Harvest resta inerte. Factuellement, elle aurait pu/du se mettre en position latérale de sécurité, mais... Elle afficha un genre de rictus provocateur.

"Si vous commencez, vous savez ce qui va se passer ? Et bah, ça va se finir ! Ouais, ça va se finir !"

Un gros blanc s'en suivi. Personne ne semblait comprendre, ce qui se comprenait.

"A présent, si vous permettez, je vais vous répondre dans des termes et une façon de parler des plus compréhensifs pour votre commun du mortel, chose qui ne signifie, concrètement, pas grand chose."

Elle se racla alors la gorge, et commença à imiter Flavius, à l'oral. Et elle s'y prenait... Bien.

"La question n'est pas de savoir si notre alignement est bien ou mal. De mon point de vue, ma façon de voir les choses est bien car légitime, or de votre point de vue, cela semble mal ; vous constaterez les limites de votre philosophie manichéenne, qui est plus qu'avilissante dans notre présent cas de discussion. Admirable.

A présent, sachez que, lorsque je parle d'indépendance, je m'exprime au nom de mon peuple et non pas au nom de tous ceux du secteur 18 ; il est grand temps pour vous d'appréhender le concept suivant : qui est hexogène à votre sainteté n'en est pas nécessairement le mal."

Elle afficha un grand sourire, en écarquillant les yeux.

"Celui qui déclare son indépendance ne désire tout simplement pas être votre vassal. Il est possible d'être indépendant, et neutre, ces deux concepts n'étant pas incompatibles. Par extension, je déclare mon indépendance, et ma neutralité, par la même. Si, vis à vis de vous, je suis indépendante, c'est car je reconnais votre existence à vous et votre législation, et me positionne en fonction d'elle."

Dès lors, elle croisa les bras, impassible.

L'hologramme de Katarina se matérialisa. Elle secoua la tête, l'air sincèrement désolé.

-Vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises situations.

Moi si je devais résumer ma vie, aujourd'hui, avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres, des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi, et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée, parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite vous voyez, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n'est pas mon cas comme je le disais là, puisque moi au contraire j'ai pu et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour, et finalement quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent : Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? Et bien je leur réponds très simplement, je leur dis : c'est ce goût de l'amour, ce goût donc qui m'a poussé, aujourd'hui, à entreprendre une construction politique mais demain, qui sait, peut-être, simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi...

Vous voyez ?

"Certes."

-Hmph. Je vois.

Katarina fit la moue, croisa les bras et leva les yeux au ciel, manifestement plongée dans une intense réflexion.

-Bon, très bien. J'assume que "reconnaitre" veux dire "accepter l'existence de l'empire et jouer selon ses règles", auquel cas, perso', ça me va. Tant que votre jolie système accepte la critique et la remise en question.

Petit éclat de rire, ses yeux se fixèrent dans ceux de Snow.

Puis l'hologramme coupa.

"Nous concernant, vous aurez notre réponse à ce sujet en temps voulu."

Pareillement, l'hologramme coupa, même s'il était fort à parier que d'ici là cinq à six minutes, Harvest serait de nouveau ici pour cracher son venin sur tout le monde.

Ilan et Tarlen discutaient à la sortie de l'hémicycle.

Ilan sourit et regarda le jeune Alpha.

Tarlen acquiesça et secoua la tête pour refouler sa peine.

Les deux partirent en rigolant.