Orlan soupira, voilà pourquoi il haïssait l'Assemblée. Passer des heures à pinailler sur des détails et devoir se justifier sans cesse de ces moindre paroles même lorsqu'elles sont claires.

Un petit animal, ressemblant à un singe, se mit à bouillonner - littéralement - quand le Commandant Arkhangel Hismer prit la parole contre Suno. Il se mit à devenir comme liquide et grandit jusqu'à dépasser les deux mètres. Sa forme changeait et fini par se stabiliser en un humain, tranquillement posé dans un fauteuil. Long manteau de cuir noir et lunette de soleil de la même couleur, il sourit avec de prendre la parole.

"Désolé pour cet entrée en matière. Je m'appelle Baël, et je représente le Commandant Abalam. Pour ce qui est de la transformation, rien d'inquiétant, je suis un Morpheur. Mais passons. Commandant Arkhangel Hismer."

Baël fixa le dénommé, caché derrière ses lunettes noires, mâchant un chewing-gum, il poursuivit.

"Vos propos manquent clairement de respect à notre système. Tout le monde ici défend ses intérêts, mais vous êtes le seul à nous insulter. Quelque chose ne va pas ? A moins que vous ne connaissiez pas encore le commandant Suno et ses analyses plus perspicace que les vôtres ?"

Suite à cette phrase, le Morpheurfit claquer la bulle de son chewing gum dans un sourire.

Commandant Numéro 1B, l'annonce de l'ouverture du Secteur Vingt et Septième est parvenue sur tous les terminaux des commandants de cette Galaxie (si je ne me trompe pas). Pour autant, le Secteur Tierce ne s'est toujours pas ouvert : je propose d'en conclure que ses habitants ne se sentent pas concernés par la colonisation des peuples du dit Secteur fermé. Comme il a été dit avant mon allocution, il serait regrettable de devoir attendre des civilisations qui ne semblent pas être concernées par l'ouverture du Secteur.

Ceci étant dit, nous reconnaissons qu'il est important de veiller à laisser au maximum de commandants la possibilité de pouvoir étendre leurs empires dans les meilleures conditions. Mais encore faudrait-il que les Commandants intéressés se manifestent afin qu'une telle discussion puisse avoir un sens et un but.

Nous avons donné des ordres à nos diplomates avant votre allocution, Commandant Numéro 1B. Je pense d'ailleurs que vos radars ont repéré nos escadres il y a maintenant plus d'un cycle Secteur Vingt et Septième et nous trouverions dommageable de devoir restreindre la colonisation de planètes pour les réserver à des civilisations qui restent silencieuses.

Les commandants du Secteur Tierce doivent ouvrir leurs secteurs pour venir coloniser. Sans quoi, nous glosons actuellement sur rien (ou presque) sachant que vous mettez votre réputation en jeu pour eux ...

Spielton fixa l’énergumène sans réaction notable. Du moins au début. Après quelques secondes d'absolu silence, il se retourna vers l'un de ses gardes, cligna des yeux, chercha le regard de son second garde puis, comprenant que ce qu'il venait de voir s'était bel et bien passé, essuya une nouvelle fois son monocle.

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il avait l'air un peu circonspect. Il se racla doucement la gorge.

"Il y a erreur sur la personne, Baël. A moins qu'il ne soit dans vos habitudes d'appeler le serviteur par le nom de son maître."

"Par ailleurs, et pardonnez d'avance le côté bancale de ma réponse, votre intervention n'ayant pas été assez claire pour m'être entièrement compréhensible, mais je ne vois pas en quoi mes propos ont été insultants envers qui que ce soit. Enfin, puisque vous avez manifestement confondu le bon sens un peu naïf que j'utilise pour m'exprimer avec de viles insultes, permettez-moi de vous demander le pardon: Je n'avais pas pour but de vous outrager ni vous ni quoi que ce soit, et encore moins votre système (bien que celui-ci soit objectivement inférieur à celui du Dominium mais là n'est pas la question). Mon constat correspondait simplement à...

Hm. Un certain point de vue ? Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'une différence d’opinion ne doit pas être confondue avec une insulte, n'est-ce pas ? Bien."

"En parlant de point de vue, je pense que vous devriez apprendre à énoncer le votre avec plus de diplomatie. Un représentant qui manque de tact, ce serait quand même un comble désolant, n'est-ce pas ? Peut-être l'analyse du commandant Suno, que je ne connais que trop bien de part ma collègue, vous semble-elle plus pertinente que la mienne.

Et en soit, fort bien: Après tout j'essaye simplement d'éviter une dérive de la discussion vers le départ d'une guerre sectorielle qui, croyez moi, ne serait sans doute pas à votre avantage et n'avancerait personne ici.

Mais cela ne veut pas dire qu'elle l'est pour autant. Je ne dis cependant pas que MON analyse est la bonne, je dis simplement qu'en ce superbe lieu d'échange il convient de rester cordial, si ce n'est courtois, et je considère votre comportement comme étant assez méprisant vis à vis du Dominium, que je représente.

Sans aller jusqu'à demander des excuses -honnêtement, ce serait un enfantillage dont nous pouvons tous nous passer- sachez simplement que j'ai acté ce que vous avez dit, mais que je juge votre intervention au finale assez inutile. En somme elle ne me semble relever que de la provocation gratuite. Il y avait des moyens plus sobres de souligner votre appuis au commandant Suno. Des moyens qui ne vous attireraient pas le mépris de nations étrangères. Enfin, sachez que le Dominium ne saurait vous condamner pour une intervention. Nous espérons simplement que nos prochaines relations seront plus... Sereines et amicales."

Commandant Flavius,

Votre allocution est la bienvenue et nous l'espérions rapide donc telle que vous nous l'avez livrée. Soyez-en remercié.

Les troubles du Secteur Capital sont des arguments difficiles à croire et à entendre. Les solutions pacifiques ont prévalu sur les combats, dans des termes asse courts. Vous n'êtes pas, non plus, sans savoir que les Secteurs dits Prime ou Second sont ouverts depuis de nombreux cycles et que personne n'a envahi personne à ce jour. Ni dans un sens ni dans un autre. La morale ne saurait d'ailleurs être stricte mais, au mieux, plus ou moins fluctuante en fonction de critères que chacun a choisi de s'imposer ou non.

Certes, certaines paroles inquiétantes ont été prononcées, de part et d'autre mais les épées sont restées dans leurs fourreaux.

Si certains rêvent de transformer votre secteur Tierce en succursale pour leurs armadas ou en salle de jeux grandeur réelle pour leurs amiraux, je peux vous assurer qu'ils feraient face à des réactions aussi rapides que déterminées. Menées avec virulence, professionnalisme et probité, elles permettront de fixer pour l'avenir les exemples à ne pas suivre. Quitte à planter quelques têtes sur des piques devant l'astroport de la Capitale ...

Ce qui n'empêche d'ailleurs pas les civilisations du Secteur Tierce de veiller elles-mêmes à établir leurs défenses sectorielles. "Nul n'est mieux servi que par soi-même" dit le dicton. Veillez toutefois à ne pas trop faire patienter certains membres de cette Assemblée qui semblent effectivement très (ou trop friands ?) de nouvelles planètes à posséder.

Après avoir assisté au débat suscité par le premier ordre galactique, le porteur de l'Etoile ne pu s'empêcher d'y ajouter son grain de sel.

Korto Miralte avait assisté à toutes les interventions, assis dans un fauteuil au coin de la salle. Discrètement, comme souvent . Il se lève d'un bond et sans chercher à savoir si la parole est prise s'exclame :

Il reste debout, légèrement reposé contre la rambarde d'un air décontracté .

Le porteur de l'Etoile allait se rassoir, mais il se ravisa pour éclaircir un point.