les tirs subis par nos forces civiles dans les systèmes 4, 6 et 12 n'ont trouvé comme réponse de la part de ce Commandant que mépris, menaces et accusations parfaitement farfelues quant à l'activité de nos forces militaires.

Regrettant l'absence de dialogue constructif avec le Commandant Elie, si ce n'est la multiplication des tirs PE sur nos unités civiles, nous avons donc engagé une phase militaire contre le trio de perturbateurs du Secteur Prime et nos forces royales sont maintenant placées sous le commandement du Gouverneur du Secteur Prime.

Il est temps de mettre un terme aux rodomontades stériles et infantiles d'un trio de commandants qui n'ont comme faits d'armes que la trahison, le mépris des règles diplomatiques et l'absence totale d'honneur et de valeurs.

Libertadalia a été forcée de quitter sa neutralité bienveillante par le Commandant Elie et il nous a paru parfaitement approprié de considérer que les fautes et erreurs du Commandant Elie impliquaient de considérer les commandants Dieudonné et Maître Jacky comme les complices actifs et volontaires de leur coalisé.

Par son comportement de petit voyou, de gangster, ses menaces et ses façons de faire, le Commandant Elie a jeté l’opprobre sur sa coalition. Nous refusons de devoir subir les méfaits d'un groupuscule aux méthodes viles, fourbes et malodorantes plus longtemps en Secteur Prime. Ces gens ne peuvent être considérés comme des créatures du Très Haut car ils se comportent comme des animaux.

Nous prions le Très Haut d'avoir pitié de ces monstres parce que nous n'en aucune.

A bord de l'Adbominator, au milieu des restes d'une flotte du Grand Ananas.

La navette de transport arborant le logo reconnaissable d'IIG et un transpondeur lui permettant de traverser les zones de guerre venait de se poser sur Asurv 14, jadis un monde corporatiste du Consortium nommé Sethete Corp.

L'équipe de journalistes débarqua sur un zone huileux et leurs bottes plongèrent dans dix centimètres de cendre. Immédiatement le drone caméra se mit en marche et les membres de l'Assemblée Monarchique virent avec effroi les mines à ciel ouvert, les usines automatisées ravageant la plaine jadis fertile, les centrales nucléaires recrachant une noire fumée toxique.

L'envoyée spéciale d'IIG, une belle métisse à la peau cuivrée replaça le masque respiratoire sur son beau visage, ce qui n'empêcha pas les centaines de milliards de spectateurs à travers la Galaxie d'apercevoir ses larmes.

La voix légèrement étouffée par son appareillage, elle se tourna vers le drone et commença son reportage.

La sonde fait un panoramique sur l'immense plaine ravagée par la sur-industrialisation, et les images semblent s'imprimer sur la rétine des spectateurs.

La journaliste suivie par son drone se déplaça pendant de longues minutes au milieu du champ de ruines. Pas un bruit d'insecte, pas un vol d'oiseau, uniquement le sourd bourdonnement d'un monde moribond par la folie d'un homme et la soif de profit de Yehudah Corp.

Une grotte apparut au pied d'une falaise de pierre noire et peu à peu le zoom optique du drone permit de capter trois silhouettes émergeant lentement de l'ombre.

Les trois hommes, faméliques, le visage creusé par la malnutrition et l'épuisement, s'appuyaient lourdement à la roche. Ils ne portaient aucun appareil de protection respiratoire et leurs poumons sifflaient tels des baudruches dégonflées.

Un pâle sourire apparut sur le visage de celui qui s'adressait à la journaliste, vite coupé par une quinte de toux.

La journaliste ne dissimulait plus ses larmes et lorsqu'elle serra longuement Mikaïl dans ses bras, plus de cinq cent milliards de spectateurs à travers la Galaxie pleurèrent avec elle.

Spontanément à travers le Consortium des milliers, puis des millions et enfin des milliards de citoyens se rassemblaient, silencieux, sur les places du Processus. Certains tenaient à la main des bougies noires, tendues vers les cieux. D'autres sanglotaient ou attendaient, calmes et attentifs. Les envoyés spéciaux multipliaient les duplex et les écrans holographiques dans tous les immeubles et maisons du Consortium divisaient leur diffusion pour permettre à tous de suivre les rassemblements et les dernières minutes d'un monde.

Le vaisseau de Rohini Tiassarama quitta le sol de la planète. Son drone resta au sol, pour retransmettre jusqu'au dernier instant l'agonie de dix-neuf survivants de l'enfer. Ils étaient tous sortis de la grotte, certains trop affaiblis pour marcher soutenus par celles et ceux qui pouvaient encore se mouvoir avec difficulté. Leur sourire tranchait avec leur corps émacié et la folie que l'on lisait au fond de leur regard.

A Évolution, capitale du Consortium, les Forces de Sécurité Corporatistes estimaient que 85% de la population de la ville était dans la rue et attendait. Des scènes similaires furent rapportées partout à travers le Secteur Prime.

Ils s'allongèrent au sommet d'une petite élévation de terre. Dix-neuf survivants d'un monde qui en comptait des centaines de milliers à sa chute. D'abord Dieudonné, puis Mr. Elie, avaient assassiné une planète entière et sa population. Il fut décidé en conférence de rédaction de ne pas diffuser d'images des charniers découverts un peu partout. La colère viendrait plus tard.

Ils fixaient le ciel dans l'attente d'un dernier geste de miséricorde et le premier trait de feu traversa l'atmosphère, embrasant l'air nauséabond. Puis un second, et un troisième...

Partout dans la Galaxie, des centaines de milliards d'êtres pensants en pleurs allumaient des bougies.

Un hologramme du Commandant Kennedy apparaît pour la première fois a l'Assemblée galactique.

Le visage du commandant Kennedy resta inflexible a cette annonce seul la colère dans sont regard pouvait trahir l'émotion du commandant a cette annonce. Il se tourna face au projecteur holographique.

Commandant Jean-Khaled, vous mélangez malheureusement beaucoup de choses dans votre dernière interlocution. Les Ananassiens ne sont pas coupables de méfaits relevant du droit commun applicable aux individus peuplant les planètes que le Très Haut, dans Sa grande bonté, a créées. Ils ne roulaient pas trop vite et n'ont pas braqué de banque.

Les Ananassiens sont des dirigeants d'empires, ils commandent à des forces militaires et disposent de capacités militaires capables de semer la mort, beaucoup de morts. A ce titre, le principe de procès équitable avec d'un côté un accusateur et de l'autre une défense ne peut leur être appliqué. Ce principe est réservé à des individus que l'on doit défendre contre la violence de tout Etat structuré : il revient de prouver qu'un homme en a assassiné un autre et ce dernier doit répondre des accusations portées contre lui. Au moindre doute, selon les coutumes de chaque civilisation, il peut être libéré.

Quand les Ananassiens ne seront plus que des individus, il peut être envisagé de les traiter comme des individus et de procéder à un jugement.

Votre proposition est, de plus, vu les antécédents des Ananassiens particulièrement inappropriée. Ils n'ont de cesse de sur-exploiter leurs planètes pour acquérir les ressources nécessaires à l'entretien de flottes de guerre, ils n'ont eu de cesse de détruire des civilisations plus faibles soit par trahison, soit escomptant une discrétion bonne enfant de leurs voisins. Il nous apparaît coquasse d'espérer dresser un Procès Verbal à un amiral ordonnant l'invasion d'une planète de la même façon que l'on punit un chauffard.

Les Ananassiens ont trahi à maintes reprises, conspiré, détruit la Création du Très Haut à plusieurs reprises, attaqué des civilisations plus faibles pour les faire disparaître, menacé des Commandants qu'ils estimaient plus faibles qu'eux et ont voulu s'arroger le droit de posséder le lieu diplomatique du Secteur Prime. Ce n'est pas une conduite relevant d'un citoyen lambda de n'importe quelle planète, c'est une conduite d'une extrême cruauté qui ne relève pas du droit commun mais du jugement de leurs pairs, eux-mêmes chefs de nations.

Si vous souhaitez, cependant, organiser un show galactique, je recommande que l'on vous livre ces petits tyranneaux afin que les ménagères de 50 ans puissent profiter du spectacle.

Process ... euh ... ah oui ... 1936, les Libertadaliens ne considèrent pas qu'un désaccord aussi profond soit-il puisse engendrer des violences telles que les Ananassiens. Nos désaccords avec le Roi auto-proclamé reposent sur la philosophie de l'accord de son pouvoir personnel vis à vis de nous.

Obéir au Commandant Nao implique qu'il reconnaisse en retour des droits (et des devoirs bien entendu) aux Commandants des Secteurs. Pour l'instant, nous n'avons aucun droit qui soit absolument reconnu par la monarchie en place. Dans une monarchie, le Roi gouverne mais il est aussi le garant de la Justice et du respect des droits des grands barons. Droits inaliénables que même le Roi ne doit pas pouvoir supprimer sous peine de perdre définitivement son caractère sacré. La monarchie n'est pas une dictature déguisée : elle implique un vaste ensemble d'équilibres des pouvoirs et des droits.

Pour le moment, le Commandant Nao en est encore à se demander à quoi sert une Constitution et croit même qu'une constitution peut avoir des rôles différents selon le régime qu'elle organise. Cet écart de conception n'implique pas que les armes doivent parler : par la discussion et l'exemple, nous les Libertadaliens sauront lui prouver ses erreurs. A ce moment-là, nous ploierons le genou devant lui avec respect.

Sur ce, je retourne à mes réunions d'Etat-Major. Il me faut coordonner de nombreuses flottes dans tout le Secteur Prime.