Dans cette assemblée transpirant l'orgueil de la monarchie, un homme apparut. Il n'était pas venu ici depuis des cycles. L'Empereur était de retour, entouré, non pas de gardes mais des principales têtes dirigeantes de la galaxie.

Si vous en avez d'autres n'hésitez pas à les donner.

Un officier accompagnant la délégation se leva et se tourna vers Jean-Khaled.

Bien. Voyons donc où vous en êtes, commandant Makarirus.

Je ne vois nulle part, dans votre flamboyant discours, la moindre revendication, le moindre projet, la moindre idée politique dont vous vous êtes pourtant gargarisé pour justifier la création de votre parti. J'y vois tout au plus un galimatias vaguement menaçant de rancœurs et d'imprécations ombrageuses.

En guise de projet, vous nous promettez une opposition acariâtre, amère, irréfléchie et surtout systématique. Vous étiez déjà arrogant, vous voici amer. Sa majesté le roi vous a accordé des conditions de paix très généreuses, peut-être trop. J'ajouterai que nous avons également le mérite d'encourager la diversité d'opinion, et d'accepter que vous puissiez, comme tout commandant, exprimer la vôtre librement et sans contrainte.

Laissez-moi, à ce sujet, vous rafraîchir la mémoire. Durant la guerre, vous avez vous-même exclu votre adversaire lorsque vous aviez pris la capitale. C'est sans doute de bonne guerre, mais vous n'êtes pas le mieux placé pour défendre la liberté d'expression. Vous avez tenté, durant le conflit, de faire tomber la capitale en utilisant tous les moyens à votre disposition. Vous avez encouragé la création de structures pouvant augmenter votre force d'opposition, par le biais de coalitions écrans, dans le seul but de déstabiliser les institutions galactiques, et surtout, dans le but de faire chuter la capitale. La liberté d'expression, ma foi, est une noble cause. Mais le roi a beaucoup plus fait pour elle, même si cela faisait partie d'un calcul, en cédant la tutelle de la capitale à un gouvernement neutre. Voyons de votre côté : un tyran déchu qui hier encore se vantait partout de sa détestation pour la liberté d'opinion. Qui, hier encore, a créé une police politique et qui a inlassablement menacé, traqué et éliminé toute opposition politique quand il se prétendait tyran de mille mondes.

Je constate par ailleurs que vous avez déjà mangé votre promesse : un simple coup d’œil sur les opposants déclarés à mon gouvernement permet de constater que vous et vos camarades ne se sont pas portés neutres. Mais j'oubliais que vous aviez une notion quelque peu originale de la neutralité. Comme vous avez une notion assez originale de la démocratie, que vous aviez littéralement interdite ou oblitérée, alors que vous vous réclamez maintenant à la tête d'un parti politique, rouage démocratique par excellence.

Je ne vois finalement dans votre discours qu'une provocation grossière. Vous déclarez sans scrupule vouloir pousser le roi à la guerre. Êtes-vous donc à ce point aveuglé par votre ego froissé ? Le seul qui révèle, une fois encore, son vrai visage ici, c'est vous.

Je vous avais promis une réactivité à la hauteur de mes compétences : il va falloir vous accrocher, commandant Makarirus. Car je ne vous céderai rien.

L'Empereur fit signe à l'officier de se rasseoir, c'était à lui de répondre.

*** Nerguï Kokachin avait suivi la première allocution de l’Empereur Félon depuis sa cuisante défaite lors de la Guerre des Monarques. Elle était littéralement choquée car, loin de se repentir des fautes commises voilà que l’Empereur Makarirus se pavanait, sûr de sa puissance ? ***

Certains mots résonnèrent pourtant: Que les étoiles guident vos pas

Amiral Lames,

Je ne suis le symbole de personne. Je travaille au service de Décadence. Et je ne suis absolument pas sûre de mon pouvoir. Car ce pouvoir dépend du roi. Vous feriez bien, tout comme moi, de ne pas l'oublier.

Ce que je peux vous promettre, par contre, c'est que tant que j'assurerai la tutelle des institutions galactiques, vous resterez libre de me soutenir ou de vous opposer à ma politique. Vous êtes libre de signifier votre désaccord, de prendre la parole, de donner votre avis.

C'est quelque chose d'assez récent, dans cette galaxie. Et ce n'est certainement pas au commandant Makarirus que nous le devons. Libre à vous de le soutenir néanmoins. Je vous invite à relire les archives de cette assemblée, pour votre édification.

Pour le reste, j'estime avoir répondu de manière correcte et proportionnée. Mais j'imagine que vous avez déjà exprimé votre avis sur la question.

Dans la partie de l’hémicycle ou se trouvait la délégation, des chuchotements commencèrent à fuser.

Ici le lieutenant Vega, envoyé de la Federation Primienne.

Shepard ne s'était pas présentée à la galaxie depuis des cycles. Entre autres, elle devait s'occuper de la réorganisation de la Fédération après la guerre contre l'Ananas. Suite à cette même guerre, elle proclama la neutralité de la fédération, et malgré ça, Eden Prime et ses colonies furent bannies de la vie galactique par Nao.

C'est suite à ça qu'elle décida de soutenir l'opposition, sans formellement prendre part à la guerre. Aucune action n'a été menée contre le Commandant Nao, mais celui ci a tout de même attaqué nos flottes, quand bien même il savait que nous ne serions en mesure de riposter.

Aux travers d'Eden Prime et ses colonies, certaines personnes n'y vont pas par le dos de la cuillère: Pour eux, le Régime "royal" est comparable à l'Ananas. D'autres jouent sur la ressemblance des mots "monarchie" et "anarchie".

Cela dit, Shepard m'envoie proclamer publiquement la neutralité de la Fédération, pour que toute la galaxie en soit témoin si nos flottes ou nos planètes sont de nouveau victimes du totalitarisme naoiste.