Azalée avait réfléchi pendant plusieurs cycles avant d'accepter de se rendre sur Wu'on. Le temps qui lui avait été nécessaire pour oublier un certain rêve.

Le chasseur Arkk signala son approche, puisqu'invisible aux radars et l'autorisation de se poser lui fut accordée. Après quelques formalités vite expédiées grâce au passe qu'elle possédait, la Druidesse fut conduite vers la taverne du Crépuscule des Esprits dont le nom en Ma'kxey était imprononçable.

Sur les lieux, elle s'avançait vers Kahoaliri quand elle aperçut un autre commandant connu faire de grands signes. Elle s'arrêta net dans son élan avant de reprendre sa progression, le coeur un peu lourd.

Effectivement, Azalée était en tenue de pilotage et portait un gros sac sur chacune de ses épaules.

Il fit un geste et un Ma'kxey vêtu de façon décontractée se présenta devant la Druidesse Azalée en lui faisant signe de le suivre par l'escalier.

Une fois arrivé devant une porte, le jeune homme désigna le passe qu'Azalée tenait et indiqua la porte. Il s'agissait de la clé de sa chambre. La porte s'illumina de runes vertes et coulissa sur le côté pour laisser le passage libre. Le Ma'kxey s'inclina pour inviter la Druidesse à entrer, puis lui emboîta le pas pour faire quelques vérifications de propreté.

La chambre était de taille modeste mais la décoration et les sculptures de l'ameublement étaient soignés. Un matelas de feuilles étrangement moelleuses et douces constituaient le lit. Un grand miroir était placé au mur entre deux petits fauteuils faisant face au lit. Une armoire de bois sculpté jouxtait une baie vitrée donnant sur un petit balcon privé. Enfin, il y avait une alcôve dédiée à une salle de douche et un évier.

Une fois le tour de la pièce fait en vitesse, le commis rejoignit la sortie de la chambre et s'inclina une dernière fois en disant :

Elle n'avait évidemment rien compris à ce que lui avait dit le serviteur, et si elle acceptait de se montrer inculte, elle ne voulait pas être impolie.

Une fois seule, elle balança les sacs qui pesaient lourd sur ses épaules et s'affala sur la couche de feuilles. Elle se sentait fatiguée et un peu déçue, il fallait bien l'avouer. Elle pensait être la seule invitée de Kahoaliri et l'apparition de Floup l'avait désagréablement surprise.

Cette pensée la fit sourire et elle se leva pour se préparer. Un autre sourire effleura ses lèvres devant les tenues qu'elle avait apportées. Elle avait choisi celles qui la mettaient le plus en valeur... bien que toujours très sobres.

Elle choisit une chemise de toile fine couleur de bleuet et gansée de fils d'argent, puis enfila par dessus une chasuble longue d'un bleu plus soutenu. Elle coiffa ensuite soigneusement ses cheveux en une longue torsade qu'elle parfuma d'huile aux senteurs douces de chèvrefeuille.

Ainsi parée, elle redescendit vers la taverne, un coffret de bois précieux dans les mains.

Elle lui tendit le coffret de bois précieux des deux mains en lui adressant un sourire.

Sans l'avoir fait exprès, Kahoaliri remarqua que les deux personnages semblaient parfois faire abstraction des titres pompeux lorsqu'ils s'appelaient. C'était quelque chose qu'il appréciait. Il prit le coffret.

Azalée avait hâte de parcourir la végétation qu'elle avait aperçue de la fenêtre de sa chambre. Elle avait hâte aussi de ne plus être en représentation dans la taverne de son ami et de laisser libre court à son émerveillement.

Cette excitation devait se voir dans ses yeux, elle ne voulait pas la cacher.

Kahoaliri s'était changé pour l'occasion. Il avait enfilé une tenue sportive de couleur vert émeraude, bordée de dorures et rehaussée de plaques d'armure légères sur le torse, les cuisses et les avant-bras. Il vérifia que le bâton replié était bien attaché dans son dos, quand Azalée apparut, vêtue d'une veste et d'un pantalon confortables ainsi que de chaussures de randonnée.

Le Ma'kxey mena la marche pendant près d'une heure et demie. De temps en temps il faisait halte pour ménager un peu Azalée et cueillir des petites bananes rouges gorgées d'eau afin qu'ils puissent se rafraîchir le gosier. Enfin, les deux marcheurs arrivèrent devant une falaise abrupte qui montait devant eux.

Kahoaliri se plaça juste devant la roche et l'effleura de la main en traçant une arche d'un geste du bras. Des morceaux de roche se mirent alors à luire d'un vert très clair, formant un demi-cercle de runes Ma'kxey anciennes.

En prononçant ce mot, les runes brillèrent plus fort et deux portes s'ouvrirent dans la falaise, libérant un passage. Kahoaliri sourit à Azalée.

Ils entrèrent et la porte se referma. A l'intérieur de la montagne, une grande cavité abritait un espace grandiose où un bassin d'eau d'une vingtaine de mètres de diamètre accueillait deux petites chutes d'eau tombant du plafond par un trou laissant passer une colonne de lumière solaire, et coulait lui-même en une cascade plus large donnant sur la jungle, qu'on apercevait par une ouverture de bonne taille offrant panorama digne d'une carte postale. Au centre du bassin, un ilôt plat de quelques mètres trônait. Tout autour, des arbres et des fleurs colorées avaient peuplé ce milieu chaud, humide et à abrité des agressions extérieures. Le Ma'kxey avait tendu un grand et large hamac pouvant accueillir deux personnes entre trois palmiers de cette retraite cachée.

Kahoaliri s'approcha du bord de l'eau et retira le haut de sa combinaison. Il trempa les mains dans le liquide transparent et s'en aspergea le visage et la nuque.

Azalée suivit Kahoaliri dans la jungle. Il marchait d'un bon pas et elle devait garder les yeux au sol pour voir où elle posait les pieds. Pourtant, elle aurait aimé musarder un peu, effleurer le tronc des arbres, caresser les plantes luxuriantes, admirer les couleurs si particulières de cette forêt.

Alors, de temps en temps, elle soufflait un peu plus fort pour que le Ma'kxey s'arrête un moment, la croyant fatiguée. Elle s'appuyait le dos contre un arbre en dégustant les petites bananes rouges et s'emplissait les yeux de ce qu'il y avait autour d'elle. Dans son dos, elle sentait la vie tumultueuse de la végétation, plus exaltée et moins sereine que chez elle.

Puis ce fut l'arrivée face à la paroi montagneuse où elle crut devoir grimper à mains nues, ce qu'elle n'avait pas l'habitude de faire sur de la roche aussi lisse. C'était sans compter avec les "tours de magie" de son compagnon.

C'est tout ce qu'elle put dire devant le spectacle grandiose de cette grotte ouverte sur une cascade et sur la jungle. Elle s'y sentait toute petite, un peu désemparée. Elle aurait même eu peur devant tant de beauté si Kahoaliri n'avait pas été là.

Elle s'assit à même le sol, enleva lentement ses chaussures en cuir souple et trempa ses pieds échauffés par la marche dans l'eau claire.

Kahoaliri plia le torse de son vêtement sur la berge du bassin. Il retira finalement le reste de sa combinaison, acceptant de se révéler de façon intime à Azalée. Devant sa surprise, il eut un petit rire. Sa queue attrapa le coffret de graines qu'elle lui avait offert. Il entra entièrement dans l'eau en maintenant le coffret au-dessus de la surface avec sa queue. Il fit quelques brasses, deux fois le tour du bassin puis se dirigea vers l'ouverture et la cascade. A cet endroit, une petite pente montant vers la coulée d'eau permettait de se tenir debout et d'admirer le paysage. Là, Kahoaliri se redressa et prit le coffret dans ses mains. Il se tourna vers Azalée et l'appela :

Azalée n’avait pas pu retenir son mouvement de surprise quand Kahoaliri s’était déshabillé et ainsi révélé un appendice caudal préhensile. Elle ne s’y attendait pas du tout. Lui, par contre, cette petite farce semblait l’amuser. Le voyant parader dans l’eau, le coffret de graines au dessus de sa tête, elle pouffa de rire à son tour.

Son rire s’éteignit quand il lui demanda de le rejoindre de l’autre côté du bassin. Elle commença par regarder si elle pouvait en faire le tour à pied, mais la végétation l’en empêchait.

Elle avait bien noté qu’il l’avait tutoyée et une bouffée de plaisir fit rosir ses joues. Après quelques secondes d’hésitation, elle se déshabilla à son tour, ne gardant pour tout vêtement qu’un minuscule slip. Puis elle entra dans l’eau pour traverser le bassin en nageant vigoureusement comme pour détacher d’elle les quelques lambeaux de pudeur qui subsistaient encore dans son esprit.

Quand elle sortit de l’eau pour se tenir à ses côtés, ses longs cheveux cachaient une grande partie de son corps et elle sourit malicieusement au Ma’kxey. Il pouvait néanmoins remarquer que les tatouages de son visage et de son cou s’étendaient sur son dos jusqu’aux reins.

Une poignée de graines fut jetée de concert, des deux mains de Kahoaliri et d'Azalée. Elle souriait, sachant ce qui allait se passer mais elle ne dit mot, gardant le secret, la surprise qu'elle voulait lui faire.

Les graines flottèrent emportées par le courant de la cascade et s'éparpillèrent dans le bassin qu'ils avaient traversé. Elle n'y tint plus et lui dévoila ce qui allait se passer.

Elle lui avait pris la main, comme pour le rallier à cet émerveillement qu'elle lui offrait. Allait-il y être réceptif ?

En quelques instants, la magie opéra. Sous les yeux ébahis de Kahoaliri, une myriade de fleurs blanches et roses apparurent à la surface de l'eau. Leur éclosion avait été ultra-rapide.

Il ne trouva pas les mots pour décrire le spectacle qu'elle lui offrait. A la fois par la beauté des fleurs et aussi par la beauté de sa partenaire. Sa main libre vint caresser la joue d'Azalée.

Il plongea son regard dans le sien. Ici, en sa compagnie, il se sentait loin de tous les tracas du quotidien galactique. Avec Azalée, il avait réussi à s'évader vers des mondes et des expériences qu'il n'oublierait jamais. En acceptant elle aussi de se révéler à lui, c'est un nouveau pas qui venait d'être sauté dans ce qui les liait. Kahoaliri prit les deux mains d'Azalée dans les siennes, et lui murmura :

Son regard s'illumina.

Azalée était heureuse, la surprise lui avait plu. Il aimait comme elle les belles choses, il y avait en lui une sensibilité qu'elle pouvait enfin partager.

Elle serra les mains de Kahoaliri dans les siennes.

Elle rejeta ses cheveux en arrière, se livrant entièrement à son regard.

Elle se laissa aller dans ses bras pour sceller cette promesse. Certes, ils étaient très différents physiquement, certes il avait l'apparence d'un primate et elle d'une humaine... Et alors ?

Leurs âmes vibraient à l'unisson...

S'étant frotté la joue à la sienne, si douce, elle lui murmura :

Azalée fourra son visage dans le cou de Kahoaliri. Puis elle releva la tête, de nouveau charmeuse.

Le crépuscule commençait à tomber.

Il lui montra le trou au sommet de la cavité, puis fit un geste avec son bras descendant jusqu'à pointer le centre du bassin.

Kahoaliri s'immergea jusqu'au cou et fit quelques brasses sur le dos, lançant à sa partenaire une invitation du regard.